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<li><a href="/pages/publications.html">Publications & Communications</a></li>
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<li class="right"><a href="/index-cache.html"></a></li>
</ul>
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<nav class="toc">
<ul>
<li><a href="#introduction" id="toc-introduction">Introduction</a></li>
-<li><a href="#limportance-du-document-dans-les-pratiques-décriture" id="toc-limportance-du-document-dans-les-pratiques-décriture">L’importance du document dans les pratiques d’écriture</a></li>
+<li><a href="#historique-des-publications-savantes" id="toc-historique-des-publications-savantes">Historique des publications savantes</a></li>
<li><a href="#le-document-numérique-au-prisme-de-la-théorie-des-médias" id="toc-le-document-numérique-au-prisme-de-la-théorie-des-médias">Le document numérique au prisme de la théorie des médias</a></li>
<li><a href="#conclusion" id="toc-conclusion">Conclusion</a></li>
</ul>
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</ul>
<hr />
<h2 id="introduction">Introduction</h2>
-<p>L’objet qu’est la publication scientifique désigne communément un ensemble d’artefacts que l’on réunit sous cette appellation parce qu’elle caracérise une modalité de communication et de diffusion des travaux menés par les acteurs de la recherche. Parmi ces artefacts, les plus communs sont les ouvrages collectifs, les monographies, les revues, les actes liés à des événements scientifiques (colloque, journée d’étude, etc.), les thèses ou encore les mémoires. Malgré le fait que leur nature soit différente pour chacun d’entre eux, tous ces artefacts ont une particularité commune qui nous permet de les regrouper. Ce qui les relie ne se trouve pas à l’intérieur même de ces documents mais dans le processus de fabrication ces derniers. Les publications scientifiques regroupent une diversité d’artefacts parce qu’elles font l’objet d’un traitement qui leur est propre : la relecture par les pairs. C’est un fait remarquable puisque, pour cette catégorie contrairement à d’autres, les artefacts ne sont pas indexés selon une composante qui permettrait de décrire le type d’artefact dont il s’agit mais le sont d’une part par un gage de qualité du contenu qui a été validé par les pairs en amont de la publication et d’autres parts, le sont par une forme de reconnaissance sociale puisque l’objet en question sera probablement repris et/ou cité par d’autres membres de la communauté concernée.</p>
-<p>Tandis que le texte scientifique est l’élément qui fait l’objet de cette relecture attentive de la part des pairs, nous nous intéressons à un autre aspect de ces artefacts qui nous permettrait de tous les désigner sans avoir à définir toutes leurs propriétés, il s’agit de la notion de document.</p>
-<p>Un document, dans son sens le plus large et le plus simple, est défini par l’équation <span class="citation" data-cites="pedauque_document_2003 pedauque_document_2006">(Pédauque, 2003, 2006)</span> :</p>
+<p>L’objet qu’est la publication scientifique désigne communément un ensemble d’artefacts que l’on réunit sous cette appellation parce qu’elle caractérise une modalité de communication et de diffusion des travaux menés par les acteurs de la recherche. Parmi ces artefacts, les plus communs sont les ouvrages collectifs, les monographies, les revues, les actes liés à des événements scientifiques (colloque, journée d’étude, etc.), les thèses ou encore les mémoires. Malgré le fait que leur nature soit différente, ces artefacts partagent une particularité qui nous permet de les regrouper. Ce qui les lie ensemble ne se trouve pas à l’intérieur de ces documents, mais dans le processus de fabrication ces derniers. Les publications scientifiques regroupent une diversité d’artefacts parce qu’elles font l’objet d’un traitement qui leur est propre : la relecture par les pairs. Cette étape de validation du contenu scientifique s’insère dans le processus éditorial de transformation du document primaire – le document envoyé par l’auteur – avant qu’il ne trouve sa forme définitive. Selon les commentaires des relecteurs, le texte peut à ce moment là être retouché par l’auteur. C’est un fait remarquable puisque, pour cette catégorie d’objets, contrairement à d’autres catégories déterminées par le medium et/ou par le genre littéraire du contenu textuel, les artefacts scientifiques ne sont pas indexés selon une composante qui permettrait de décrire le type d’artefact dont il s’agit mais le sont d’une part par un gage de qualité du contenu qui a été validé par les pairs en amont de la publication et d’autres parts, le sont par une forme de reconnaissance sociale puisque l’objet en question sera probablement repris et/ou cité par d’autres membres de la communauté concernée. Cela veut dit qu’un document écrit et publié par un chercheur ne relève pas de la catégorie <em>publication scientifique</em> dès lors qu’il n’est pas relu par les pairs. Ce fait n’est pas forcément partagé par toute la communauté scientifique, mais il a le mérite de mieux définir notre objet d’étude et d’écarter d’autres types d’écrits savants tels que les blogs, les carnets, les publications sur les réseaux sociaux, etc.</p>
+<p>Tandis que le texte scientifique est l’élément qui fait l’objet de cette relecture attentive de la part des pairs, nous nous intéressons à un autre aspect de ces artefacts qui nous permettrait de tous les désigner sans avoir à définir tolimiterutes leurs propriétés, il s’agit de la notion de document. Un livre pourrait être désigné par son format, le type de reliure employée ou le type de papier qui le compose, il en va tout autant pour les revues et les autres objets, d’autant plus si l’on doit prendre en considération leur pendant numérique, sans qu’on puisse les circonscrire complètement. Le terme de document quant à lui a cette particularité d’être un peu vague et un peu flou. Il a quelque chose qui tient du mot-valise et du fourre-tout. Il désigne tour à tour des livres, des papiers administratifs, des papiers médicaux, des documents numériques, des revues, des cartes postales, des antilopes (certaines seulement), des images ou des objets selon le contexte dans lequel ils sont exposés, etc. C’est un mot que l’on utilise au quotidien et grâce auquel on peut désigner tout un ensemble de choses sans pour autant s’encombrer d’une définition précise du document. Un document, dans son sens le plus large et le plus simple, est défini par l’équation <span class="citation" data-cites="pedauque_document_2003 pedauque_document_2006">(Pédauque, 2003, 2006)</span> :</p>
<p><span class="math display"><em>D</em><em>o</em><em>c</em><em>u</em><em>m</em><em>e</em><em>n</em><em>t</em> = <em>S</em><em>u</em><em>p</em><em>p</em><em>o</em><em>r</em><em>t</em> + <em>I</em><em>n</em><em>s</em><em>c</em><em>r</em><em>i</em><em>p</em><em>t</em><em>i</em><em>o</em><em>n</em></span></p>
-<p>Le texte et les théories qui s’y rapportent fondent leur épistémologie autour du signe <span class="citation" data-cites="barthes">(<strong>barthes?</strong>)</span>. Lorsqu’il s’agit d’étudier un texte, que l’on vienne de la sémiologie, de la philologie ou de la génétique des textes, ce sont les unités sémiotiques, les mots et autres agencements de signes qui constituent l’objet étudié. Cependant, cette perspective ne permet pas de rendre compte de ce que pourrait être une épistémologie du document.</p>
+<p>Cette brève définition nous permet de distinguer le texte (ici compris comme l’inscription) du document. Ce sont deux éléments qui parfois, par abus de langage, sont considérés en tant que synonymes, alors que dans cette recherche ils renvoient bien à deux éléments distincts. Le texte et les théories qui s’y rapportent fondent leur épistémologie autour du signe <span class="citation" data-cites="barthes">(<strong>barthes?</strong>)</span>. Lorsqu’il s’agit d’étudier un texte, que l’on vienne de la sémiologie, de la philologie ou de la génétique des textes, ce sont les unités sémiotiques, les mots et autres agencements de signes qui constituent l’objet étudié. Cependant, cette perspective ne permet pas de rendre compte de ce que pourrait être une épistémologie du document.</p>
<p>Les conditions de rédaction d’un texte sur une stèle, un post-it, une ardoise, du papier ou de la silice ne sera pas composé dans Les conditions de l’établissement d’un document durant l’Antiquité ne sont pas comparables aux conditions que l’on connait au 21<sup>e</sup> siècle avec le numérique. En ce sens</p>
<p>Un document … puis un document numérique <span class="citation" data-cites="pedauque">(<strong>zacklad?</strong>)</span>…</p>
<p>Afin de pouvoir</p>
-<h2 id="limportance-du-document-dans-les-pratiques-décriture">L’importance du document dans les pratiques d’écriture</h2>
+<h2 id="historique-des-publications-savantes">Historique des publications savantes</h2>
<p>À l’instar de Barthes pour qui la centralité du signe dans le texte remonte à l’époque des stoïciens, nous proposons d’introduire le lien entre pratique d’écriture et érudition à partir des travaux de Pierre Hadot sur la philosophie antique.</p>
<p>Dans son ouvrage <em>Exercices spirituels et philosophie antique</em>, P. Hadot décrit ce qu’était la philosophie antique durant l’apogée de la civilisation grecque que l’on peut situer à partir de la période des présocratiques (environ 700 av. JC) jusqu’à la fin de la période hellénistique (31 av. JC.). Durant cette période, la philosophie n’était pas seulement un exercice de pensée pour répondre aux questions sur l’existence de l’être et son rapport au monde, mais était un mode de vie qui se pratiquait au quotidien. Elle était pratiquée par celles et ceux qui aimait et désirait la Sagesse. L’objectif n’était pas d’atteindre cette sagesse, car elle est l’apanage des dieux, mais d’en frayer la voie pour s’en rapprocher. Les philosophes de l’antiquité, à la différence de leurs contemporains spécialistes du savoir, les sophistes, modifiaient ainsi leur façon de vivre et l’accordaient à un système de valeurs vertueuses aligné sur les préceptes de l’école ou du courant philosophique auquel ils étaient rattachés. La philosophie pratiquée par les anciens était plus qu’un mode de pensée, elle était une « manière d’être » <span class="citation" data-cites="hadot_exercices_2002">(Hadot, 2002, p. 77)</span>. Afin de parcourir ce chemin vertueux, les différentes écoles et courants ont mis au point des séries d’exercices spirituels que le philosophe pratiquait au quotidien.</p>
<p>L’étymologie de ces exercices est strictement identique à celle de l’ascèse chrétienne : <em>askesis</em>. Les deux termes ont une origine commune mais une signification bien différente. À ce propos, P. Hadot nous met en garde quant à la confusion possible entre ces deux <em>askesis</em>. L’<em>askesis</em> chrétienne se rapproche de la définition contemporaine du terme, c’est-à-dire de l’abstinence ou de la restriction de nourriture, de boisson, de relation sexuelle, etc. ; alors que l’<em>askesis</em> grecque ne renvoie qu’aux exercices spirituels que nous avons mentionnés, qualifiés comme étant « une activité intérieure de la pensée et de la volonté » <span class="citation" data-cites="hadot_exercices_2002">(Hadot, 2002, p. 78)</span>. La philosophie antique, à travers l’<em>askesis</em>, agit comme une « thérapeutique des passions » <span class="citation" data-cites="hadot_exercices_2002">(Hadot, 2002, p. 22)</span>. Une pratique assidue permet de se dépouiller de ces dernières et d’opérer une objectivation du monde débarassée des perceptions subjectives et des affects. « L’intériorisation [réalisée à travers cette vie ascétique] est dépassement de soi et universalisation » <span class="citation" data-cites="hadot_exercices_2002">(Hadot, 2002, p. 330)</span>, notamment chez les épicuriens et les stoïciens. En somme, lorsque le philosophe entreprend son parcours, il en vient à se détacher de sa condition humaine et, par un mouvement d’extériorisation, développe une « nouvelle manière d’être-au-monde […] qui consiste a prendre conscience de soi comme partie de la Nature » <span class="citation" data-cites="hadot_exercices_2002">(Hadot, 2002, p. 330)</span>.</p>
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</ol>
<p>Le document est un objet délicat à définir tant il revêt des formes différentes. C’est certainement lié au fait que l’emploi du terme <em>document</em> désigne une multitude d’objets que nous manipulons au quotidien dans différents lieux et espaces sociaux, que ce soit sur le lieu de travail, à l’école ou à l’université, dans des administrations publiques ou encore chez soi. Un document peut très bien prendre l’apparence d’un formulaire administratif laissé sur le coin d’un bureau ou un livre bien ordonné sur une étagère d’une bibliothèque ou encore une photographie stockée dans les locaux des Archives nationales. La notion de document est finalement un terme très générique que l’on a du mal à circonscrire du fait qu’il puisse désigner autant d’objets divers.</p>
<p>D’un point de vue étymologique, le <em>Gaffiot</em> nous indique que <em>documentum</em> signifie « exemple, modèle, leçon, enseignement, démonstration », définition qui ne fait pas forcément référence à un support de l’information alors que dans son acception plus contemporaine l’on désigne un document par celui-ci.</p>
-<p>Les travaux de Paul Otlet Les travaux de Suzanne Briet</p>
+<p>Les travaux de Paul Otlet</p>
+<blockquote>
+<ol type="1">
+<li>Livre (Biblion ou Document ou Gramme) est le terme conventionnel employé ici pour exprimer toute espèce de documents. Il comprend non seulement le livre proprement dit, manuscrit ou imprimé, mais les revues, les journaux, les écrits et reproductions graphiques de toute espèce, dessins, gravures, cartes schémas, diagrammes, photographies, etc. La Documentation au sens large du terme comprend : Livre, éléments servant à indiquer ou reproduire une pensée envisagée sous n’importe quelle forme.</li>
+<li>Le Livre ainsi entendu présente un double aspect : a) il est au premier chef une oeuvre de l’homme, le résultat de son travail intellectuel ; b) mais, multiplié à de nombreux exemplaires, il se présente aussi comme l’un des multiples objets créés par la civilisation et susceptible d’agir sur elle ; c’est le propre de tout objet ayant caractère corporel et agencé techniquement.</li>
+</ol>
+<ul>
+<li>Otlet, p.9</li>
+</ul>
+</blockquote>
+<blockquote>
+<ol type="1">
+<li>Qu’est-ce qui dans le Livre lui est propre, qu’est-ce qui est proprement bibliographique ? On a déjà dit la distinction entre : a) la Réalité objective, b) la Pensée subjective ou l’état de conscience provoqué ou le moi par la réalité, c) la Pensée objective qui est l’effort de la réflexion combinée et collective sur ces données premières jusqu’à la science impersonnelle et totale, d) la Langue, instrument collectif de l’expression de la Pensée. Collection totale, tout livre contient ces quatre éléments associés concrètement en lui-même et que, par abstraction seulement, il est possible de dissocier et d’étudier à part. Ce qui est propre au livre, c’est le cinquième élément : la pensée désormais fixée par l’écriture des mots ou l’image des choses, signes visibles, fixés sur un support matériel.</li>
+</ol>
+<ul>
+<li>Otlet, p.10</li>
+</ul>
+</blockquote>
+<p>Les travaux de Suzanne Briet (avec l’Antilope) - selon la typologie de Briet, les publications scientifiques sont des documents secondaires (par rapport à l’objet dont elles traitent qui sont le document principal).</p>
<p>Donker Duyvis :</p>
<blockquote>
<p>A document is the repository of an expressed thought. Consequently its contents have a spiritual character. The danger that blunt unification of the outer form exercises a repercussion on the contents in making the latter characterless and impersonal, is not illusory…. In standardizing the form and layout of documents it is necessary to restrict this activity to that which does not affect the spiritual contents and which serves to remove a really irrational variety. (Donker Duyvis, 1942. Translation from Voorhoeve, 1964, 48)</p>