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authorRochDLY <roch.delannay@gmail.com>2024-05-14 16:45:53 +0200
committerRochDLY <roch.delannay@gmail.com>2024-05-14 16:45:53 +0200
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update de l'intimité du chercheur améliorée et du billet sur la saisie du texte
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@@ -1,5 +1,6 @@
---
-title: "La saisie du texte dans un nouveau document"
+title: "La production de l'intimité du chercheur par les publications savantes :
+phase de saisie du texte"
date: 2024-05-06
---
@@ -35,20 +36,29 @@ Ainsi, cette écriture numérique n'est plus définie en tant que
fruit d'une seule fonction auctoriale, mais l'est par un ensemble de fonctions
éditoriales dont la fonction auctoriale fait partie.
-Selon ce dispositif, et puisque notre hypothèse positionne l'intime en tant que
+Selon ce cadre théorique, et puisque notre hypothèse positionne l'intime en tant que
produit de l'écriture, nous pouvons nous demander quelle est la contribution de
-l'environnement d'écriture à cet intime lors de la saisie d'un nouveau
+l'environnement d'écriture à cet intime lors de la saisie d'un texte dans un
document.
Ainsi, parmi toutes les fonctions éditoriales que l'on pourrait énumérer, nous nous
-intéressons dans ce chapitre à la saisie d'un texte et à l'environnement support
+intéressons dans ce chapitre à la saisie du texte et à l'environnement support
[@zacklad_organisation_2012] dans lequel il s'inscrit.
+Lors de cette phase de l'écriture, cet environnement devient le lieu où se
+manifeste un trouble entre ce que l'usager à l'intention d'écrire et le document
+que produit la machine, qui est structuré selon les formats et protocoles
+implémentés à l'intérieur de l'environnement.
+Ce trouble nait de la rencontre entre une représentation du texte structurée
+graphiquement et une représentation du texte structurée par du texte, comme
+c'est le cas pour une page web interprétée par un navigateur et son pendant au
+format HTML.
+Notre intérêt se porte sur plus particulièrement sur le côté
+machine de cette interaction humain-machine et comment elle perçoit, reçoit
+et traite les informations pour produire le document à travers un environnement
+particulier.
-Une première partie sera dédiée à montrer les rouages de l'écriture numérique
-en mettant en lumière le système de communication entre humain et machine à
-l'aide des logiciels se trouvant à l'interface entre les deux.
-
-Nous nous appuyons sur les particularités de l'écriture numérique
+Afin de traiter cette problématique, nous nous appuyons dans un premier temps
+sur les particularités de l'écriture numérique
[@bouchardon_lecriture_2014; @crozat_ecrire_2016; @souchier_numerique_2019] et
sur le fonctionnement de la machine pour illustrer, dans une deuxième partie,
le rôle de médiation joué par les logiciels -- entendu comme une suite
@@ -57,8 +67,8 @@ traitements appliqués à ces informations, jusqu'à leur stockage dans une mém
informatique.
Tandis que chaque environnement a ses propres modalités d'écriture que nous ne
-pouvons pas toutes énumérer, nous étudions dans la deuxième partie de ce
-chapitre l'éditeur de texte sémantique Stylo et les différentes représentations
+pouvons pas toutes énumérer, nous nous appuyons dans la deuxième partie de ce
+chapitre sur l'étude de l'éditeur de texte sémantique Stylo et les différentes représentations
du texte qu'il génère. Ces représentations intermédiaires circulent entre les
espaces de Stylo -- client et serveur -- par différents canaux et protocoles
pour former, à travers une série de documents produits, une dynamique
@@ -177,23 +187,17 @@ Comme nous le verrons plus loin, lors des mêmes années aux États-Unis, le
président Johnson déclara qu'à l'échelle fédérale les ordinateurs doivent être
compatibles avec la norme ASCII.].
-![Machine à écrire
-portative](https://www.photo.rmn.fr/CorexDoc/RMN/Media/TR1/YECPH3/07-521403.jpg
-"Machine à écrire portative")
+![Machine à écrire portative](https://www.photo.rmn.fr/CorexDoc/RMN/Media/TR1/YECPH3/07-521403.jpg "Machine à écrire portative")
Crédits : © Adagp, Paris. Crédit photographique : Georges Meguerditchian -
Centre Pompidou, MNAM-CCI /Dist. RMN-GP. Réf. image : 4N40151. Diffusion image :
-[l’Agence Photo de la
-RMN](https://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&IID=2C6NU0CU7GAD)
+[l’Agence Photo de la RMN](https://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&IID=2C6NU0CU7GAD)
-![Publicité pour la machine à écrire
-Valentine](https://www.photo.rmn.fr/CorexDoc/RMN/Media/TR1/VYKH9X/13-519016.jpg
-"Publicité pour la machine à écrire Valentine")
+![Publicité pour la machine à écrire Valentine](https://www.photo.rmn.fr/CorexDoc/RMN/Media/TR1/VYKH9X/13-519016.jpg "Publicité pour la machine à écrire Valentine")
Crédits : © Adagp, Paris. Crédit photographique : Jean-Claude Planchet - Centre
Pompidou, MNAM-CCI /Dist. RMN-GP. Réf. image : 4F40212 [2003 CX 6098]. Diffusion
-image : [l’Agence Photo de la
-RMN](https://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&IID=2C6NU0DWCD6W)
+image : [l’Agence Photo de la RMN](https://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&IID=2C6NU0DWCD6W)
Pourtant, les derniers modèles fabriqués par ces entreprises l'ont été dans les
années 1980 et 1990, comme c'est le cas du modèle ETP 55 Portable^[Cette machine
@@ -208,4 +212,413 @@ l'informatique.
Pour preuve, en 1983, Perry A. King et Antonio Macchi Cassia conçoivent le
premier ordinateur personnel d'Olivetti avec le modèle M10 en adaptant un
clavier à un écran à cristaux liquide.
+et ordinateur, équipé du processeur Intel 80C85 en 8-bits, pouvait également se
+connecter à tout un ensemble de périphériques comme des imprimantes.
+
+![Photo d'un M10](http://munk.org/typecast/wp-content/uploads/2014/08/15635.jpg "Photo d'un M10")
+
+Crédits : Photo trouvée sur le blog
+[Munk.org](https://munk.org/typecast/2014/08/03/back-to-the-future-pram-and-the-promise-of-unified-memory-again/),
+site consulté le 22 février 2024.
+
+Il faut se rappeler qu'au début des années 1980 il n'est pas encore certain que
+l'ordinateur personnel (avec sa tour et son écran à tube cathodique) deviendra
+l'outil d'écriture par excellence.
+À cette époque, les machines à écrire ont encore quelques avantages sur les
+plans esthétique, financier et social puisque on les retrouve encore implantées
+à la fois dans les sphères professionnelles et personnelles.
+
+La fin des années 1970 et les années 1980 marquent un tournant décisif pour
+l'ordinateur personnel avec l'apparition des logiciels de traitement de texte et
+la bataille qui sévit durant toute cette période.
+M. Kirschenbaum et T. Bergin détaillent dans leurs travaux cette course au
+développement de logiciels durant cette période pour obtenir un monopole sur le
+marché [@bergin_origins_2006; @bergin_proliferation_2006;
+@kirschenbaum_track_2016].
+Avant l'engouement pour les interfaces graphiques et les gestionnaires de
+fenêtres -- 1983 et 1984 avec l'entreprise Apple qui s'est largement inspirée
+des interfaces graphiques développées par Xerox PARC dans les années 1970 -- la
+seule interface affichée à l'écran était un terminal et la navigation se faisait
+au moyen de commandes.
+Les premiers logiciels de traitement de texte comme Electric Pencil ne
+permettent pas alors une gestion de la mise en page idéale ni ne fonctionne sur
+tous les modèles d'ordinateurs présents sur le marché^[Un autre logiciel comme
+`TeX` développé en 1984 par Donald Knuth tente de résoudre ce problème de la
+mise en page selon une approche WYSIWYM alors que la tendance est plutôt aux
+interfaces WYSIWYG].
+Ainsi, écrire sur un support connecté paraît aujourd'hui être une évidence alors
+qu'il a fallut déployer de lourds efforts à une époque ou cette évidence était
+incertaine.
+
+L'écriture numérique est ainsi à distinguer de l'écriture dans un environnement
+numérique : un ordinateur, Internet, le Web, une calcultrice ou une machine à
+écrire de la dernière génération.
+En tant qu'abstraction, l'écriture numérique est une représentation du monde
+donnée, dont la qualification à travers un medium permet de l'incarner
+physiquement et matériellement mais pas de la circonscrire.
+En somme, cette représentation numérique du monde n'est pas nouvelle et ce n'est
+pas l'ordinateur qui l'a apporté.
+À notre connaissance, son origine remonte aux prémisses de l'écriture et des
+développements des systèmes monétaires, nous dirait C. Herrenschmidt
+[-@herrenschmidt_les_2023].
+
+Dorénavant, lorsque nous ferons référence à l'écriture numérique nous parlerons
+d'une écriture numérique dans un environnement informatique.
+
+### Les particularités de l'écriture numérique
+
+L'écriture numérique diffère d'une écriture plus traditionnelle -- par exemple
+manuscrite -- et se distingue notamment par trois caractéristiques que sont la
+calculabilité [@crozat_ecrire_2016], la variabilité [@bouchardon_lecriture_2014]
+et la rupture sémiotique entre le geste d'écriture et l'inscription sur le
+support [@souchier_numerique_2019].
+
+La première caractéristique est d'ordre computationnel : l'écriture devient
+calculable et peut donc faire l'objet d'instructions. Pour réaliser cette
+action, on procède à une équivalence où chaque signe que l'on peut inscrire dans
+cet environnement à son pendant unique sous forme de bits.
+Lorsque chaque caractère peut être identifié en tant que nombre, il devient
+possible d'implémenter ce modèle dans une machine et de lui demander, grâce à
+des instructions, d'appliquer des calculs.
+
+L'exemple idéal pour illustrer cette caractéristique n'est rien de moins que la
+machine imaginée par Alan Turing, qu'il présente en 1936 dans son article « On
+Computable Numbers, with an Application to the Entscheidungsproblem » dans la
+section _Computing machines_ [-@turing_computable_1936].
+Ce que Turing décrit n'est pas une machine physique mais un modèle théorique,
+une machine abstraite fondamentale pour les développements futurs de
+l'informatique.
+Cette machine est constituée de plusieurs éléments :
+
+- un ruban («_tape_») divisé en sections (appelées «_square_») dont chacune peut
+ porter un symbole (0 ou 1 car cette machine est dans un système binaire)
+- un organe de lecture («_scan_») pour lire les symboles un à un («_scanned
+ square and scanned symbol_») et un organe d'écriture pour modifier un symbole
+ou en écrire un nouveau si la section est vide
+- une mémoire pour se rappeler des sections déjà scannées («_remember some of
+ the symbols which it has been "seen" (scanned) previously_»)
+- des instructions pour se déplacer sur le ruban, soit d'une case vers la gauche
+ soit d'une case vers la droite, lire et écrire («_scan and print_») ou
+modifier la case scannée et se redéplacer avant de s'arrêter.
+
+Théoriquement le ruban sur lequel la machine exécute ses programmes est infini
+vers la gauche et la droite et cela afin de permettre l'exécution des
+instructions les plus complexes.
+La machine de Turing ne s'intéresse pas aux résultats des instructions ni à leur
+signification, d'où résulte une forme d'automatisation de l'écriture.
+L'espace de la machine, aussi vaste soit-il, n'est composé que de séries de 0 et
+de 1 ainsi que de différents états, renvoyant à des instructions et permettant
+ainsi à la machine de modifier son propre espace. Cette capacité de modification
+peut être associée à la deuxième caractéristique de l'écriture numérique que S.
+Bouchardon nomme la variabilité.
+
+Le passage du signe à l'unité atomique et discrète qu'est le chiffre signifie un
+changement de représentation du monde (au sens que K. Hayles donne au terme
+_worldview_ [-@hayles_my_2005]) : le monde -- ou l'espace -- n'est alors plus
+signifié par des mots ou des concepts, mais le devient par des chiffres.
+Comme McLuhan nous le rappelle dès 1964 [-@mcluhan_pour_1977], les alphabets
+composés de lettres (contrairement à ceux composés de pictogrammes) sont
+asémantiques. Si toutefois les alphabets sont liés à une culture d'où ils
+émergent, l'abstraction nécessaire pour représenter le monde sous forme de
+chiffres détacherait a priori cette vision de tout sens.
+En dehors de tout modèle mathématiques abstrait, et cela quel que soit le
+langage ou la base utilisée pour l'écrire, `3`, `trois`, `three`, `III`, `0011`,
+`zéro zéro un un`, un chiffre ne signifie pas grand chose s'il n'est pas associé
+à un système de valeurs particulier, par exemple le système métrique ou le
+système international [@herrenschmidt_trois_2023].
+En échange de cette perte de signification, l'écriture numérique y gagne cette
+particularité d'être calculable et mesurable.
+
+L'écriture numérique se distingue également des autres types d'écriture par une
+troisième caractéristique.
+Il s'agit de la première forme d'écriture où le geste d'écrire ne correspond pas
+à l'action d'inscription du signe sur son support, phénomène que J. Bonaccorsi
+nomme déliaison [@bonaccorsi_fantasmagories_2020].
+Lorsqu'on appuie sur une touche du clavier, par exemple la lettre `a`, cette
+lettre n'est pas inscrite à l'écran : l'instruction d'inscrire un signe dans la
+mémoire de l'ordinateur est donnée à la machine, puis celle de l'afficher à
+l'écran au moyen d'un logiciel particulier [@kittler_mode_2015;
+@souchier_numerique_2019].
+Néanmoins, le fait d'appuyer sur une touche du clavier lorsque l'ordinateur est
+sous tension ne suffit pas pour déclencher cette instruction : si aucun
+environnement dédié à l'écriture n'est préalablement exécuté, le fait d'enfoncer
+une touche ne déclenchera aucune réaction de la part de la machine.
+Par contre, lorsque l'on se situe dans un environnement où cette réaction est
+attendue, comme un éditeur de texte, la frappe d'une touche déclenchera un
+événement et le logiciel pourra générer l'instruction correspondant à l'action
+d'écrire.
+
+[ecrire une phrase ou deux de transition]
+
+### La machine, une entité formée du couple matériel/logiciel.
+
+La représentation d'un ordinateur est souvent associée à un couple matériel /
+logiciel.
+La partie matérielle concerne tous les composants électroniques (carte mère,
+mémoires, périphériques, etc.), alors que la partie logicielle englobe tous les
+programmes permettant d'interagir avec la partie matérielle, comme le BIOS
+(_Basic Input Output System_), le système d'exploitation ou encore un logiciel
+de traitement de texte comme LibreOffice.
+
+Ce couple matériel / logiciel range l'ordinateur dans la catégorie des appareils
+programmables.
+La plupart de nos appareils du quotidien ne sont pas programmables : il
+exécutent ce pour quoi ils sont conçus et ne font rien d'autre.
+Dans le cas d'un ordinateur ou d'un téléphone intelligent, ou de tout autre
+appareil programmable, leur conception prévoit qu'ils soient manipulables :
+elles n'ont pas de fonction précise, néanmoins elles sont capables de répondre à
+plusieurs fonctions.
+Un ordinateur qui n'a aucune instruction ne pourra rien faire une fois alimenté.
+C'est là que les logiciels interviennent : ils permettent un usage déterminé
+d'un ordinateur en manipulant des informations de façon à exécuter une suite
+d'instructions formelles.
+
+Pour fonctionner, un ordinateur n'a besoin que des éléments suivants : une
+alimentation, un processeur, une mémoire vive, des entrées et sorties et une
+carte mère auxquels viennent s'ajouter un certains nombre de périphériques
+(écrans, souris, clavier, etc.), des extensions pour prendre en charge une
+partie des calculs que l'on peut appeler des cartes filles (carte son, carte
+graphique) et des mémoires de stockage (disques durs).
+
+Le processeur, ou microprocesseur pour les ordinateurs modernes, est le
+calculateur central de l'ordinateur, c'est cet élément qui manipule toutes les
+données à traiter -- que l'on appelle aussi le(s) coeur(s) de l'ordinateur.
+Chaque modèle de processeur à une architecture qui lui est propre, ce qui veut
+dire que chacun traite les informations **différemment** (même si le résultat
+obtenu est identique).
+Un processeur est un assemblage de multiples types de circuits dont l'élément le
+plus petit est le transistor.
+L'évolution des processeurs a suivi la loi Moore jusqu'au début des années
+2020^[La première loi de Moore est relative à l'évolution des processeurs dans
+le temps et stipule que le nombre de transistors présents dans les processeurs
+doublera tous les dix-huit mois pour un coût constant.], date à partir de
+laquelle nous arrivons à la limite physique de la miniaturisation d'un
+transistor.
+
+Le premier processeur commercialisé, le processeur Intel 4004, l'a été en
+1971^[Voir la page web correspondante sur le site de l'entreprise Intel,
+consulté le 16 février 2024 :
+https://www.intel.fr/content/www/fr/fr/history/museum-story-of-intel-4004.html.].
+Il s'agissait d'un processeur 4-bits comportant pas moins de 2300 transistors.
+Lors de la commercialisation de cet objet s'opère un changement radical dans la
+conception des ordinateurs puisque, dès lors, du fait de la miniaturisation de
+ce composant, les ordinateurs deviennent accessibles au grand public.
+En suivant la première loi de Moore, les microprocesseurs ont continué à évoluer
+jusqu'à atteindre le nombre de plusieurs milliards de transistors par
+processeur, démultipliant ainsi leur capacité de traitement des informations.
+
+Cette miniaturisation est rendue possible par la gravure des transistors dans
+des disques de silice (_wafer_) plutôt que l'usage plus coûteux et instable de
+relais et de tubes électroniques.
+Un transistor est un composant électronique dont le rôle est de laisser passer
+ou non le courant grâce aux propriétés du semi-conducteur à partir duquel il est
+fabriqué.
+En fonction de la valeur du courant qui lui est appliqué, le résultat associé à
+ce courant sera `0` ou `1`.
+Ce transistor est l'élément physique qui incarne les portes logiques (ET, OU,
+OUI, NON, XOR, etc.) et traitent les données.
+Parmi tous les traitements possibles, certains nécessitent de garder en mémoire
+des résultats intermédiaires pour aboutir.
+Ils sont alors stockés dans la mémoire vive en attendant d'être réutilisés.
+
+Toutes ces informations traitées, qu'elles soient transformées ou mémorisées,
+proviennent de ce que l'on nomme des _entrées_.
+Ce sont ces entrées qui encodent les informations en chiffres.
+Une fois traitées, ou lorsqu'elles sont appelées par un programme, ces données
+transitent par les _sorties_.
+Elles font la transformation inverse et décodent les chiffres en signes
+interprétables.
+
+L'encodage et le décodage des caractères accompagne toute l'histoire de
+l'informatique (et du numérique).
+Aux prémices de l'informatique, chaque matériel comportait ses propres
+programmes et tables d'encodage, rendant ainsi possible la transposition des
+données d'un matériel à un autre par équivalence.
+Cependant, dans la plupart des cas, les données ne pouvaient pas circuler entre
+les différents modèles d'ordinateur, ou alors au moyen de transformations
+fastidieuses, rendant ainsi les traitements réalisés sur les données enfermés
+dans des silos.
+La norme ASCII (_American Standard Code for Information Interchange_) fait son
+apparition dans les années 1960 pour résoudre l'enjeu d'interopérabilité de
+l'encodage des données.
+Soumise à l'_American Standards Association_ (d'abord ASA puis ANSI) en 1961 par
+l'un de ses inventeurs, Bob Bemer, puis approuvée en 1963, l'ASCII permet
+d'encoder 128 caractères sur 7 bits.
+Néanmoins, ce n'est pas parce qu'un encodage est reconnue en tant que norme que
+son usage est effectif à l'instant même de sa reconnaissance.
+Il faut attendra 1968 que le président des États-Unis d'Amérique Johnson demande
+à ce que l'ASCII devienne la norme fédérale d'encodage des informations afin de
+réduire les incompatibilités au sein des réseaux de télécommunication pour
+qu'elle commence à se répandre.
+Dès 1969, tous les ordinateurs achetés par le gouvernement des États-Unis
+étaient compatibles avec la norme ASCII.
+Du côté des ordinateurs personnels, il faudra attendre le début des années 1980
+pour que cette norme se répande grâce, entre autre, à son implémentation dans
+les ordinateurs construits par IBM.
+La norme X3.4:1986 en vigueur aujourd'hui, a été déposée auprès de l'ANSI en
+1986.
+C'est à partir de cette norme que d'autres ont été développées et restent
+compatibles ASCII, comme c'est par exemple le cas de la norme Unicode, publiée
+en 1991, qui est la plus répandue de nos jours puisqu'elle encode le plus de
+caractères.
+Si ASCII contient 128 points de code, le standard Unicode permet d'en encoder
+plus de 149 000 sur une vingtaine de bits par point de code dans sa version 15.1
+(de 2023).
+Afin de préserver cette compatibilité entre les normes, il est d'usage d'encoder
+les 128 premiers caractères de façon identique à la norme ASCII.
+
+Il est intéressant d'introduire les logiciels et leur fonctionnement à partir du
+matériel composant l'ordinateur et plus particulièrement à partir de la carte
+mère.
+Les fournisseurs de carte mère incorpore généralement dans leur carte une
+première couche d'abstraction matérielle, un BIOS (_Basic Input Output
+System_^[Système élémentaire d'entrée sortie]), flashé dans la mémoire morte de
+l'ordinateur et programmé pour s'exécuter lors de la mise sous tension de ce
+dernier.
+Ce que l'on appelle _couche d'abstraction matérielle_ en informatique représente
+la couche logicielle qui se trouve entre la partie matérielle et le système
+d'exploitation. Comme son nom l'indique, la fonction principale de cette couche
+est de permettre la manipulation du matériel tout en faisant abstraction de
+celui-ci.
+Le BIOS, ce tout premier jeu d'instructions qu'un ordinateur réalise, est un
+programme propriétaire chargé d'initialiser la séquence d'amorçage (_boot_) de
+l'ordinateur, de trouver le système d'exploitation, les périphériques (_a
+minima_ le clavier et l'écran) et d'opérer quelques vérifications de bon
+fonctionnement des composants comme c'est le cas de l'horloge temps réel qui
+fonctionne en tout temps, même lorsque l'ordinateur est éteint, et rythme la
+totalité des cycles des autres circuits.
+Hormis quelques rares initiatives telles que Libreboot^[Voir le site web de
+Libreboot : https://libreboot.org/, consulté le 03 avril 2024.] et
+Coreboot^[Voir le site web de Coreboot : https://www.coreboot.org/, consulté le
+03 avril 2024.], des logiciels libres et _open sources_ chargés de remplacer
+partiellement le BIOS propriétaire, la majorité des cartes mères sont liées à
+leur BIOS du fait de l'ajout par Intel, à partir de 2006, d'un sous programme
+nommé _Management Engine_ (ME) qui est accompagné d'un ensemble de modules comme
+_Boot Guard_ et _Secure Boot_ dont l'objectif est de veiller à ce qu'il n'y ait
+pas de corruption du système d'amorçage de l'ordinateur^[Des informations sur ce
+sujet sont disponibles à cette adresse sur le site web de libreboot :
+https://libreboot.org/faq.html#what-systems-are-compatible-with-libreboot ou
+dans la documentation des matériels d'Intel :
+https://www.intel.com/content/www/us/en/search.html?ws=idsa-default#q=boot%20guard&sort=relevancy&f:@tabfilter=[Developers],
+consultés le 03 avril 2024.]. Ces programmes ont sans cesse été améliorés depuis
+leur introduction en 2006 et, aujourd'hui, ils empêchent toute modification de
+cette couche logicielle, la plus basse d'un ordinateur, si celle-ci n'est pas
+vérifiée et validée (avec un système de clés cryptées) par la firme
+propriétaire/fabricante.
+
+Le BIOS est donc l'interface entre l'utilisateur et la machine qui nous permet
+de manipuler les différentes entrées et sorties du système, donc de gérer les
+périphériques, fonction que le système d'exploitation peut également réaliser
+une fois que la phase d'amorçage est terminée.
+Le système d'exploitation (OS pour _Operating System_), est un niveau
+d'abstraction supplémentaire et se retrouve à l'interface entre les applications
+logicielles et la couche matérielle.
+Un OS est composé d'un ensemble de programmes permettant la bonne gestion des
+ressources de l'ordinateur : mémoires, calculs, périphériques, les registres,
+etc.
+Chaque OS a un fonctionnement qui lui est propre : l'architecture des
+informations -- l'arborescence des dossiers, l'indexation des documents et des
+fichiers binaires change selon l'OS utilisé --, l'ordonnancement des tâches pour
+le processeur ou encore l'allocation de la mémoire.
+Malgré le fait que ce n'a pas toujours été le cas, les applications logicielles
+sont installés à l'intérieur des systèmes d'exploitation et prêts à être
+exécutés.
+Le passage par un système d'exploitation permet aux logiciels de ne plus
+dépendre d'un modèle particulier du _hardware_ et d'en faire justement
+abstraction, le rendant ainsi opérable sur différentes machines.
+
+[faire une phrase de transition]
+
+### Une ouverture sur la machine
+
+Ce tour d'horizon des particularités de l'écriture numérique et de l'agencement
+entre logiciel et matériel dans la machine nous montre que la
+conception de la machine ne permet pas à un auteur d'y inscrire des signes dans
+sa mémoire, ni de pouvoir les consulter directement puisqu'elle lui est
+inaccessible à moins qu'un intermédiaire ne servent d'interface.
+La médiation entre une machine et un auteur se fait au moyen d'un langage
+compréhensible par les deux parties, que l'on assemble sous la forme
+d'instructions qui, une fois empaquetées, forment un logiciel.
+Pour symboliser la médiation du matériel par la mise en place du logiciel à
+l'interface de l'humain et de la machine, l'entreprise Microsoft emploie la
+métaphore de la fenêtre (_window(s)_) à travers laquelle l'usager voit le
+numérique, et donc l'ordinateur.
+Pourtant, il ne faut pas s'y méprendre, quelle que soit la fenêtre logicielle,
+elle ne permet d'accéder qu'à un certain nombre fini d'instructions.
+Alors qu'en tant qu'appareil programmable qui ne se souci pas de la
+signification du traitement des informations ni des résultats obtenus,
+l'ordinateur semble être un environnement beaucoup plus vaste que ce que cette
+fenêtre ne nous laisse croire [@turing_computable_1936].
+Plutôt qu'une fenêtre comme ouverture ou passage vers le numérique, il serait
+plus juste de considérer cette fenêtre comme une vision du monde parmi d'autres.
+Cette vision du monde n'est pas seulement une vision particulière que l'humain a
+de la machine car dans ce cas nous serions dans un paradigme anthropocentré et
+utilitariste de la machine.
+En nous déplaçant de l'autre côté de la fenêtre, on se rend compte que la vision
+que porte la machine sur le monde est différente de la notre : la machine
+incarne une autre vision du monde sous forme de matrice, où chaque élément
+qu'elle perçoit l'est sous forme binaire.
+Le monde n'est alors plus que chiffres, calculs et distances, comme c'est le cas
+de la proposition de K. Hayles lorsqu'elle remplace Mère Nature par une Matrice
+[@hayles_my_2005].
+
+Un début de relation s'instaure entre l'humain et la machine grâce à l'entremise
+du logiciel.
+À travers cette interface, lorsque l'on touche une lettre du bout du doigt, la
+machine devient alors accessible et l'impulsion (électrique) que cette action
+génère se transforme en une lettre à l'écran.
+Pour autant, cette accessibilité est-elle synonyme de mise en visibilité ?
+Le fait que "ça marche" rendrait-il le document visible ?
+C'est le rôle de l'interface graphique et des métaphores qu'elle véhicule que de
+cacher le fonctionnement même de la machine [@jeanneret_y-t-il_2011].
+La déliaison convoquée par Bonaccorsi [@bonaccorsi_fantasmagories_2020] prend
+place dès cet instant dans le processus d'écriture puisqu'il ne s'agit pas
+seulement de délier le geste de l'inscription mais également de faire
+abstraction de tout le processus d'écriture au-delà du geste.
+Ainsi, le logiciel aurait une double fonctionnalité : la première est une
+médiation qui ouvre le dialogue avec la machine tandis que la seconde en fait
+abstraction et la cache, ce qui a pour effet de rendre la machine quasiment
+invisible à l'utilisateur.
+Cependant, que découvrons-nous lorsque nous retirons ce voile devant la fenêtre
+?
+Là se dévoile un vaste écosystème constitué de formats, des protocoles et leurs
+flux d'informations et de documents, parfois temporaires, voyageant d'une étape
+à une autre, prenant forme et se transformant pour suivre un cheminement
+prédéfini jusqu'à la création d'un document final que l'utilisateur récupère.
+Chacune de ces fenêtres offre finalement une vision particulière d'un document
+et un modèle épistémologique qui lui est propre
+[@vitali-rosati_editorialization_2018].
+
+
+Dans la partie suivante, nous étudions le logiciel Stylo à partir de l'écran comme
+interface d'échange de signes entre les deux protagonistes, utilisateur et
+machine, puis, en dépassant cette surface, et en nous dégageant du prisme essentialiste, nous démontrerons
+que les différents agents d'un environnement -- principalement logiciels et humain
+-- sont des dynamiques qui, lorsqu'elles sont agencées dans une configuration
+particulière, co-construisent l'écriture.
+
+[détailler le prisme essentialiste en une phrase ou deux]
+
+## Une médiation par l'écrit
+
+### Le logiciel comme architexte
+
+[reunir peut etre ces deux sous-parties]
+
+### L'architexte derrière l'écran
+
+### La page est un doudou
+
+### Le logiciel est une médiation
+
+### Les formats déterminent la sémantique du texte
+
+### Co-écriture entre les agents
+
+- mettre les différentes représentation du texte et les traces qu'elles laissent
+
+### La déprise en main du texte
+
+- inclure les formats pivots de Stylo
+## Bibliographie
diff --git a/src/posts/2024-05-11-amelioration-definition-intimite-du-chercheur.md b/src/posts/2024-05-11-amelioration-definition-intimite-du-chercheur.md
index 424f941..884b099 100644
--- a/src/posts/2024-05-11-amelioration-definition-intimite-du-chercheur.md
+++ b/src/posts/2024-05-11-amelioration-definition-intimite-du-chercheur.md
@@ -5,14 +5,7 @@ date: 2024-05-11
## Introduction
-L'intime ici mobilisé porte spécifiquement sur l'intimité des chercheurs telle
-que celle-ci est produite par le processus d'édition scientifique dans un
-environnement numérique.
-C'est un processus que l'on peut délimiter entre deux actes, celui de la
-création du document source et celui de la publication du document source une
-fois que de multiples transformations lui sont opérées.
-
-Ainsi, le postulat initial sur lequel cette recherche s’appuie est celui de la
+Le postulat initial sur lequel cette recherche s’appuie est celui de la
figure du chercheur comme constituée d’écritures puisque le parcours de
recherche en est jalonné de toutes sortes : des ensembles de textes d’abord sous
forme de mémoire et de thèse, des diplômes ou des qualifications, puis des
@@ -32,6 +25,13 @@ focaliserons pour notre recherche, et nous exclurons les autres.
**Dans cette recherche est étudiée l'intimité telle qu'elle est produite par les
publications scientifiques.**
+L'intime ici mobilisé porte spécifiquement sur l'intimité des chercheurs telle
+que celle-ci est produite par le processus d'édition scientifique dans un
+environnement numérique.
+C'est un processus que l'on peut délimiter entre deux actes, celui de la
+création du document source et celui de la publication du document source une
+fois que de multiples transformations lui sont opérées.
+
Néanmoins, l'établissement d'un lien entre la notion qu'est l'intime et les
productions académiques n'est pas inné et nécessite d'être expliqué.
Ce chapitre a donc pour objectif de définir ce que nous nommons intimité du