summaryrefslogtreecommitdiff
path: root/docs
diff options
context:
space:
mode:
Diffstat (limited to 'docs')
-rw-r--r--docs/posts/2024-05-06-la-saisie-du-texte-dans-un-nouveau-document.html43
1 files changed, 42 insertions, 1 deletions
diff --git a/docs/posts/2024-05-06-la-saisie-du-texte-dans-un-nouveau-document.html b/docs/posts/2024-05-06-la-saisie-du-texte-dans-un-nouveau-document.html
index 7214317..62f6d86 100644
--- a/docs/posts/2024-05-06-la-saisie-du-texte-dans-un-nouveau-document.html
+++ b/docs/posts/2024-05-06-la-saisie-du-texte-dans-un-nouveau-document.html
@@ -45,7 +45,48 @@
</header>
<div class="content">
<h2 id="introduction">Introduction</h2>
-<p>Toutes les publications scientifiques naissent de la création d’un nouveau document qui servira de support au texte….</p>
+<p>Lors du chapitre précédent, nous avons défini l’<em>intimité du chercheur</em> comme le résultat produit par les écrits savants, parmi lesquels nous retrouvons les publications scientifiques qui sont l’objet de notre recherche. Ces publications scientifiques peuvent être assimilées à des documents numériques, soit un espace délimité dans lequel sont organisées des informations selon des normes établies par les impératifs technologiques d’une chaîne éditoriale, par exemple avec des protocoles de communication des documents ou encore des formats. Dans cette chaîne, la réalisation d’un document nécessite ainsi des interactions entre une multitude d’agents, qu’ils soient numériques ou humains, pour advenir. À chacune des étapes de sa constitution, ces interactions entre les agents laissent des traces à l’intérieur du document que nous considérons comme des traces de cette intimité du chercheur. Ces traces sont des indices d’une intimité passée et donc de la matérialité de cette dernière.</p>
+<p>Avec ce chapitre, nous commençons à détailler la relation qu’entretiennent un auteur et un ordinateur dans l’acte d’écriture scientifique dans un environnement numérique<a href="#fn1" class="footnote-ref" id="fnref1" role="doc-noteref"><sup>1</sup></a>.</p>
+<p>Ce dispositif que nous venons de décrire fait écho aux théories de l’éditorialisation <span class="citation" data-cites="vitali-rosati_editorialization_2018">(Vitali-Rosati, 2018)</span> et de l’énonciation éditoriale <span class="citation" data-cites="souchier_image_1998">(Souchier, 1998)</span>. Ainsi, cette écriture numérique n’est plus définie en tant que fruit d’une seule fonction auctoriale, mais l’est par un ensemble de fonctions éditoriales dont la fonction auctoriale fait partie.</p>
+<p>Selon ce dispositif, et puisque notre hypothèse positionne l’intime en tant que produit de l’écriture, nous pouvons nous demander quelle est la contribution de l’environnement d’écriture à cet intime lors de la saisie d’un nouveau document.</p>
+<p>Ainsi, parmi toutes les fonctions éditoriales que l’on pourrait énumérer, nous nous intéressons dans ce chapitre à la saisie d’un texte et à l’environnement support <span class="citation" data-cites="zacklad_organisation_2012">(<strong>zacklad_organisation_2012?</strong>)</span> dans lequel il s’inscrit.</p>
+<p>Une première partie sera dédiée à montrer les rouages de l’écriture numérique en mettant en lumière le système de communication entre humain et machine à l’aide des logiciels se trouvant à l’interface entre les deux.</p>
+<p>Nous nous appuyons sur les particularités de l’écriture numérique <span class="citation" data-cites="bouchardon_lecriture_2014 crozat_ecrire_2016 souchier_numerique_2019">(Souchier, 2019; <strong>bouchardon_lecriture_2014?</strong>; <strong>crozat_ecrire_2016?</strong>)</span> et sur le fonctionnement de la machine pour illustrer, dans une deuxième partie, le rôle de médiation joué par les logiciels – entendu comme une suite d’instructions écrites – entre la saisie du texte au clavier et les traitements appliqués à ces informations, jusqu’à leur stockage dans une mémoire informatique.</p>
+<p>Tandis que chaque environnement a ses propres modalités d’écriture que nous ne pouvons pas toutes énumérer, nous étudions dans la deuxième partie de ce chapitre l’éditeur de texte sémantique Stylo et les différentes représentations du texte qu’il génère. Ces représentations intermédiaires circulent entre les espaces de Stylo – client et serveur – par différents canaux et protocoles pour former, à travers une série de documents produits, une dynamique constitutive du sens de l’écriture <span class="citation" data-cites="merzeau_editorialisation_2013">(Merzeau, 2013)</span> propre à cet environnement.</p>
+<p>Stylo est un éditeur de texte sémantique en ligne développé pour l’édition savante en sciences humaines et sociales (SHS) et en lettres. Stylo est autant un projet de recherche qu’un outil d’écriture et d’édition, qui entend poser une question décisive : qu’est-ce qu’écrire en environnement numérique en SHS ?</p>
+<p>C’est un outil libre et <em>open source</em> conçu en 2017 par la Chaire de recherche du Canada sur les écritures numériques (CRCEN) <span class="citation" data-cites="vitali-rosati_ecrire_2020">(<strong>vitali-rosati_ecrire_2020?</strong>)</span>, et soutenu depuis 2020 par les Très grande infrastructure de recherche Huma-Num. Guillaume Grossetie et Thomas Parisot, tous deux développeurs, maintiennent et développent l’infrastructure technique de Stylo avec la CRCEN depuis plusieurs années, équipe dans laquelle je suis fortement impliqué depuis le début de l’année 2022.</p>
+<p>Stylo a pour objectif de transformer le flux de travail numérique des revues savantes en SHS. En tant qu’éditeur de texte sémantique WYSIWYM, il vise à améliorer la chaîne de publication académique <span class="citation" data-cites="kembellec_lerudition_2020">(<strong>kembellec_lerudition_2020?</strong>)</span>, tout en invitant à une réflexion théorique et pratique sur nos façons d’écrire et d’éditer.</p>
+<p>Prendre le contrôle de son propre texte, voilà ce que permet aujourd’hui Stylo à travers plusieurs fonctionnalités fondatrices ou toutes nouvelles – depuis la version 3.0 – qui s’inscrivent dans le domaine des technologies de l’édition numérique <span class="citation" data-cites="blanc_technologies_2018">(<strong>blanc_technologies_2018?</strong>)</span> : balisage du texte pour une structure sémantique fine, import de données bibliographiques structurées depuis l’application Zotero, mot-clés contrôlés depuis plusieurs ontologies, prévisualisation avec la possibilité d’annoter avec Hypothesis, génération de plusieurs formats (HTML, PDF, XML ou DOCX), export respectant les standards de l’édition scientifique, fonctions avancées de rechercher-remplacer, édition collaborative simultanée, accès aux données via une API GraphQL, etc. Contrairement aux outils de traitement de texte tels que Microsoft Word ou LibreOffice, Stylo cherche à promouvoir et à encourager l’utilisation de standards ouverts.</p>
+<p>Au coeur de Stylo ce sont donc les formats de balisage Markdown, de sérialisation de données YAML ou encore de structuration de références bibliographiques BibTeX qui offrent la possibilité de produire plusieurs formats de sortie depuis une source unique. Stylo suit donc le principe de <em>single source publishing</em> <span class="citation" data-cites="fauchie_fabriquer_2024">(<strong>fauchie_fabriquer_2024?</strong>)</span>. Pandoc, le « couteau suisse de l’édition », génère les formats de sortie PDF (avec l’aide de LaTeX), HTML, XML-TEI ou encore DOCX.</p>
+<p>Le choix d’étudier Stylo comme terrain pour cette recherche découle de plusieurs raisons. Tout d’abord, il s’agit d’un éditeur moderne construit avec les technologies du Web les plus récentes. Cet environnement Web suscite un certain engouement auprès des utilisateurs, notamment pour sa capacité à offrir un espace de travail collaboratif en temps réel leur permettant d’écrire à plusieurs dans cet espace. La deuxième raison qui fait de Stylo un terrain opportun est l’accessiblité de son code source. Contrairement à d’autres éditeurs propriétaires comme l’est GoogleDoc, la totalité du code de Stylo est disponible en ligne, ce qui est indispensable pour notre étude. Enfin, le fait d’être impliqué dans les développements de Stylo depuis plus de deux ans m’offre une position privilégiée pour étudier cet éditeur puisque j’ai accès aux différentes phases de tests des développements, me permettant ainsi d’observer le comportement des nouvelles fonctionnalités et de les modifier. Grâce à cette position, j’ai également un accès direct à la communauté d’utilisateurs, s’élevant à un peu plus de 6000 personnes fin 2023 pour plus de 40000 documents différents.<br />
+Du fait de mon implication dans Stylo, le regard que je porte sur ce terrain n’est pas neutre et relève d’une forme de recherche-action [ajouter une référence].</p>
+<p>Alors que chaque signe et chaque trace inscrite <span class="citation" data-cites="christin__1999 vitali-rosati__2020">(<strong>christin__1999?</strong>; <strong>vitali-rosati__2020?</strong>)</span> dans l’éditeur de texte Stylo incarne cette tension <em>entre</em> l’utilisateur et la machine, dont les différences de langage – naturel et machine – rend a priori toute communication directe impossible, nous analysons les différents modes de communication des informations dans Stylo pour suivre les traces de l’intime qui y circulent. Pour en découvrir plus sur cet <em>entre</em>, nous étudions cette distance à partir de la méthode employée par le théoricien des médias F. Kittler <span class="citation" data-cites="kittler_mode_2015 kittler_gramophone_2018">(F. Kittler, 2018; 2015)</span>, qui s’appuie sur la description du fonctionnement de la machine à écrire et de l’ordinateur afin de comprendre leur implication, en tant que média, dans le phénomène qu’est l’écriture. Cette méthode implique de comprendre les comportements et les fonctionnements techniques des composants à l’oeuvre dans la machine, et cela qu’ils relèvent du matériel ou du logiciel. En conséquence, nous mobilisons de la documentation technique pour étayer notre propos et pour analyser les traces qui nous intéressent.</p>
+<div id="refs" class="references csl-bib-body hanging-indent" data-line-spacing="2" role="list">
+<div id="ref-kittler_gramophone_2018" class="csl-entry" role="listitem">
+Kittler, F. (2018). <em><span>Gramophone, Film, Typewriter</span></em>. PRESSES DU REEL.
+</div>
+<div id="ref-kittler_mode_2015" class="csl-entry" role="listitem">
+Kittler, F. A. (2015). <em><span>Mode prot<span>é</span>g<span>é</span></span></em>. Les Presses du r<span>é</span>el.
+</div>
+<div id="ref-merzeau_editorialisation_2013" class="csl-entry" role="listitem">
+Merzeau, L. (2013). <span>É</span>ditorialisation Collaborative d’un <span>É</span>v<span>é</span>nement. <em>Communication et organisation</em>, <em>43</em>, 105‑122. <a href="https://doi.org/10.4000/communicationorganisation.4158">https://doi.org/10.4000/communicationorganisation.4158</a>
+</div>
+<div id="ref-souchier_image_1998" class="csl-entry" role="listitem">
+Souchier, E. (1998). <span>L’image du texte pour une th<span>é</span>orie de l’<span>é</span>nonciation <span>é</span>ditoriale</span>. <em>Les cahiers de m<span>é</span>diologie</em>, <em>6</em>(2), 137‑145. <a href="https://doi.org/10.3917/cdm.006.0137">https://doi.org/10.3917/cdm.006.0137</a>
+</div>
+<div id="ref-souchier_numerique_2019" class="csl-entry" role="listitem">
+Souchier, E. (2019). <em><span>Le Num<span>é</span>rique Comme <span>É</span>criture</span></em>. Colin.
+</div>
+<div id="ref-vitali-rosati_editorialization_2018" class="csl-entry" role="listitem">
+Vitali-Rosati, M. (2018). <em>On <span>Editorialization</span>: <span>Structuring Space</span> and <span>Authority</span> in the <span>Digital Age</span></em>. Institute of Network Cultures.
+</div>
+</div>
+<section id="footnotes" class="footnotes footnotes-end-of-document" role="doc-endnotes">
+<hr />
+<ol>
+<li id="fn1"><p>À chaque fois que nous ferons référence à l’écriture, il faudra la comprendre comme l’écriture scientifique en environnement numérique sauf mention différente.<a href="#fnref1" class="footnote-back" role="doc-backlink">↩︎</a></p></li>
+</ol>
+</section>
</div>
</div>
<footer>