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update de l'intimité du chercheur améliorée et du billet sur la saisie du texte
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Ces publications scientifiques peuvent être assimilées à des documents numériques, soit un espace délimité dans lequel sont organisées des informations selon des normes établies par les impératifs technologiques d’une chaîne éditoriale, par exemple avec des protocoles de communication des documents ou encore des formats. Dans cette chaîne, la réalisation d’un document nécessite ainsi des interactions entre une multitude d’agents, qu’ils soient numériques ou humains, pour advenir. À chacune des étapes de sa constitution, ces interactions entre les agents laissent des traces à l’intérieur du document que nous considérons comme des traces de cette intimité du chercheur. Ces traces sont des indices d’une intimité passée et donc de la matérialité de cette dernière.</p> <p>Avec ce chapitre, nous commençons à détailler la relation qu’entretiennent un auteur et un ordinateur dans l’acte d’écriture scientifique dans un environnement numérique<a href="#fn1" class="footnote-ref" id="fnref1" role="doc-noteref"><sup>1</sup></a>.</p> <p>Ce dispositif que nous venons de décrire fait écho aux théories de l’éditorialisation <span class="citation" data-cites="vitali-rosati_editorialization_2018">(Vitali-Rosati, 2018)</span> et de l’énonciation éditoriale <span class="citation" data-cites="souchier_image_1998">(Souchier, 1998)</span>. Ainsi, cette écriture numérique n’est plus définie en tant que fruit d’une seule fonction auctoriale, mais l’est par un ensemble de fonctions éditoriales dont la fonction auctoriale fait partie.</p> -<p>Selon ce dispositif, et puisque notre hypothèse positionne l’intime en tant que produit de l’écriture, nous pouvons nous demander quelle est la contribution de l’environnement d’écriture à cet intime lors de la saisie d’un nouveau document.</p> -<p>Ainsi, parmi toutes les fonctions éditoriales que l’on pourrait énumérer, nous nous intéressons dans ce chapitre à la saisie d’un texte et à l’environnement support <span class="citation" data-cites="zacklad_organisation_2012">(<strong>zacklad_organisation_2012?</strong>)</span> dans lequel il s’inscrit.</p> -<p>Une première partie sera dédiée à montrer les rouages de l’écriture numérique en mettant en lumière le système de communication entre humain et machine à l’aide des logiciels se trouvant à l’interface entre les deux.</p> -<p>Nous nous appuyons sur les particularités de l’écriture numérique <span class="citation" data-cites="bouchardon_lecriture_2014 crozat_ecrire_2016 souchier_numerique_2019">(Souchier, 2019; <strong>bouchardon_lecriture_2014?</strong>; <strong>crozat_ecrire_2016?</strong>)</span> et sur le fonctionnement de la machine pour illustrer, dans une deuxième partie, le rôle de médiation joué par les logiciels – entendu comme une suite d’instructions écrites – entre la saisie du texte au clavier et les traitements appliqués à ces informations, jusqu’à leur stockage dans une mémoire informatique.</p> -<p>Tandis que chaque environnement a ses propres modalités d’écriture que nous ne pouvons pas toutes énumérer, nous étudions dans la deuxième partie de ce chapitre l’éditeur de texte sémantique Stylo et les différentes représentations du texte qu’il génère. Ces représentations intermédiaires circulent entre les espaces de Stylo – client et serveur – par différents canaux et protocoles pour former, à travers une série de documents produits, une dynamique constitutive du sens de l’écriture <span class="citation" data-cites="merzeau_editorialisation_2013">(Merzeau, 2013)</span> propre à cet environnement.</p> +<p>Selon ce cadre théorique, et puisque notre hypothèse positionne l’intime en tant que produit de l’écriture, nous pouvons nous demander quelle est la contribution de l’environnement d’écriture à cet intime lors de la saisie d’un texte dans un document.</p> +<p>Ainsi, parmi toutes les fonctions éditoriales que l’on pourrait énumérer, nous nous intéressons dans ce chapitre à la saisie du texte et à l’environnement support <span class="citation" data-cites="zacklad_organisation_2012">(<strong>zacklad_organisation_2012?</strong>)</span> dans lequel il s’inscrit. Lors de cette phase de l’écriture, cet environnement devient le lieu où se manifeste un trouble entre ce que l’usager à l’intention d’écrire et le document que produit la machine, qui est structuré selon les formats et protocoles implémentés à l’intérieur de l’environnement. Ce trouble nait de la rencontre entre une représentation du texte structurée graphiquement et une représentation du texte structurée par du texte, comme c’est le cas pour une page web interprétée par un navigateur et son pendant au format HTML. Notre intérêt se porte sur plus particulièrement sur le côté machine de cette interaction humain-machine et comment elle perçoit, reçoit et traite les informations pour produire le document à travers un environnement particulier.</p> +<p>Afin de traiter cette problématique, nous nous appuyons dans un premier temps sur les particularités de l’écriture numérique <span class="citation" data-cites="bouchardon_lecriture_2014 crozat_ecrire_2016 souchier_numerique_2019">(Souchier, 2019; <strong>bouchardon_lecriture_2014?</strong>; <strong>crozat_ecrire_2016?</strong>)</span> et sur le fonctionnement de la machine pour illustrer, dans une deuxième partie, le rôle de médiation joué par les logiciels – entendu comme une suite d’instructions écrites – entre la saisie du texte au clavier et les traitements appliqués à ces informations, jusqu’à leur stockage dans une mémoire informatique.</p> +<p>Tandis que chaque environnement a ses propres modalités d’écriture que nous ne pouvons pas toutes énumérer, nous nous appuyons dans la deuxième partie de ce chapitre sur l’étude de l’éditeur de texte sémantique Stylo et les différentes représentations du texte qu’il génère. Ces représentations intermédiaires circulent entre les espaces de Stylo – client et serveur – par différents canaux et protocoles pour former, à travers une série de documents produits, une dynamique constitutive du sens de l’écriture <span class="citation" data-cites="merzeau_editorialisation_2013">(Merzeau, 2013)</span> propre à cet environnement.</p> <p>Stylo est un éditeur de texte sémantique en ligne développé pour l’édition savante en sciences humaines et sociales (SHS) et en lettres. Stylo est autant un projet de recherche qu’un outil d’écriture et d’édition, qui entend poser une question décisive : qu’est-ce qu’écrire en environnement numérique en SHS ?</p> <p>C’est un outil libre et <em>open source</em> conçu en 2017 par la Chaire de recherche du Canada sur les écritures numériques (CRCEN) <span class="citation" data-cites="vitali-rosati_ecrire_2020">(<strong>vitali-rosati_ecrire_2020?</strong>)</span>, et soutenu depuis 2020 par les Très grande infrastructure de recherche Huma-Num. Guillaume Grossetie et Thomas Parisot, tous deux développeurs, maintiennent et développent l’infrastructure technique de Stylo avec la CRCEN depuis plusieurs années, équipe dans laquelle je suis fortement impliqué depuis le début de l’année 2022.</p> <p>Stylo a pour objectif de transformer le flux de travail numérique des revues savantes en SHS. En tant qu’éditeur de texte sémantique WYSIWYM, il vise à améliorer la chaîne de publication académique <span class="citation" data-cites="kembellec_lerudition_2020">(<strong>kembellec_lerudition_2020?</strong>)</span>, tout en invitant à une réflexion théorique et pratique sur nos façons d’écrire et d’éditer.</p> @@ -69,16 +82,72 @@ Du fait de mon implication dans Stylo, le regard que je porte sur ce terrain n <h3 id="définir-lenvironnement-où-écrire">Définir l’environnement où écrire</h3> <p>Par habitude, nous partons du présupposé que lorsque nous évoquons les mots environnement d’écriture numérique ceux-ci sont synonymes environnement d’écriture informatique et désignent la même chose. En conséquence, lorsqu’il s’agit de convoquer l’écriture numérique nous pensons tout de suite à un ordinateur, aux claviers, aux écrans et aux pointeurs qui clignotent dans des éditeur de texte ou dans les champs des formulaires en ligne. Avec le numérique ubiquitaire <span class="citation" data-cites="citton_angles_2023">(<strong>citton_angles_2023?</strong>)</span>, ces pratiques d’écriture sont ancrées dans nos habitudes au point de ne plus les remettre en question. Les dispositifs d’écriture analogique sont ainsi renvoyés à l’état de vestiges archaïques, comme peuvent l’être les machines à écrire alors qu’elles ont été fabriquées méticuleusement par des designers et des ingénieurs et qu’elles ont fait la fierté et la renommée de certaines entreprises comme Olivetti en Italie. Aujourd’hui ces machines sont complètement désuètes et inutilisées depuis presque une trentaine d’années. Elles sont maintenant exposées dans des musées – entre autres au MoMA et au Centre Pompidou – et sont intégrées dans des collections permanentes ou exhibées lors des expositions en lien avec les designers qui les ont conçues<a href="#fn2" class="footnote-ref" id="fnref2" role="doc-noteref"><sup>2</sup></a>.</p> <figure> -<img src="https://www.photo.rmn.fr/CorexDoc/RMN/Media/TR1/YECPH3/07-521403.jpg%20%22Machine%20à%20écrire%20portative%22" alt="Machine à écrire portative" /> +<img src="https://www.photo.rmn.fr/CorexDoc/RMN/Media/TR1/YECPH3/07-521403.jpg" title="Machine à écrire portative" alt="Machine à écrire portative" /> <figcaption aria-hidden="true">Machine à écrire portative</figcaption> </figure> <p>Crédits : © Adagp, Paris. Crédit photographique : Georges Meguerditchian - Centre Pompidou, MNAM-CCI /Dist. RMN-GP. Réf. image : 4N40151. Diffusion image : <a href="https://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&IID=2C6NU0CU7GAD">l’Agence Photo de la RMN</a></p> <figure> -<img src="https://www.photo.rmn.fr/CorexDoc/RMN/Media/TR1/VYKH9X/13-519016.jpg%20%22Publicité%20pour%20la%20machine%20à%20écrire%20Valentine%22" alt="Publicité pour la machine à écrire Valentine" /> +<img src="https://www.photo.rmn.fr/CorexDoc/RMN/Media/TR1/VYKH9X/13-519016.jpg" title="Publicité pour la machine à écrire Valentine" alt="Publicité pour la machine à écrire Valentine" /> <figcaption aria-hidden="true">Publicité pour la machine à écrire Valentine</figcaption> </figure> <p>Crédits : © Adagp, Paris. Crédit photographique : Jean-Claude Planchet - Centre Pompidou, MNAM-CCI /Dist. RMN-GP. Réf. image : 4F40212 [2003 CX 6098]. Diffusion image : <a href="https://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&IID=2C6NU0DWCD6W">l’Agence Photo de la RMN</a></p> -<p>Pourtant, les derniers modèles fabriqués par ces entreprises l’ont été dans les années 1980 et 1990, comme c’est le cas du modèle ETP 55 Portable<a href="#fn3" class="footnote-ref" id="fnref3" role="doc-noteref"><sup>3</sup></a> où sont intégrés des composants électroniques pour suivre le marché des ordinateurs. Les constructeurs ont opéré un changement de paradigme de l’analogique vers le numérique dès les années 1970 et ont suivi les innovations technologiques apportées par la miniaturisation des composants électroniques pour l’informatique. Pour preuve, en 1983, Perry A. King et Antonio Macchi Cassia conçoivent le premier ordinateur personnel d’Olivetti avec le modèle M10 en adaptant un clavier à un écran à cristaux liquide.</p> +<p>Pourtant, les derniers modèles fabriqués par ces entreprises l’ont été dans les années 1980 et 1990, comme c’est le cas du modèle ETP 55 Portable<a href="#fn3" class="footnote-ref" id="fnref3" role="doc-noteref"><sup>3</sup></a> où sont intégrés des composants électroniques pour suivre le marché des ordinateurs. Les constructeurs ont opéré un changement de paradigme de l’analogique vers le numérique dès les années 1970 et ont suivi les innovations technologiques apportées par la miniaturisation des composants électroniques pour l’informatique. Pour preuve, en 1983, Perry A. King et Antonio Macchi Cassia conçoivent le premier ordinateur personnel d’Olivetti avec le modèle M10 en adaptant un clavier à un écran à cristaux liquide. et ordinateur, équipé du processeur Intel 80C85 en 8-bits, pouvait également se connecter à tout un ensemble de périphériques comme des imprimantes.</p> +<figure> +<img src="http://munk.org/typecast/wp-content/uploads/2014/08/15635.jpg" title="Photo d'un M10" alt="Photo d’un M10" /> +<figcaption aria-hidden="true">Photo d’un M10</figcaption> +</figure> +<p>Crédits : Photo trouvée sur le blog <a href="https://munk.org/typecast/2014/08/03/back-to-the-future-pram-and-the-promise-of-unified-memory-again/">Munk.org</a>, site consulté le 22 février 2024.</p> +<p>Il faut se rappeler qu’au début des années 1980 il n’est pas encore certain que l’ordinateur personnel (avec sa tour et son écran à tube cathodique) deviendra l’outil d’écriture par excellence. À cette époque, les machines à écrire ont encore quelques avantages sur les plans esthétique, financier et social puisque on les retrouve encore implantées à la fois dans les sphères professionnelles et personnelles.</p> +<p>La fin des années 1970 et les années 1980 marquent un tournant décisif pour l’ordinateur personnel avec l’apparition des logiciels de traitement de texte et la bataille qui sévit durant toute cette période. M. Kirschenbaum et T. Bergin détaillent dans leurs travaux cette course au développement de logiciels durant cette période pour obtenir un monopole sur le marché <span class="citation" data-cites="bergin_origins_2006 bergin_proliferation_2006 kirschenbaum_track_2016">(<strong>bergin_origins_2006?</strong>; <strong>bergin_proliferation_2006?</strong>; <strong>kirschenbaum_track_2016?</strong>)</span>. Avant l’engouement pour les interfaces graphiques et les gestionnaires de fenêtres – 1983 et 1984 avec l’entreprise Apple qui s’est largement inspirée des interfaces graphiques développées par Xerox PARC dans les années 1970 – la seule interface affichée à l’écran était un terminal et la navigation se faisait au moyen de commandes. Les premiers logiciels de traitement de texte comme Electric Pencil ne permettent pas alors une gestion de la mise en page idéale ni ne fonctionne sur tous les modèles d’ordinateurs présents sur le marché<a href="#fn4" class="footnote-ref" id="fnref4" role="doc-noteref"><sup>4</sup></a>. Ainsi, écrire sur un support connecté paraît aujourd’hui être une évidence alors qu’il a fallut déployer de lourds efforts à une époque ou cette évidence était incertaine.</p> +<p>L’écriture numérique est ainsi à distinguer de l’écriture dans un environnement numérique : un ordinateur, Internet, le Web, une calcultrice ou une machine à écrire de la dernière génération. En tant qu’abstraction, l’écriture numérique est une représentation du monde donnée, dont la qualification à travers un medium permet de l’incarner physiquement et matériellement mais pas de la circonscrire. En somme, cette représentation numérique du monde n’est pas nouvelle et ce n’est pas l’ordinateur qui l’a apporté. À notre connaissance, son origine remonte aux prémisses de l’écriture et des développements des systèmes monétaires, nous dirait C. Herrenschmidt <span class="citation" data-cites="herrenschmidt_les_2023">(<strong>herrenschmidt_les_2023?</strong>)</span>.</p> +<p>Dorénavant, lorsque nous ferons référence à l’écriture numérique nous parlerons d’une écriture numérique dans un environnement informatique.</p> +<h3 id="les-particularités-de-lécriture-numérique">Les particularités de l’écriture numérique</h3> +<p>L’écriture numérique diffère d’une écriture plus traditionnelle – par exemple manuscrite – et se distingue notamment par trois caractéristiques que sont la calculabilité <span class="citation" data-cites="crozat_ecrire_2016">(<strong>crozat_ecrire_2016?</strong>)</span>, la variabilité <span class="citation" data-cites="bouchardon_lecriture_2014">(<strong>bouchardon_lecriture_2014?</strong>)</span> et la rupture sémiotique entre le geste d’écriture et l’inscription sur le support <span class="citation" data-cites="souchier_numerique_2019">(Souchier, 2019)</span>.</p> +<p>La première caractéristique est d’ordre computationnel : l’écriture devient calculable et peut donc faire l’objet d’instructions. Pour réaliser cette action, on procède à une équivalence où chaque signe que l’on peut inscrire dans cet environnement à son pendant unique sous forme de bits. Lorsque chaque caractère peut être identifié en tant que nombre, il devient possible d’implémenter ce modèle dans une machine et de lui demander, grâce à des instructions, d’appliquer des calculs.</p> +<p>L’exemple idéal pour illustrer cette caractéristique n’est rien de moins que la machine imaginée par Alan Turing, qu’il présente en 1936 dans son article « On Computable Numbers, with an Application to the Entscheidungsproblem » dans la section <em>Computing machines</em> <span class="citation" data-cites="turing_computable_1936">(<strong>turing_computable_1936?</strong>)</span>. Ce que Turing décrit n’est pas une machine physique mais un modèle théorique, une machine abstraite fondamentale pour les développements futurs de l’informatique. Cette machine est constituée de plusieurs éléments :</p> +<ul> +<li>un ruban («<em>tape</em>») divisé en sections (appelées «<em>square</em>») dont chacune peut porter un symbole (0 ou 1 car cette machine est dans un système binaire)</li> +<li>un organe de lecture («<em>scan</em>») pour lire les symboles un à un («<em>scanned square and scanned symbol</em>») et un organe d’écriture pour modifier un symbole ou en écrire un nouveau si la section est vide</li> +<li>une mémoire pour se rappeler des sections déjà scannées («<em>remember some of the symbols which it has been “seen” (scanned) previously</em>»)</li> +<li>des instructions pour se déplacer sur le ruban, soit d’une case vers la gauche soit d’une case vers la droite, lire et écrire («<em>scan and print</em>») ou modifier la case scannée et se redéplacer avant de s’arrêter.</li> +</ul> +<p>Théoriquement le ruban sur lequel la machine exécute ses programmes est infini vers la gauche et la droite et cela afin de permettre l’exécution des instructions les plus complexes. La machine de Turing ne s’intéresse pas aux résultats des instructions ni à leur signification, d’où résulte une forme d’automatisation de l’écriture. L’espace de la machine, aussi vaste soit-il, n’est composé que de séries de 0 et de 1 ainsi que de différents états, renvoyant à des instructions et permettant ainsi à la machine de modifier son propre espace. Cette capacité de modification peut être associée à la deuxième caractéristique de l’écriture numérique que S. Bouchardon nomme la variabilité.</p> +<p>Le passage du signe à l’unité atomique et discrète qu’est le chiffre signifie un changement de représentation du monde (au sens que K. Hayles donne au terme <em>worldview</em> <span class="citation" data-cites="hayles_my_2005">(<strong>hayles_my_2005?</strong>)</span>) : le monde – ou l’espace – n’est alors plus signifié par des mots ou des concepts, mais le devient par des chiffres. Comme McLuhan nous le rappelle dès 1964 <span class="citation" data-cites="mcluhan_pour_1977">(1977)</span>, les alphabets composés de lettres (contrairement à ceux composés de pictogrammes) sont asémantiques. Si toutefois les alphabets sont liés à une culture d’où ils émergent, l’abstraction nécessaire pour représenter le monde sous forme de chiffres détacherait a priori cette vision de tout sens. En dehors de tout modèle mathématiques abstrait, et cela quel que soit le langage ou la base utilisée pour l’écrire, <code>3</code>, <code>trois</code>, <code>three</code>, <code>III</code>, <code>0011</code>, <code>zéro zéro un un</code>, un chiffre ne signifie pas grand chose s’il n’est pas associé à un système de valeurs particulier, par exemple le système métrique ou le système international <span class="citation" data-cites="herrenschmidt_trois_2023">(<strong>herrenschmidt_trois_2023?</strong>)</span>. En échange de cette perte de signification, l’écriture numérique y gagne cette particularité d’être calculable et mesurable.</p> +<p>L’écriture numérique se distingue également des autres types d’écriture par une troisième caractéristique. Il s’agit de la première forme d’écriture où le geste d’écrire ne correspond pas à l’action d’inscription du signe sur son support, phénomène que J. Bonaccorsi nomme déliaison <span class="citation" data-cites="bonaccorsi_fantasmagories_2020">(<strong>bonaccorsi_fantasmagories_2020?</strong>)</span>. Lorsqu’on appuie sur une touche du clavier, par exemple la lettre <code>a</code>, cette lettre n’est pas inscrite à l’écran : l’instruction d’inscrire un signe dans la mémoire de l’ordinateur est donnée à la machine, puis celle de l’afficher à l’écran au moyen d’un logiciel particulier <span class="citation" data-cites="kittler_mode_2015 souchier_numerique_2019">(F. A. Kittler, 2015; Souchier, 2019)</span>. Néanmoins, le fait d’appuyer sur une touche du clavier lorsque l’ordinateur est sous tension ne suffit pas pour déclencher cette instruction : si aucun environnement dédié à l’écriture n’est préalablement exécuté, le fait d’enfoncer une touche ne déclenchera aucune réaction de la part de la machine. Par contre, lorsque l’on se situe dans un environnement où cette réaction est attendue, comme un éditeur de texte, la frappe d’une touche déclenchera un événement et le logiciel pourra générer l’instruction correspondant à l’action d’écrire.</p> +<p>[ecrire une phrase ou deux de transition]</p> +<h3 id="la-machine-une-entité-formée-du-couple-matériellogiciel.">La machine, une entité formée du couple matériel/logiciel.</h3> +<p>La représentation d’un ordinateur est souvent associée à un couple matériel / logiciel. La partie matérielle concerne tous les composants électroniques (carte mère, mémoires, périphériques, etc.), alors que la partie logicielle englobe tous les programmes permettant d’interagir avec la partie matérielle, comme le BIOS (<em>Basic Input Output System</em>), le système d’exploitation ou encore un logiciel de traitement de texte comme LibreOffice.</p> +<p>Ce couple matériel / logiciel range l’ordinateur dans la catégorie des appareils programmables. La plupart de nos appareils du quotidien ne sont pas programmables : il exécutent ce pour quoi ils sont conçus et ne font rien d’autre. Dans le cas d’un ordinateur ou d’un téléphone intelligent, ou de tout autre appareil programmable, leur conception prévoit qu’ils soient manipulables : elles n’ont pas de fonction précise, néanmoins elles sont capables de répondre à plusieurs fonctions. Un ordinateur qui n’a aucune instruction ne pourra rien faire une fois alimenté. C’est là que les logiciels interviennent : ils permettent un usage déterminé d’un ordinateur en manipulant des informations de façon à exécuter une suite d’instructions formelles.</p> +<p>Pour fonctionner, un ordinateur n’a besoin que des éléments suivants : une alimentation, un processeur, une mémoire vive, des entrées et sorties et une carte mère auxquels viennent s’ajouter un certains nombre de périphériques (écrans, souris, clavier, etc.), des extensions pour prendre en charge une partie des calculs que l’on peut appeler des cartes filles (carte son, carte graphique) et des mémoires de stockage (disques durs).</p> +<p>Le processeur, ou microprocesseur pour les ordinateurs modernes, est le calculateur central de l’ordinateur, c’est cet élément qui manipule toutes les données à traiter – que l’on appelle aussi le(s) coeur(s) de l’ordinateur. Chaque modèle de processeur à une architecture qui lui est propre, ce qui veut dire que chacun traite les informations <strong>différemment</strong> (même si le résultat obtenu est identique). Un processeur est un assemblage de multiples types de circuits dont l’élément le plus petit est le transistor. L’évolution des processeurs a suivi la loi Moore jusqu’au début des années 2020<a href="#fn5" class="footnote-ref" id="fnref5" role="doc-noteref"><sup>5</sup></a>, date à partir de laquelle nous arrivons à la limite physique de la miniaturisation d’un transistor.</p> +<p>Le premier processeur commercialisé, le processeur Intel 4004, l’a été en 1971<a href="#fn6" class="footnote-ref" id="fnref6" role="doc-noteref"><sup>6</sup></a>. Il s’agissait d’un processeur 4-bits comportant pas moins de 2300 transistors. Lors de la commercialisation de cet objet s’opère un changement radical dans la conception des ordinateurs puisque, dès lors, du fait de la miniaturisation de ce composant, les ordinateurs deviennent accessibles au grand public. En suivant la première loi de Moore, les microprocesseurs ont continué à évoluer jusqu’à atteindre le nombre de plusieurs milliards de transistors par processeur, démultipliant ainsi leur capacité de traitement des informations.</p> +<p>Cette miniaturisation est rendue possible par la gravure des transistors dans des disques de silice (<em>wafer</em>) plutôt que l’usage plus coûteux et instable de relais et de tubes électroniques. Un transistor est un composant électronique dont le rôle est de laisser passer ou non le courant grâce aux propriétés du semi-conducteur à partir duquel il est fabriqué. En fonction de la valeur du courant qui lui est appliqué, le résultat associé à ce courant sera <code>0</code> ou <code>1</code>. Ce transistor est l’élément physique qui incarne les portes logiques (ET, OU, OUI, NON, XOR, etc.) et traitent les données. Parmi tous les traitements possibles, certains nécessitent de garder en mémoire des résultats intermédiaires pour aboutir. Ils sont alors stockés dans la mémoire vive en attendant d’être réutilisés.</p> +<p>Toutes ces informations traitées, qu’elles soient transformées ou mémorisées, proviennent de ce que l’on nomme des <em>entrées</em>. Ce sont ces entrées qui encodent les informations en chiffres. Une fois traitées, ou lorsqu’elles sont appelées par un programme, ces données transitent par les <em>sorties</em>. Elles font la transformation inverse et décodent les chiffres en signes interprétables.</p> +<p>L’encodage et le décodage des caractères accompagne toute l’histoire de l’informatique (et du numérique). Aux prémices de l’informatique, chaque matériel comportait ses propres programmes et tables d’encodage, rendant ainsi possible la transposition des données d’un matériel à un autre par équivalence. Cependant, dans la plupart des cas, les données ne pouvaient pas circuler entre les différents modèles d’ordinateur, ou alors au moyen de transformations fastidieuses, rendant ainsi les traitements réalisés sur les données enfermés dans des silos. La norme ASCII (<em>American Standard Code for Information Interchange</em>) fait son apparition dans les années 1960 pour résoudre l’enjeu d’interopérabilité de l’encodage des données. Soumise à l’<em>American Standards Association</em> (d’abord ASA puis ANSI) en 1961 par l’un de ses inventeurs, Bob Bemer, puis approuvée en 1963, l’ASCII permet d’encoder 128 caractères sur 7 bits. Néanmoins, ce n’est pas parce qu’un encodage est reconnue en tant que norme que son usage est effectif à l’instant même de sa reconnaissance. Il faut attendra 1968 que le président des États-Unis d’Amérique Johnson demande à ce que l’ASCII devienne la norme fédérale d’encodage des informations afin de réduire les incompatibilités au sein des réseaux de télécommunication pour qu’elle commence à se répandre. Dès 1969, tous les ordinateurs achetés par le gouvernement des États-Unis étaient compatibles avec la norme ASCII. Du côté des ordinateurs personnels, il faudra attendre le début des années 1980 pour que cette norme se répande grâce, entre autre, à son implémentation dans les ordinateurs construits par IBM. La norme X3.4:1986 en vigueur aujourd’hui, a été déposée auprès de l’ANSI en 1986. C’est à partir de cette norme que d’autres ont été développées et restent compatibles ASCII, comme c’est par exemple le cas de la norme Unicode, publiée en 1991, qui est la plus répandue de nos jours puisqu’elle encode le plus de caractères. Si ASCII contient 128 points de code, le standard Unicode permet d’en encoder plus de 149 000 sur une vingtaine de bits par point de code dans sa version 15.1 (de 2023). Afin de préserver cette compatibilité entre les normes, il est d’usage d’encoder les 128 premiers caractères de façon identique à la norme ASCII.</p> +<p>Il est intéressant d’introduire les logiciels et leur fonctionnement à partir du matériel composant l’ordinateur et plus particulièrement à partir de la carte mère. Les fournisseurs de carte mère incorpore généralement dans leur carte une première couche d’abstraction matérielle, un BIOS (<em>Basic Input Output System</em><a href="#fn7" class="footnote-ref" id="fnref7" role="doc-noteref"><sup>7</sup></a>), flashé dans la mémoire morte de l’ordinateur et programmé pour s’exécuter lors de la mise sous tension de ce dernier. Ce que l’on appelle <em>couche d’abstraction matérielle</em> en informatique représente la couche logicielle qui se trouve entre la partie matérielle et le système d’exploitation. Comme son nom l’indique, la fonction principale de cette couche est de permettre la manipulation du matériel tout en faisant abstraction de celui-ci. Le BIOS, ce tout premier jeu d’instructions qu’un ordinateur réalise, est un programme propriétaire chargé d’initialiser la séquence d’amorçage (<em>boot</em>) de l’ordinateur, de trouver le système d’exploitation, les périphériques (<em>a minima</em> le clavier et l’écran) et d’opérer quelques vérifications de bon fonctionnement des composants comme c’est le cas de l’horloge temps réel qui fonctionne en tout temps, même lorsque l’ordinateur est éteint, et rythme la totalité des cycles des autres circuits. Hormis quelques rares initiatives telles que Libreboot<a href="#fn8" class="footnote-ref" id="fnref8" role="doc-noteref"><sup>8</sup></a> et Coreboot<a href="#fn9" class="footnote-ref" id="fnref9" role="doc-noteref"><sup>9</sup></a>, des logiciels libres et <em>open sources</em> chargés de remplacer partiellement le BIOS propriétaire, la majorité des cartes mères sont liées à leur BIOS du fait de l’ajout par Intel, à partir de 2006, d’un sous programme nommé <em>Management Engine</em> (ME) qui est accompagné d’un ensemble de modules comme <em>Boot Guard</em> et <em>Secure Boot</em> dont l’objectif est de veiller à ce qu’il n’y ait pas de corruption du système d’amorçage de l’ordinateur<a href="#fn10" class="footnote-ref" id="fnref10" role="doc-noteref"><sup>10</sup></a>. Ces programmes ont sans cesse été améliorés depuis leur introduction en 2006 et, aujourd’hui, ils empêchent toute modification de cette couche logicielle, la plus basse d’un ordinateur, si celle-ci n’est pas vérifiée et validée (avec un système de clés cryptées) par la firme propriétaire/fabricante.</p> +<p>Le BIOS est donc l’interface entre l’utilisateur et la machine qui nous permet de manipuler les différentes entrées et sorties du système, donc de gérer les périphériques, fonction que le système d’exploitation peut également réaliser une fois que la phase d’amorçage est terminée. Le système d’exploitation (OS pour <em>Operating System</em>), est un niveau d’abstraction supplémentaire et se retrouve à l’interface entre les applications logicielles et la couche matérielle. Un OS est composé d’un ensemble de programmes permettant la bonne gestion des ressources de l’ordinateur : mémoires, calculs, périphériques, les registres, etc. Chaque OS a un fonctionnement qui lui est propre : l’architecture des informations – l’arborescence des dossiers, l’indexation des documents et des fichiers binaires change selon l’OS utilisé –, l’ordonnancement des tâches pour le processeur ou encore l’allocation de la mémoire. Malgré le fait que ce n’a pas toujours été le cas, les applications logicielles sont installés à l’intérieur des systèmes d’exploitation et prêts à être exécutés. Le passage par un système d’exploitation permet aux logiciels de ne plus dépendre d’un modèle particulier du <em>hardware</em> et d’en faire justement abstraction, le rendant ainsi opérable sur différentes machines.</p> +<p>[faire une phrase de transition]</p> +<h3 id="une-ouverture-sur-la-machine">Une ouverture sur la machine</h3> +<p>Ce tour d’horizon des particularités de l’écriture numérique et de l’agencement entre logiciel et matériel dans la machine nous montre que la conception de la machine ne permet pas à un auteur d’y inscrire des signes dans sa mémoire, ni de pouvoir les consulter directement puisqu’elle lui est inaccessible à moins qu’un intermédiaire ne servent d’interface. La médiation entre une machine et un auteur se fait au moyen d’un langage compréhensible par les deux parties, que l’on assemble sous la forme d’instructions qui, une fois empaquetées, forment un logiciel. Pour symboliser la médiation du matériel par la mise en place du logiciel à l’interface de l’humain et de la machine, l’entreprise Microsoft emploie la métaphore de la fenêtre (<em>window(s)</em>) à travers laquelle l’usager voit le numérique, et donc l’ordinateur. Pourtant, il ne faut pas s’y méprendre, quelle que soit la fenêtre logicielle, elle ne permet d’accéder qu’à un certain nombre fini d’instructions. Alors qu’en tant qu’appareil programmable qui ne se souci pas de la signification du traitement des informations ni des résultats obtenus, l’ordinateur semble être un environnement beaucoup plus vaste que ce que cette fenêtre ne nous laisse croire <span class="citation" data-cites="turing_computable_1936">(<strong>turing_computable_1936?</strong>)</span>. Plutôt qu’une fenêtre comme ouverture ou passage vers le numérique, il serait plus juste de considérer cette fenêtre comme une vision du monde parmi d’autres. Cette vision du monde n’est pas seulement une vision particulière que l’humain a de la machine car dans ce cas nous serions dans un paradigme anthropocentré et utilitariste de la machine. En nous déplaçant de l’autre côté de la fenêtre, on se rend compte que la vision que porte la machine sur le monde est différente de la notre : la machine incarne une autre vision du monde sous forme de matrice, où chaque élément qu’elle perçoit l’est sous forme binaire. Le monde n’est alors plus que chiffres, calculs et distances, comme c’est le cas de la proposition de K. Hayles lorsqu’elle remplace Mère Nature par une Matrice <span class="citation" data-cites="hayles_my_2005">(<strong>hayles_my_2005?</strong>)</span>.</p> +<p>Un début de relation s’instaure entre l’humain et la machine grâce à l’entremise du logiciel. À travers cette interface, lorsque l’on touche une lettre du bout du doigt, la machine devient alors accessible et l’impulsion (électrique) que cette action génère se transforme en une lettre à l’écran. Pour autant, cette accessibilité est-elle synonyme de mise en visibilité ? Le fait que “ça marche” rendrait-il le document visible ? C’est le rôle de l’interface graphique et des métaphores qu’elle véhicule que de cacher le fonctionnement même de la machine <span class="citation" data-cites="jeanneret_y-t-il_2011">(<strong>jeanneret_y-t-il_2011?</strong>)</span>. La déliaison convoquée par Bonaccorsi <span class="citation" data-cites="bonaccorsi_fantasmagories_2020">(<strong>bonaccorsi_fantasmagories_2020?</strong>)</span> prend place dès cet instant dans le processus d’écriture puisqu’il ne s’agit pas seulement de délier le geste de l’inscription mais également de faire abstraction de tout le processus d’écriture au-delà du geste. Ainsi, le logiciel aurait une double fonctionnalité : la première est une médiation qui ouvre le dialogue avec la machine tandis que la seconde en fait abstraction et la cache, ce qui a pour effet de rendre la machine quasiment invisible à l’utilisateur. Cependant, que découvrons-nous lorsque nous retirons ce voile devant la fenêtre ? Là se dévoile un vaste écosystème constitué de formats, des protocoles et leurs flux d’informations et de documents, parfois temporaires, voyageant d’une étape à une autre, prenant forme et se transformant pour suivre un cheminement prédéfini jusqu’à la création d’un document final que l’utilisateur récupère. Chacune de ces fenêtres offre finalement une vision particulière d’un document et un modèle épistémologique qui lui est propre <span class="citation" data-cites="vitali-rosati_editorialization_2018">(Vitali-Rosati, 2018)</span>.</p> +<p>Dans la partie suivante, nous étudions le logiciel Stylo à partir de l’écran comme interface d’échange de signes entre les deux protagonistes, utilisateur et machine, puis, en dépassant cette surface, et en nous dégageant du prisme essentialiste, nous démontrerons que les différents agents d’un environnement – principalement logiciels et humain – sont des dynamiques qui, lorsqu’elles sont agencées dans une configuration particulière, co-construisent l’écriture.</p> +<p>[détailler le prisme essentialiste en une phrase ou deux]</p> +<h2 id="une-médiation-par-lécrit">Une médiation par l’écrit</h2> +<h3 id="le-logiciel-comme-architexte">Le logiciel comme architexte</h3> +<p>[reunir peut etre ces deux sous-parties]</p> +<h3 id="larchitexte-derrière-lécran">L’architexte derrière l’écran</h3> +<h3 id="la-page-est-un-doudou">La page est un doudou</h3> +<h3 id="le-logiciel-est-une-médiation">Le logiciel est une médiation</h3> +<h3 id="les-formats-déterminent-la-sémantique-du-texte">Les formats déterminent la sémantique du texte</h3> +<h3 id="co-écriture-entre-les-agents">Co-écriture entre les agents</h3> +<ul> +<li>mettre les différentes représentation du texte et les traces qu’elles laissent</li> +</ul> +<h3 id="la-déprise-en-main-du-texte">La déprise en main du texte</h3> +<ul> +<li>inclure les formats pivots de Stylo</li> +</ul> +<h2 class="unnumbered" id="bibliographie">Bibliographie</h2> <div id="refs" class="references csl-bib-body hanging-indent" data-line-spacing="2" role="list"> <div id="ref-kittler_gramophone_2018" class="csl-entry" role="listitem"> Kittler, F. (2018). <em><span>Gramophone, Film, Typewriter</span></em>. PRESSES DU REEL. @@ -86,6 +155,9 @@ Kittler, F. (2018). <em><span>Gramophone, Film, Typewriter</span></em>. PRESSES <div id="ref-kittler_mode_2015" class="csl-entry" role="listitem"> Kittler, F. A. (2015). <em><span>Mode prot<span>é</span>g<span>é</span></span></em>. Les Presses du r<span>é</span>el. </div> +<div id="ref-mcluhan_pour_1977" class="csl-entry" role="listitem"> +McLuhan, M. (1977). <em><span>Pour comprendre les m<span>é</span>dias</span></em>. Points. +</div> <div id="ref-merzeau_editorialisation_2013" class="csl-entry" role="listitem"> Merzeau, L. (2013). <span>É</span>ditorialisation Collaborative d’un <span>É</span>v<span>é</span>nement. <em>Communication et organisation</em>, <em>43</em>, 105‑122. <a href="https://doi.org/10.4000/communicationorganisation.4158">https://doi.org/10.4000/communicationorganisation.4158</a> </div> @@ -105,6 +177,13 @@ Vitali-Rosati, M. (2018). <em>On <span>Editorialization</span>: <span>Structurin <li id="fn1"><p>À chaque fois que nous ferons référence à l’écriture, il faudra la comprendre comme l’écriture scientifique en environnement numérique sauf mention différente.<a href="#fnref1" class="footnote-back" role="doc-backlink">↩︎</a></p></li> <li id="fn2"><p>C’est par exemple le cas de la machine à écrire Valentine conçue en 1968 par le célèbre designer Ettore Sottsass, machine qui est devenue le produit emblématique de l’entreprise Olivetti lors de sa commercialisation en 1969. Comme nous le verrons plus loin, lors des mêmes années aux États-Unis, le président Johnson déclara qu’à l’échelle fédérale les ordinateurs doivent être compatibles avec la norme ASCII.<a href="#fnref2" class="footnote-back" role="doc-backlink">↩︎</a></p></li> <li id="fn3"><p>Cette machine a été conçue par Mario Bellini pour Olivetti en 1987, voir https://www.moma.org/collection/works/3641 site consulté le 21 février 2024.<a href="#fnref3" class="footnote-back" role="doc-backlink">↩︎</a></p></li> +<li id="fn4"><p>Un autre logiciel comme <code>TeX</code> développé en 1984 par Donald Knuth tente de résoudre ce problème de la mise en page selon une approche WYSIWYM alors que la tendance est plutôt aux interfaces WYSIWYG<a href="#fnref4" class="footnote-back" role="doc-backlink">↩︎</a></p></li> +<li id="fn5"><p>La première loi de Moore est relative à l’évolution des processeurs dans le temps et stipule que le nombre de transistors présents dans les processeurs doublera tous les dix-huit mois pour un coût constant.<a href="#fnref5" class="footnote-back" role="doc-backlink">↩︎</a></p></li> +<li id="fn6"><p>Voir la page web correspondante sur le site de l’entreprise Intel, consulté le 16 février 2024 : https://www.intel.fr/content/www/fr/fr/history/museum-story-of-intel-4004.html.<a href="#fnref6" class="footnote-back" role="doc-backlink">↩︎</a></p></li> +<li id="fn7"><p>Système élémentaire d’entrée sortie<a href="#fnref7" class="footnote-back" role="doc-backlink">↩︎</a></p></li> +<li id="fn8"><p>Voir le site web de Libreboot : https://libreboot.org/, consulté le 03 avril 2024.<a href="#fnref8" class="footnote-back" role="doc-backlink">↩︎</a></p></li> +<li id="fn9"><p>Voir le site web de Coreboot : https://www.coreboot.org/, consulté le 03 avril 2024.<a href="#fnref9" class="footnote-back" role="doc-backlink">↩︎</a></p></li> +<li id="fn10"><p>Des informations sur ce sujet sont disponibles à cette adresse sur le site web de libreboot : https://libreboot.org/faq.html#what-systems-are-compatible-with-libreboot ou dans la documentation des matériels d’Intel : https://www.intel.com/content/www/us/en/search.html?ws=idsa-default#q=boot%20guard&sort=relevancy&f:<span class="citation" data-cites="tabfilter">(<strong>tabfilter?</strong>)</span>=[Developers], consultés le 03 avril 2024.<a href="#fnref10" class="footnote-back" role="doc-backlink">↩︎</a></p></li> </ol> </section> </div> diff --git a/docs/posts/2024-05-11-amelioration-definition-intimite-du-chercheur.html b/docs/posts/2024-05-11-amelioration-definition-intimite-du-chercheur.html index 95ed204..067cd9b 100644 --- a/docs/posts/2024-05-11-amelioration-definition-intimite-du-chercheur.html +++ b/docs/posts/2024-05-11-amelioration-definition-intimite-du-chercheur.html @@ -58,9 +58,9 @@ </header> <div class="content"> <h2 id="introduction">Introduction</h2> -<p>L’intime ici mobilisé porte spécifiquement sur l’intimité des chercheurs telle que celle-ci est produite par le processus d’édition scientifique dans un environnement numérique. C’est un processus que l’on peut délimiter entre deux actes, celui de la création du document source et celui de la publication du document source une fois que de multiples transformations lui sont opérées.</p> -<p>Ainsi, le postulat initial sur lequel cette recherche s’appuie est celui de la figure du chercheur comme constituée d’écritures puisque le parcours de recherche en est jalonné de toutes sortes : des ensembles de textes d’abord sous forme de mémoire et de thèse, des diplômes ou des qualifications, puis des articles et des monographies, des demandes de subvention, des carnets, des conférences, un curriculum vitae, des lettres, des compte-rendus, des observations, des découvertes, des analyses, des posts sur les réseaux sociaux ou encore des billets de blog, des courriels, etc. Cette figure sociale est un corps de textes mû par l’écriture et possède un noyau : l’intime. Plusieurs formats d’écritures savantes numériques viennent d’être nommés, ils constituent cependant un champ très vaste et plusieurs objets de recherche qui ne pourront pas tous être couverts. L’ensemble nommé « écritures savantes » représente la totalité des écritures qui peuvent être rattachées à une figure sociale (celle du savant). Parmi toutes les écritures savantes se trouvent les publications scientifiques. Ces publications sont un sous-ensemble sur lequel nous nous focaliserons pour notre recherche, et nous exclurons les autres.</p> +<p>Le postulat initial sur lequel cette recherche s’appuie est celui de la figure du chercheur comme constituée d’écritures puisque le parcours de recherche en est jalonné de toutes sortes : des ensembles de textes d’abord sous forme de mémoire et de thèse, des diplômes ou des qualifications, puis des articles et des monographies, des demandes de subvention, des carnets, des conférences, un curriculum vitae, des lettres, des compte-rendus, des observations, des découvertes, des analyses, des posts sur les réseaux sociaux ou encore des billets de blog, des courriels, etc. Cette figure sociale est un corps de textes mû par l’écriture et possède un noyau : l’intime. Plusieurs formats d’écritures savantes numériques viennent d’être nommés, ils constituent cependant un champ très vaste et plusieurs objets de recherche qui ne pourront pas tous être couverts. L’ensemble nommé « écritures savantes » représente la totalité des écritures qui peuvent être rattachées à une figure sociale (celle du savant). Parmi toutes les écritures savantes se trouvent les publications scientifiques. Ces publications sont un sous-ensemble sur lequel nous nous focaliserons pour notre recherche, et nous exclurons les autres.</p> <p><strong>Dans cette recherche est étudiée l’intimité telle qu’elle est produite par les publications scientifiques.</strong></p> +<p>L’intime ici mobilisé porte spécifiquement sur l’intimité des chercheurs telle que celle-ci est produite par le processus d’édition scientifique dans un environnement numérique. C’est un processus que l’on peut délimiter entre deux actes, celui de la création du document source et celui de la publication du document source une fois que de multiples transformations lui sont opérées.</p> <p>Néanmoins, l’établissement d’un lien entre la notion qu’est l’intime et les productions académiques n’est pas inné et nécessite d’être expliqué. Ce chapitre a donc pour objectif de définir ce que nous nommons intimité du chercheur. Afin de la caractériser, nous découpons ce chapitre en deux parties. Lors de la première partie, nous présentons l’histoire de l’intime, dont les origines remontent au début de notre ère entre la fin de la période hellénistique et le début de l’expansion du christiannisme, et portent en elle les héritages culturels, notamment stoïciens [hadot] et chrétiens [simonet-tenant], ainsi que de multiples acceptions qui la rendent de prime abord difficile à saisir. Que l’intime signifie confession religieuse, confidence à un ami, relation à l’autre (familiale, amicale ou amoureuse) ou encore rapport à soi, à son corps et à sa sexualité [montemont], nous englobons ces différentes acceptions sous la définition suivante : <strong>l’intime désigne des rapports et des liens à soi et à l’autre (Jullien, 2013) rendus accessibles par le truchement d’objets ou d’espaces</strong>. Malgré son aspect très générique, cette définition permet de mettre en évidence le caractère insaisissable et paradoxal de l’intime de par la tension qu’il y a entre la définition de l’intime en tant que relation immatérielle et la définition de l’intime en tant que « conquête d’un espace » <span class="citation" data-cites="simonet-tenant_pour_2020">(Simonet-Tenant, 2020)</span>, c’est-à-dire un lieu ou un objet pourvu d’une matérialité.</p> <p>Plutôt que de résoudre ce paradoxe, une deuxième partie est dédiée à y échapper grâce à un renversement de paradigme où l’individu n’est plus au centre de l’intime au profit du medium qui jusque-là en était seulement le support.</p> <p>[parler des traces de l’intime, de leur matérialité et indicialité et grâce à elle, nous pouvons définir l’intimité du chercheur]</p> |