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<p>Note : PB globale : quelle épistémologie du document numérique pour les publications scientifiques ?</p>
<h2 id="introduction">Introduction</h2>
<p>Lors du chapitre précédent, nous avons défini le document comme étant l’objet au coeur du processus de publication scientifique. Qu’il s’agisse des premières revues savantes datant du XVII<sup>e</sup> siècle ou des revues numériques contemporaines, des lettres ou encore des livres, un document est nécessaire pour fabriquer (Fauchié 2024) cet objet éditorial. Ce document, dans sa forme (format, XXX) et sa struture (Zacklad, Pédauque …), dépasse son statut de simple support de l’information. Le support n’est alors plus considéré comme un élément neutre et devient, de par sa matérialité, un élément constitutif du sens accordé au message qu’il porte.</p>
-<hr />
-<p>[La paragraphe qui suit sera dans le chapitre 1, pas nécessaire d’en faire un recap]</p>
-<p>Pour arriver à ce postulat, nous nous sommes appuyés sur la théorie des médias et plus particulièrement sur le courant fondé par l’école de Toronto depuis McLuhan, théorie reprise par Kittler dans les années 1970 en Allemagne puis par la médiologie en France et notamment par Louise Merzeau. Chez L. Merzeau, nous retrouvons une affiliation avec la pensée de Kittler, principalement dans ses approches [déterministe /essentialiste. Retravailler sur ça, j’ai il faut confirmer l’un ou l’autre. À vérifier mais approche kittler = essentialiste et Merzeau déterministe….] sur lesquelles reposent son travail. Pour tenter de dépasser ces positions, L. Merzeau s’est notamment tourné vers les sciences de l’information et de la communication (SIC) et a développé ses recherches autour de la notion d’éditorialisation, à la fois avec le courant provenant des SIC depuis Bachimont (Bachimont, Broudoux) et les travaux sur la redocumentarisation (Zacklad, Bachimont) et avec le courant développé au Québec par M. Vitali-Rosati, plus proche des sciences humaines et de l’intermédialité montréalaise, un autre courant historique de la théorie des médias où s’y est développé depuis les lettres et les arts une approche de la relation entre les médias (Tadier, Méchoulan).</p>
-<p>Malgré que L. Merzeau n’ait pu achever ses travaux, on retrouve dans les travaux les plus récents sur l’éditorialisation provenant du Canada, un dépassement de cette posture essentialiste par la mobilisation de théories provenant du post-humanisme (Hayles, Barad) … [écrire 3 lignes sur ça]</p>
-<hr />
<p>Puisqu’il n’est pas un simple support, nous nous intéresserons dans ce chapitre à la construction de ce document scientifique en milieu numérique. Comme cela a été énoncé dans le chapitre précédent, un document est un espace numérique délimité dans lequel sont organisées des informations selon des normes établies par les impératifs d’une chaîne de traitements, par exemple avec des protocoles de communication des documents ou encore des formats.</p>
<p>Ainsi, cet espace alloué physiquement dans la mémoire numérique va subir des modifications afin que l’information initiale qui y est contenue puisse être traitée et transformée en un autre objet ou transportée en un autre espace.</p>
<p>Les documents numériques ayant pour devenir la publication scientifique font principalement l’objet d’un traitement éditorial de l’information : saisie du texte dans un format de traitement de texte ou de texte brut, conversions dans divers formats de document, transformations du texte source selon des normes éditoriales ou à la suite d’une relecture par les pairs, publication dans un nouvel espace selon un format lié à cette action (que l’objet soit imprimé ou publié en version numérique).</p>
<p>Dans cette chaîne, la réalisation d’un artefact publiable, c’est-à-dire un document dans sa version finale, nécessite des interactions entre une multitude d’agents pour advenir, qu’ils soient numériques ou humains. Qu’il s’agisse de l’adaptation des références bibliographiques à une norme donnée, de l’ajout des espaces fines insécables dans le texte, de la modification ou correction de certaines sources d’information, ces étapes de l’élaboration du document ainsi que toutes les autres proviennent des interactions entre des individus et l’environnement support [zacklad_organisation_2012; Merzeau] qui produisent des traces à l’intérieur du document que nous considérons comme constitutive d’une épistémologie du document singulière. Elles sont les indices de ces interactions passées et incarnent un modèle de représentation du document et par extension de la publication scientifique concernée. Plutôt que de nous intéresser au document final tel qu’il est publié, nous nous focalisons sur les interactions qui le précèdent et sur une épistémologie du document en cours d’élaboration.</p>
<p>Nous consacrons ce chapitre aux premières interactions à l’origine de la publication scientifique : la saisie d’un texte. Pour ce faire, nous détaillerons la relation qu’entretiennent un auteur et un ordinateur dans cet acte d’écriture scientifique dans un environnement numérique<a href="#fn1" class="footnote-ref" id="fnref1" role="doc-noteref"><sup>1</sup></a>.</p>
-<p>Ce dispositif que nous venons de décrire fait écho aux théories de l’éditorialisation <span class="citation" data-cites="vitali-rosati_editorialization_2018">(Vitali-Rosati, 2018)</span> et de l’énonciation éditoriale <span class="citation" data-cites="souchier_image_1998">(Souchier, 1998)</span>.</p>
-<p>[Faire un bref rappel de ces notions]</p>
<p>En ce sens, l’acte d’écriture numérique n’est plus définie en tant que fruit d’une seule fonction auctoriale, mais l’est par un ensemble de fonctions éditoriales dont la fonction auctoriale fait partie.</p>
-<p>Selon ce cadre théorique, et puisque notre hypothèse positionne le modèle épistémologique du document en tant que produit de l’écriture, nous pouvons nous demander quelle est la contribution de l’environnement d’écriture à ce modèle lors de la saisie d’un texte dans un document.</p>
+<p>Puisque notre hypothèse positionne le modèle épistémologique du document en tant que produit de l’écriture, nous pouvons nous demander quelle est la contribution de l’environnement d’écriture à ce modèle lors de la saisie d’un texte dans un document.</p>
<p>Ainsi, parmi toutes les fonctions éditoriales que l’on pourrait énumérer, nous nous intéressons dans ce chapitre à la saisie du texte et à l’environnement support <span class="citation" data-cites="zacklad_organisation_2012">(Zacklad, 2012)</span> dans lequel il s’inscrit. Lors de cette phase de l’écriture, cet environnement devient le lieu où se manifeste un trouble entre ce que l’usager à l’intention d’écrire et le document que produit la machine, qui est structuré selon les formats et protocoles implémentés à l’intérieur de l’environnement. Ce trouble nait de la rencontre entre une représentation du texte structurée graphiquement et une représentation du texte structurée par du texte, comme c’est le cas pour une page web interprétée par un navigateur et son pendant au format HTML. Notre intérêt se porte plus particulièrement sur le côté machine de cette interaction humain-machine et comment elle reçoit et traite les informations pour produire le document à travers un environnement particulier.</p>
<p>Afin de traiter cette problématique, nous nous appuyons dans un premier temps sur les particularités de l’écriture numérique <span class="citation" data-cites="bouchardon_lecriture_2014 crozat_ecrire_2016 souchier_numerique_2019">(Bouchardon, 2014; Crozat, 2016; Souchier, 2019)</span> et sur le fonctionnement de la machine pour illustrer, dans une deuxième partie, le rôle de médiation joué par les logiciels – entendu comme une suite d’instructions écrites – entre la saisie du texte au clavier et les traitements appliqués à ces informations, jusqu’à leur stockage dans une mémoire informatique.</p>
<p>Tandis que chaque environnement a ses propres modalités d’écriture que nous ne pouvons pas toutes énumérer, nous nous appuyons dans la deuxième partie de ce chapitre sur l’étude de l’éditeur de texte sémantique Stylo et les différentes représentations du texte qu’il génère. Ces représentations intermédiaires circulent entre les espaces de Stylo – client et serveur – par différents canaux et protocoles pour former, à travers une série de documents produits, une dynamique constitutive du sens de l’écriture <span class="citation" data-cites="merzeau_editorialisation_2013">(Merzeau, 2013)</span> propre à cet environnement.</p>
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<p>Le choix d’étudier Stylo comme terrain pour cette recherche découle de plusieurs raisons. Tout d’abord, il s’agit d’un éditeur moderne construit avec les technologies du Web les plus récentes. Que ce soit à travers des environnements tels que Stylo, GoogleDoc, Hedgedoc ou encore Framapad, les environnements d’écriture en ligne (Web) suscitent un certain engouement auprès des utilisateurs notamment pour leur capacité à offrir un espace de travail collaboratif en temps réel leur permettant d’écrire à plusieurs dans cet espace. La deuxième raison qui fait de Stylo un terrain opportun est l’accessiblité de son code source. Contrairement à d’autres éditeurs propriétaires comme l’est GoogleDoc, la totalité du code de Stylo est disponible en ligne, ce qui est indispensable pour notre étude. Enfin, le fait d’être impliqué dans les développements de Stylo depuis plus de deux ans m’offre une position privilégiée pour étudier cet éditeur puisque j’ai accès aux différentes phases de tests des développements, me permettant ainsi d’observer le comportement des nouvelles fonctionnalités et de les modifier. Grâce à cette position, j’ai également un accès direct à la communauté d’utilisateurs, s’élevant à un peu plus de 6000 personnes fin 2023 pour plus de 40000 documents différents.<br />
Du fait de mon implication dans Stylo, le regard que je porte sur ce terrain n’est pas neutre et relève d’une forme de recherche-action [ajouter une référence].</p>
<p>Alors que chaque signe et chaque trace inscrite dans l’éditeur de texte Stylo incarne cette tension <em>entre</em> l’utilisateur et la machine, dont les différences de langage – naturel et machine – rend a priori toute communication directe impossible, nous analysons les différents modes de communication des informations dans Stylo pour suivre la circulation de ces traces et leur empreinte dans le document. Pour en découvrir plus sur cet <em>entre</em>, nous étudions cette distance à partir de la méthode employée par le théoricien des médias F. Kittler <span class="citation" data-cites="kittler_mode_2015 kittler_gramophone_2018">(F. Kittler, 2018; 2015)</span>, qui s’appuie d’abord sur la description du fonctionnement de la machine à écrire puis celle de l’ordinateur afin de comprendre leur implication, en tant que média, dans le phénomène qu’est l’écriture. Cette méthode implique de comprendre les comportements et les fonctionnements techniques des composants à l’oeuvre dans la machine, et cela qu’ils relèvent du matériel ou du logiciel. En conséquence, nous mobilisons de la documentation technique pour étayer notre propos et pour analyser les traces qui nous intéressent.</p>
-<p>À partir de cette étude, nous verrons qu’à l’intérieur de cet <em>entre</em>, les traces de cette relation manifestent d’une composante aveugle de l’écriture, puisque cette dimension de l’écriture n’est pas directement visible pour l’auteur et relève alors d’une forme de déprise [sauret__2020] sur le texte, plutôt qu’une reprise en main telle que Stylo la promeut.</p>
+<p>À partir de cette étude, nous verrons qu’à l’intérieur de cet <em>entre</em>, les traces de cette relation manifestent d’une composante aveugle de l’écriture, puisque cette dimension de l’écriture n’est pas directement visible pour l’auteur et relève alors d’une forme de déprise [sauret__2020] sur le texte où se niche une épistémologie de l’écriture.</p>
<h2 id="écrire-dans-un-environnement-numérique">Écrire dans un environnement numérique</h2>
<h3 id="définir-lenvironnement-où-écrire">Définir l’environnement où écrire</h3>
<p>Par habitude, nous partons du présupposé que lorsque nous évoquons les mots environnement d’écriture numérique, ceux-ci sont synonymes d’un environnement d’écriture informatique et désignent la même chose. En conséquence, lorsqu’il s’agit de convoquer l’écriture numérique, nous pensons tout de suite à un ordinateur, aux claviers, aux écrans et aux pointeurs qui clignotent dans des éditeurs de texte ou dans les champs des formulaires en ligne. Avec le numérique ubiquitaire <span class="citation" data-cites="citton_angles_2023">(Citton et al., 2023)</span>, ces pratiques d’écriture sont ancrées dans nos habitudes au point de ne plus les remettre en question. Les dispositifs d’écriture analogique sont ainsi renvoyés à l’état de vestiges archaïques, comme peuvent l’être les machines à écrire alors qu’elles ont été fabriquées méticuleusement par des designers et des ingénieurs et ont fait la fierté et la renommée de certaines entreprises comme Olivetti en Italie juste avant que les ordinateurs n’arrivent sur le marché. Aujourd’hui ces machines sont complètement désuètes et inutilisées depuis presque une trentaine d’années. Elles sont maintenant exposées dans des musées – entre autres au MoMA et au Centre Pompidou – et sont intégrées dans des collections permanentes ou exhibées lors des expositions en lien avec les designers qui les ont conçues<a href="#fn2" class="footnote-ref" id="fnref2" role="doc-noteref"><sup>2</sup></a>.</p>
@@ -139,7 +132,7 @@ Du fait de mon implication dans Stylo, le regard que je porte sur ce terrain n
<p>Cette miniaturisation est rendue possible par la gravure des transistors dans des disques de silice (<em>wafer</em>) plutôt que l’usage plus coûteux et instable de relais et de tubes électroniques. Un transistor est un composant électronique dont le rôle est de laisser passer ou non le courant grâce aux propriétés du semi-conducteur à partir duquel il est fabriqué. En fonction de la valeur du courant qui lui est appliqué, le résultat associé à ce courant sera <code>0</code> ou <code>1</code>. Ce transistor est l’élément physique qui incarne les portes logiques (ET, OU, OUI, NON, XOR, etc.) et traitent les données. Parmi tous les traitements possibles, certains nécessitent de garder en mémoire des résultats intermédiaires pour aboutir. Ils sont alors stockés dans la mémoire vive en attendant d’être réutilisés.</p>
<p>Toutes ces informations traitées, qu’elles soient transformées ou mémorisées, proviennent de ce que l’on nomme des <em>entrées</em>. Ce sont ces entrées qui encodent les informations en chiffres. Une fois traitées, ou lorsqu’elles sont appelées par un programme, ces données transitent par les <em>sorties</em>. Elles font la transformation inverse et décodent les chiffres en signes interprétables.</p>
<p>L’encodage et le décodage des caractères accompagne toute l’histoire de l’informatique (et du numérique). Aux prémices de l’informatique, chaque matériel comportait ses propres programmes et tables d’encodage, rendant ainsi “possible” la transposition des données d’un matériel à un autre par équivalence. Cependant, dans la plupart des cas, les données ne pouvaient pas circuler entre les différents modèles d’ordinateur, ou alors au moyen de transformations fastidieuses, rendant ainsi les traitements réalisés sur les données enfermés dans des silos. La norme ASCII (<em>American Standard Code for Information Interchange</em>) fait son apparition dans les années 1960 pour résoudre l’enjeu d’interopérabilité de l’encodage des données. Soumise à l’<em>American Standards Association</em> (d’abord ASA puis ANSI) en 1961 par l’un de ses inventeurs, Bob Bemer, puis approuvée en 1963, l’ASCII permet d’encoder 128 caractères sur 7 bits. Néanmoins, ce n’est pas parce qu’un encodage est reconnue en tant que norme que son usage est effectif à l’instant même de sa reconnaissance. Il faut attendra 1968 que le président des États-Unis d’Amérique Johnson demande à ce que l’ASCII devienne la norme fédérale d’encodage des informations afin de réduire les incompatibilités au sein des réseaux de télécommunication pour qu’elle commence à se répandre. Dès 1969, tous les ordinateurs achetés par le gouvernement des États-Unis étaient compatibles avec la norme ASCII. Du côté des ordinateurs personnels, il faudra attendre le début des années 1980 pour que cette norme se répande grâce, entre autre, à son implémentation dans les ordinateurs construits par IBM. La norme X3.4:1986 en vigueur aujourd’hui, a été déposée auprès de l’ANSI en 1986. C’est à partir de cette norme que d’autres ont été développées et restent compatibles ASCII, comme c’est par exemple le cas de la norme Unicode, publiée en 1991, qui est la plus répandue de nos jours puisqu’elle encode le plus de caractères. Si ASCII contient 128 points de code, le standard Unicode permet d’en encoder plus de 149 000 sur une vingtaine de bits par point de code dans sa version 15.1 (de 2023). Afin de préserver cette compatibilité entre les normes, il est d’usage d’encoder les 128 premiers caractères de façon identique à la norme ASCII.</p>
-<p>Pour pouvoir utiliser ces tables d’encodage et stocker des données dans la mémoire d’un ordinateur, les utilisateurs ont besoin d’une interface les rendant accessibles et manipulables. Ces interfaces peuvent être rangés sous l’appellation de logiciel. Il est intéressant d’introduire les logiciels et leur fonctionnement à partir du matériel composant l’ordinateur et plus particulièrement à partir de la carte mère. Les fournisseurs de carte mère incorpore généralement dans leur carte une première couche d’abstraction matérielle, un BIOS (<em>Basic Input Output System</em><a href="#fn7" class="footnote-ref" id="fnref7" role="doc-noteref"><sup>7</sup></a>), flashé dans la mémoire morte de l’ordinateur et programmé pour s’exécuter lors de la mise sous tension de ce dernier. Ce que l’on appelle <em>couche d’abstraction matérielle</em> en informatique représente la couche logicielle qui se trouve entre la partie matérielle et le système d’exploitation. Comme son nom l’indique, la fonction principale de cette couche est de permettre la manipulation du matériel tout en faisant abstraction de celui-ci. Le BIOS, ce tout premier jeu d’instructions qu’un ordinateur réalise, est un programme propriétaire chargé d’initialiser la séquence d’amorçage (<em>boot</em>) de l’ordinateur, de trouver le système d’exploitation, les périphériques (<em>a minima</em> le clavier et l’écran) et d’opérer quelques vérifications de bon fonctionnement des composants comme c’est le cas de l’horloge temps réel qui fonctionne en tout temps, même lorsque l’ordinateur est éteint, et rythme la totalité des cycles des autres circuits. Hormis quelques rares initiatives telles que Libreboot<a href="#fn8" class="footnote-ref" id="fnref8" role="doc-noteref"><sup>8</sup></a> et Coreboot<a href="#fn9" class="footnote-ref" id="fnref9" role="doc-noteref"><sup>9</sup></a>, des logiciels libres et <em>open sources</em> chargés de remplacer partiellement le BIOS propriétaire, la majorité des cartes mères sont liées à leur BIOS du fait de l’ajout par Intel, à partir de 2006, d’un sous programme nommé <em>Management Engine</em> (ME) qui est accompagné d’un ensemble de modules comme <em>Boot Guard</em> et <em>Secure Boot</em> dont l’objectif est de veiller à ce qu’il n’y ait pas de corruption du système d’amorçage de l’ordinateur<a href="#fn10" class="footnote-ref" id="fnref10" role="doc-noteref"><sup>10</sup></a>. Ces programmes ont sans cesse été améliorés depuis leur introduction en 2006 et, aujourd’hui, ils empêchent toute modification de cette couche logicielle, la plus basse d’un ordinateur, si celle-ci n’est pas vérifiée et validée (avec un système de clés cryptées) par la firme propriétaire/fabricante. Il ya aurait donc, au plus bas niveau d’abstraction matérielle dans un ordinateur, une imposition d’une vision de la machine aux utilisateurs réalisée par les quelques sociétés qui détiennent le monopole de la production de ce composant.</p>
+<p>Pour pouvoir utiliser ces tables d’encodage et stocker des données dans la mémoire d’un ordinateur, les utilisateurs ont besoin d’une interface les rendant accessibles et manipulables. Ces interfaces peuvent être rangés sous l’appellation de logiciel. Il est intéressant d’introduire les logiciels et leur fonctionnement à partir du matériel composant l’ordinateur et plus particulièrement à partir de la carte mère. Les fournisseurs de carte mère incorpore généralement dans leur carte une première couche d’abstraction matérielle, un BIOS (<em>Basic Input Output System</em><a href="#fn7" class="footnote-ref" id="fnref7" role="doc-noteref"><sup>7</sup></a>), flashé dans la mémoire morte de l’ordinateur et programmé pour s’exécuter lors de la mise sous tension de ce dernier. Ce que l’on appelle <em>couche d’abstraction matérielle</em> en informatique représente la couche logicielle qui se trouve entre la partie matérielle et le système d’exploitation. Comme son nom l’indique, la fonction principale de cette couche est de permettre la manipulation du matériel tout en faisant abstraction de celui-ci. Le BIOS, ce tout premier jeu d’instructions qu’un ordinateur réalise, est un programme propriétaire chargé d’initialiser la séquence d’amorçage (<em>boot</em>) de l’ordinateur, de trouver le système d’exploitation, les périphériques (<em>a minima</em> le clavier et l’écran) et d’opérer quelques vérifications de bon fonctionnement des composants comme c’est le cas de l’horloge temps réel qui fonctionne en tout temps, même lorsque l’ordinateur est éteint, et rythme la totalité des cycles des autres circuits. Hormis quelques rares initiatives telles que Libreboot<a href="#fn8" class="footnote-ref" id="fnref8" role="doc-noteref"><sup>8</sup></a> et Coreboot<a href="#fn9" class="footnote-ref" id="fnref9" role="doc-noteref"><sup>9</sup></a>, des logiciels libres et <em>open sources</em> chargés de remplacer partiellement le BIOS propriétaire, la majorité des cartes mères sont liées à leur BIOS du fait de l’ajout par Intel, à partir de 2006, d’un sous programme nommé <em>Management Engine</em> (ME) qui est accompagné d’un ensemble de modules comme <em>Boot Guard</em> et <em>Secure Boot</em> dont l’objectif est de veiller à ce qu’il n’y ait pas de corruption du système d’amorçage de l’ordinateur<a href="#fn10" class="footnote-ref" id="fnref10" role="doc-noteref"><sup>10</sup></a>. Ces programmes ont sans cesse été améliorés depuis leur introduction en 2006 et, aujourd’hui, ils empêchent toute modification de cette couche logicielle, la plus basse d’un ordinateur, si celle-ci n’est pas vérifiée et validée (avec un système de clés cryptées) par la firme propriétaire/fabricante. Il y aurait donc, au plus bas niveau d’abstraction matérielle dans un ordinateur, une imposition d’une vision de la machine aux utilisateurs réalisée par les quelques sociétés qui détiennent le monopole de la production de ce composant.</p>
<p>Le BIOS est donc l’interface entre l’utilisateur et la machine qui nous permet de manipuler les différentes entrées et sorties du système, donc de gérer les périphériques, fonction que le système d’exploitation peut également réaliser une fois que la phase d’amorçage est terminée. Le système d’exploitation (OS pour <em>Operating System</em>), est un niveau d’abstraction supplémentaire et se retrouve à l’interface entre les applications logicielles et la couche matérielle. Un OS est composé d’un ensemble de programmes permettant la bonne gestion des ressources de l’ordinateur : mémoires, calculs, périphériques, les registres, etc. Chaque OS a un fonctionnement qui lui est propre : l’architecture des informations – l’arborescence des dossiers, l’indexation des documents et des fichiers binaires change selon l’OS utilisé –, l’ordonnancement des tâches pour le processeur ou encore l’allocation de la mémoire, etc. Malgré le fait que ça n’ait pas toujours été le cas, les applications logicielles sont maintenant installées à l’intérieur des systèmes d’exploitation et prêtes à être exécutées. Le passage par un système d’exploitation permet aux logiciels de ne plus dépendre d’un modèle particulier du <em>hardware</em> et d’en faire justement abstraction, les rendant ainsi opérables sur différentes machines.</p>
<p>Ce tour d’horizon des particularités de l’écriture numérique et de l’agencement entre logiciel et matériel dans la machine nous montre que la conception de la machine ne permet pas à un auteur d’y inscrire des signes dans sa mémoire, ni de pouvoir les consulter directement puisqu’elle lui est inaccessible à moins qu’un intermédiaire ne servent d’interface. La médiation entre une machine et un auteur se fait au moyen d’un langage compréhensible par les deux parties, que l’on assemble sous la forme d’instructions qui, une fois empaquetées, forment un logiciel. Pour symboliser la médiation du matériel par la mise en place du logiciel à l’interface de l’humain et de la machine, l’entreprise Microsoft emploie la métaphore de la fenêtre (<em>window(s)</em>) à travers laquelle l’usager voit le numérique, et donc l’ordinateur. Pourtant, il ne faut pas s’y méprendre, quelle que soit la fenêtre logicielle, elle ne permet d’accéder qu’à un certain nombre fini d’instructions. Alors qu’en tant qu’appareil programmable qui ne se souci pas de la signification du traitement des informations ni des résultats obtenus, l’ordinateur semble être un environnement beaucoup plus vaste que ce que cette fenêtre ne nous laisse croire <span class="citation" data-cites="turing_computable_1936">(Turing, 1936)</span>. Plutôt qu’une fenêtre comme ouverture ou passage vers le numérique, il serait plus juste de considérer cette fenêtre comme une vision du monde parmi d’autres. Cette vision du monde n’est pas seulement une vision particulière que l’humain a de la machine car dans ce cas nous serions dans un paradigme anthropocentré et utilitariste de la machine. En nous déplaçant de l’autre côté de la fenêtre, on se rend compte que la vision que porte la machine sur le monde est différente de la notre : la machine incarne une autre vision du monde sous forme de matrice, où chaque élément qu’elle perçoit l’est sous forme binaire. Le monde n’est alors plus que chiffres, calculs et distances, comme c’est le cas de la proposition de K. Hayles lorsqu’elle remplace Mère Nature par une Matrice <span class="citation" data-cites="hayles_my_2005">(Hayles, 2005)</span>.</p>
<p>Un début de relation s’instaure entre l’humain et la machine grâce à l’entremise du logiciel. À travers cette interface, lorsque l’on touche une lettre du bout du doigt, la machine devient alors accessible et l’impulsion (électrique) que cette action génère se transforme en une lettre à l’écran. Pour autant, cette accessibilité est-elle synonyme de mise en visibilité ? Le fait que “ça marche” rendrait-il le document visible ? C’est le rôle de l’interface graphique et des métaphores qu’elle véhicule que de cacher le fonctionnement même de la machine <span class="citation" data-cites="jeanneret_y_2011">(Jeanneret, 2011)</span>. La déliaison convoquée par Bonaccorsi <span class="citation" data-cites="bonaccorsi_fantasmagories_2020">(Bonaccorsi, 2020)</span> prend place dès cet instant dans le processus d’écriture puisqu’il ne s’agit pas seulement de délier le geste de l’inscription mais également de faire abstraction de tout le processus d’écriture au-delà du geste. Ainsi, le logiciel aurait une double fonctionnalité : la première est une médiation qui ouvre le dialogue avec la machine tandis que la seconde en fait abstraction et la cache, ce qui a pour effet de rendre la machine quasiment invisible à l’utilisateur. Cependant, que découvrons-nous lorsque nous retirons ce voile devant la fenêtre ? Là se dévoile un vaste écosystème constitué de formats, des protocoles et leurs flux d’informations et de documents, parfois temporaires, voyageant d’une étape à une autre, prenant forme et se transformant pour suivre un cheminement prédéfini jusqu’à la création d’un document final que l’utilisateur récupère. Chacune de ces fenêtres offre finalement une vision particulière d’un document et un modèle épistémologique qui lui est propre <span class="citation" data-cites="vitali-rosati_editorialization_2018">(Vitali-Rosati, 2018)</span>.</p>
@@ -154,7 +147,7 @@ Du fait de mon implication dans Stylo, le regard que je porte sur ce terrain n
<blockquote>
<p>Initialement défini comme “écriture d’écriture” puis comme un “dispositif d’écriture écrit”, l’architexte s’avère être un point de passage obligé pour toute activité numérique. Il n’y a effectivement pas d’écriture à l’écran sans un architexte qui la rend possible, l’accompagne et la formate. Pour la première fois de son histoire, l’homme a donc recours à des “dispositifs d’écriture écrits” spécifiques pour pouvoir pratiquer une activité d’écriture (E. Souchier, 1998, 2013). Or, précisément en ce qu’ils sont “eux-mêmes écrits”, les architextes “sont des textes lisibles et interprétables. Porteurs et prescripteurs d’une écriture à venir, ils anticipent de ce fait une figure de l’auteur” (É. Candel, G. Gomez Mejia, 2013) et relèvent donc de “l’énonciation éditoriale” (E. Souchier, 1998).</p>
</blockquote>
-<p>Globalement, l’architexte incarne le cadre dans lequel les agents peuvent écrire. Il permet de faire la distinction entre un gabarit, entendu comme l’espace proposé par les éditeurs de logiciels ou applications pour écrire, et le texte saisi par l’utilisateur, c’est-à-dire le texte qui remplit le gabarit. Cet architexte, ce cadre, est régit par des règles qui définissent comment l’on peut écrire sur un support numérique mais également comment les signes à inscrire doivent être formatés.</p>
+<p>Globalement, l’architexte incarne le cadre dans lequel les agents peuvent écrire. Il permet de faire la distinction entre un gabarit, entendu comme l’espace proposé par les éditeurs de logiciels ou applications pour écrire, et le texte saisi par l’utilisateur, c’est-à-dire le texte qui remplit le gabarit. Cet architexte, ce cadre, est régit par des règles qui définissent comment l’on peut écrire sur un support numérique mais également comment les caractères à inscrire doivent être formatés.</p>
<p>Nous l’avons vu, l’architexte se positionne en tant que médiateur entre un auteur et la machine qu’il emploie pour écrire. Jusqu’à présent, la définition de l’architexte englobe largement tous les écrits qui permettent d’écrire à l’écran. En 2019, G. Gomez-Mejia, E. Souchier et E. Candel précisent ce que sont ces méta-écritures et en dressent une typologie composée de quatre « cadres d’écrits d’écran » :</p>
<ul>
<li>le matériel</li>
@@ -169,7 +162,7 @@ Du fait de mon implication dans Stylo, le regard que je porte sur ce terrain n
<p>Le premier “cadre” [qui] définit les conditions de possibilités matérielles de l’activité, est le seul inanimé. Les trois suivants, cadres système, logiciel et document, relèvent de l’ingénierie textuelle et définissent les conditions de réalisation de l’activité. On voit ainsi qu’une activité d’écriture réalisée sur le “document” d’un logiciel de traitement de texte est mise en abyme au sein de l’ensemble des autres “cadres” qui la rendent possible et la déterminent techniquement et sémiotiquement.</p>
</blockquote>
<p>Ce premier cadre de « l’écrit d’écran » ne désigne en fin de compte, pour les auteurs, que l’écran. Or, il n’est pas nommé cadre écran mais cadre matériel et devrait renvoyer à toute la dimension physique d’un ordinateur et pas seulement à l’organe d’affichage qui, dans cette disposition, apparaît comme central dans le fonctionnement d’un ordinateur.</p>
-<p>Le dépassement de l’écran est un acte symbolique nécessaire pour se soustraire à une vision anthropocentrée des actions de lecture et d’écriture. Pour effectuer ce changement de perspective, nous devons d’abord nous débarasser d’un élément central à l’interface de l’humain et la machine : la page.</p>
+<p>Le dépassement de l’écran devient un acte symbolique nécessaire pour se soustraire à une vision anthropocentrée des actions de lecture et d’écriture. Pour effectuer ce changement de perspective, nous devons d’abord nous débarasser d’un élément central à l’interface de l’humain et la machine : la page.</p>
<h3 id="la-page-est-un-doudou">La page est un doudou</h3>
<p>Le terme <em>page</em> revient de manière récurrente dans nos usages de l’ordinateur : on le retrouve dans les logiciels de traitement de textes – il y a même un logiciel du nom de <em>Pages</em> disponible dans l’environnement Apple –, dans les livres numériques ou encore dans le Web où chaque URL est l’adresse d’une page. Matthew Kirschenbaum et Thomas Bergin nous détaillent dans leurs travaux l’arrivée de la page sur nos écrans durant les années 1970 et le début des années 1980 <span class="citation" data-cites="kirschenbaum_track_2016 bergin_origins_2006 bergin_proliferation_2006">(Bergin, 2006a, 2006b; Kirschenbaum, 2016)</span>.</p>
<p>Cet objet qu’est la page a été instauré dans l’ordinateur uniquement pour reproduire une « habitude » et créer un lien fictif entre les visions du monde de l’imprimerie et de l’informatique. Cet artefact produit une forme de réconfort auprès de l’utilisateur pour que le monde informatique lui semble plus tangible, qu’il ait quelque chose auquel se raccrocher, d’où sa déclinaison dans des espaces différents qui ne ressemblent plus du tout à des pages de livres ou de feuilles (comme par exemple A4 lettre US, ou le livre au format poche). La page affichée à l’écran n’existe qu’à cet endroit, il ne s’agit que d’un rendu graphique qui ne fait pas partie de l’écriture (au sens du texte saisi).</p>
@@ -187,21 +180,21 @@ Du fait de mon implication dans Stylo, le regard que je porte sur ce terrain n
<p>Toutefois, une distinction persiste. Si le texte peut être remédié dans un autre format – et être imprimé par exemple –, le logiciel quant à lui ne peut exister que dans son environnement numérique. Son code source peut lui aussi faire l’objet d’une remédiation <span class="citation" data-cites="bolter_remediation_1998">(Bolter &amp; Grusin, 1998)</span> mais il sera dénaturé car sa fonction principale est l’organisation du traitement des informations dans un ordinateur. D’ailleurs, C. Herrenschmidt nous rappelle que le terme de logiciel a été forgé à partir de la contraction du mot “logique” avec le mot “matériel” <span class="citation" data-cites="herrenschmidt_trois_2023">(Herrenschmidt, 2023, p. 474)</span> , pour justement montrer à la fois l’opposition du logiciel avec l’aspect matériel (<em>hardware</em>) et marquer leur complémentarité : l’ordinateur (<em>hardware</em>) serait très peu accessible (voir inaccessible) sans logiciel, et le logiciel n’existe pas en dehors de l’ordinateur.</p>
<p>Lorsque l’on définit le logiciel en opposition au matériel, on les place tous les deux au même niveau – ils sont des entités équivalentes – et cela nous détache de ce que nous avons vu précédemment sur la place du logiciel aux côtés de n’importe quel document à l’intérieur de la mémoire de l’ordinateur.</p>
<p>Un courant contemporain de la théorie des médias, l’intermédialité montréalaise<a href="#fn12" class="footnote-ref" id="fnref12" role="doc-noteref"><sup>12</sup></a> <span class="citation" data-cites="muller_lintermedialite_2000 tadier_tentative_2021 tadier__2021">(Müller, 2000; Tadier &amp; Méchoulan, 2021;   Tadier, 2021)</span>, en tant qu’art pour penser les relations <span class="citation" data-cites="tadier__2021">(Tadier, 2021)</span>, peut être mobilisée pour mieux comprendre les liens entretenus par les agents de notre système, la machine avec elle-même, humain-machine, machine-machine.</p>
-<p>Ce qui est intéressant dans cette relation – et que certains systèmes d’exploitation cachent depuis plusieurs années – est le fait que logiciel ne puisse exister que dans un environnement très particulier et fragile. Pour fonctionner, le logiciel doit être compatible avec plusieurs composants de l’ordinateur. Les premiers composants sont matériels : est-ce que l’ordinateur a une carte graphique, quel type de processeur ou la quantité de mémoire vive, etc. C’était un fait connu du temps des premiers logiciels comme WordPerfect <span class="citation" data-cites="bergin_origins_2006 kirschenbaum_track_2016 kittler_mode_2015">(Bergin, 2006a;   Kirschenbaum, 2016; F. A. Kittler, 2015)</span> et que l’on voit de moins en moins aujourd’hui, notamment parce que 1) les logiciels à installer sont disponibles pour beaucoup de matériels – exceptés pour certains jeux vidéos ou des programmes que l’on va préférer faire fonctionner sur des “machines plus puissantes” comme des réseaux de neurones – et 2) parce que le développement des téléphones intelligents depuis une vingtaine d’années a donné naissance à un nouveau format d’application : les <em>progressive web apps</em> qui utilisent les technologies du web (HTML, CSS, JS) pour fonctionner et sont donc exécutables sur plus de supports puisqu’elles sont agnostiques<a href="#fn13" class="footnote-ref" id="fnref13" role="doc-noteref"><sup>13</sup></a> vis-à-vis du système d’exploitation. L’environnement matériel est donc une première condition pour faire fonctionner un logiciel. La deuxième est le système d’exploitation. En fonction du système d’exploitation – et de sa version – un logiciel pourra y être installé à l’intérieur. Ce deuxième paramètre ne doit pas être sous-estimé car l’écosystème des logiciels fonctionne sur la base d’un système réticulaire : les programmes ne sont pas développées <em>from scratch</em>, ils s’appuient sur d’autres briques logicielles qui elles-mêmes s’appuient sur d’autres briques logicielles. Chacune d’entre elles dépend d’une version particulière de l’autre. Si une version venait a être mise à jour sans vérification préalable, alors le château de cartes pourrait s’effondrer et le logiciel ne plus fonctionner.</p>
+<p>Ce qui est intéressant dans cette relation – et que certains systèmes d’exploitation cachent depuis plusieurs années – est le fait que logiciel ne puisse exister que dans un environnement très particulier et fragile. Pour fonctionner, le logiciel doit être compatible avec plusieurs composants de l’ordinateur. Les premiers composants sont matériels : est-ce que l’ordinateur a une carte graphique, quel type de processeur ou la quantité de mémoire vive, etc. C’était un fait connu du temps des premiers logiciels comme WordPerfect <span class="citation" data-cites="bergin_origins_2006 kirschenbaum_track_2016 kittler_mode_2015">(Bergin, 2006a;   Kirschenbaum, 2016; F. A. Kittler, 2015)</span> et que l’on voit de moins en moins aujourd’hui, notamment parce que 1) les logiciels à installer sont disponibles pour beaucoup de matériels – exceptés pour certains jeux vidéos ou des programmes que l’on va préférer faire fonctionner sur des “machines plus puissantes” avec plus de capacité de calcul – et 2) parce que le développement des téléphones intelligents depuis une vingtaine d’années a donné naissance à un nouveau format d’application : les <em>progressive web apps</em> qui utilisent les technologies du web (HTML, CSS, JS) pour fonctionner et sont donc exécutables sur plus de supports puisqu’elles sont agnostiques<a href="#fn13" class="footnote-ref" id="fnref13" role="doc-noteref"><sup>13</sup></a> vis-à-vis du système d’exploitation. L’environnement matériel est donc une première condition pour faire fonctionner un logiciel. La deuxième est le système d’exploitation. En fonction du système d’exploitation – et de sa version – un logiciel pourra y être installé à l’intérieur. Ce deuxième paramètre ne doit pas être sous-estimé car l’écosystème des logiciels fonctionne sur la base d’un système réticulaire : les programmes ne sont pas développées <em>from scratch</em>, ils s’appuient sur d’autres briques logicielles qui elles-mêmes s’appuient sur d’autres briques logicielles. Chacune d’entre elles dépend d’une version particulière de l’autre. Si une version venait a être mise à jour sans vérification préalable, alors le château de cartes pourrait s’effondrer et le logiciel ne plus fonctionner.</p>
<p>D’ailleurs, une pratique courante en développement informatique consiste à créer un environnement virtuel – une bulle – à l’intérieur même de son ordinateur pour y installer des versions sélectionnées de dépendances logicielles afin qu’elles ne soient pas victime d’un effet de bord dû à une mise à jour d’un autre programme (et d’autre dépendances).</p>
<p>Le logiciel est un langage de haut niveau qui permet de manipuler des données jusqu’au plus bas niveau de l’ordinateur, au niveau des entrées et des sorties. Toutes ces manipulations sont exécutées en appelant des instructions dans ce réseau de dépendances/logiciels pour que les données puissent descendre les couches et être transformées jusqu’à atteindre leur espace de stockage dans la mémoire morte.</p>
<p>Le nom qui désigne un logiciel comme MS Word, Stylo ou LibreOffice désignent plus que les vagues notions que peuvent être leur fonctionnalité principale, dans ces cas-ci l’édition de texte, et peuvent être définis par la totalité des instructions mobilisées dans la manipulation des informations. À l’instar de McLuhan <span class="citation" data-cites="mcluhan_pour_1977">(1977)</span>, l’on pourrait percevoir les logiciels comme des espaces construits – des architectures de l’information <span class="citation" data-cites="broudoux_larchitecture_2013">(Broudoux et al., 2013)</span> soignées – avec une topologie qui leur est propre et à travers laquelle chaque suite d’instructions forme une route que des unités sémiotiques empruntent pour y être transformées en unités calculables.</p>
<p>Chaque environnement d’écriture incarne un modèle et une vision du traitement de l’information, que l’on peut englober sous le nom de cet environnement. Lors de l’interaction entre un usager et une machine, par le biais de cet environnement, les médiations à l’oeuvre sont des représentations de ce modèle dont les traces présentes dans les documents sont les indices.</p>
<p>En prenant le cas de Stylo, nous pouvons détailler ce que désigne cette appellation en fouillant l’architecture logicielle, puisque le code est en libre accès, afin de cibler les traces de cette relation entre l’auteur et son environnement.</p>
<p>Tout d’abord, Stylo représente un espace sur le Web dans lequel nous pouvons écrire en suivant la syntaxe de trois formats de texte brut, le Markdown, le YAML et le BibTeX. Le Web fonctionne différemment d’un environnement local sur son ordinateur personnel.</p>
-<p>Alain Mille en dresse l’histoire depuis les débuts d’Internet dans les années 1960 <span class="citation" data-cites="mille_internet_2014">(2014)</span> à partir du réseau filaire ARPAnet développé par le département de la défense américaine. Seulement, comme le souligne A. Mille, il manque une brique pour que naisse l’Internet : un protocole de transfert des documents. Le premier protocole a vu le jour en 1969<a href="#fn14" class="footnote-ref" id="fnref14" role="doc-noteref"><sup>14</sup></a> et a fait l’objet de la première RFC<a href="#fn15" class="footnote-ref" id="fnref15" role="doc-noteref"><sup>15</sup></a> (<em>Request for comments</em>) avant de trouver une forme plus aboutie dans le protocole TCP en 1974 – décrit par Vincent Cerf et Bob Kahn – et permet avec sa distribution sous forme de paquets la naissance d’Internet. Ce n’est qu’en 1990, au CERN ((Organisation européenne pour la recherche nucléaire)), que Tim Berners-Lee participe à la conception du Web – et du <em>World Wide Web</em> – pour pallier le problème d’échanges de documents numériques rencontré dans cette institution grâce au développement du langage de balisage HTML. Le Web vient donc répondre à un besoin, celui de la compatibilité des informations et de leur interoperabilité dans une structure. En créant un environnement spécifique composés de normes de structuration des informations interprétable par un logiciel, le navigateur, le Web devient agnostique et ne dépend plus de la même couche d’abstraction logicielle qu’un environnement local. L’ordinateur devient un terminal, un client à partir duquel on peut se connecter au réseau et accéder aux informations qui y circulent.</p>
-<p>C’est ainsi que sur le Web, le stockage des données est généralement séparé de l’espace d’affichage et sont stockées dans une base de données sur un serveur. Il y aurait donc au moins deux modules différents, la partie <em>client</em> – ce qui est affiché dans le navigateur – et la partie <em>serveur</em> où sont les organisées les informations.</p>
-<p>Nous retrouvons ce fonctionnement dans Stylo avec la partie serveur et la partie client auxquelles vient s’ajouter un troisième bloc pour exporter les données afin de les sortir de cet environnement client - serveur. L’architecture logicielle de Stylo peut donc être scindée en trois parties.</p>
+<p>Alain Mille en dresse l’histoire depuis les débuts d’Internet dans les années 1960 <span class="citation" data-cites="mille_internet_2014">(2014)</span> à partir du réseau filaire ARPAnet développé par le département de la défense américaine. Seulement, comme le souligne A. Mille, il manque une brique pour que naisse l’Internet : un protocole de transfert des documents. Le premier protocole a vu le jour en 1969<a href="#fn14" class="footnote-ref" id="fnref14" role="doc-noteref"><sup>14</sup></a> et a fait l’objet de la première RFC<a href="#fn15" class="footnote-ref" id="fnref15" role="doc-noteref"><sup>15</sup></a> (<em>Request for comments</em>) avant de trouver une forme plus aboutie dans le protocole TCP en 1974 – décrit par Vincent Cerf et Bob Kahn – et permet avec sa distribution sous forme de paquets la naissance d’Internet. Ce n’est qu’en 1990, au CERN ((Organisation européenne pour la recherche nucléaire)), que Tim Berners-Lee participe à la conception du Web – et du <em>World Wide Web</em> – pour pallier le problème d’échanges de documents numériques rencontré dans cette institution grâce au développement du langage de balisage HTML. Le Web vient donc répondre à un besoin, celui de la compatibilité des informations et de leur interoperabilité dans une structure. En créant un environnement spécifique composé de normes de structuration des informations interprétable par un logiciel, le navigateur, le Web devient agnostique et ne dépend plus de la même couche d’abstraction logicielle qu’un environnement local. L’ordinateur devient un terminal, un client à partir duquel on peut se connecter au réseau et accéder aux informations qui y circulent.</p>
+<p>C’est ainsi que sur le Web, l’action de stockage des données est généralement séparée de l’espace d’affichage dans le navigateur. Les données sont stockées dans une base de données sur un serveur. Il y aurait donc au moins deux modules différents, la partie <em>client</em> – ce qui est affiché dans le navigateur – et la partie <em>serveur</em> où sont organisées les informations.</p>
+<p>Nous retrouvons ce fonctionnement dans Stylo avec la partie serveur et la partie client auxquelles vient s’ajouter un troisième bloc pour exporter les données afin de les extraire de cet environnement client - serveur. L’architecture logicielle de Stylo peut donc être scindée en trois parties.</p>
<figure>
<img src="https://s3.hedgedoc.org/demo/uploads/afdf01ec-bd0b-4b38-8394-752d6e2d1e4b.png" title="Les différents modules de Stylo" alt="Les différents modules de Stylo" />
<figcaption aria-hidden="true">Les différents modules de Stylo</figcaption>
</figure>
-<p>Tout d’abord, nous retrouvons la base de données où sont stockées toutes les informations et données de Stylo : les comptes utilisateurs, les articles, les espaces de travail, les corpus, etc. Cette base de données est réalisée avec MongoDB, un système de gestion de base de données non relationnelles développé en 2007 et s’appuyant sur des documents structurés en JSON.</p>
+<p>Tout d’abord, nous retrouvons la base de données où sont stockées toutes les informations et données de Stylo : les comptes utilisateurs, les articles, les espaces de travail, les corpus, etc. Cette base de données est réalisée avec MongoDB, un système de gestion de base de données non relationnelles développé en 2007 et s’appuyant sur des documents structurés au format JSON.</p>
<p>Le deuxième bloc de Stylo est le module d’export qui permet de transformer les informations saisies et visibles dans l’éditeur en de multiples documents. Tout ce module est développé et maintenu avec le langage de programmation Python par David Larlet. Cette brique technologique est articulée autour du logiciel de transformation et de conversion Pandoc<a href="#fn16" class="footnote-ref" id="fnref16" role="doc-noteref"><sup>16</sup></a> déployée sur un serveur et rendue accessible via une autre API<a href="#fn17" class="footnote-ref" id="fnref17" role="doc-noteref"><sup>17</sup></a> fabriquée à partir du framework FastAPI<a href="#fn18" class="footnote-ref" id="fnref18" role="doc-noteref"><sup>18</sup></a>. Le module d’export intégré à Stylo<a href="#fn19" class="footnote-ref" id="fnref19" role="doc-noteref"><sup>19</sup></a> permet de convertir et de transformer les textes sources en une multitude d’artefacts, selon les capacités de transformation et de conversion du logiciel Pandoc auquel il est rattaché.</p>
<p>Le dernier bloc de Stylo concerne l’interface que les utilisateurs voient affichée sur leur écran. Étant donné que Stylo est accessible via un navigateur web, l’interface a été conçue avec les technologies de cet environnement. On retrouve des objets en HTML, en CSS et en Javascript. Le <em>framework</em> React, une surcouche à Javascript <em>open source</em> développée par Facebook (aujourd’hui Meta) en 2013, a été employé pour faire les différents composants de l’interface et intégrer de nombreuses librairies telle que <em>i18n</em> qui permet d’implémenter le multilinguisme dans l’interface et changer la langue affichée à l’écran en un seul clic.</p>
<p>L’éditeur de texte, pièce maîtresse de Stylo, s’appuie sur la technologie Monaco<a href="#fn20" class="footnote-ref" id="fnref20" role="doc-noteref"><sup>20</sup></a> développé par Microsoft et rendu disponible sous licence MIT.</p>
@@ -247,7 +240,8 @@ Du fait de mon implication dans Stylo, le regard que je porte sur ce terrain n
<span id="cb2-6"><a href="#cb2-6" aria-hidden="true" tabindex="-1"></a> }</span>
<span id="cb2-7"><a href="#cb2-7" aria-hidden="true" tabindex="-1"></a>}</span></code></pre></div>
<p>Cet exemple montre qu’il y a une certaine économie de l’information implémentée dans le fonctionnement même de GraphQL pour n’aller chercher que les informations nécessaires pour une requête particulière, pour peu que la requête en elle-même soit bien rédigée. D’ailleurs, il s’agit là d’un des écueils potentiels de GraphQL : des requêtes mal formulées peuvent aller à l’encontre de ce principe.</p>
-<p>Dans Stylo, chaque fonctionnalité, chaque bouton (ou presque) qui réalise une action de lecture ou d’écriture est lié à une requête GraphQL. Le protocole HTTP comporte deux méthodes bien connues pour faire circuler des informations entre un client et un serveur : <code>GET</code> et <code>POST</code>. Un des arguments phares présenté par GraphQL est sa dimension agnostique par rapport au protocole de communication des informations employé, que ce soit HTTP ou des WebSockets ou autre. Pourtant, malgré la capacité de GraphQL à être utilisable avec toutes les méthodes d’HTTP<a href="#fn24" class="footnote-ref" id="fnref24" role="doc-noteref"><sup>24</sup></a>, une bonne pratique appliquée par la communauté GraphQL est l’emploi du protocole HTTP couplé à la méthode <code>POST</code> pour tous types de requêtes (que ce soit une <code>query</code>, une <code>mutation</code> ou encore une <code>subscription</code>). Lors de la transmission des informations par la méthode <code>GET</code>, toutes les informations sont insérées dans l’URL ce qui 1) les rend visibles (et vulnérables) et 2) impose une limite du nombre de caractères (aux alentours de 2000 au maximum) au risque de déclencher une erreur 414 (URL trop longue). En conséquence, il est préférable d’utiliser la méthode <code>POST</code> pour envoyer ou récupérer des informations car elles ne seront ni visibles ni limitées en longueur. Malgré l’aspect agnostique de GraphQL, la forme textuelle des requêtes implique en elle-même un choix particulier de transmission des informations avec ce qu’il comporte comme avantages et inconvénients.</p>
+<p>Dans Stylo, chaque fonctionnalité, chaque bouton (ou presque) qui réalise une action de lecture ou d’écriture est lié à une requête GraphQL et au schéma de donnée correspondant. Chacune de ces actions suit en conséquence une modalité d’inscription dans la base données se conformant à l’architecture implémentée lors des développements de Stylo et produit une vision du document.</p>
+<p>Le protocole HTTP comporte deux méthodes bien connues pour faire circuler des informations entre un client et un serveur : <code>GET</code> et <code>POST</code>. Un des arguments phares présenté par GraphQL est sa dimension agnostique par rapport au protocole de communication des informations employé, que ce soit HTTP ou des WebSockets ou autre. Pourtant, malgré la capacité de GraphQL à être utilisable avec toutes les méthodes d’HTTP<a href="#fn24" class="footnote-ref" id="fnref24" role="doc-noteref"><sup>24</sup></a>, une bonne pratique appliquée par la communauté GraphQL est l’emploi du protocole HTTP couplé à la méthode <code>POST</code> pour tous types de requêtes (que ce soit une <code>query</code>, une <code>mutation</code> ou encore une <code>subscription</code>). Lors de la transmission des informations par la méthode <code>GET</code>, toutes les informations sont insérées dans l’URL ce qui 1) les rend visibles (et vulnérables) et 2) impose une limite du nombre de caractères (aux alentours de 2000 au maximum) au risque de déclencher une erreur 414 (URL trop longue). En conséquence, il est préférable d’utiliser la méthode <code>POST</code> pour envoyer ou récupérer des informations car elles ne seront ni visibles ni limitées en longueur. Malgré l’aspect agnostique de GraphQL, la forme textuelle des requêtes implique en elle-même un choix particulier de transmission des informations avec ce qu’il comporte comme avantages et inconvénients.</p>
<p>Les spécificités du protocoles HTTP sont définies dans les <em>Request for Comments</em> (RFC) publiés par l’<em>Internet Engineering Task Force</em> (IETF) fondée en 1986 et dont le siège se trouve aux États-Unis. Les documents et leurs contenus sont régulièrements mis à jour par la communauté qui participe à ces commentaires. Le numéro de la RFC en lien avec la méthode <code>POST</code> est le 9110<a href="#fn25" class="footnote-ref" id="fnref25" role="doc-noteref"><sup>25</sup></a> publié en juin 2022.</p>
<p>La méthode <code>POST</code> est définie dans le paragraphe 9.3.3 comme :</p>
<blockquote>
@@ -268,7 +262,7 @@ Du fait de mon implication dans Stylo, le regard que je porte sur ce terrain n
<span id="cb3-10"><a href="#cb3-10" aria-hidden="true" tabindex="-1"></a><span class="dt">&quot;variables&quot;</span><span class="fu">:{</span><span class="dt">&quot;userId&quot;</span><span class="fu">:</span><span class="st">&quot;61d62.....&quot;</span><span class="fu">,</span></span>
<span id="cb3-11"><a href="#cb3-11" aria-hidden="true" tabindex="-1"></a><span class="dt">&quot;articleId&quot;</span><span class="fu">:</span><span class="st">&quot;65e0e38129637c0012ef7a&quot;</span><span class="fu">,</span></span>
<span id="cb3-12"><a href="#cb3-12" aria-hidden="true" tabindex="-1"></a><span class="dt">&quot;content&quot;</span><span class="fu">:{</span><span class="dt">&quot;md&quot;</span><span class="fu">:</span><span class="st">&quot;Ajout du texte pour la requête HTTP &#39;POST&#39;&quot;</span><span class="fu">}}}</span></span></code></pre></div>
-<p>Autrement dit, chaque fonctionnalité décrit de manière formelle la structuration des informations dans Stylo, donc ce que Stylo écrit dans la base données et dans les textes puisque ce sont les informations renseignées qui seront intégrées dans les documents exportés. En ce sens, Stylo et ses protocoles pré-construisent la totalité de ce qu’un utilisateur peut saisir dans l’interface et sera enregistré dans la base de données. Cette préconstruction est la vision du document incarnée dans Stylo. Puisqu’il y a une pré-construction du document et du texte, nous pouvons à ce stade présupposer qu’il y a une pré-construction des traces des interactions avec l’utilisateur et de l’intimité qui en résulte et se matérialise dans des fragments comme celui présenté ci-dessus.</p>
+<p>Autrement dit, chaque fonctionnalité décrit de manière formelle la structuration des informations dans Stylo, donc ce que Stylo écrit dans la base données et dans les textes puisque ce sont les informations renseignées qui seront intégrées dans les documents exportés. En ce sens, Stylo et ses protocoles pré-construisent la totalité de ce qu’un utilisateur peut saisir dans l’interface et sera enregistré dans la base de données. Cette préconstruction est la vision du document incarnée dans Stylo. Puisqu’il y a une pré-construction du document et du texte, nous pouvons à ce stade présupposer qu’il y a une pré-construction des traces issues des interactions avec l’utilisateur et qu’elles se matérialisent dans des fragments comme celui présenté ci-dessus.</p>
<p>Cette description très générale des moyens de communication à l’oeuvre entre les différents modules de Stylo nous montre déjà que l’information saisie dans cet éditeur de texte est formatée par une architecture de données alors que nous n’avons pas encore abordé les conditions de l’écriture avec les trois formats pivots d’un document dans Stylo.</p>
<h3 id="les-formats-déterminent-la-sémantique-du-texte">Les formats déterminent la sémantique du texte</h3>
<p>[Trouver quelques références sur les formats, ex la these de de Mourat sur le vacillement des formats]</p>
@@ -293,7 +287,7 @@ Du fait de mon implication dans Stylo, le regard que je porte sur ce terrain n
<p>Le terme format est avant tout un terme technique, il délimite les caractéristiques d’un objet. Ces caractéristiques sont formulées par un certain nombres de données, d’instructions, ou de règles. L’objectif est de disposer d’un consensus pour dialoguer autour d’un objet ou de faire communiquer des processus qui traîtent ou qui produisent des formats.</p>
<p>Le format est une contrainte technique dans des environnements qui peuvent être très divers : formats d’objets physiques comme le papier, formats informatiques que nous connaissons par l’extension des fichiers sur nos ordinateurs, ou formats littéraires concernant l’agencement des mots et des phrases. Nous nous concentrons ici sur les formats informatiques. En fonction des nécessités d’un système d’exploitation, d’un programme informatique ou d’une plateforme en ligne, un format caractéristique sera requis pour agencer et organiser les informations selon les règles qui le définissent [bachimont_ingenierie_2007]. Un format qui n’est pas standard (ces caractéristiques doivent être décrites), qui n’est pas ouvert (il est possible de comprendre comment le format fonctionne) ou qui nécessite un environnement très spécifique pour être interprété ou transformé va générer beaucoup d’obstacles pour son utilisation.</p>
<p>La contrainte du format est liée à d’autres contraintes comme la compatibilité (quel format peut être lu par quel programme ou logiciel ?), l’interopérabilité (est-ce que le format peut être utilisé de la même façon quel que soit l’environnement ?), la dépendance (de quoi un système a-t-il besoin pour traiter le format ?) et les droits associées (est-ce que le format peut être lu, modifié ou partagé ?).</p>
-<p>Si le but du format est de constituer une série d’informations compréhensibles, utilisables et communicables, il reste une contrainte forte pour les chaînes de publication <span class="citation" data-cites="mourat_vacillement_2020">(Mourat, 2020)</span>. Que ce soit en tant que format d’entrée, format pivot de transformation ou format de publication – nous reviendrons sur les transformations et les artefacts publiables dans le chapitre 4 –, il déterminera le fonctionnement de la chaîne.</p>
+<p>Si le but du format est de constituer une série d’informations compréhensibles, utilisables et communicables, il reste une contrainte forte pour les chaînes de publication <span class="citation" data-cites="mourat_vacillement_2020">(Mourat, 2020)</span>. Que ce soit en tant que format d’entrée, format pivot de transformation ou format de publication – nous reviendrons sur les transformations et les artefacts publiables dans le chapitre 3 –, il déterminera le fonctionnement de la chaîne.</p>
<p>Comme nous l’avons déjà mentionné, il y a trois formats centraux dans l’éditeur de texte Stylo : le Markdown pour le corps du texte, le YAML pour les métadonnées et le BibTeX pour les références bibliographiques. Chacun de ces formats a sa propre histoire et ses propres spécifications. Afin de mieux comprendre la structuration des informations dans Stylo, nous allons passer en revue certaines des particularités de ces formats et de leur implémentation dans l’éditeur.</p>
<p>Mardown est un langage de balisage léger créé en 2004 par John Gruber<a href="#fn28" class="footnote-ref" id="fnref28" role="doc-noteref"><sup>28</sup></a>. Sa syntaxe, beaucoup plus légère et moins verbeuse que le HTML dont il est issu, permet de structurer et de décrire sémantiquement le texte. Il a été pensé pour pouvoir être converti facilement vers d’autres formats comme HTML, LaTeX ou PDF. Markdown se distingue des autres langages de balisages légers car il est déclinable en différentes variantes (ou saveurs). Chacune d’entre elles ajoute une particularité dans la syntaxe Markdown. Parmi les plus populaires, on retrouve :</p>
<ul>
@@ -303,12 +297,12 @@ Du fait de mon implication dans Stylo, le regard que je porte sur ce terrain n
<li>Pandoc<a href="#fn32" class="footnote-ref" id="fnref32" role="doc-noteref"><sup>32</sup></a></li>
<li>Quarto<a href="#fn33" class="footnote-ref" id="fnref33" role="doc-noteref"><sup>33</sup></a></li>
</ul>
-<p>Cette capacité à être déclinable et adaptable distingue fortement Markdown des autres langages de balisage. En effet, puisque chaque saveur contient des éléments personnalisés de structuration des contenus – des balises –, il est important de connaître la saveur que l’on doit utiliser dans un environnement au risque de se retrouver avec des balises qui ne sont pas interprétées.</p>
+<p>Cette capacité à être déclinable et adaptable distingue fortement Markdown des autres langages de balisage. En effet, puisque chaque saveur contient des éléments personnalisés de structuration des contenus – des balises –, il est important de connaître la saveur que l’on doit utiliser dans un environnement au risque de se retrouver avec des balises qui ne sont pas interprétées et qui par extension, n’ont aucune signification pour cet envrionnement.</p>
<p>Par exemple, la saveur Quarto Markdown utilise la structure ci-dessous pour insérer une vidéo dans un texte. Cependant, ce marquage ne sera interprété que lorsque Quarto transformera le document Markdown en un autre document, or dans Stylo cette ligne sera traitée comme un paragraphe et ne sera pas transformée parce que Stylo ne connaît pas cette structure puisque la saveur Quarto de Markdown n’y est pas prise en charge.</p>
<div class="sourceCode" id="cb5"><pre class="sourceCode md"><code class="sourceCode markdown"><span id="cb5-1"><a href="#cb5-1" aria-hidden="true" tabindex="-1"></a>{{&lt; video https://www.youtube.com/embed/wo9vZccmqwc &gt;}}</span></code></pre></div>
<p>À ce propos, aucune saveur spécifique n’a été implémentée dans Stylo pour laisser le champ libre aux utilisateurs d’employer celle qui leur convient le mieux. Néanmoins, lorsque les sources sont transformées par le module d’export (l’export des sources n’est pas concerné), les utilisateurs doivent respecter les préconisations du logiciel Pandoc puisque c’est ce dernier qui réalise les transformations et conversions des documents. Les saveurs les plus couramment utilisées avec Pandoc sont CommonMark et GitHub Flavored Markdown<a href="#fn34" class="footnote-ref" id="fnref34" role="doc-noteref"><sup>34</sup></a>.</p>
-<p>Autrement dit, Stylo n’impose pas de variante de Markdown si l’on s’en sert comme éditeur de texte sans la nécessité d’utiliser le module d’export. Dès qu’une chaîne éditoriale s’appuie sur ce module, comme c’est le cas pour la chaîne Stylo, Métopes, OpenEdition, il devient essentiel d’employer les variantes que traitent Pandoc pour que les transformations et conversions se fassent sans erreur. Pour conclure sur le langage de balisage Markdown, sa possible déclinaison en diverses saveurs fait de ce langage un avantage et un inconvénient. C’est un avantage pour sa plasticité et son adaptibilité aux besoins d’une communauté ou d’un projet. Cependant, si les adaptations réalisées le sont dans une niche, soit parce que la communauté qui en définit les règles comporte trop de peu de membres, soit parce qu’il n’y a qu’un seul environnement qui traite cette saveur, le Markdown perd sa caractéristique interopérable et contraint les usagers à bricoler des équivalences entre les transformations pour préserver la structuration des contenus.</p>
-<p>La sérialisation des métadonnées est réalisée en YAML qui, dans sa version originale de 2004 avait pour signification <em>Yet Another Markup Language</em> puis se transforme à l’occasion de la publication de sa version 1.1 en <em>YAML Ain’t Markup Language</em>. YAML est un langage de sérialisation de données pour tous les langage de programmation. Un usage récurrent qui en est fait consiste à utiliser YAML pour créer des fichiers de configuration. Dans le cas des outils liés à l’édition numérique, YAML sera utilisé pour enregistrer les métadonnées associées à un document. Le principe de YAML est très facile à assimiler puisqu’il repose sur le même fonctionnement qu’un dictionnaire avec la structure <code>clef: valeur</code>. Chacun a la possibilité de créer de toute pièce son document YAML et de choisir les <code>clefs</code> et les <code>valeurs</code> qui leur sont associées. C’est ensuite l’application qui va parser le contenu en suivant l’architecture des informations dans le fichier YAML. Dans Stylo, les <code>clefs</code> ont été prédéterminées lors des développements de l’interface et les utilisateurs n’ont plus qu’à remplir un formulaire pour déclarer les <code>valeurs</code> qui seront associées aux différentes <code>clefs</code> – un mode permet d’accéder au contenu en YAML brut sans surcouche graphique.</p>
+<p>Autrement dit, Stylo n’impose pas de variante de Markdown si l’on s’en sert comme éditeur de texte sans la nécessité d’utiliser le module d’export. Dès qu’une chaîne éditoriale s’appuie sur ce module, comme c’est le cas pour la chaîne Stylo utilisant l’export XML TEI conforme au schéma COMMONS commun à Métopes et OpenEdition, il devient essentiel d’employer les variantes que traitent Pandoc pour que les transformations et conversions se fassent sans erreur. Pour conclure sur le langage de balisage Markdown, sa possible déclinaison en diverses saveurs fait de ce langage un avantage et un inconvénient. C’est un avantage pour sa plasticité et son adaptibilité aux besoins d’une communauté ou d’un projet. Cependant, si les adaptations réalisées le sont dans une niche, soit parce que la communauté qui en définit les règles comporte trop de peu de membres, soit parce qu’il n’y a qu’un seul environnement qui traite cette saveur, le Markdown perd sa caractéristique interopérable et contraint les usagers à bricoler des équivalences entre les transformations pour préserver la structuration des contenus.</p>
+<p>Dans Stylo, la sérialisation des métadonnées est réalisée en YAML qui, dans sa version originale de 2004 avait pour signification <em>Yet Another Markup Language</em> puis se transforme à l’occasion de la publication de sa version 1.1 en <em>YAML Ain’t Markup Language</em>. YAML est un langage de sérialisation de données pour tous les langage de programmation. Un usage récurrent qui en est fait consiste à utiliser YAML pour créer des fichiers de configuration. Dans le cas des outils liés à l’édition numérique, YAML sera utilisé pour enregistrer les métadonnées associées à un document. Le principe de YAML est très facile à assimiler puisqu’il repose sur le même fonctionnement qu’un dictionnaire avec la structure <code>clef: valeur</code>. Chacun a la possibilité de créer de toute pièce son document YAML et de choisir les <code>clefs</code> et les <code>valeurs</code> qui leur sont associées. C’est ensuite l’application qui va parser le contenu en suivant l’architecture des informations dans le fichier YAML. Dans Stylo, les <code>clefs</code> ont été prédéterminées lors des développements de l’interface et les utilisateurs n’ont plus qu’à remplir un formulaire pour déclarer les <code>valeurs</code> qui seront associées aux différentes <code>clefs</code> – un mode graphique permet d’accéder au contenu en YAML brut sans surcouche.</p>
<p>Si nous reprenons l’exemple de l’auteur mentionné précédemment, un auteur est déclaré comme suit dans Stylo :</p>
<div class="sourceCode" id="cb6"><pre class="sourceCode yaml"><code class="sourceCode yaml"><span id="cb6-1"><a href="#cb6-1" aria-hidden="true" tabindex="-1"></a><span class="fu">authors</span><span class="kw">:</span></span>
<span id="cb6-2"><a href="#cb6-2" aria-hidden="true" tabindex="-1"></a><span class="at"> </span><span class="kw">-</span><span class="at"> </span><span class="fu">affiliations</span><span class="kw">:</span><span class="at"> </span><span class="st">&#39;&#39;</span></span>
@@ -321,27 +315,27 @@ Du fait de mon implication dans Stylo, le regard que je porte sur ce terrain n
<span id="cb6-9"><a href="#cb6-9" aria-hidden="true" tabindex="-1"></a><span class="at"> </span><span class="fu">surname</span><span class="kw">:</span><span class="at"> </span><span class="st">&#39;&#39;</span></span>
<span id="cb6-10"><a href="#cb6-10" aria-hidden="true" tabindex="-1"></a><span class="at"> </span><span class="fu">viaf</span><span class="kw">:</span><span class="at"> </span><span class="st">&#39;&#39;</span></span>
<span id="cb6-11"><a href="#cb6-11" aria-hidden="true" tabindex="-1"></a><span class="at"> </span><span class="fu">wikidata</span><span class="kw">:</span><span class="at"> </span><span class="st">&#39;&#39;</span></span></code></pre></div>
-<p>Les métadonnées sélectionnées pour représenter l’auteur dans Stylo reflète principalement les besoins émis par les revues, par exemple Sens Public ou Humanités Numériques, ou les plateformes de diffusion telles qu’Érudit et OpenEdition. Dans Stylo, un auteur est donc représenté uniquement par ces informations. Néanmoins, il arrive que certains utilisateurs ou institutions requièrent d’autres informations pour décrire plus précisément un auteur et nécessite des adaptations. Par exemple, la clef YAML <code>affiliations</code> désigne sans distinction l’institution, le laboratoire ou encore le département de rattachement. Pourtant, selon les revues, il peut être important de faire formellement cette différence. Dans Stylo, la notion d’auteur ne s’incarne qu’à travers ce choix qui a été implémenté. L’auteur est donc formellement constitué de 10 entrées au maximum. Ce qui est valable pour les auteurs l’est également pour les autres types de données décrites dans les métadonnées du document. La réduction d’un auteur à quelques mot-clés n’est pas très importante puisqu’elle couvre les besoin de la plupart des revues – ce qui est quand même l’objectif de Stylo –.</p>
+<p>Les métadonnées sélectionnées pour représenter l’auteur dans Stylo reflète principalement les besoins émis par les revues, par exemple Sens Public ou Humanités Numériques, ou les plateformes de diffusion telles qu’Érudit et OpenEdition. Dans Stylo, un auteur est donc représenté uniquement par ces informations. Néanmoins, il arrive que certains utilisateurs ou institutions requièrent d’autres informations pour décrire plus précisément un auteur et nécessite des adaptations. Par exemple, la clef YAML <code>affiliations</code> désigne sans distinction l’institution, le laboratoire ou encore le département de rattachement. Pourtant, selon les revues, il peut être important de faire formellement cette différence. Dans Stylo, la notion d’auteur ne s’incarne qu’à travers ce choix qui a été implémenté. L’auteur est donc formellement constitué de 10 entrées au maximum. Ce qui est valable pour les auteurs l’est également pour les autres types de données décrites dans les métadonnées du document. La réduction d’un auteur à quelques mot-clés n’est pas très importante puisqu’elle couvre les besoins de la plupart des revues – ce qui est quand même l’objectif de Stylo –.</p>
<p>Au-delà de Stylo, l’utilisation de YAML est toutefois controversée. Contrairement à d’autres langages de structuration de données dont le comportement est pérenne, comme le standard JSON (<em>JavaScript Object Notation</em>) publié pour la première fois en 1999<a href="#fn35" class="footnote-ref" id="fnref35" role="doc-noteref"><sup>35</sup></a>, YAML 1.0 subit des modifications régulières depuis 2004 avec une version 1.1 en 2005 puis une version 1.2 en 2009 et une dernière mise à jour en 2021 avec la version 1.2.2. Là où une certaine stabilité que l’on trouve dans des formats tel que JSON apporte une forme de pérennité pour les applications, malgré une modification mineure en 2005 avec la suppression de la saisie de commentaires dans les documents au format JSON, YAML fait le choix d’évoluer et de s’adapter aux besoins des communautés. Cependant, comme le mentionne Ruud van Asseldonk sur son blog<a href="#fn36" class="footnote-ref" id="fnref36" role="doc-noteref"><sup>36</sup></a>, ces mises à jour peuvent générer des complications lorsque les fichiers YAML doivent passer d’un environnement à un autre alors que les versions de YAML utilisées sont différentes. Par exemple, Pandoc intègre en juillet 2018 la version 1.2 de YAML<a href="#fn37" class="footnote-ref" id="fnref37" role="doc-noteref"><sup>37</sup></a> où nous pouvons y lire :</p>
<blockquote>
<p>Update manual for “true” YAML values. Now that we’re using HsYAML and YAML 1.2, the valid true values are true, True, TRUE. NOTE! y, yes, on no longer count as true values.</p>
</blockquote>
<p>Le changement de version génère une modification de comportement des valeurs <code>y, yes, on</code> qui signifiaient le booléen <code>true</code> dans la version 1.1 et ne sont plus que des chaînes de caractères à partir de la version 1.2. Or, tous les parseurs de YAML n’ont pas fait cette mise à jour. Par exemple, la très répandue librairie Python PyYaml, dont la dernière mise à jour remonte à juillet 2023<a href="#fn38" class="footnote-ref" id="fnref38" role="doc-noteref"><sup>38</sup></a>, s’appuie toujours sur la version 1.1 de YAML. En somme, si un document doit passer d’un environnement utilisant la version 1.1 ou la version 1.2, les informations structurées ne seront pas traitées de la même manière.</p>
<p>Nous sommes en droit de nous demander pourquoi YAML reste aussi populaire ? Ruud van Asseldonk apporte plusieurs réponses à cette question. La première est que YAML fait partie des plus anciens langages de sérialisation de données et répondait alors à un besoin de toute une génération de développeurs, ensuite il permet l’écriture de commentaires à l’intérieur des documents, c’est-à-dire du texte qui ne sera pas traité par le parseur, alors que JSON ne le permet pas. Des alternatives comme le langage TOML<a href="#fn39" class="footnote-ref" id="fnref39" role="doc-noteref"><sup>39</sup></a> ont vu le jour dans les années 2010 (2013 pour le TOML) pour tenter de pallier les problèmes sus-mentionnés. Le langage TOML est par exemple utilisée pour le fichier de configuration du paquet Python “Pressoir-CLI” afin de déclarer différents paramètres, par exemple de mise en page, parsés par le Pressoir et utilisés pour générer des livres au format HTML. Cet outil fera l’objet d’une analyse détaillée dans le prochain chapitre<a href="#fn40" class="footnote-ref" id="fnref40" role="doc-noteref"><sup>40</sup></a>.</p>
-<p>Enfin, le dernier format pivot utilisé dans Stylo, le BibTeX, est utilisé pour structurer les références bibliographiques. BiBTeX est un format standard permettant de décrire des listes de références bibliographiques inventé par Oren Patashnik en 1985 pour l’écosystème LaTeX. Au-delà de LaTeX, c’est un format largement utilisé par les gestionnaire de références bibliographiques comme Zotero<a href="#fn41" class="footnote-ref" id="fnref41" role="doc-noteref"><sup>41</sup></a> ou eBib<a href="#fn42" class="footnote-ref" id="fnref42" role="doc-noteref"><sup>42</sup></a>.</p>
-<p>Le choix d’intégrer BibTeX à Stylo provient de la possibilité d’utiliser l’API de Zotero dans l’éditeur de Stylo pour récupérer les informations des références bibliographiques. Ce fonctionnement entre Zotero et Stylo permet aux utilisateurs de ne passer que rarement par la forme brute du BibTeX, puis il permet de décentraliser la gestion et le nettoyage des informations de chaque références dans Zotero et limite les phases de nettoyage des informations à ce seul espace. Stylo est plutôt prévu pour récupérer des listes de références bibliographiques et procurer des fonctionnalités pour les intégrer dans un texte. L’utilisation du format BibTeX permet d’automatiser la saisie et la transformation des références bibliographiques selon les styles requis pour un document. Pourtant, ce choix pourrait être tout à fait discutable du fait des limites de Zotero et de BibTeX. Lors de la création d’un nouvel objet dans Zotero, le premier élément à saisir est le type d’objet à référencer. Le nombre de types est limité à 17. Cela couvre une bonne partie des besoins académiques mais pas les exceptions qui vont toutes rentrer dans le dernier type <code>@misc</code> pour « tout autre type de document ». Il en va de même pour les informations rattachées à chaque type de données<a href="#fn43" class="footnote-ref" id="fnref43" role="doc-noteref"><sup>43</sup></a> : selon les disciplines ou pour certains documents très particuliers, les champs de Zotero peuvent être trop restrictifs alors qu’il serait nécessaire de pouvoir saisir de nouvelles entrées pour enrichir les données bibliographiques tout en préservant leur structuration. Actuellement, la seule possibilité serait d’utiliser le champ <code>Extra</code> pour ajouter une information supplémentaire sous la forme de chaîne de caractères sans avoir de structure explicite.</p>
-<p>D’autres problèmes peuvent surgir entre la représentation d’une référence bibliographique dans Zotero et dans Stylo/Pandoc. Lors de l’édition d’articles en anglais et en français, nous nous sommes aperçus d’une différence de comportement importante entre ce que prévoit le format BibTeX, son interprétation dans Zotero et celle que l’on en fait dans Stylo.. Avec BibTeX il existe plusieurs paramètres de langues : <code>langid</code> et <code>language</code>. <code>langid</code> permet initialement d’identifier la langue à appliquer à l’entrée (comme traitement) et <code>language</code> sert à déclarer la langue employée dans le document. Stylo et Pandoc prennent les deux paramètres en charge, alors que dans Zotero il n’est possible de renseigner que <code>language</code> et pas <code>langid</code>, <code>language</code> combinant les deux objets. En récupérant les références bibliographiques depuis Zotero, Stylo récupère seulement le paramètre <code>language</code> puisque le paramètre <code>langid</code> n’existe pas dans Zotero. Lors du traitement des informations avec Pandoc, il n’est pas possible de déclarer le traitement à appliquer à la référence bibliographique. Par défaut, Stylo va appliquer la langue du contenu du texte dans Stylo à toutes les références bibliographiques. Dans un texte comme celui-ci, le paramètre par défaut est réglé sur le français. Les références en anglais seront alors transformées selon les règles orthotypographiques françaises et pas selon les normes anglaises. Pour une structure éditoriale telle qu’une revue, ce paramètre n’est pas opérationnel. De ceci découle une discussion entre les membres de l’équipe de développement de Stylo<a href="#fn44" class="footnote-ref" id="fnref44" role="doc-noteref"><sup>44</sup></a> sur la conduite à tenir pour informer les usagers de ce problème et trouver une solution pour le contourner. À ce jour, nous avons décidé de renseigner le problème dans la documentation de Stylo<a href="#fn45" class="footnote-ref" id="fnref45" role="doc-noteref"><sup>45</sup></a> pour avertir les utilisateurs. Une modification du format ou du fonctionnement du gestionnaire de références bibliographiques serait beaucoup trop lourde en termes d’effets de bord dans Stylo, c’est pour cela qu’à ce stade nous en sommes restés à cette solution.</p>
+<p>Enfin, le dernier format pivot utilisé dans Stylo, le BibTeX, est utilisé pour structurer les références bibliographiques. BiBTeX est un format standard permettant de décrire des listes de références bibliographiques inventé par Oren Patashnik en 1985 pour l’écosystème LaTeX. Au-delà de LaTeX, c’est un format largement utilisé par les gestionnaires de références bibliographiques comme Zotero<a href="#fn41" class="footnote-ref" id="fnref41" role="doc-noteref"><sup>41</sup></a> ou eBib<a href="#fn42" class="footnote-ref" id="fnref42" role="doc-noteref"><sup>42</sup></a>.</p>
+<p>Le choix d’intégrer BibTeX à Stylo provient de la possibilité d’utiliser l’API de Zotero dans l’éditeur de Stylo pour récupérer les informations relatives aux références bibliographiques. Ce fonctionnement entre Zotero et Stylo permet aux utilisateurs de ne passer que rarement par la forme brute du BibTeX, puis il permet de décentraliser la gestion et le nettoyage des informations de chaque références dans Zotero et limite les phases de nettoyage des informations à ce seul espace. Stylo est plutôt prévu pour récupérer des listes de références bibliographiques et procurer des fonctionnalités pour les intégrer dans un texte. L’utilisation du format BibTeX permet d’automatiser la saisie et la transformation des références bibliographiques selon les styles requis pour un document. Pourtant, ce choix pourrait être tout à fait discutable du fait des limites de Zotero et de BibTeX. Lors de la création d’un nouvel objet dans Zotero, le premier élément à saisir est le type d’objet à référencer. Le nombre de types est limité à 17. Cela couvre une bonne partie des besoins académiques mais pas les exceptions qui vont toutes rentrer dans le dernier type <code>@misc</code> pour « tout autre type de document ». Il en va de même pour les informations rattachées à chaque type de données<a href="#fn43" class="footnote-ref" id="fnref43" role="doc-noteref"><sup>43</sup></a> : selon les disciplines ou pour certains documents très particuliers, les champs de Zotero peuvent être trop restrictifs alors qu’il serait nécessaire de pouvoir saisir de nouvelles entrées pour enrichir les données bibliographiques tout en préservant leur structuration. Actuellement, la seule possibilité serait d’utiliser le champ <code>Extra</code> pour ajouter une information supplémentaire sous la forme de chaîne de caractères sans avoir de structure explicite.</p>
+<p>D’autres problèmes peuvent surgir entre la représentation d’une référence bibliographique dans Zotero et dans Stylo/Pandoc. Lors de l’édition d’articles en anglais et en français, nous nous sommes aperçus d’une différence de comportement importante entre ce que prévoit le format BibTeX, son interprétation dans Zotero et celle que l’on en fait dans Stylo. Avec BibTeX il existe plusieurs paramètres de langues : <code>langid</code> et <code>language</code>. <code>langid</code> permet initialement d’identifier la langue à appliquer à l’entrée (comme traitement) et <code>language</code> sert à déclarer la langue employée dans le document. Stylo et Pandoc prennent les deux paramètres en charge, alors que dans Zotero il n’est possible de renseigner que <code>language</code> et pas <code>langid</code>, <code>language</code> combinant les deux objets. En récupérant les références bibliographiques depuis Zotero, Stylo récupère seulement le paramètre <code>language</code> puisque le paramètre <code>langid</code> n’existe pas dans Zotero. Lors du traitement des informations avec Pandoc, il n’est pas possible de déclarer le traitement à appliquer à la référence bibliographique. Par défaut, Stylo va appliquer la langue du contenu du texte dans Stylo à toutes les références bibliographiques. Dans un texte comme celui-ci, le paramètre par défaut est réglé sur le français. Les références en anglais seront alors transformées selon les règles orthotypographiques françaises et pas selon les normes anglaises. Pour une structure éditoriale telle qu’une revue, ce paramètre n’est pas opérationnel. De ceci découle une discussion entre les membres de l’équipe de développement de Stylo<a href="#fn44" class="footnote-ref" id="fnref44" role="doc-noteref"><sup>44</sup></a> sur la conduite à tenir pour informer les usagers de ce problème et trouver une solution pour le contourner. À ce jour, nous avons décidé de renseigner le problème dans la documentation de Stylo<a href="#fn45" class="footnote-ref" id="fnref45" role="doc-noteref"><sup>45</sup></a> pour avertir les utilisateurs. Une modification du format ou du fonctionnement du gestionnaire de références bibliographiques serait beaucoup trop lourde en termes d’effets de bord dans Stylo, c’est pour cela qu’à ce stade nous en sommes restés à cette solution.</p>
<p>Étant strictement définis par des règles, les formats dépassent une simple manière de saisir une données. À travers ces formats et les modes de lectures que l’on peut y adosser, les informations saisies se voient dotées de comportements et peuvent modifier l’interprétation que l’on peut en faire, comme nous l’avons vu avec le YAML.<br />
Le choix des formats dans lesquels les utilisateurs peuvent saisir leurs textes et leurs données n’est pas anodin. Qu’il soit ancien, récent, verbeux ou léger, permissif ou rigide, le format d’écriture conditionne ce que l’on a le droit d’écrire ou non. En ce sens la décision de ce qui peut être saisi est déjà prise avant qu’un texte soit frappé sur le clavier. Par exemple, dans Stylo, le Markdown ne permet pas à un philologue de saisir explicitement un appareil critique. C’est une syntaxe qui n’existe pas alors que c’est le cas pour d’autre environnements comme LaTeX et le paquet <a href="http://www.ekdosis.org/"><code>ekdosis</code></a> développé et maintenu par Robert Alessi. Dans ce cas-ci, puisque l’appareil critique n’existe pas en Markdown, il ne peut pas exister dans Stylo sauf si l’utilisateur fait abstraction du format et qu’il change de paradigme pour celui de la page et de la représentation graphique. En faisant cela, l’utilisateur fait également abstraction de la machine et de ce qu’elle peut interpréter du contenu puis écrire dans le texte. Lorsque nous sommes dans un environnement mis à disposition comme Stylo, le risque est que celui-ci ne soit pas complètement adapté à des besoins ou à une intention. Il risque d’y avoir une friction entre les formats imposés par l’environnement et les besoins en écriture.</p>
<h3 id="co-écriture-entre-les-agents">Co-écriture entre les agents</h3>
-<p>En régissant les procédés de saisi du textes, un rapport de force semble s’instaurer entre les instances éditrices des architextes (que ce soit des collectifs, des institutions ou des entreprises) et les usagers. Dans le cas d’un logiciel de traitement de texte lorsque, par exemple, Microsoft propose une modification de la police utilisée par défaut dans une version actualisée du logiciel MSWord, Microsoft change également les manières d’écrire de tous les individus à travers le monde qui utilisent ce logiciel (et qui ont installé la mise à jour).</p>
+<p>En régissant les procédés de saisi du textes, un rapport de force semble s’instaurer entre les instances éditrices des architextes (que ce soit des collectifs, des institutions ou des entreprises) et les usagers <span class="citation" data-cites="souchier">(<strong>souchier?</strong>)</span>. Dans le cas d’un logiciel de traitement de texte lorsque, par exemple, Microsoft propose une modification de la police utilisée par défaut dans une version actualisée du logiciel MSWord, Microsoft change également les manières d’écrire de tous les individus à travers le monde qui utilisent ce logiciel (et qui ont installé la mise à jour).</p>
<p>Si l’on s’arrête à la vision superficielle du texte, comme le propose J. Goody avec la raison graphique <span class="citation" data-cites="goody_raison_1979">(Goody, 1979)</span>, on ne voit que les modifications d’affichage des éléments graphiques mais nous oublions ceux qui sont invisibles et cachés derrière la page.</p>
<p>Certes, les interfaces d’écriture sont présentés sous la forme de gabarits que l’on doit remplir, comme on peut le faire avec des logiciels de création de diapositives dont chacune est découpée en sections contenant tour à tour des images, des titres ou du texte. Dans cet exemple-ci nous avons affaire à une construction visuelle du document : un emplacement pour le titre de la diapositive, un autre pour le texte, un autre pour une image ou pour un graphique, etc. À ce sujet, E. Tufte <span class="citation" data-cites="tufte_cognitive_2003">(2003)</span> a publié un article sur l’utilisation du logiciel PowerPoint et démontre à travers plusieurs cas d’étude les effets du logiciel sur la forme des présentations et des informations qu’elles contiennent. La thèse qu’il y défend est que ce logiciel, en 2003, « […] perturbe, domine et banalise systématiquement le contenu. » <a href="#fn46" class="footnote-ref" id="fnref46" role="doc-noteref"><sup>46</sup></a> notamment parce qu’il « facilite activement la réalisation de présentation légère »<a href="#fn47" class="footnote-ref" id="fnref47" role="doc-noteref"><sup>47</sup></a>. À travers son analyse des usages de PowerPoint, E. Tufte nous montre qu’il ne s’agit pas d’un manque de fonctionnalité pour enrichir des supports de présentation, que l’auteur qualifie de pauvres, mais que le logiciel lui-même induit ce type de présentation avec des <em>templates</em> préfabriqués, des réalisations de graphiques automatisées ou d’autres fonctionnalités similaires qui appauvrissent les présentations parce que leur fonctionnement est calqué sur un modèle de présentation marketing qui n’est pas adapté aux sciences. Il ne s’agit plus seulement de remplir des gabarits préfabriqués mais également de penser les formes que peuvent prendre l’information, ce que Tufte nomme « The Cognitive Style of PowerPoint », qui n’est pas sans rappeler la raison computationnelle de Bruno Bachimont <span class="citation" data-cites="bachimont_intelligence_2000">(2000)</span>.</p>
<p>En changeant de paradigme, de la raison graphique pour celui de la raison computationnelle, l’assujetissement à ces architextes dépasse cette surcouche graphique et concerne également toutes les sous-couches (in)visibles de structuration textuelle du texte, mais aussi tout le processus d’inscription du document dans la mémoire, ainsi que les protocoles et méthodes qui permettent d’accéder à ces données. Comme nous l’avons vu précédemment, ce n’est pas l’image du texte affichée à l’écran qui est sauvegardée mais bien une suite de caractères binaires dont l’écriture intermédiaire est une suite de symboles, de chiffres et de lettres.</p>
-<p>Pourtant, on constate un paradoxe entre le nom d’un logiciel comme Pages, un traitement de texte disponible sous MacOS convoquant la métaphore de la page comme imaginaire en y enfermant les utilisateurs, et le rôle de guide qu’il doit remplir dans le traitement des informations. Dans ce cas-ci, le nom du logiciel ne réfère ni à son fonctionnement ni à son utilité. Alors que dans les années 1980, lors de la génèse des traitements de texte, les lettres <code>WP</code> signifiaient WordPerfect<a href="#fn48" class="footnote-ref" id="fnref48" role="doc-noteref"><sup>48</sup></a>, et que la plupart des autres concurrents employaient également le mot <em>word</em> dans le nom de leur logiciel, car c’est bien le mot et son traitement informatique qui était au centre des développements, la démarche d’Apple en 2005 nous montre un changement de perspective : on passe du mot à la page. L’attention est porté à un autre endroit, sur une page que génère Pages et qui n’existe pas dans d’autres environnements. La page créée dans cet espace n’est pas reproductible ailleurs même si le document qui en résulte est ouvert, à un autre moment, par le biais d’un autre logiciel. La page de Pages devient un espace délimité qui n’existe sous cette forme qu’à cet endroit. Depuis vingt ans que cet outil est nativement disponible sur les ordinateurs de chez Apple, la compatibilité avec d’autres formats et/ou logiciels à fortement augmentée, en témoigne les arguments de communication mis en avant sur la page web du logiciel<a href="#fn49" class="footnote-ref" id="fnref49" role="doc-noteref"><sup>49</sup></a> mais compatible ne veut pas dire identique. En plus de n’être accessible que <strong>sous</strong> MacOS, cette page ne l’est également que <strong>sous</strong> Pages : cette formulation courante laisse entendre que l’utilisateur devient alors sujet de son environnement d’écriture, nous dit F. Kittler <span class="citation" data-cites="kittler_mode_2015">(2015)</span>.</p>
+<p>Pourtant, on constate un paradoxe entre le nom d’un logiciel comme Pages, un traitement de texte disponible sous MacOS convoquant la métaphore de la page comme imaginaire en y enfermant les utilisateurs, et le rôle de guide qu’il doit remplir dans le traitement des informations. Dans ce cas-ci, le nom du logiciel ne réfère ni à son fonctionnement ni à son utilité. Alors que dans les années 1980, lors de la génèse des traitements de texte, les lettres <code>WP</code> signifiaient WordPerfect<a href="#fn48" class="footnote-ref" id="fnref48" role="doc-noteref"><sup>48</sup></a>, et que la plupart des autres concurrents employaient également le mot <em>word</em> dans le nom de leur logiciel, car c’est bien le mot et son traitement informatique qui était au centre des développements, la démarche d’Apple en 2005 nous montre un changement de perspective : on passe du mot à la page. L’attention est porté à un autre endroit, sur une page que génère Pages et qui n’existe pas dans d’autres environnements. La page créée dans cet espace n’est pas reproductible ailleurs même si le document qui en résulte est ouvert, à un autre moment, par le biais d’un autre logiciel. La page de Pages devient un espace délimité qui n’existe sous cette forme qu’à cet endroit. Depuis vingt ans que cet outil est nativement disponible sur les ordinateurs de chez Apple, la compatibilité avec d’autres formats et/ou logiciels augmente tardivement, en témoigne les arguments de communication mis en avant sur la page web du logiciel<a href="#fn49" class="footnote-ref" id="fnref49" role="doc-noteref"><sup>49</sup></a> mais compatible ne veut pas dire identique. En plus de n’être accessible que <strong>sous</strong> MacOS, cette page ne l’est également que <strong>sous</strong> Pages : cette formulation courante laisse entendre que l’utilisateur devient alors sujet de son environnement d’écriture, nous dit F. Kittler <span class="citation" data-cites="kittler_mode_2015">(2015)</span>.</p>
<p>Cette position kittlerienne, que l’on peut qualifier d’essentialiste, pose les fondations des travaux de K. Hayles <span class="citation" data-cites="hayles_my_2005">(Hayles, 2005)</span>, du posthumanisme, et du nouveau matérialisme, courants dans lesquels s’inscrivent en outre les travaux de K. Barad <span class="citation" data-cites="barad_meeting_2007 barad_frankenstein_2023">(2007, 2023)</span> et ceux de M. Vitali-Rosati <span class="citation" data-cites="vitali-rosati_pour_2021">(2021)</span>. Pourtant, leur approche du rapport entre humain et machine est radicalement différente de celle de F. Kittler. Alors que F. Kittler identifie la machine et l’utilisateur par une série de propriétés ou définitions <em>avant</em> leur interaction, quasiment de manière décisive, les posthumanistes choisissent de ne pas déterminer les agents préalablement à l’environnement mais comme résultats de l’agencement de plusieurs dynamiques dans un espace donné. C’est en ce sens que sont mobilisées et développées les notions de <em>worldview</em> ches K. Hayles, où Mère Nature devient une Matrice (<em>My Mother was a Computer</em>), l’<em>intra-action</em> à la place d’interaction puisque les agents ne sont pas prédéterminés chez K. Barad et enfin l’<em>éditorialisation</em> chez M. Vitali-Rosati qui propose une ontologie de la médiation (métaontologie) selon laquelle le media n’existe pas, on y retrouve la provocation de Kittler, et que toutes ces dynamiques, ces intra-actions, sont des médiations dont la matérialité, dans un agencement donné, produit du sens <span class="citation" data-cites="vitali-rosati_media_2019">(Vitali-Rosati &amp; Larrue, 2019)</span>.</p>
<p>Ainsi, l’assujetissement de l’humain aux logiciels que nous avons mentionné, que F. Kittler critique vivement dans ses travaux, n’a plus de raison d’être dans cette perspective non-essentialiste offerte par l’éditorialisation puisque ces entités sont uniquement déterminées lorsqu’il y a intra-action. Les relations entre les agents ne peuvent plus être présupposées et leur détermination est réalisée depuis un référentiel quasiment unique si l’on considère que les paramètres de cet environnement sont variables et que la probabilité d’obtention de conditions strictement identiques est quasi nulle. Depuis cette perspective où l’on considère les différents agents comme des productions de leur agencement dans un écosystème, il devient intéressant d’observer leur relation tout au long de ce processus pour comprendre comment ils s’affectent les uns les autres.</p>
-<p>Néanmoins, un trouble persiste dans cette relation entre ces agents. Il se manifeste entre ce que l’usager à l’intention d’écrire et le document que produit la machine, qui est structuré selon un certains nombre de normes, formats, etc., implémentés dans un logiciel. Ce trouble nait de la rencontre entre une représentation du texte structurée graphiquement et une représentation du texte structurée par du texte, entre une raison graphique et une raison computationnelle, comme c’est le cas pour une page web interprétée par un navigateur et son pendant au format HTML. En ce sens, nous examinons la possibilité que l’écriture numérique puisse être affublée d’une caractéristique supplémentaire : la cécité. Cette caractéristique nous semble présente dans le fait qu’il y ait plusieurs angles morts entre ces deux conceptions du texte qui ne permettent ni à l’utilisateur ni à la machine de voir le texte dans sa totalité. La piste de ce trouble nous mène également à comprendre l’enjeu de cette relation entre l’usager et son environnement puisque. En le dévoilant, nous mettrons à jour les indices de la rencontre entre un auteur et son environnement d’écriture.</p>
+<p>Néanmoins, un trouble persiste dans cette relation entre ces agents. Ce dernier se manifeste entre ce que l’usager à l’intention d’écrire et le document que produit la machine, qui est structuré selon un certains nombre de normes, formats, etc., implémentés dans un logiciel. Ce trouble nait de la rencontre entre une représentation du texte structurée graphiquement et une représentation du texte structurée par du texte, entre une raison graphique et une raison computationnelle, comme c’est le cas pour une page web interprétée par un navigateur et son pendant au format HTML. En ce sens, nous examinons la possibilité que l’écriture numérique puisse être affublée d’une caractéristique supplémentaire : la cécité. Cette caractéristique nous semble présente dans le fait qu’il y ait plusieurs angles morts entre ces deux conceptions du texte qui ne permettent ni à l’utilisateur ni à la machine de voir le texte dans sa totalité. La piste de ce trouble nous mène également à comprendre l’enjeu de cette relation entre l’usager et son environnement. En le dévoilant, nous mettrons à jour les indices de la rencontre entre un auteur et son environnement d’écriture.</p>
<p>Dans Stylo, nous savons que le texte est saisi par l’utilisateur en Markdown (YAML et BibTeX également), puis est envoyé sur le serveur au moyen d’une requête GraphQL au format JSON contenue dans une requête HTTP utilisant la méthode <code>POST</code> comme modalité de circulation de l’information. Entre ces étapes persiste une phase qui n’a pas encore été évoquée : la requête <code>POST</code> envoyée au serveur ne s’effectue pas en continu entre le client et le serveur, ce n’est pas un flux et l’on n’écrit pas directement dans la base de données. Une phase latente se glisse dans l’interface Web entre le moment où l’utilisateur frappe les touches de son clavier et le moment où la base de données est mise à jour. Cette phase est rendue visible par l’affichage du message au-dessus de l’éditeur de texte. Lorsque aucune touche du clavier n’est enfoncée pendant un certain laps de temps (quelques secondes), le message “<em>Last saved…</em>” est remplacé par “<em>saving</em>” : la copie de travail vient d’être enregistrée dans la base MongoDB grâce à la requête GraphQL <code>updateWorkingCopy()</code>. Dans ce laps de temps entre la frappe des mots au clavier et l’envoi de la requête au serveur, qu’advient-il du texte ?</p>
<p>Comme cela est mentionné précédemment, l’espace d’écriture de Stylo est un espace web. Pour y accéder, nous avons besoin d’un logiciel particulier – un navigateur ou un fureteur – capable d’interpréter du HTML, du CSS et d’exécuter du Javascript. Lorsque l’on écrit dans Stylo – et de surcroit dans le composant Monaco –, le texte saisi doit être manipulable et interprétable par le navigateur pour pouvoir être envoyé sur le serveur. C’est le rôle de Monaco de traiter cette couche d’informations. À l’écran, l’utilisateur voit s’afficher du Markdown tel qu’il le frappe, pourtant cette information n’est inscrite sur aucun support en dehors du rendu visuel affiché à l’écran. Monaco travaille avec des <em>modèles</em> et ce sont avec eux que l’utilisateur interagit. Chaque modèle est rattaché à une URI (que l’on peut identifier avec l’identifiant des articles) et c’est de cette manière que Monaco peut manipuler le DOM (<em>Document Object Model</em>) du navigateur pour créer le texte et son rendu graphique dans un format de texte brut.</p>
<p>Le DOM est une représentation abstraite d’un document HTML exécutée dans le navigateur. Tous les éléments structurés à l’intérieur de ce document deviennent des objets, des noeuds manipulables avec du Javascript. C’est grâce à ce procédé qu’une page web est rendue dynamique. Puisque la construction du DOM dépend du navigateur employé, nous pouvons en déduire que ce document sera différent selon le navigateur ou les différentes versions d’un même logiciel. Pour accéder à ce DOM il suffit d’ouvrir les outils de développements du navigateur et d’inspecter le contenu de la page HTML.</p>
@@ -371,17 +365,17 @@ Le choix des formats dans lesquels les utilisateurs peuvent saisir leurs textes
<p>Cette formule est empruntée à Louise Merzeau qui l’employait pour parler des […] utilisateurs des grandes plateformes du Web [et de] la perte de contrôle de leurs usages, restreints et conditionnés par les algorithmes et par des interfaces de plus en plus normalisées.</p>
</blockquote>
<p>Dans Stylo, les utilisateurs ne sont pas forcément conscients des formes d’écriture internes à cet environnement, ni de la circulation des informations entre les éléments qui le constituent. Cette part de Stylo cachée derrière l’écran relève de cette déprise.</p>
-<p>Si l’on suit les différentes métamorphoses du texte, on se rend compte que la forme brute n’est inscrite nulle part. On la retrouve soit sous sa forme interprétée par le navigateur (en réalité il s’agit d’un document HTML), soit lors de l’export c’est-à-dire lorsque les documents sortent de l’environnement Stylo. En dehors de cette situation, il n’existe aucun document dont l’extension serait <code>.md</code> et stipulerait que ledit document respecte les règles et normes de ce format.</p>
+<p>Si l’on suit les différentes métamorphoses du texte, on se rend compte que la forme brute (Markdown, YAML, BibTeX) n’est inscrite nulle part. On la retrouve soit sous sa forme interprétée par le navigateur (en réalité il s’agit d’un document HTML), soit lors de l’export c’est-à-dire lorsque les documents sortent de l’environnement Stylo. En dehors de cette situation, il n’existe aucun document dont l’extension serait <code>.md</code> et stipulerait que ledit document respecte les règles et normes de ce format.</p>
<p>À la différence des systèmes analogiques et continus, la rupture opérée par l’écriture numérique réside entre autre dans cette discrétisation du texte en de multiples documents, où chacun se voit doté d’un paratexte différent pour circuler à travers les canaux de communication du système d’informations.</p>
<p>Dans Stylo, les textes y sont écrits par l’ensemble des protocoles choisis lors de l’établissement de cet environnement. La déprise sur le texte survient lors du choix de l’environnement par l’utilisateur. Lorsqu’un utilisateur écrit dans Stylo, il accorde sa confiance dans les opérations que réalise Stylo sur le texte et dans la matérialité qu’il participe à lui conférer.</p>
-<p>Toutes ces dynamiques éditorialisent et constituent les premières traces de l’intimité du chercheur. Autrement dit, écrire dans l’environnement Stylo produit quelque chose qui ne serait pas identique dans un autre environnement car les dynamiques observées seraient affectées par d’autres facteurs et produiraient ainsi une autre chose. Le choix de l’environnement d’écriture constitue en conséquence un choix politique puisque cet environnement agit et produit une matérialité singulière.</p>
+<p>Toutes ces dynamiques éditorialisent et constituent les traces d’une épistémologie du document primaire avant toute transformation par le reste de la chaîne éditoriale. Autrement dit, écrire dans l’environnement Stylo produit quelque chose qui ne serait pas identique dans un autre environnement car les dynamiques observées seraient affectées par d’autres facteurs et produiraient ainsi une autre chose. Le choix de l’environnement d’écriture constitue en conséquence un choix politique puisque cet environnement agit et produit une matérialité singulière.</p>
<h2 id="conclusion">Conclusion</h2>
-<p>À la question de la place de l’environnement d’écriture dans le processus de saisi d’un texte numérique et de l’intimité du chercheur qui en découle, nous avons émis l’hypothèse que ce dernier dépasse son statut utilitariste de support pour celui de dynamique constitutive du sens de ce texte. En nous appuyant sur le fonctionnement d’un ordinateur et sur les caractéristiques de l’écriture numérique, tant la partie matérielle que la partie logicielle, nous avons écarté la page affichée à l’écran pour nous confronter aux logiciels et aux médiations qu’ils représentent dans la relation entre humain et machine dans l’acte d’écriture.</p>
+<p>À la question de la place de l’environnement d’écriture dans le processus de saisi d’un texte numérique et du modèle épistémologique qui en découle, nous avons émis l’hypothèse que cet environnement dépasse son statut utilitariste de support pour celui de dynamique constitutive du sens de ce texte. En nous appuyant sur le fonctionnement d’un ordinateur et sur les caractéristiques de l’écriture numérique, tant la partie matérielle que la partie logicielle, nous avons écarté la page affichée à l’écran pour nous confronter aux logiciels et aux médiations qu’ils représentent dans la relation entre humain et machine dans l’acte d’écriture.</p>
<p>En nous appuyant sur la notion d’éditorialisation, telle qu’elle s’inscrit dans le nouveau matérialisme et le posthumanisme, nous avons observé les intra-actions à l’oeuvre dans l’éditeur de texte Stylo. À partir de ce positionnement théorique dont le prisme non-essentialiste ne prédétermine pas les agents en amont de l’interaction, nous avons considéré à la fois l’auteur et et la machine comme deux agents de l’énonciation éditoriale.</p>
<p>Pour réaliser cette étude, nous nous sommes appuyés sur une méthode empruntée au théoricien des médias Friedrich Kittler dont l’analyse repose sur la description technique du fonctionnement des éléments mobilisés.</p>
-<p>L’observation du phénomène de création d’un document texte dans un environnement d’écriture spécialisé pour l’écriture savante à travers le prisme des strates de l’écriture numérique, du matériel au logiciel, a mis en évidence différents angles morts de la relation entre un auteur et son environnement d’écriture dans lesquels se nichent les traces de leurs interactions. Qu’ils s’incarnent dans des documents temporaires comme le DOM du navigateur ou dans des protocoles de transmissions des informations comme HTTP, ces angles morts de l’écriture numérique, produits par cette relation, nous montrent que certaines parties de cette écriture ne sont finalement pas directement accessibles à ces deux agents alors qu’elles participent à la matérialité conférée au document produit. Il y a une forme de déprise instaurée dans cette relation et que l’auteur accepte, bon ou malgré lui, lorsqu’il emploie un environnement d’écriture numérique. En ce sens, un certain degré de confiance est accordé à l’environnement d’écriture choisi dans le processus de production du document.</p>
-<p>En observant diverses saisies de fragments de texte selon les formats pivots utilisés dans Stylo, le Markdown, le YAML et le BibTeX, nous nous sommes aperçus qu’ils ne sont jamais inscrit directement selon les formats mentionnés mais qu’ils passent par quatre états différents : la saisie à l’écran, la manipulation par le DOM du navigateur dans l’éditeur Monaco, la requête GraphQL formatée en JSON pour être transporté par la méthode <code>POST</code> du protocole HTTP et le stockage dans la base de données MongoDB. Le texte est ainsi transformé en différents états pour qu’il puisse circuler dans Stylo entre l’espace où il est saisi, que l’on peut retrouver à une adresse unique (l’URL de l’article), et l’espace où il sera stocké dans le serveur de la TGIR Huma-num qui héberge l’application. De nouvelles informations sont alors inscrites dans le texte lors de ces métamorphoses : la structure du document varie à chaque étape. Ainsi, les signes qui constituent le document changent et en modifient profondément le sens. Parmi les quatre états mentionnés, seulement le premier est saisi par l’utilisateur et les autres sont écrits par Stylo. Néanmoins écrire avec Stylo ne nécessite pas de connaître ces différentes phases. Il y aurait donc une relation entre un auteur et Stylo qui prendrait naissance dans une forme de déprise où l’utilisateur accorde sa confiance dans les manipulations du texte que l’application réalise. En se référant à l’éditorialisation, nous pouvons affirmer que chacune de ces quatre phases contribue à la matérialité du texte saisi et qu’en ce sens il y a co-écriture entre l’utilisateur et Stylo.</p>
-<p>Les marqueurs de cette relation entre un auteur et l’environnement d’écriture Stylo, les traces d’une épistémologie singulière, apparaissent à chacune des phases du document et y sont inscrites à l’intérieur. En suivant le fil de ces traces, il devient possible de suivre l’ensemble des médiations et des conditions de l’environnement numérique produisant le document et son texte, source que traitera la chaîne éditoriale jusqu’à sa publication.</p>
+<p>L’observation du phénomène de création d’un document texte dans un environnement d’écriture spécialisé pour l’écriture savante à travers le prisme des strates de l’écriture numérique, du matériel au logiciel, a mis en évidence différents angles morts de la relation entre un auteur et son environnement d’écriture dans lesquels se nichent les traces de leurs interactions. Qu’ils s’incarnent dans des documents temporaires comme le DOM du navigateur ou dans des protocoles de transmissions des informations comme HTTP, ces angles morts de l’écriture numérique, produits par cette relation, nous montrent que certaines parties de cette écriture ne sont finalement pas directement accessibles à ces deux agents alors qu’elles participent à la matérialité conférée au document produit. Il y a une forme de déprise instaurée dans cette relation et que l’auteur accepte, bon ou malgré lui, lorsqu’il emploie un environnement d’écriture numérique. En ce sens, un certain degré de confiance (aveugle) est accordé à l’environnement d’écriture choisi dans le processus de production du document.</p>
+<p>En observant diverses saisies de fragments de texte selon les formats pivots utilisés dans Stylo, le Markdown, le YAML et le BibTeX, nous nous sommes aperçus qu’ils ne sont jamais inscrit directement selon les formats mentionnés mais qu’ils passent par quatre états différents : la saisie à l’écran, la manipulation par le DOM du navigateur dans l’éditeur Monaco, la requête GraphQL formatée en JSON pour être transporté par la méthode <code>POST</code> du protocole HTTP et le stockage dans la base de données MongoDB. Le texte est ainsi transformé en différents états pour qu’il puisse circuler dans Stylo entre l’espace où il est saisi, que l’on peut retrouver à une adresse unique (l’URL de l’article), et l’espace où il sera stocké dans le serveur de la TGIR Huma-num qui héberge l’application. De nouvelles informations sont alors inscrites dans le texte lors de ces métamorphoses : la structure du document varie à chaque étape. Ainsi, les caractères qui constituent le document changent et en modifient profondément le sens. Parmi les quatre états mentionnés, seulement le premier est saisi par l’utilisateur et les autres sont écrits par Stylo. Néanmoins écrire avec Stylo ne nécessite pas de connaître ces différentes phases. Il y aurait donc une relation entre un auteur et Stylo qui prendrait naissance dans une forme de déprise où l’utilisateur accorde sa confiance dans les manipulations du texte que l’application réalise. En se référant à l’éditorialisation, nous pouvons affirmer que chacune de ces quatre phases contribue à la matérialité du texte saisi et qu’en ce sens il y a co-écriture entre l’utilisateur et Stylo.</p>
+<p>Les marqueurs de cette relation entre un auteur et l’environnement d’écriture Stylo, les traces d’une épistémologie singulière, apparaissent à chacune des phases du document et y sont inscrites à l’intérieur. En suivant le fil de ces traces, il devient possible de suivre l’ensemble des médiations et des conditions de l’environnement numérique produisant le document primaire et son texte, source que traitera la chaîne éditoriale jusqu’à sa publication.</p>
<h2 class="unnumbered" id="bibliographie">Bibliographie</h2>
<div id="refs" class="references csl-bib-body hanging-indent" data-line-spacing="2" role="list">
<div id="ref-anders_obsolescence_2002" class="csl-entry" role="listitem">
@@ -483,9 +477,6 @@ Pédauque, R. T. (2006). <em><span>Le document <span>à</span> la lumi<span>è</
<div id="ref-sauret_revue_2020" class="csl-entry" role="listitem">
Sauret, N. (2020). <em>De La Revue Au Collectif : La Conversation Comme Dispositif d’<span>é</span>ditorialisation Des Communaut<span>é</span>s Savantes En Lettres et Sciences Humaines</em> [These de Doctorat]. Paris 10.
</div>
-<div id="ref-souchier_image_1998" class="csl-entry" role="listitem">
-Souchier, E. (1998). <span>L’image du texte pour une th<span>é</span>orie de l’<span>é</span>nonciation <span>é</span>ditoriale</span>. <em>Les cahiers de m<span>é</span>diologie</em>, <em>6</em>(2), 137‑145. <a href="https://doi.org/10.3917/cdm.006.0137">https://doi.org/10.3917/cdm.006.0137</a>
-</div>
<div id="ref-souchier__2012" class="csl-entry" role="listitem">
Souchier, E. (2012). <span>La &lt;&lt; lettrure &gt;&gt; <span>à</span> l’<span>é</span>cran. Lire &amp; <span>é</span>crire au regard des m<span>é</span>dias informatis<span>é</span>s</span>. <em>Communication &amp; langages</em>, <em>174</em>(4), 85‑108. <a href="https://doi.org/10.4074/S0336150012014068">https://doi.org/10.4074/S0336150012014068</a>
</div>
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+<p>Notes pour le billet:</p>
+<ul>
+<li>Le modèle épistémologique établi pendant l’écriture est effacé et remplacé durant le traitement éditorial du document au profit d’un modèle éditorial choisi.</li>
+<li>les traces obtenues de la rencontre entre un auteur et un environnement sont alors supprimées.</li>
+<li>revenir sur le fonctionnement de l’écriture numérique et sa variabilité (c’est un fonctionnement intrinsèque au numérique).
+<ul>
+<li>quelques mots sur le fonctionnement même d’un disque dur et des droits d’écriture / lecture d’un espace numérique.</li>
+</ul></li>
+<li>exemple du pressoir et du livre Contribution numérique: cultures et savoirs.
+<ul>
+<li>les sources reçues en .odt et .docx</li>
+<li>transformations via pandoc en markdown + yaml (voir les archives dans gitlab)</li>
+<li>la déstructuration du contenu par Pandoc et son AST (explication de ce qu’est un AST)</li>
+<li>restructuration en un document pandoc native (représentation de l’AST)</li>
+<li>transformations vers le format souhaité et respect d’un autre modèle de représentation du document</li>
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+<li>définir transformation et conversion</li>
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+ <title>Roch Delannay | Une épistémologie du document centrée sur le medium</title>
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+ <meta name="author" content="Roch Delannay" />
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+ <meta name="description" content="Blog | Carnet de recherche de Roch Delannay" />
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+ <meta name="dcterms.date" content="2024-08-07" />
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+<li><a href="#introduction" id="toc-introduction">Introduction</a></li>
+<li><a href="#lien-entre-pratique-décriture-savante-et-medium" id="toc-lien-entre-pratique-décriture-savante-et-medium">Lien entre pratique d’écriture savante et medium</a></li>
+<li><a href="#le-document-numérique-au-prisme-de-la-théorie-des-médias" id="toc-le-document-numérique-au-prisme-de-la-théorie-des-médias">Le document numérique au prisme de la théorie des médias</a></li>
+<li><a href="#conclusion" id="toc-conclusion">Conclusion</a></li>
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+ <h1>Une épistémologie du document centrée sur le medium</h1>
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+ <time>2024-08-07</time>
+<!-- <p>Roch Delannay</p>
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+<p>Notes pour le billet :</p>
+<ul>
+<li>potentiel titre de la these:  le <code>&lt;em&gt;</code>mal<code>&lt;/em&gt;</code>traitement du texte</li>
+<li>du fait de l’importance accordée à l’objet public (publié), aka revue, livre, blog, etc., l’objectif de l’édition est de se concentrer sur un modèle éditorial (un modèle épistémologique) et de transformer un document X pour qu’il soit conforme à ce modèle épistémologie.</li>
+<li>ce faisant, nous oublions ou laissons de côté le document source original et les conditions de son élaboration.
+<ul>
+<li>peut-être utiliser Bergin et Kirshenbaum pour montrer que depuis l’arrivée de Microsoft, on a un seul modèle du numérique présent et qu’on ne le questionne plus ? trouver d’autres sources.</li>
+</ul></li>
+<li>un pan des études littéraires, la génétique du texte, se concentre sur cet aspect là, principalement dans le traitement de textes pré-numériques.</li>
+<li>Qu’en est-il lorsqu’il s’agit de textes contemporains créés nativement dans un espace numérique ?
+<ul>
+<li>L’importance accordée à l’objet publié, héritée de l’imprimé, prime également pour les documents numériques…</li>
+<li>la chaîne éditoriale se concentre principalement sur le résultat à obtenir au détriment de documents intermédiaires nécessaires à l’acte de publication.</li>
+<li>d’ailleurs, le post-traitement de ces objets publiés ne s’intéresse pas non plus au modèle épistémologique qui le constitue (ex: fouille de texte)</li>
+</ul></li>
+<li>Pourtant, depuis l’Antiquité et la période hellenistique, le rapport des savants à l’écriture et à leurs textes … (Hadot)</li>
+<li>Fait également hérité durant l’époque des Lumières puis des premières revues …. (raconter l’histoire de chacun) jusqu’au numérique</li>
+<li>Cette perspective sur le document comme élément au coeur du processus d’écriture (et donc du sens qui en émerge) nous mène vers la théorie des médias …</li>
+<li>Nécessité de définir le document</li>
+<li>Revue de littérature sur la théorie des médias en partant de McLuhan</li>
+<li>Proposer un cadre posthumain pour justifier la valeur accordée au document (si souvent oublié de nos recherches).</li>
+</ul>
+<h2 id="introduction">Introduction</h2>
+<p>Le texte et les théories qui s’y rapportent fondent leur épistémologie autour du signe <span class="citation" data-cites="barthes">(<strong>kristeva?</strong>)</span>. Lorsqu’il s’agit d’étudier un texte, que l’on vienne de la sémiologie, de la philologie ou de la génétique des textes, ce sont les unités sémiotiques, les mots et autres agencements de signes qui constituent l’objet étudié. Cependant, cette perspective ne permet pas de rendre compte de ce que pourrait être une épistémologie du document, celui-ci comprenant à la fois le texte et son support. Les conditions de rédaction d’un texte sur une stèle, un post-it, une ardoise, du papier ou de la silice ne sera pas composé dans Les conditions de l’établissement d’un document durant l’Antiquité ne sont pas comparables aux conditions que l’on connait au 21<sup>e</sup> siècle avec le numérique. En ce sens</p>
+<p>Un document … puis un document numérique <span class="citation" data-cites="pedauque">(<strong>zacklad?</strong>)</span>…</p>
+<p>Afin de pouvoir</p>
+<h2 id="lien-entre-pratique-décriture-savante-et-medium">Lien entre pratique d’écriture savante et medium</h2>
+<p>À l’instar de Barthes pour qui la centralité du signe dans le texte remonte aux stoïciens (dates …),</p>
+<p>Dans son ouvrage <em>Exercices spirituels et philosophie antique</em>, Pierre Hadot décrit ce qu’était la philosophie antique durant l’apogée de la civilisation grecque que l’on peut situer à partir de la période des présocratiques (environ 700 av. JC) jusqu’à la fin de la période hellénistique (31 av. JC.). Durant cette période, la philosophie n’était pas seulement un exercice de pensée pour répondre aux questions sur l’existence de l’être et son rapport au monde, mais était un mode de vie qui se pratiquait au quotidien. Elle était pratiquée par celles et ceux qui aimait et désirait la Sagesse. L’objectif n’était pas d’atteindre cette sagesse, car elle est l’apanage des dieux, mais d’en frayer la voie pour s’en rapprocher. Les philosophes de l’antiquité, à la différence de leurs contemporains spécialistes du savoir, les sophistes, modifiaient ainsi leur façon de vivre et l’accordaient à un système de valeurs vertueuses aligné sur les préceptes de l’école ou du courant philosophique auquel ils étaient rattachés. La philosophie pratiquée par les anciens était plus qu’un mode de pensée, elle était une « manière d’être » <span class="citation" data-cites="hadot_exercices_2002">(Hadot, 2002, p. 77)</span>. Afin de parcourir ce chemin vertueux, les différentes écoles et courants ont mis au point des séries d’exercices spirituels que le philosophe pratiquait au quotidien.</p>
+<p>L’étymologie de ces exercices est strictement identique à celle de l’ascèse chrétienne : <em>askesis</em>. Les deux termes ont une origine commune mais une signification bien différente. À ce propos, P. Hadot nous met en garde quant à la confusion possible entre ces deux <em>askesis</em>. L’<em>askesis</em> chrétienne se rapproche de la définition contemporaine du terme, c’est-à-dire de l’abstinence ou de la restriction de nourriture, de boisson, de relation sexuelle, etc. ; alors que l’<em>askesis</em> grecque ne renvoie qu’aux exercices spirituels que nous avons mentionnés, qualifiés comme étant « une activité intérieure de la pensée et de la volonté » <span class="citation" data-cites="hadot_exercices_2002">(Hadot, 2002, p. 78)</span>. La philosophie antique, à travers l’<em>askesis</em>, agit comme une « thérapeutique des passions » <span class="citation" data-cites="hadot_exercices_2002">(Hadot, 2002, p. 22)</span>. Une pratique assidue permet de se dépouiller de ces dernières et d’opérer une objectivation du monde débarassée des perceptions subjectives et des affects. « L’intériorisation [réalisée à travers cette vie ascétique] est dépassement de soi et universalisation » <span class="citation" data-cites="hadot_exercices_2002">(Hadot, 2002, p. 330)</span>, notamment chez les épicuriens et les stoïciens. En somme, lorsque le philosophe entreprend son parcours, il en vient à se détacher de sa condition humaine et, par un mouvement d’extériorisation, développe une « nouvelle manière d’être-au-monde […] qui consiste a prendre conscience de soi comme partie de la Nature » <span class="citation" data-cites="hadot_exercices_2002">(Hadot, 2002, p. 330)</span>.</p>
+<p>P. Hadot propose également une liste de ces exercices parmi lesquels on y trouve : la recherche (<em>zetesis</em>), l’examen approfondi (<em>skepsis</em>), la lecture, l’audition (<em>akroasis</em>), l’attention (<em>prosochè</em>), la maîtrise de soi (<em>enkrateia</em>), l’indifférence aux choses indifférentes, les méditations (<em>meletai</em>), les thérapies des passions, le souvenir de ce qui est bien, l’accomplissement des devoirs <span class="citation" data-cites="hadot_exercices_2002">(Hadot, 2002, p. 26)</span>. L’auteur accorde une valeur particulière à l’examen de conscience que suppose l’attention à soi (<em>prosochè</em>). Il s’agit d’un exercice à réaliser quotidiennement, voire même plusieurs fois par journée. Le philosophe prend du recul sur ses actes passés, soit une distance critique vis-à-vis de sa manière d’être qu’il confronte au système de valeurs auquel il prétend appartenir. Une des méthodes pour réaliser cet exercice est l’écriture de soi. Le philosophe couche sur le papier les actions effectuées durant une période précise, il s’y raconte. C’est ce que fait Marc-Aurèle dans les <em>Pensées pour moi-même</em> <span class="citation" data-cites="hadot_exercices_2002">(Hadot, 2002, p. 149)</span>.</p>
+<p>[ajouter quelques paragraphes sur Marc-Aurèle]</p>
+<p>En faisant un anachronisme, cette pratique de l’écriture de soi pourrait aisément être confondue avec une écriture diaristique ou se rapprocher du récit autobiographique. Ce qui est également le cas avec <em>Les Confessions</em> de Rousseau ou les <em>Méditations</em> de Descartes. Elles peuvent effectivement être lues comme un récit autobiographique ou alors comme la réalisation d’une <em>askesis</em> où l’auteur utilise l’écriture pour exercer une tension entre un récit de lui-même et des réflexions philosophiques. Le succès de cette méthode qu’est l’écriture perdure pendant plusieurs siècles comme en témoigne les écrits d’Athanase d’Alexandrie dans la <em>Vie d’Antoine</em> vers l’an 360 (soit environ 40 ans avant les <em>Confessions</em> d’Augustin). P. Hadot en cite le passage suivant <span class="citation" data-cites="hadot_exercices_2002">(Hadot, 2002, p. 90)</span> :</p>
+<blockquote>
+<p>Que chacun note par écrit, conseille Antoine, les actions et les mouvements de son âme, comme s’il devait les faire connaître aux autres. En effet, poursuit-il, nous n’oserions certainement pas commettre des fautes en public, devant les autres. Que l’écriture tienne donc la place de l’oeil d’autrui.</p>
+</blockquote>
+<p>Ainsi, l’examen de conscience, dont la finalité est la maîtrise de soi, peut être réalisé par une série d’étapes dont la première est l’introspection qui est accomplie grâce à une mise en récit de soi via un medium, l’écriture, et génère alors une deuxième étape, celle de l’extériorisation de soi. L’écriture dépasse la simple condition de support / outils grâce auquel une information peut être transmise et devient la condition <em>sine qua non</em> de l’accès à l’autre.</p>
+<p>À titre d’exemple, si nous reprenons le passage cité précédemment de la lettre de Sénèque à Lucilius, Sénèque écrit ceci : « Sans doute l’homme devrait toujours se conduire comme s’il avait des témoins, toujours penser comme si quelqu’un pouvait lire au fond de son coeur ». Exception faite pour l’écriture, la méthode que propose Sénèque est très similaire à celle de Saint-Antoine, et elle s’incarne à travers la lettre qui est employée comme medium. La relecture de la lettre de Sénèque sous le prisme de l’exercice spirituel modifie l’interprétation que l’on peut en faire. De plus, Sénèque nous indique dès le début de la lettre qu’il s’agit de l’exercice de l’examen de soi : « Je vais donc me mettre à m’observer, et, pour plus de sûreté, je ferai le soir la revue de ma journée. » Si nous considérons qu’il s’agit bien là de la réalisation d’un exercice spirituel, et en sachant que Sénèque est un philosophe, nous pouvons en déduire que cette lettre comporte finalement un double enjeu. Le premier est explicite : Sénèque fait une démonstration à Lucilius comme un maître peut le faire avec son élève. Le second est la réalisation de l’exercice pour Sénèque lui-même. En réalisant cet exercice dans le cadre d’une leçon qu’il dispense, Sénèque en profite pour appliquer cette méthode et écrire son examen de conscience qu’il va pouvoir livrer à Lucilius qui, en l’occurrence, incarne l’autre. La conjugaison au futur employée dans la lettre donne à penser que Sénèque prémédite les actions et mouvements qu’il va réaliser dans la journée. Il fait en sorte que ses actions soient vertueuses pour qu’il n’y ait rien dont il puisse avoir honte car il sait que Lucilius sera témoin de son récit.</p>
+<p>Cet exemple fait émerger plusieurs propriétés de l’intimité qui sont évoquées dans la lettre de Sénèque et que l’on peut, par extension, appliquer à la philosophie antique. Tout d’abord, cette intimité naît de la pratique de la philosophie et des exercices qui l’accompagnent. Ce n’est donc pas quelque chose qui serait donné et pré-existant à soi, mais quelque chose qu’il faut construire. Ensuite, elle nécessite un medium, dans ce cas-ci l’écriture, pour ajouter un mouvement d’extériorisation à une première dynamique introspective. En somme, le philosophe créé un récit de lui-même afin de mobiliser l’autre et se donner à voir, pour mettre en évidence ce qui lui est intérieur.</p>
+<p>Néanmoins, il ne s’agit pas uniquement de se livrer à autrui, d’ailleurs ce n’est pas le regard que l’autre peut porter sur soi qui importe. Qu’il s’agisse de Sénèque ou d’Antoine, leur méthode convoque un autre qui est soit « public », soit « témoin ». L’autre ainsi convoqué dans ce mouvement d’extériorisation est avant tout un autre social et politique. Finalement, le philosophe se doit d’être irréprochable, sa conduite doit correspondre à l’image attendu d’un philosophe dans l’école mais aussi et surtout dans la cité. Il ne dépend pas du regard que peuvent porter les citoyens sur lui, mais plutôt d’un système de valeurs qui le détermine en tant que philosophe. La question de la maîtrise de soi et de l’examen de conscience est donc fondamentalement éthique.</p>
+<p>L’intimité n’est donc pas soi et elle ne peut exister que parce qu’il y a présence de l’autre, l’intimité ne serait plus seulement un espace au plus profond de l’être mais un espace qui se trouve entre l’être et l’autre, entre soi et le monde social.</p>
+<h2 id="le-document-numérique-au-prisme-de-la-théorie-des-médias">Le document numérique au prisme de la théorie des médias</h2>
+<h2 id="conclusion">Conclusion</h2>
+<p>Pour définir le document comme pièce centrale de la publication scientfique, nous nous sommes appuyés sur la théorie des médias et plus particulièrement sur le courant matérialiste fondé par l’école de Toronto depuis McLuhan, puis repris par Kittler dans les années 1970 en Allemagne, puis par la médiologie en France et notamment par Louise Merzeau. Chez L. Merzeau, nous retrouvons également une affiliation avec la pensée kittlérienne, principalement dans son approche [déterministe/essentialiste]… sur lesquelles reposent ses recherches.</p>
+<p>Ajouter un mot sur la limite de ce que cette pensée fait au document…</p>
+<p>Pour dépasser cette position, L. Merzeau s’est tournée vers les sciences de l’information et de la communication (SIC) et a développé ses recherches autour de la notion d’éditorialisation, à la fois depuis le courant francophone provenant des SIC depuis Bachimont (Bachimont, Broudoux) + redocumentarisation (Zacklad) et à la fois depuis le courant qui se développait au Québec par M. Vitali-Rosati, plus proche des sciences humaines et de l’intermédialité montréalaise, un autre courant historique de la théorie des médias où s’y est développé depuis les lettres et les arts une approche de la relation entre les médias (Tadier, Méchoulan).</p>
+<p>Malgré le fait que L. Merzeau n’ait pas pu achever ses travaux, elle abouti à une théorie du commun dans lequel le document pourrait ….</p>
+<p>D’autres travaux plus récents sur l’éditorialisation (Vitali-Rosati), propose également une autre forme de dépassement de cette posture essentialiste par la mobilisation de théories provenant du courant posthumaniste (Hayles, Barad) …</p>
+<div id="refs" class="references csl-bib-body hanging-indent" data-line-spacing="2" role="list">
+<div id="ref-hadot_exercices_2002" class="csl-entry" role="listitem">
+Hadot, P. (2002). <em><span>Exercices spirituels et philosophie antique</span></em> (Nouv <span>é</span>d rev. et augm <span>é</span>dition). Albin Michel.
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+<footer>
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+ <p>CC BY 4.0 Roch Delannay</p>
+ <p>Créé avec Pandoc et Make</p>
+ <a href="/pages/colophon.html">Colophon</a>
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