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author | RochDLY <roch.delannay@gmail.com> | 2024-02-22 11:34:46 +0100 |
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Ajout billet écriture collective
Quelques détails pour introduire l'écriture numérique et ses caractéristiques.
Ajout aussi de quelques éléments sur la machine de Turing (à peaufiner).
Il faudrait également mettre les images des machines à écrire dans des notes en marge.
Voir pour ça le projet Tufte.
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Dans un cas comme dans l'autre ce qui défini finalement l'écriture est l'inscription dans la matière. ### Les particularités de l'écriture numérique -Crozat Bachimont Petit Bouchardon Kembellec Merzeau Vitali-Rosati Kittler - -- calculabilité -- la frappe sur le clavier est désacouplée de l'acte d'inscrire (si l'acte -d'inscrire défini l'écriture, c'est la machine qui écrit et pas l'auteur, mais -qu'écrit-elle ?) - -L'écriture numérique se distingue en premier lieu par sa caractéristique -computationnelle : elle est calculable (Crozat, Bouchardon, Petit, Kembellec. -Vitali-Rosati, Kittler, Bachimont, Merzeau). -Ce qui veut dire que, dans un environnement informatique, chaque signe que l'on -peut y inscrire à son pendant unique sous forme de _bits_. -Lorsque chaque caractère peut être identifié en tant que nombre, il devient -possible d'implémenter ce modèle dans une machine et de lui demander, sous forme -d'instructions, d'appliquer des calculs. -Exemple de Turing (cf machine de Turing). +Lorsqu'il s'agit de convoquer _l'écriture numérique_ nous pensons tout de suite +à un ordinateur, aux claviers, aux écrans et au pointeur qui clignote dans un +éditeur de texte ou dans le champ d'un formulaire en ligne. +Avec le numérique ubiquitaire (Citton), ces pratiques d'écriture sont ancrées +dans nos habitudes au point de ne plus les remettre en question (trouver la +ref). +Les dispositifs d'écriture analogique sont ainsi renvoyés à l'état de vestiges +archaïques : par exemple, les machines à écrire, fabriquées méticuleusement +par des ingénieurs et des designers et qui ont fait la fierté et la renommée de +certaines entreprises comme Olivetti en Italie, sont complètement désuètes et +inutilisées depuis une trentaine d'années. +Elles sont aujourd'hui exposées dans des musées (entre autres au MoMA et au +Centre Pompidou) et sont exhibées lors d'exposition en lien avec les designers +qui les ont conçues^[C'est par exemple le cas de la machine à écrire _Valentine_ +conçue en 1968 par un designer de renom, Ettore Sottsass, et devenue le produit +emblématique de l'entreprise Olivetti. Cette machine a été mise sur le marché en +1969 et est par la suite devenue un objet iconique de la pop culture. Comme nous +le verrons plus loin, les mêmes années aux États-Unis, le président Johnson +déclare qu'à l'échelle fédérale, les ordinateurs doivent être compatible avec la +norme ASCII.]. + +![Machine à écrire portative](https://www.photo.rmn.fr/CorexDoc/RMN/Media/TR1/YECPH3/07-521403.jpg "Machine à écrire portative") + +Crédits : © Adagp, Paris. Crédit photographique : Georges Meguerditchian - Centre +Pompidou, MNAM-CCI /Dist. RMN-GP. Réf. image : 4N40151. Diffusion image : +[l'Agence Photo de la RMN](https://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&IID=2C6NU0CU7GAD) + +![Publicité pour la machine à écrire Valentine](https://www.photo.rmn.fr/CorexDoc/RMN/Media/TR1/VYKH9X/13-519016.jpg "Publicité pour la machine à écrire Valentine") + +Crédits : © Adagp, Paris. Crédit photographique : Jean-Claude Planchet - Centre +Pompidou, MNAM-CCI /Dist. RMN-GP. Réf. image : 4F40212 [2003 CX 6098]. Diffusion +image : [l'Agence Photo de la RMN](https://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&IID=2C6NU0DWCD6W) + +Pourtant, les derniers modèles fabriqués par ces entreprises l'ont été dans les +années 1980 ou 1990, comme c'est le cas de l'ETP 55 Portable^[Cette machine a +été conçue par Mario Bellini pour Olivetti en 1987, site consulté le 21 février 2024 +https://www.moma.org/collection/works/3641]) et intégre dès la fin des années +1970 un fonctionnement électronique. +Les constructeurs ont opéré un changement de paradigme de l'analogique +vers le numérique à ce moment-là et suivi les innovations technologiques +informatiques. +Pour preuve, en 1983, Perry A. King et Antonio Macchi Cassia réussissent +à produire le premier ordinateur personnel d'Olivetti avec le M10 en adaptant un +clavier à un écran à cristaux liquide. +Cet ordinateur, équipé du processeur Intel 80C85 en 8-bits, pouvait également se +connecter à tout un ensemble de périphériques comme des imprimantes. + +![Photo d'un +M10](https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/0/0d/Sottsass05.JPG/120px-Sottsass05.JPG +"Photo d'un M10") + +Crédits : Photo trouvée sur [Wikipédia](https://en.wikipedia.org/wiki/Olivetti_computers#/media/File:Sottsass05.JPG) +le 22 février 2024. + + +Il faut se rappeler qu'au début des années 1980 il n'est pas encore certain que +l'ordinateur personnel (avec sa tour et son écran à tube cathodique) deviendra +l'outil d'écriture par excellence. +À cette époque, les machines à écrire ont encore quelques avantages sur les +plans esthétique, financier et elles sont encore implantées à la fois dans les +sphères professionnelles et personnelles. + +Matthew Kirschenbaum détaille dans son ouvrage (ref) la bataille entre les +fournisseurs de logiciels de traitement de texte durant cette décennie pour +obtenir en obtenir le monopole. +Avant l'avènement des interfaces graphiques, la seule chose affichée à l'écran +était un terminal et la navigation se faisait au moyen de commandes (rappeler +les premiers logiciels). +De plus, en dehors de logiciels plus complexe comme `TeX`, développé par Donald +Knuth, il n'était pas aisé de gérer la mise en page des documents depuis des +éditeurs de texte ou premiers traitements de texte. +Ainsi, écrire sur un support connecté paraît aujourd'hui être une évidence alors +qu'elle a demandé de lourds efforts à une époque où cette évidence était +incertaine. + +L'écriture numérique est ainsi à distinguer de l'écriture dans un environnement +numérique : un ordinateur, Internet, le Web, une calculatrice ou une +machine à écrire. +En tant qu'abstraction, l'écriture numérique est une représentation du monde +donnée, dont la qualification à travers un medium permet de l'incarner +physiquement mais pas de la circonscrire. +Cette représentation numérique du monde n'est pas nouvelle et ce n'est pas +l'ordinateur qui l'a apporté. +À notre connaissance, son origine remonte aux prémices de l'écriture et des +développements des systèmes monétaires, nous dit C. Herrenschmidt (2007). + +Dorénavant, lorsque nous ferons référence à l'écriture numérique nous parlerons +d'une écriture numérique dans un environnement informatique. -Le passage du signe à l'unité atomique et discrète qu'est le nombre signifie un +L'écriture numérique diffère d'une écriture plus traditionnelle (du monde +de l'imprimerie) et se distingue notamment par deux caractéristiques que sont la +calculabilité et la séparation du geste et de l'inscription. + +La première caractéristique est d'ordre computationnel : +l'écriture devient calculable et peut donc faire l'objet d'instructions (Crozat, +Bouchardon, Petit, Kembellec, Herrenschmidt, Vitali-Rosati, Kittler, Bachimont, +Merzeau). +Pour réaliser cette prouesse dans un environnement informatique, on procède a +une équivalence où chaque signe que l'on peut y inscrire à son pendant unique +sous forme de _bits_. +Lorsque chaque caractère peut être identifié en tant que nombre, il devient +possible d'implémenter ce modèle dans une machine et de lui demander, sous forme +d'instructions, d'appliquer des calculs. + +L'exemple idéal pour illustrer cette caractéristique n'est rien de moins que la +machine imaginée par Alan Turing, qu'il présente en 1936 dans son article "On +Computable Numbers, with an Application to the Entscheidungsproblem" dans la +section _Computing machines_. +Il ne s'agit pas d'une machine physique mais d'un modèle théorique, une machine +abstraite fondamentale pour les développements futurs de l'informatique. +Cette machine est constituée de plusieurs éléments : + +- un ruban (_tape_) divisé en sections (appelés _squares_) dont chacune peut +porter un symbole (0 ou 1 car cette machine est dans un système binaire). +- un organe de lecture (_scan_) pour lire les symboles un à un (_scanned square +and scanned symbol_) et d'écriture pour modifier un symbole ou en écrire une +nouveau si la section est vide +- une mémoire pour se rappeler des sections déjà scannées (_remember some of +the symbols which it has "seen" (scanned) previously_) +- des instructions pour se déplacer sur le ruban, soit une case vers la gauche +soit une case vers la droite, lire et écrire (_scan and print_) ou modifier +la case scannée et se redéplacer (ou s'arrêter). + +Théoriquement, le ruban sur lequel la machine exécute ses programmes est infini +vers la gauche et vers la droite et cela afin de permettre l'exécution des +instructions les plus complexes. +La machine de Turing ne s'intéresse pas aux résultats des instructions, ni à +leur signification. +L'espace de la machine, aussi vaste soit-il, n'est composé que de séries de 0 et +de 1 et de différents états, renvoyant à des instructions, permettant ainsi à la +machine de modifier son propre espace. + +Le passage du signe à l'unité atomique et discrète qu'est le chiffre signifie un changement de représentation du monde (cf _worldview_ de K. Hayles) : le monde -n'est plus signifié par des mots ou des concepts mais le devient par des +n'est alors plus signifié par des mots ou des concepts mais le devient par des chiffres. Comme McLuhan nous le rappelle dès 1964, les alphabets composés de lettres (contrairement à ceux composés de pictogrammes) sont asémantiques. @@ -82,15 +197,6 @@ lettres, des mots ou des concepts, des données dans un environnement donné. [ajouter une note sur le propos de Luca Paltrienieri] -L'écriture numérique est ainsi à distinguer de l'écriture dans un environnement -numérique donné : l'informatique. -Cette représentation numérique du monde n'est pas nouvelle et ce n'est pas -l'ordinateur qui l'a apporté. -À notre connaissance, son origine remonte aux prémices de l'écriture et des -développements des systèmes monétaires, nous dit C. Herrenschmidt (2007). - -Dorénavant, lorsque nous ferons référence à l'écriture numérique nous parlerons -d'une écriture numérique dans un environnement informatique. Deuxième caractéristique, l'écriture numérique se distingue également des autres types d'écriture parce qu'il s'agit de la première écriture où le geste d'écrire @@ -231,7 +337,6 @@ Afin de préserver cette compatiblité entre les normes, il est d'usage d'encode les 128 premiers caractères de façon identique à ASCII. - #### Fonctionnement du software (les différentes piles) Bios, OS, Logiciels, réseaux (protocoles HTTP, TCP/IP, IMAP, POP, REST, @@ -249,8 +354,11 @@ autre architecture propose un encodage différent] Ce que l'on remarque en regardant de près cette configuration de l'environnement d'écriture numérique est qu'il n'est pas possible d'écrire sur le disque dur sans un agent intermédiaire : le logiciel. -## L'architexte écrit dans le textes -### Définir l'architexte + +## L'architexte écrit dans le texte + +### Définition de l'architexte + Sans l'intervention du logiciel comme médiateur entre l'être humain et le support d'inscription de l'écriture numérique, il ne serait pas possible pour l'auteur d'écrire dans cet environnement. @@ -310,7 +418,6 @@ peut écrire mais surtout comment les signes à inscrire doivent être formatés Goody - ### L'architexte n'est pas qu'une surface [Revenir sur Christin et sa critique de Goody] @@ -565,6 +672,7 @@ L'affichage de l'écriture à l'écran respecte des conventions de lecture propr à une culture, elles n'est que rarement affichée dans sa forme la plus verbeuse (complète) --> + ### Ce que l'architexte inscrit dans le support #### WYSIWYM vs WYSIWYG |