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authorRochDLY <roch.delannay@gmail.com>2024-05-19 16:34:38 +0200
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update bib et billet sur la saisie du texte
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<li><a href="#le-logiciel-est-une-médiation" id="toc-le-logiciel-est-une-médiation">Le logiciel est une médiation</a></li>
<li><a href="#les-formats-déterminent-la-sémantique-du-texte" id="toc-les-formats-déterminent-la-sémantique-du-texte">Les formats déterminent la sémantique du texte</a></li>
<li><a href="#co-écriture-entre-les-agents" id="toc-co-écriture-entre-les-agents">Co-écriture entre les agents</a></li>
-<li><a href="#la-déprise-en-main-du-texte" id="toc-la-déprise-en-main-du-texte">La déprise en main du texte</a></li>
</ul></li>
<li><a href="#conclusion" id="toc-conclusion">Conclusion</a></li>
<li><a href="#bibliographie" id="toc-bibliographie">Bibliographie</a></li>
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<p>Avec ce chapitre, nous commençons à détailler la relation qu’entretiennent un auteur et un ordinateur dans l’acte d’écriture scientifique dans un environnement numérique<a href="#fn1" class="footnote-ref" id="fnref1" role="doc-noteref"><sup>1</sup></a>.</p>
<p>Ce dispositif que nous venons de décrire fait écho aux théories de l’éditorialisation <span class="citation" data-cites="vitali-rosati_editorialization_2018">(Vitali-Rosati, 2018)</span> et de l’énonciation éditoriale <span class="citation" data-cites="souchier_image_1998">(Souchier, 1998)</span>. Ainsi, cette écriture numérique n’est plus définie en tant que fruit d’une seule fonction auctoriale, mais l’est par un ensemble de fonctions éditoriales dont la fonction auctoriale fait partie.</p>
<p>Selon ce cadre théorique, et puisque notre hypothèse positionne l’intime en tant que produit de l’écriture, nous pouvons nous demander quelle est la contribution de l’environnement d’écriture à cet intime lors de la saisie d’un texte dans un document.</p>
-<p>Ainsi, parmi toutes les fonctions éditoriales que l’on pourrait énumérer, nous nous intéressons dans ce chapitre à la saisie du texte et à l’environnement support <span class="citation" data-cites="zacklad_organisation_2012">(<strong>zacklad_organisation_2012?</strong>)</span> dans lequel il s’inscrit. Lors de cette phase de l’écriture, cet environnement devient le lieu où se manifeste un trouble entre ce que l’usager à l’intention d’écrire et le document que produit la machine, qui est structuré selon les formats et protocoles implémentés à l’intérieur de l’environnement. Ce trouble nait de la rencontre entre une représentation du texte structurée graphiquement et une représentation du texte structurée par du texte, comme c’est le cas pour une page web interprétée par un navigateur et son pendant au format HTML. Notre intérêt se porte plus particulièrement sur le côté machine de cette interaction humain-machine et comment elle reçoit et traite les informations pour produire le document à travers un environnement particulier.</p>
-<p>Afin de traiter cette problématique, nous nous appuyons dans un premier temps sur les particularités de l’écriture numérique <span class="citation" data-cites="bouchardon_lecriture_2014 crozat_ecrire_2016 souchier_numerique_2019">(Souchier, 2019; <strong>bouchardon_lecriture_2014?</strong>; <strong>crozat_ecrire_2016?</strong>)</span> et sur le fonctionnement de la machine pour illustrer, dans une deuxième partie, le rôle de médiation joué par les logiciels – entendu comme une suite d’instructions écrites – entre la saisie du texte au clavier et les traitements appliqués à ces informations, jusqu’à leur stockage dans une mémoire informatique.</p>
+<p>Ainsi, parmi toutes les fonctions éditoriales que l’on pourrait énumérer, nous nous intéressons dans ce chapitre à la saisie du texte et à l’environnement support <span class="citation" data-cites="zacklad_organisation_2012">(Zacklad, 2012)</span> dans lequel il s’inscrit. Lors de cette phase de l’écriture, cet environnement devient le lieu où se manifeste un trouble entre ce que l’usager à l’intention d’écrire et le document que produit la machine, qui est structuré selon les formats et protocoles implémentés à l’intérieur de l’environnement. Ce trouble nait de la rencontre entre une représentation du texte structurée graphiquement et une représentation du texte structurée par du texte, comme c’est le cas pour une page web interprétée par un navigateur et son pendant au format HTML. Notre intérêt se porte plus particulièrement sur le côté machine de cette interaction humain-machine et comment elle reçoit et traite les informations pour produire le document à travers un environnement particulier.</p>
+<p>Afin de traiter cette problématique, nous nous appuyons dans un premier temps sur les particularités de l’écriture numérique <span class="citation" data-cites="bouchardon_lecriture_2014 crozat_ecrire_2016 souchier_numerique_2019">(Bouchardon, 2014; Crozat, 2016; Souchier, 2019)</span> et sur le fonctionnement de la machine pour illustrer, dans une deuxième partie, le rôle de médiation joué par les logiciels – entendu comme une suite d’instructions écrites – entre la saisie du texte au clavier et les traitements appliqués à ces informations, jusqu’à leur stockage dans une mémoire informatique.</p>
<p>Tandis que chaque environnement a ses propres modalités d’écriture que nous ne pouvons pas toutes énumérer, nous nous appuyons dans la deuxième partie de ce chapitre sur l’étude de l’éditeur de texte sémantique Stylo et les différentes représentations du texte qu’il génère. Ces représentations intermédiaires circulent entre les espaces de Stylo – client et serveur – par différents canaux et protocoles pour former, à travers une série de documents produits, une dynamique constitutive du sens de l’écriture <span class="citation" data-cites="merzeau_editorialisation_2013">(Merzeau, 2013)</span> propre à cet environnement.</p>
<p>Stylo est un éditeur de texte sémantique en ligne développé pour l’édition savante en sciences humaines et sociales (SHS) et en lettres. Stylo est autant un projet de recherche qu’un outil d’écriture et d’édition, qui entend poser une question décisive : qu’est-ce qu’écrire en environnement numérique en SHS ?</p>
-<p>C’est un outil libre et <em>open source</em> conçu en 2017 par la Chaire de recherche du Canada sur les écritures numériques (CRCEN) <span class="citation" data-cites="vitali-rosati_ecrire_2020">(<strong>vitali-rosati_ecrire_2020?</strong>)</span>, et soutenu depuis 2020 par les Très grande infrastructure de recherche Huma-Num. Guillaume Grossetie et Thomas Parisot, tous deux développeurs, maintiennent et développent l’infrastructure technique de Stylo avec la CRCEN depuis plusieurs années, équipe dans laquelle je suis fortement impliqué depuis le début de l’année 2022.</p>
-<p>Stylo a pour objectif de transformer le flux de travail numérique des revues savantes en SHS. En tant qu’éditeur de texte sémantique WYSIWYM, il vise à améliorer la chaîne de publication académique <span class="citation" data-cites="kembellec_lerudition_2020">(<strong>kembellec_lerudition_2020?</strong>)</span>, tout en invitant à une réflexion théorique et pratique sur nos façons d’écrire et d’éditer.</p>
-<p>Prendre le contrôle de son propre texte, voilà ce que permet aujourd’hui Stylo à travers plusieurs fonctionnalités fondatrices ou toutes nouvelles – depuis la version 3.0 – qui s’inscrivent dans le domaine des technologies de l’édition numérique <span class="citation" data-cites="blanc_technologies_2018">(<strong>blanc_technologies_2018?</strong>)</span> : balisage du texte pour une structure sémantique fine, import de données bibliographiques structurées depuis l’application Zotero, mot-clés contrôlés depuis plusieurs ontologies, prévisualisation avec la possibilité d’annoter avec Hypothesis, génération de plusieurs formats (HTML, PDF, XML ou DOCX), export respectant les standards de l’édition scientifique, fonctions avancées de rechercher-remplacer, édition collaborative simultanée, accès aux données via une API GraphQL, etc. Contrairement aux outils de traitement de texte tels que Microsoft Word ou LibreOffice, Stylo cherche à promouvoir et à encourager l’utilisation de standards ouverts.</p>
-<p>Au coeur de Stylo ce sont donc les formats de balisage Markdown, de sérialisation de données YAML ou encore de structuration de références bibliographiques BibTeX qui offrent la possibilité de produire plusieurs formats de sortie depuis une source unique. Stylo suit donc le principe de <em>single source publishing</em> <span class="citation" data-cites="fauchie_fabriquer_2024">(<strong>fauchie_fabriquer_2024?</strong>)</span>. En s’appuyant sur Pandoc, un outil de conversion de documents désigné comme le « couteau suisse de l’édition », le module d’export de Stylo génère les formats de sortie PDF (avec l’aide de LaTeX), HTML, XML-TEI, DOCX ou encore XML compatible avec le schéma COMMONS commun à Métopes, Cairn et OpenEdition.</p>
+<p>C’est un outil libre et <em>open source</em> conçu en 2017 par la Chaire de recherche du Canada sur les écritures numériques (CRCEN) <span class="citation" data-cites="vitali-rosati_ecrire_2020">(Vitali-Rosati et al., 2020)</span>, et soutenu depuis 2020 par les Très grande infrastructure de recherche Huma-Num. Guillaume Grossetie et Thomas Parisot, tous deux développeurs, maintiennent et développent l’infrastructure technique de Stylo avec la CRCEN depuis plusieurs années, équipe dans laquelle je suis fortement impliqué depuis le début de l’année 2022.</p>
+<p>Stylo a pour objectif de transformer le flux de travail numérique des revues savantes en SHS. En tant qu’éditeur de texte sémantique WYSIWYM, il vise à améliorer la chaîne de publication académique <span class="citation" data-cites="kembellec_lerudition_2020">(Kembellec, 2020)</span>, tout en invitant à une réflexion théorique et pratique sur nos façons d’écrire et d’éditer.</p>
+<p>Prendre le contrôle de son propre texte, voilà ce que permet aujourd’hui Stylo à travers plusieurs fonctionnalités fondatrices ou toutes nouvelles – depuis la version 3.0 – qui s’inscrivent dans le domaine des technologies de l’édition numérique <span class="citation" data-cites="blanc_technologies_2018">(Blanc &amp; Haute, 2018)</span> : balisage du texte pour une structure sémantique fine, import de données bibliographiques structurées depuis l’application Zotero, mot-clés contrôlés depuis plusieurs ontologies, prévisualisation avec la possibilité d’annoter avec Hypothesis, génération de plusieurs formats (HTML, PDF, XML ou DOCX), export respectant les standards de l’édition scientifique, fonctions avancées de rechercher-remplacer, édition collaborative simultanée, accès aux données via une API GraphQL, etc. Contrairement aux outils de traitement de texte tels que Microsoft Word ou LibreOffice, Stylo cherche à promouvoir et à encourager l’utilisation de standards ouverts.</p>
+<p>Au coeur de Stylo ce sont donc les formats de balisage Markdown, de sérialisation de données YAML ou encore de structuration de références bibliographiques BibTeX qui offrent la possibilité de produire plusieurs formats de sortie depuis une source unique. Stylo suit donc le principe de <em>single source publishing</em> <span class="citation" data-cites="fauchie_fabriquer_2024">(Fauchié, 2024)</span>. En s’appuyant sur Pandoc, un outil de conversion de documents désigné comme le « couteau suisse de l’édition », le module d’export de Stylo génère les formats de sortie PDF (avec l’aide de LaTeX), HTML, XML-TEI, DOCX ou encore XML compatible avec le schéma COMMONS commun à Métopes, Cairn et OpenEdition.</p>
<p>Le choix d’étudier Stylo comme terrain pour cette recherche découle de plusieurs raisons. Tout d’abord, il s’agit d’un éditeur moderne construit avec les technologies du Web les plus récentes. Cet environnement Web suscite un certain engouement auprès des utilisateurs, notamment pour sa capacité à offrir un espace de travail collaboratif en temps réel leur permettant d’écrire à plusieurs dans cet espace. La deuxième raison qui fait de Stylo un terrain opportun est l’accessiblité de son code source. Contrairement à d’autres éditeurs propriétaires comme l’est GoogleDoc, la totalité du code de Stylo est disponible en ligne, ce qui est indispensable pour notre étude. Enfin, le fait d’être impliqué dans les développements de Stylo depuis plus de deux ans m’offre une position privilégiée pour étudier cet éditeur puisque j’ai accès aux différentes phases de tests des développements, me permettant ainsi d’observer le comportement des nouvelles fonctionnalités et de les modifier. Grâce à cette position, j’ai également un accès direct à la communauté d’utilisateurs, s’élevant à un peu plus de 6000 personnes fin 2023 pour plus de 40000 documents différents.<br />
Du fait de mon implication dans Stylo, le regard que je porte sur ce terrain n’est pas neutre et relève d’une forme de recherche-action [ajouter une référence].</p>
-<p>Alors que chaque signe et chaque trace inscrite <span class="citation" data-cites="christin__1999 vitali-rosati__2020">(<strong>christin__1999?</strong>; <strong>vitali-rosati__2020?</strong>)</span> dans l’éditeur de texte Stylo incarne cette tension <em>entre</em> l’utilisateur et la machine, dont les différences de langage – naturel et machine – rend a priori toute communication directe impossible, nous analysons les différents modes de communication des informations dans Stylo pour suivre les traces de l’intime qui y circulent. Pour en découvrir plus sur cet <em>entre</em>, nous étudions cette distance à partir de la méthode employée par le théoricien des médias F. Kittler <span class="citation" data-cites="kittler_mode_2015 kittler_gramophone_2018">(F. Kittler, 2018; 2015)</span>, qui s’appuie d’abord sur la description du fonctionnement de la machine à écrire puis celle de l’ordinateur afin de comprendre leur implication, en tant que média, dans le phénomène qu’est l’écriture. Cette méthode implique de comprendre les comportements et les fonctionnements techniques des composants à l’oeuvre dans la machine, et cela qu’ils relèvent du matériel ou du logiciel. En conséquence, nous mobilisons de la documentation technique pour étayer notre propos et pour analyser les traces qui nous intéressent.</p>
+<p>Alors que chaque signe et chaque trace inscrite dans l’éditeur de texte Stylo incarne cette tension <em>entre</em> l’utilisateur et la machine, dont les différences de langage – naturel et machine – rend a priori toute communication directe impossible, nous analysons les différents modes de communication des informations dans Stylo pour suivre les traces de l’intime qui y circulent. Pour en découvrir plus sur cet <em>entre</em>, nous étudions cette distance à partir de la méthode employée par le théoricien des médias F. Kittler <span class="citation" data-cites="kittler_mode_2015 kittler_gramophone_2018">(F. Kittler, 2018; 2015)</span>, qui s’appuie d’abord sur la description du fonctionnement de la machine à écrire puis celle de l’ordinateur afin de comprendre leur implication, en tant que média, dans le phénomène qu’est l’écriture. Cette méthode implique de comprendre les comportements et les fonctionnements techniques des composants à l’oeuvre dans la machine, et cela qu’ils relèvent du matériel ou du logiciel. En conséquence, nous mobilisons de la documentation technique pour étayer notre propos et pour analyser les traces qui nous intéressent.</p>
<h2 id="écrire-dans-un-environnement-numérique">Écrire dans un environnement numérique</h2>
<h3 id="définir-lenvironnement-où-écrire">Définir l’environnement où écrire</h3>
-<p>Par habitude, nous partons du présupposé que lorsque nous évoquons les mots environnement d’écriture numérique ceux-ci sont synonymes d’un environnement d’écriture informatique et désignent la même chose. En conséquence, lorsqu’il s’agit de convoquer l’écriture numérique, nous pensons tout de suite à un ordinateur, aux claviers, aux écrans et aux pointeurs qui clignotent dans des éditeur de texte ou dans les champs des formulaires en ligne. Avec le numérique ubiquitaire <span class="citation" data-cites="citton_angles_2023">(<strong>citton_angles_2023?</strong>)</span>, ces pratiques d’écriture sont ancrées dans nos habitudes au point de ne plus les remettre en question. Les dispositifs d’écriture analogique sont ainsi renvoyés à l’état de vestiges archaïques, comme peuvent l’être les machines à écrire alors qu’elles ont été fabriquées méticuleusement par des designers et des ingénieurs et ont fait la fierté et la renommée de certaines entreprises comme Olivetti en Italie juste avant que les ordinateurs n’arrivent sur le marché. Aujourd’hui ces machines sont complètement désuètes et inutilisées depuis presque une trentaine d’années. Elles sont maintenant exposées dans des musées – entre autres au MoMA et au Centre Pompidou – et sont intégrées dans des collections permanentes ou exhibées lors des expositions en lien avec les designers qui les ont conçues<a href="#fn2" class="footnote-ref" id="fnref2" role="doc-noteref"><sup>2</sup></a>.</p>
+<p>Par habitude, nous partons du présupposé que lorsque nous évoquons les mots environnement d’écriture numérique ceux-ci sont synonymes d’un environnement d’écriture informatique et désignent la même chose. En conséquence, lorsqu’il s’agit de convoquer l’écriture numérique, nous pensons tout de suite à un ordinateur, aux claviers, aux écrans et aux pointeurs qui clignotent dans des éditeur de texte ou dans les champs des formulaires en ligne. Avec le numérique ubiquitaire <span class="citation" data-cites="citton_angles_2023">(Citton et al., 2023)</span>, ces pratiques d’écriture sont ancrées dans nos habitudes au point de ne plus les remettre en question. Les dispositifs d’écriture analogique sont ainsi renvoyés à l’état de vestiges archaïques, comme peuvent l’être les machines à écrire alors qu’elles ont été fabriquées méticuleusement par des designers et des ingénieurs et ont fait la fierté et la renommée de certaines entreprises comme Olivetti en Italie juste avant que les ordinateurs n’arrivent sur le marché. Aujourd’hui ces machines sont complètement désuètes et inutilisées depuis presque une trentaine d’années. Elles sont maintenant exposées dans des musées – entre autres au MoMA et au Centre Pompidou – et sont intégrées dans des collections permanentes ou exhibées lors des expositions en lien avec les designers qui les ont conçues<a href="#fn2" class="footnote-ref" id="fnref2" role="doc-noteref"><sup>2</sup></a>.</p>
<figure>
<img src="https://www.photo.rmn.fr/CorexDoc/RMN/Media/TR1/YECPH3/07-521403.jpg" title="Machine à écrire portative" alt="Machine à écrire portative" />
<figcaption aria-hidden="true">Machine à écrire portative</figcaption>
@@ -97,14 +96,14 @@ Du fait de mon implication dans Stylo, le regard que je porte sur ce terrain n
</figure>
<p>Crédits : Photo trouvée sur le blog <a href="https://munk.org/typecast/2014/08/03/back-to-the-future-pram-and-the-promise-of-unified-memory-again/">Munk.org</a>, site consulté le 22 février 2024.</p>
<p>Il faut se rappeler qu’au début des années 1980 il n’est pas encore certain que l’ordinateur personnel (avec sa tour et son écran à tube cathodique) deviendra l’outil d’écriture par excellence. À cette époque, les machines à écrire ont encore quelques avantages sur les plans esthétique, financier et social puisque on les retrouve encore implantées à la fois dans les sphères professionnelles et personnelles.</p>
-<p>La fin des années 1970 et les années 1980 marquent un tournant décisif pour l’ordinateur personnel avec l’apparition des logiciels de traitement de texte et la bataille qui sévit durant toute cette période pour en avoir le monopole. M. Kirschenbaum et T. Bergin détaillent dans leurs travaux cette course au développement de logiciels durant cette période pour obtenir un monopole sur le marché <span class="citation" data-cites="bergin_origins_2006 bergin_proliferation_2006 kirschenbaum_track_2016">(<strong>bergin_origins_2006?</strong>; <strong>bergin_proliferation_2006?</strong>; <strong>kirschenbaum_track_2016?</strong>)</span>. Avant l’engouement pour les interfaces graphiques et les gestionnaires de fenêtres – 1983 et 1984 avec l’entreprise Apple qui s’est largement inspirée des interfaces graphiques développées par Xerox PARC dans les années 1970 – la seule interface affichée à l’écran était un terminal et la navigation se faisait au moyen de commandes. Les premiers logiciels de traitement de texte comme Electric Pencil ne permettent pas alors une gestion de la mise en page idéale ni ne fonctionne sur tous les modèles d’ordinateurs présents sur le marché<a href="#fn4" class="footnote-ref" id="fnref4" role="doc-noteref"><sup>4</sup></a>. Ainsi, écrire sur un support connecté paraît aujourd’hui être une évidence alors qu’il a fallut déployer de lourds efforts à une époque ou cette évidence était incertaine.</p>
-<p>L’écriture numérique est ainsi à distinguer de l’écriture dans un environnement numérique : un ordinateur, Internet, le Web, une calcultrice ou une machine à écrire de la dernière génération. En tant qu’abstraction, l’écriture numérique est une représentation du monde donnée, dont la qualification à travers un medium permet de l’incarner physiquement et matériellement mais pas de la circonscrire. En somme, cette représentation numérique du monde n’est pas nouvelle et ce n’est pas l’ordinateur qui l’a apporté. À notre connaissance, son origine remonte aux prémisses de l’écriture et des développements des systèmes monétaires, nous dirait C. Herrenschmidt <span class="citation" data-cites="herrenschmidt_les_2023">(<strong>herrenschmidt_les_2023?</strong>)</span>.</p>
+<p>La fin des années 1970 et les années 1980 marquent un tournant décisif pour l’ordinateur personnel avec l’apparition des logiciels de traitement de texte et la bataille qui sévit durant toute cette période pour en avoir le monopole. M. Kirschenbaum et T. Bergin détaillent dans leurs travaux cette course au développement de logiciels durant cette période pour obtenir un monopole sur le marché <span class="citation" data-cites="bergin_origins_2006 bergin_proliferation_2006 kirschenbaum_track_2016">(Bergin, 2006a, 2006b; Kirschenbaum, 2016)</span>. Avant l’engouement pour les interfaces graphiques et les gestionnaires de fenêtres – 1983 et 1984 avec l’entreprise Apple qui s’est largement inspirée des interfaces graphiques développées par Xerox PARC dans les années 1970 – la seule interface affichée à l’écran était un terminal et la navigation se faisait au moyen de commandes. Les premiers logiciels de traitement de texte comme Electric Pencil ne permettent pas alors une gestion de la mise en page idéale ni ne fonctionne sur tous les modèles d’ordinateurs présents sur le marché<a href="#fn4" class="footnote-ref" id="fnref4" role="doc-noteref"><sup>4</sup></a>. Ainsi, écrire sur un support connecté paraît aujourd’hui être une évidence alors qu’il a fallut déployer de lourds efforts à une époque ou cette évidence était incertaine.</p>
+<p>L’écriture numérique est ainsi à distinguer de l’écriture dans un environnement numérique : un ordinateur, Internet, le Web, une calcultrice ou une machine à écrire de la dernière génération. En tant qu’abstraction, l’écriture numérique est une représentation du monde donnée, dont la qualification à travers un medium permet de l’incarner physiquement et matériellement mais pas de la circonscrire. En somme, cette représentation numérique du monde n’est pas nouvelle et ce n’est pas l’ordinateur qui l’a apporté. À notre connaissance, son origine remonte aux prémisses de l’écriture et des développements des systèmes monétaires, nous dirait C. Herrenschmidt <span class="citation" data-cites="herrenschmidt_trois_2023">(2023)</span>.</p>
<p>Dorénavant, lorsque nous ferons référence à l’écriture numérique nous parlerons d’une écriture numérique dans un environnement informatique.</p>
<h3 id="les-particularités-de-lécriture-numérique">Les particularités de l’écriture numérique</h3>
-<p>Avant d’entamer une réflexion sur l’écriture numérique, convenons d’une brève définition de l’écriture, car celle-ci a fait couler beaucoup d’encre à son sujet, notamment depuis sa reconfiguration numérique au crépuscule du 20<sup>e</sup> siècle. La définir tient généralement de l’anthropologie, des lettres, de la sémiotique ou encore des sciences de l’information et de la communication ou de l’étude des médias et cela pour ne mentionner que certaines disciplines de la sphère académique. Très largement, l’écriture est entendue comme « mode d’expression » et « fonction de communication » au sein d’une société <span class="citation" data-cites="christin_les_1999">(<strong>christin_les_1999?</strong>)</span>. Anne-Marie Christin distingue deux tendances principales de l’origine de l’écriture : l’écriture selon la trace, étant soit comprise comme le signe verbal transposé sur un support soit comme la marque laissée par un corps, ou l’écriture selon le signe dans son sens étymologique d’« événement inaugural [qui] participe d’une révélation » tant qu’il s’inscrit dans un « système » tel que la disposition des entrailles d’une bête sacrifiée lors d’une cérémonie <span class="citation" data-cites="christin_les_1999 vitali-rosati_quest-ce_2020">(<strong>christin_les_1999?</strong>; <strong>vitali-rosati_quest-ce_2020?</strong>)</span>. À défaut de prendre parti pour l’un ou l’autre de ces paradigmes, nous pouvons retenir deux caractéristiques qui leur sont communes et que l’on retrouve dans tous types d’écriture, même numérique. Lorsque l’écriture est convoquée, elle fait appel à deux actions : l’inscription et l’interprétation. Qu’il s’agisse d’une trace ou d’un signe, retenons que l’écriture est toujours inscrite sur un support et que cette inscription fait l’objet d’une lecture et d’une interprétation. Cette association apparaît régulièrement dans les travaux qui traitent de l’environnement numérique, par exemple sous l’appellation de littératie numérique chez Milad Doueihi <span class="citation" data-cites="doueihi_grande_2011">(<strong>doueihi_grande_2011?</strong>)</span> ou de lettrure chez Emmanuel Souchier <span class="citation" data-cites="souchier__2012">(<strong>souchier__2012?</strong>)</span>.</p>
-<p>Toutefois, l’écriture numérique diffère d’une écriture plus traditionnelle, telle que nous venons de la défnir, et se distingue notamment par trois caractéristiques que sont la calculabilité <span class="citation" data-cites="crozat_ecrire_2016">(<strong>crozat_ecrire_2016?</strong>)</span>, la variabilité <span class="citation" data-cites="bouchardon_lecriture_2014">(<strong>bouchardon_lecriture_2014?</strong>)</span> et la rupture sémiotique entre le geste d’écriture et l’inscription sur le support <span class="citation" data-cites="souchier_numerique_2019">(Souchier, 2019)</span>.</p>
+<p>Avant d’entamer une réflexion sur l’écriture numérique, convenons d’une brève définition de l’écriture, car celle-ci a fait couler beaucoup d’encre à son sujet, notamment depuis sa reconfiguration numérique au crépuscule du 20<sup>e</sup> siècle. La définir tient généralement de l’anthropologie, des lettres, de la sémiotique ou encore des sciences de l’information et de la communication ou de l’étude des médias et cela pour ne mentionner que certaines disciplines de la sphère académique. Très largement, l’écriture est entendue comme « mode d’expression » et « fonction de communication » au sein d’une société <span class="citation" data-cites="christin_origines_1999">(Christin, 1999)</span>. Anne-Marie Christin distingue deux tendances principales de l’origine de l’écriture : l’écriture selon la trace, étant soit comprise comme le signe verbal transposé sur un support soit comme la marque laissée par un corps, ou l’écriture selon le signe dans son sens étymologique d’« événement inaugural [qui] participe d’une révélation » tant qu’il s’inscrit dans un « système » tel que la disposition des entrailles d’une bête sacrifiée lors d’une cérémonie <span class="citation" data-cites="christin_origines_1999 vitali-rosati_quest-ce_2020-1">(Christin, 1999; Vitali-Rosati, 2020)</span>. À défaut de prendre parti pour l’un ou l’autre de ces paradigmes, nous pouvons retenir deux caractéristiques qui leur sont communes et que l’on retrouve dans tous types d’écriture, même numérique. Lorsque l’écriture est convoquée, elle fait appel à deux actions : l’inscription et l’interprétation. Qu’il s’agisse d’une trace ou d’un signe, retenons que l’écriture est toujours inscrite sur un support et que cette inscription fait l’objet d’une lecture et d’une interprétation. Cette association apparaît régulièrement dans les travaux qui traitent de l’environnement numérique, par exemple sous l’appellation de littératie numérique chez Milad Doueihi <span class="citation" data-cites="doueihi_grande_2011">(2011)</span> ou de lettrure chez Emmanuel Souchier <span class="citation" data-cites="souchier__2012">(2012)</span>.</p>
+<p>Toutefois, l’écriture numérique diffère d’une écriture plus traditionnelle, telle que nous venons de la défnir, et se distingue notamment par trois caractéristiques que sont la calculabilité <span class="citation" data-cites="crozat_ecrire_2016">(Crozat, 2016)</span>, la variabilité <span class="citation" data-cites="bouchardon_lecriture_2014">(Bouchardon, 2014)</span> et la rupture sémiotique entre le geste d’écriture et l’inscription sur le support <span class="citation" data-cites="souchier_numerique_2019">(Souchier, 2019)</span>.</p>
<p>La première caractéristique est d’ordre computationnel : l’écriture devient calculable et peut donc faire l’objet d’instructions. Pour réaliser cette action, on procède à une équivalence où chaque signe que l’on peut inscrire dans cet environnement à son pendant unique sous forme de bits. Lorsque chaque caractère peut être identifié en tant que nombre, il devient possible d’implémenter ce modèle dans une machine et de lui demander, grâce à des instructions, d’appliquer des calculs.</p>
-<p>L’exemple idéal pour illustrer cette caractéristique n’est rien de moins que la machine imaginée par Alan Turing, qu’il présente en 1936 dans son article « On Computable Numbers, with an Application to the Entscheidungsproblem » dans la section <em>Computing machines</em> <span class="citation" data-cites="turing_computable_1936">(<strong>turing_computable_1936?</strong>)</span>. Ce que Turing décrit n’est pas une machine physique mais un modèle théorique, une machine abstraite fondamentale pour les développements futurs de l’informatique. Cette machine est constituée de plusieurs éléments :</p>
+<p>L’exemple idéal pour illustrer cette caractéristique n’est rien de moins que la machine imaginée par Alan Turing, qu’il présente en 1936 dans son article « On Computable Numbers, with an Application to the Entscheidungsproblem » dans la section <em>Computing machines</em> <span class="citation" data-cites="turing_computable_1936">(1936)</span>. Ce que Turing décrit n’est pas une machine physique mais un modèle théorique, une machine abstraite fondamentale pour les développements futurs de l’informatique. Cette machine est constituée de plusieurs éléments :</p>
<ul>
<li>un ruban («<em>tape</em>») divisé en sections (appelées «<em>square</em>») dont chacune peut porter un symbole (0 ou 1 car cette machine est dans un système binaire)</li>
<li>un organe de lecture («<em>scan</em>») pour lire les symboles un à un («<em>scanned square and scanned symbol</em>») et un organe d’écriture pour modifier un symbole ou en écrire un nouveau si la section est vide</li>
@@ -112,9 +111,9 @@ Du fait de mon implication dans Stylo, le regard que je porte sur ce terrain n
<li>des instructions pour se déplacer sur le ruban, soit d’une case vers la gauche soit d’une case vers la droite, lire et écrire («<em>scan and print</em>») ou modifier la case scannée et se redéplacer avant de s’arrêter.</li>
</ul>
<p>Théoriquement le ruban sur lequel la machine exécute ses programmes est infini vers la gauche et la droite et cela afin de permettre l’exécution des instructions les plus complexes. La machine de Turing ne s’intéresse pas aux résultats des instructions ni à leur signification, d’où résulte une forme d’automatisation de l’écriture. L’espace de la machine, aussi vaste soit-il, n’est composé que de séries de 0 et de 1 ainsi que de différents états, renvoyant à des instructions et permettant ainsi à la machine de modifier son propre espace. Cette capacité de modification peut être associée à la deuxième caractéristique de l’écriture numérique que S. Bouchardon nomme la variabilité.</p>
-<p>Le passage du signe à l’unité atomique et discrète qu’est le chiffre signifie un changement de représentation du monde (au sens que K. Hayles donne au terme <em>worldview</em> <span class="citation" data-cites="hayles_my_2005">(<strong>hayles_my_2005?</strong>)</span>) : le monde – ou l’espace – n’est alors plus signifié par des mots ou des concepts, mais le devient par des chiffres. Comme McLuhan nous le rappelle dans son ouvrage <em>Pour comprendre les médias</em> <span class="citation" data-cites="mcluhan_pour_1977">(1977)</span>, les alphabets composés de lettres (contrairement à ceux composés de pictogrammes) sont asémantiques. Si toutefois les alphabets sont liés à une culture d’où ils émergent, l’abstraction nécessaire pour représenter le monde sous forme de chiffres détacherait a priori cette vision de tout sens. En dehors de tout modèle mathématiques abstrait, et cela quel que soit le langage ou la base utilisée pour l’écrire, <code>3</code>, <code>trois</code>, <code>three</code>, <code>III</code>, <code>0011</code>, <code>zéro zéro un un</code>, un chiffre ne signifie pas grand chose s’il n’est pas associé à un système de valeurs particulier, par exemple le système métrique ou le système international <span class="citation" data-cites="herrenschmidt_trois_2023">(<strong>herrenschmidt_trois_2023?</strong>)</span>. En échange de cette perte de signification, l’écriture numérique y gagne cette particularité d’être calculable et mesurable.</p>
-<p>L’écriture numérique se distingue également des autres types d’écriture par une troisième caractéristique. Il s’agit de la première forme d’écriture où le geste d’écrire ne correspond pas à l’action d’inscription du signe sur son support, phénomène que J. Bonaccorsi nomme déliaison <span class="citation" data-cites="bonaccorsi_fantasmagories_2020">(<strong>bonaccorsi_fantasmagories_2020?</strong>)</span>. Lorsqu’on appuie sur une touche du clavier, par exemple la lettre <code>a</code>, cette lettre n’est pas inscrite à l’écran : l’instruction d’inscrire un signe dans la mémoire de l’ordinateur est donnée à la machine, puis celle de l’afficher à l’écran au moyen d’un logiciel particulier <span class="citation" data-cites="kittler_mode_2015 souchier_numerique_2019">(F. A. Kittler, 2015; Souchier, 2019)</span>. Néanmoins, le fait d’appuyer sur une touche du clavier lorsque l’ordinateur est sous tension ne suffit pas pour déclencher cette instruction : si aucun environnement dédié à l’écriture n’est préalablement exécuté, le fait d’enfoncer une touche ne déclenchera aucune réaction de la part de la machine. Par contre, lorsque l’on se situe dans un environnement où cette réaction est attendue, comme un éditeur de texte, la frappe d’une touche déclenchera un événement et le logiciel pourra générer l’instruction correspondant à l’action d’écrire.</p>
-<p>Ces trois caractéristiques de l’écriture numérique ne sont pas uniquement des propriétés qui s’ajoutent à l’existant et, d’une certaine manière, rendrait l’écriture plus complexe. L’écriture, nous l’avons évoqué, peut être ramenée aux actions d’inscription dans la matière et de lecture. Or, la calculabilité, la variabilité et la déliaison entre geste et inscription perturbent notre définition de l’écriture puisque l’inscription et la lecture des signes et/ou traces sur le support numérique sont des actions réalisées par la machine et ne le sont plus par l’être humain, comme le souligne F. Kittler <span class="citation" data-cites="kittler">(<strong>kittler?</strong>)</span>. F. Kittler poursuit sa réflexion plus loin jusqu’à soutenir, de manière provocatrice, que l’humain n’écrit plus et qu’à l’ère du numérique, c’est la machine qui écrit. À défaut de prendre cette provocation au pied de la lettre, elle ouvre la perspective d’une machine qui participe et contribue à l’écriture et, ce faisant, participerait à la production de l’intimité du chercheur.</p>
+<p>Le passage du signe à l’unité atomique et discrète qu’est le chiffre signifie un changement de représentation du monde (au sens que K. Hayles donne au terme <em>worldview</em> <span class="citation" data-cites="hayles_my_2005">(2005)</span>) : le monde – ou l’espace – n’est alors plus signifié par des mots ou des concepts, mais le devient par des chiffres. Comme McLuhan nous le rappelle dans son ouvrage <em>Pour comprendre les médias</em> <span class="citation" data-cites="mcluhan_pour_1977">(1977)</span>, les alphabets composés de lettres (contrairement à ceux composés de pictogrammes) sont asémantiques. Si toutefois les alphabets sont liés à une culture d’où ils émergent, l’abstraction nécessaire pour représenter le monde sous forme de chiffres détacherait a priori cette vision de tout sens. En dehors de tout modèle mathématiques abstrait, et cela quel que soit le langage ou la base utilisée pour l’écrire, <code>3</code>, <code>trois</code>, <code>three</code>, <code>III</code>, <code>0011</code>, <code>zéro zéro un un</code>, un chiffre ne signifie pas grand chose s’il n’est pas associé à un système de valeurs particulier, par exemple le système métrique ou le système international <span class="citation" data-cites="herrenschmidt_trois_2023">(Herrenschmidt, 2023)</span>. En échange de cette perte de signification, l’écriture numérique y gagne cette particularité d’être calculable et mesurable.</p>
+<p>L’écriture numérique se distingue également des autres types d’écriture par une troisième caractéristique. Il s’agit de la première forme d’écriture où le geste d’écrire ne correspond pas à l’action d’inscription du signe sur son support, phénomène que J. Bonaccorsi nomme déliaison <span class="citation" data-cites="bonaccorsi_fantasmagories_2020">(Bonaccorsi, 2020)</span>. Lorsqu’on appuie sur une touche du clavier, par exemple la lettre <code>a</code>, cette lettre n’est pas inscrite à l’écran : l’instruction d’inscrire un signe dans la mémoire de l’ordinateur est donnée à la machine, puis celle de l’afficher à l’écran au moyen d’un logiciel particulier <span class="citation" data-cites="kittler_mode_2015 souchier_numerique_2019">(F. A. Kittler, 2015; Souchier, 2019)</span>. Néanmoins, le fait d’appuyer sur une touche du clavier lorsque l’ordinateur est sous tension ne suffit pas pour déclencher cette instruction : si aucun environnement dédié à l’écriture n’est préalablement exécuté, le fait d’enfoncer une touche ne déclenchera aucune réaction de la part de la machine. Par contre, lorsque l’on se situe dans un environnement où cette réaction est attendue, comme un éditeur de texte, la frappe d’une touche déclenchera un événement et le logiciel pourra générer l’instruction correspondant à l’action d’écrire.</p>
+<p>Ces trois caractéristiques de l’écriture numérique ne sont pas uniquement des propriétés qui s’ajoutent à l’existant et, d’une certaine manière, rendrait l’écriture plus complexe. L’écriture, nous l’avons évoqué, peut être ramenée aux actions d’inscription dans la matière et de lecture. Or, la calculabilité, la variabilité et la déliaison entre geste et inscription perturbent notre définition de l’écriture puisque l’inscription et la lecture des signes et/ou traces sur le support numérique sont des actions réalisées par la machine et ne le sont plus par l’être humain, comme le souligne F. Kittler <span class="citation" data-cites="kittler_mode_2015">(F. A. Kittler, 2015)</span>. F. Kittler poursuit sa réflexion plus loin jusqu’à soutenir, de manière provocatrice, que l’humain n’écrit plus et qu’à l’ère du numérique, c’est la machine qui écrit. À défaut de prendre cette provocation au pied de la lettre, elle ouvre la perspective d’une machine qui participe et contribue à l’écriture et, ce faisant, participerait à la production de l’intimité du chercheur.</p>
<p>Seulement, la “machine” ou l’“ordinateur” sont des appellations un peu vagues et ne rendent pas très explicite les éléments qu’elles désignent, ni ceux qui sont impliqués dans cette action d’écriture et dans cette relation intime entre humain et machine.</p>
<h3 id="la-machine-une-entité-formée-du-couple-matériellogiciel">La machine, une entité formée du couple matériel/logiciel</h3>
<p>La représentation d’un ordinateur est souvent associée à un couple matériel / logiciel. La partie matérielle concerne tous les composants électroniques (carte mère, mémoires, périphériques, etc.), alors que la partie logicielle englobe tous les programmes permettant d’interagir avec la partie matérielle, comme le BIOS (<em>Basic Input Output System</em>), le système d’exploitation ou encore un logiciel de traitement de texte comme LibreOffice.</p>
@@ -127,8 +126,8 @@ Du fait de mon implication dans Stylo, le regard que je porte sur ce terrain n
<p>L’encodage et le décodage des caractères accompagne toute l’histoire de l’informatique (et du numérique). Aux prémices de l’informatique, chaque matériel comportait ses propres programmes et tables d’encodage, rendant ainsi possible la transposition des données d’un matériel à un autre par équivalence. Cependant, dans la plupart des cas, les données ne pouvaient pas circuler entre les différents modèles d’ordinateur, ou alors au moyen de transformations fastidieuses, rendant ainsi les traitements réalisés sur les données enfermés dans des silos. La norme ASCII (<em>American Standard Code for Information Interchange</em>) fait son apparition dans les années 1960 pour résoudre l’enjeu d’interopérabilité de l’encodage des données. Soumise à l’<em>American Standards Association</em> (d’abord ASA puis ANSI) en 1961 par l’un de ses inventeurs, Bob Bemer, puis approuvée en 1963, l’ASCII permet d’encoder 128 caractères sur 7 bits. Néanmoins, ce n’est pas parce qu’un encodage est reconnue en tant que norme que son usage est effectif à l’instant même de sa reconnaissance. Il faut attendra 1968 que le président des États-Unis d’Amérique Johnson demande à ce que l’ASCII devienne la norme fédérale d’encodage des informations afin de réduire les incompatibilités au sein des réseaux de télécommunication pour qu’elle commence à se répandre. Dès 1969, tous les ordinateurs achetés par le gouvernement des États-Unis étaient compatibles avec la norme ASCII. Du côté des ordinateurs personnels, il faudra attendre le début des années 1980 pour que cette norme se répande grâce, entre autre, à son implémentation dans les ordinateurs construits par IBM. La norme X3.4:1986 en vigueur aujourd’hui, a été déposée auprès de l’ANSI en 1986. C’est à partir de cette norme que d’autres ont été développées et restent compatibles ASCII, comme c’est par exemple le cas de la norme Unicode, publiée en 1991, qui est la plus répandue de nos jours puisqu’elle encode le plus de caractères. Si ASCII contient 128 points de code, le standard Unicode permet d’en encoder plus de 149 000 sur une vingtaine de bits par point de code dans sa version 15.1 (de 2023). Afin de préserver cette compatibilité entre les normes, il est d’usage d’encoder les 128 premiers caractères de façon identique à la norme ASCII.</p>
<p>Il est intéressant d’introduire les logiciels et leur fonctionnement à partir du matériel composant l’ordinateur et plus particulièrement à partir de la carte mère. Les fournisseurs de carte mère incorpore généralement dans leur carte une première couche d’abstraction matérielle, un BIOS (<em>Basic Input Output System</em><a href="#fn7" class="footnote-ref" id="fnref7" role="doc-noteref"><sup>7</sup></a>), flashé dans la mémoire morte de l’ordinateur et programmé pour s’exécuter lors de la mise sous tension de ce dernier. Ce que l’on appelle <em>couche d’abstraction matérielle</em> en informatique représente la couche logicielle qui se trouve entre la partie matérielle et le système d’exploitation. Comme son nom l’indique, la fonction principale de cette couche est de permettre la manipulation du matériel tout en faisant abstraction de celui-ci. Le BIOS, ce tout premier jeu d’instructions qu’un ordinateur réalise, est un programme propriétaire chargé d’initialiser la séquence d’amorçage (<em>boot</em>) de l’ordinateur, de trouver le système d’exploitation, les périphériques (<em>a minima</em> le clavier et l’écran) et d’opérer quelques vérifications de bon fonctionnement des composants comme c’est le cas de l’horloge temps réel qui fonctionne en tout temps, même lorsque l’ordinateur est éteint, et rythme la totalité des cycles des autres circuits. Hormis quelques rares initiatives telles que Libreboot<a href="#fn8" class="footnote-ref" id="fnref8" role="doc-noteref"><sup>8</sup></a> et Coreboot<a href="#fn9" class="footnote-ref" id="fnref9" role="doc-noteref"><sup>9</sup></a>, des logiciels libres et <em>open sources</em> chargés de remplacer partiellement le BIOS propriétaire, la majorité des cartes mères sont liées à leur BIOS du fait de l’ajout par Intel, à partir de 2006, d’un sous programme nommé <em>Management Engine</em> (ME) qui est accompagné d’un ensemble de modules comme <em>Boot Guard</em> et <em>Secure Boot</em> dont l’objectif est de veiller à ce qu’il n’y ait pas de corruption du système d’amorçage de l’ordinateur<a href="#fn10" class="footnote-ref" id="fnref10" role="doc-noteref"><sup>10</sup></a>. Ces programmes ont sans cesse été améliorés depuis leur introduction en 2006 et, aujourd’hui, ils empêchent toute modification de cette couche logicielle, la plus basse d’un ordinateur, si celle-ci n’est pas vérifiée et validée (avec un système de clés cryptées) par la firme propriétaire/fabricante.</p>
<p>Le BIOS est donc l’interface entre l’utilisateur et la machine qui nous permet de manipuler les différentes entrées et sorties du système, donc de gérer les périphériques, fonction que le système d’exploitation peut également réaliser une fois que la phase d’amorçage est terminée. Le système d’exploitation (OS pour <em>Operating System</em>), est un niveau d’abstraction supplémentaire et se retrouve à l’interface entre les applications logicielles et la couche matérielle. Un OS est composé d’un ensemble de programmes permettant la bonne gestion des ressources de l’ordinateur : mémoires, calculs, périphériques, les registres, etc. Chaque OS a un fonctionnement qui lui est propre : l’architecture des informations – l’arborescence des dossiers, l’indexation des documents et des fichiers binaires change selon l’OS utilisé –, l’ordonnancement des tâches pour le processeur ou encore l’allocation de la mémoire. Malgré le fait que ce n’a pas toujours été le cas, les applications logicielles sont installés à l’intérieur des systèmes d’exploitation et prêts à être exécutés. Le passage par un système d’exploitation permet aux logiciels de ne plus dépendre d’un modèle particulier du <em>hardware</em> et d’en faire justement abstraction, le rendant ainsi opérable sur différentes machines.</p>
-<p>Ce tour d’horizon des particularités de l’écriture numérique et de l’agencement entre logiciel et matériel dans la machine nous montre que la conception de la machine ne permet pas à un auteur d’y inscrire des signes dans sa mémoire, ni de pouvoir les consulter directement puisqu’elle lui est inaccessible à moins qu’un intermédiaire ne servent d’interface. La médiation entre une machine et un auteur se fait au moyen d’un langage compréhensible par les deux parties, que l’on assemble sous la forme d’instructions qui, une fois empaquetées, forment un logiciel. Pour symboliser la médiation du matériel par la mise en place du logiciel à l’interface de l’humain et de la machine, l’entreprise Microsoft emploie la métaphore de la fenêtre (<em>window(s)</em>) à travers laquelle l’usager voit le numérique, et donc l’ordinateur. Pourtant, il ne faut pas s’y méprendre, quelle que soit la fenêtre logicielle, elle ne permet d’accéder qu’à un certain nombre fini d’instructions. Alors qu’en tant qu’appareil programmable qui ne se souci pas de la signification du traitement des informations ni des résultats obtenus, l’ordinateur semble être un environnement beaucoup plus vaste que ce que cette fenêtre ne nous laisse croire <span class="citation" data-cites="turing_computable_1936">(<strong>turing_computable_1936?</strong>)</span>. Plutôt qu’une fenêtre comme ouverture ou passage vers le numérique, il serait plus juste de considérer cette fenêtre comme une vision du monde parmi d’autres. Cette vision du monde n’est pas seulement une vision particulière que l’humain a de la machine car dans ce cas nous serions dans un paradigme anthropocentré et utilitariste de la machine. En nous déplaçant de l’autre côté de la fenêtre, on se rend compte que la vision que porte la machine sur le monde est différente de la notre : la machine incarne une autre vision du monde sous forme de matrice, où chaque élément qu’elle perçoit l’est sous forme binaire. Le monde n’est alors plus que chiffres, calculs et distances, comme c’est le cas de la proposition de K. Hayles lorsqu’elle remplace Mère Nature par une Matrice <span class="citation" data-cites="hayles_my_2005">(<strong>hayles_my_2005?</strong>)</span>.</p>
-<p>Un début de relation s’instaure entre l’humain et la machine grâce à l’entremise du logiciel. À travers cette interface, lorsque l’on touche une lettre du bout du doigt, la machine devient alors accessible et l’impulsion (électrique) que cette action génère se transforme en une lettre à l’écran. Pour autant, cette accessibilité est-elle synonyme de mise en visibilité ? Le fait que “ça marche” rendrait-il le document visible ? C’est le rôle de l’interface graphique et des métaphores qu’elle véhicule que de cacher le fonctionnement même de la machine <span class="citation" data-cites="jeanneret_y-t-il_2011">(<strong>jeanneret_y-t-il_2011?</strong>)</span>. La déliaison convoquée par Bonaccorsi <span class="citation" data-cites="bonaccorsi_fantasmagories_2020">(<strong>bonaccorsi_fantasmagories_2020?</strong>)</span> prend place dès cet instant dans le processus d’écriture puisqu’il ne s’agit pas seulement de délier le geste de l’inscription mais également de faire abstraction de tout le processus d’écriture au-delà du geste. Ainsi, le logiciel aurait une double fonctionnalité : la première est une médiation qui ouvre le dialogue avec la machine tandis que la seconde en fait abstraction et la cache, ce qui a pour effet de rendre la machine quasiment invisible à l’utilisateur. Cependant, que découvrons-nous lorsque nous retirons ce voile devant la fenêtre ? Là se dévoile un vaste écosystème constitué de formats, des protocoles et leurs flux d’informations et de documents, parfois temporaires, voyageant d’une étape à une autre, prenant forme et se transformant pour suivre un cheminement prédéfini jusqu’à la création d’un document final que l’utilisateur récupère. Chacune de ces fenêtres offre finalement une vision particulière d’un document et un modèle épistémologique qui lui est propre <span class="citation" data-cites="vitali-rosati_editorialization_2018">(Vitali-Rosati, 2018)</span>.</p>
+<p>Ce tour d’horizon des particularités de l’écriture numérique et de l’agencement entre logiciel et matériel dans la machine nous montre que la conception de la machine ne permet pas à un auteur d’y inscrire des signes dans sa mémoire, ni de pouvoir les consulter directement puisqu’elle lui est inaccessible à moins qu’un intermédiaire ne servent d’interface. La médiation entre une machine et un auteur se fait au moyen d’un langage compréhensible par les deux parties, que l’on assemble sous la forme d’instructions qui, une fois empaquetées, forment un logiciel. Pour symboliser la médiation du matériel par la mise en place du logiciel à l’interface de l’humain et de la machine, l’entreprise Microsoft emploie la métaphore de la fenêtre (<em>window(s)</em>) à travers laquelle l’usager voit le numérique, et donc l’ordinateur. Pourtant, il ne faut pas s’y méprendre, quelle que soit la fenêtre logicielle, elle ne permet d’accéder qu’à un certain nombre fini d’instructions. Alors qu’en tant qu’appareil programmable qui ne se souci pas de la signification du traitement des informations ni des résultats obtenus, l’ordinateur semble être un environnement beaucoup plus vaste que ce que cette fenêtre ne nous laisse croire <span class="citation" data-cites="turing_computable_1936">(Turing, 1936)</span>. Plutôt qu’une fenêtre comme ouverture ou passage vers le numérique, il serait plus juste de considérer cette fenêtre comme une vision du monde parmi d’autres. Cette vision du monde n’est pas seulement une vision particulière que l’humain a de la machine car dans ce cas nous serions dans un paradigme anthropocentré et utilitariste de la machine. En nous déplaçant de l’autre côté de la fenêtre, on se rend compte que la vision que porte la machine sur le monde est différente de la notre : la machine incarne une autre vision du monde sous forme de matrice, où chaque élément qu’elle perçoit l’est sous forme binaire. Le monde n’est alors plus que chiffres, calculs et distances, comme c’est le cas de la proposition de K. Hayles lorsqu’elle remplace Mère Nature par une Matrice <span class="citation" data-cites="hayles_my_2005">(Hayles, 2005)</span>.</p>
+<p>Un début de relation s’instaure entre l’humain et la machine grâce à l’entremise du logiciel. À travers cette interface, lorsque l’on touche une lettre du bout du doigt, la machine devient alors accessible et l’impulsion (électrique) que cette action génère se transforme en une lettre à l’écran. Pour autant, cette accessibilité est-elle synonyme de mise en visibilité ? Le fait que “ça marche” rendrait-il le document visible ? C’est le rôle de l’interface graphique et des métaphores qu’elle véhicule que de cacher le fonctionnement même de la machine <span class="citation" data-cites="jeanneret_y_2011">(Jeanneret, 2011)</span>. La déliaison convoquée par Bonaccorsi <span class="citation" data-cites="bonaccorsi_fantasmagories_2020">(Bonaccorsi, 2020)</span> prend place dès cet instant dans le processus d’écriture puisqu’il ne s’agit pas seulement de délier le geste de l’inscription mais également de faire abstraction de tout le processus d’écriture au-delà du geste. Ainsi, le logiciel aurait une double fonctionnalité : la première est une médiation qui ouvre le dialogue avec la machine tandis que la seconde en fait abstraction et la cache, ce qui a pour effet de rendre la machine quasiment invisible à l’utilisateur. Cependant, que découvrons-nous lorsque nous retirons ce voile devant la fenêtre ? Là se dévoile un vaste écosystème constitué de formats, des protocoles et leurs flux d’informations et de documents, parfois temporaires, voyageant d’une étape à une autre, prenant forme et se transformant pour suivre un cheminement prédéfini jusqu’à la création d’un document final que l’utilisateur récupère. Chacune de ces fenêtres offre finalement une vision particulière d’un document et un modèle épistémologique qui lui est propre <span class="citation" data-cites="vitali-rosati_editorialization_2018">(Vitali-Rosati, 2018)</span>.</p>
<p>Dans la partie suivante, nous étudions le logiciel Stylo à partir de l’écran comme interface d’échange de signes entre les deux protagonistes, utilisateur et machine, puis, en dépassant cette surface, et en nous dégageant du prisme essentialiste, nous démontrerons que les différents agents d’un environnement – principalement logiciels et humain – sont des dynamiques qui, lorsqu’elles sont agencées dans une configuration particulière, co-construisent l’écriture.</p>
<p>[détailler le prisme essentialiste en une phrase ou deux]</p>
<h2 id="une-médiation-par-lécrit">Une médiation par l’écrit</h2>
@@ -136,7 +135,7 @@ Du fait de mon implication dans Stylo, le regard que je porte sur ce terrain n
<p>Sans l’intervention du logiciel entre l’être humain et la machine, il ne serait pas possible pour un auteur d’écrire sur le support de l’inscription numérique. Si l’on considère l’écriture comme le geste d’inscrire une trace ou un signe sur un support, alors l’écriture numérique n’est plus un fait humain mais un acte réalisé par l’ordinateur lui-même.</p>
<p>L’interaction entre un humain et une machine consiste, comme nous l’avons vu, en une série d’instructions que donne l’utilisateur à la machine qui, ensuite, les exécute. Le mécanisme sous-jacent à ce que l’on considère communément comme l’écriture numérique – frapper une touche du clavier et voir la lettre s’afficher à l’écran – s’avère être plus complexe. Le moment de la frappe n’est plus le moment où le symbole que l’on voit figurer sur la touche du clavier est inscrit dans le disque dur, il s’agit plutôt du moment où une instruction est donnée à l’ordinateur qui ensuite se charge d’inscrire la lettre correspondante sur le disque dur. Si l’on se trouve dans le cas de figure de la saisie d’un texte dans un éditeur de texte, l’instruction suivante, selon les logiciels et les actions souhaitées, consiste à afficher à l’écran le symbole encodé dans la mémoire de l’ordinateur.</p>
<p>Pour réaliser cette suite d’actions, Yves Jeanneret et Emmanuël Souchier partent de ce constat qu’il n’est pas possible d’écrire un texte numérique sans qu’un autre texte soit déjà présent pour réaliser cette action. Ce texte particulier qui pré-existe toute activité numérique est nommé architexte <span class="citation" data-cites="souchier_numerique_2019">(Souchier, 2019)</span>.</p>
-<p>L’architexte est un concept d’abord employé par Gérard Genette <span class="citation" data-cites="genette_introduction_1979">(<strong>genette_introduction_1979?</strong>)</span> et désigne « l’ensemble des catégories générales, ou transcendantes – types de discours, modes d’énonciations, genre littéraires, etc. –, dont relève chaque texte singulier ».</p>
+<p>L’architexte est un concept d’abord employé par Gérard Genette <span class="citation" data-cites="genette_introduction_1979">(1979)</span> et désigne « l’ensemble des catégories générales, ou transcendantes – types de discours, modes d’énonciations, genre littéraires, etc. –, dont relève chaque texte singulier ».</p>
<p>En 2019, dans leur ouvrage intitulé <em>Le numérique comme écriture</em>, G. Gomez Mejia, W. Candel et E. Souchier résument l’architexte numérique comme :</p>
<blockquote>
<p>Initialement défini comme “écriture d’écriture” puis comme un “dispositif d’écriture écrit”, l’architexte s’avère être un point de passage obligé pour toute activité numérique. Il n’y a effectivement pas d’écriture à l’écran sans un architexte qui la rend possible, l’accompagne et la formate. Pour la première fois de son histoire, l’homme a donc recours à des “dispositifs d’écriture écrits” spécifiques pour pouvoir pratiquer une activité d’écriture (E. Souchier, 1998, 2013). Or, précisément en ce qu’ils sont “eux-mêmes écrits”, les architextes “sont des textes lisibles et interprétables. Porteurs et prescripteurs d’une écriture à venir, ils anticipent de ce fait une figure de l’auteur” (É. Candel, G. Gomez Mejia, 2013) et relèvent donc de “l’énonciation éditoriale” (E. Souchier, 1998).</p>
@@ -149,7 +148,7 @@ Du fait de mon implication dans Stylo, le regard que je porte sur ce terrain n
<li>le logiciel</li>
<li>le document</li>
</ul>
-<p>Le premier cadre, matériel, désigne toute la composante physique de l’ordinateur et surtout l’écran sur lequel est affiché le texte. Le cadre système, quant à lui, est associé à la couche permettant de générer un environnement d’écriture numérique, initialisé par le BIOS et par le démarrage du système d’exploitation qui constitue le deuxième élément principal du cadre système. Le cadre logiciel est relatif à l’ensemble des logiciels que l’on peut exécuter dans un système d’exploitation, par exemple un terminal, un navigateur ou un traitement de textes. Enfin, le dernier cadre est celui du document. Le document doit être compris comme un objet, ou une forme déterminée, à l’intérieur duquel des éléments sémiotiques sont organisés et structurés <span class="citation" data-cites="pedauque_document_2006 zacklad_design_2019">(Zacklad, 2019; <strong>pedauque_document_2006?</strong>)</span>.</p>
+<p>Le premier cadre, matériel, désigne toute la composante physique de l’ordinateur et surtout l’écran sur lequel est affiché le texte. Le cadre système, quant à lui, est associé à la couche permettant de générer un environnement d’écriture numérique, initialisé par le BIOS et par le démarrage du système d’exploitation qui constitue le deuxième élément principal du cadre système. Le cadre logiciel est relatif à l’ensemble des logiciels que l’on peut exécuter dans un système d’exploitation, par exemple un terminal, un navigateur ou un traitement de textes. Enfin, le dernier cadre est celui du document. Le document doit être compris comme un objet, ou une forme déterminée, à l’intérieur duquel des éléments sémiotiques sont organisés et structurés <span class="citation" data-cites="pedauque_document_2006 zacklad_design_2019">(Pédauque, 2006; Zacklad, 2019)</span>.</p>
<p>Ces cadres sont un début de réponse au dépassement de l’écran. Néanmoins, plutôt que d’approfondir cette dimension invisible du texte, les auteurs de l’architexte reviennent sur la couche graphique en ajoutant qu’« à cet enchâssement de cadres, il faudrait encore ajouter ceux que composent, à l’intérieur même du document, les rubriques, encadrés, cartouches, “boîtes de dialogue” ou autres formes de cadres éditoriaux structurants pour le travail même du texte ».</p>
<p>De plus, toujours selon les auteurs :</p>
<blockquote>
@@ -158,26 +157,26 @@ Du fait de mon implication dans Stylo, le regard que je porte sur ce terrain n
<p>Ce premier cadre de « l’écrit d’écran » ne désigne en fin de compte, pour les auteurs, que l’écran. Or, il n’est pas nommé cadre écran mais cadre matériel et devrait renvoyer à toute la dimension physique d’un ordinateur et pas seulement à l’organe d’affichage qui, dans cette disposition, apparaît comme central dans le fonctionnement d’un ordinateur.</p>
<p>Le dépassement de l’écran est un acte symbolique nécessaire pour se soustraire à une vision anthropocentrée des actions de lecture et d’écriture. Pour effectuer ce changement de perspective, nous devons d’abord nous débarasser d’un élément central à l’interface de l’humain et la machine : la page.</p>
<h3 id="la-page-est-un-doudou">La page est un doudou</h3>
-<p>Le terme <em>page</em> revient de manière récurrente dans nos usages de l’ordinateur : on le retrouve dans les logiciels de traitement de textes – il y a même un logiciel du nom de <em>Pages</em> disponible dans l’environnement Apple –, dans les livres numériques ou encore dans le Web où chaque URL est l’adresse d’une page. Matthew Kirschenbaum et Thomas Bergin nous détaillent dans leurs travaux l’arrivée de la page sur nos écrans durant les années 1970 et le début des années 1980 <span class="citation" data-cites="kirschenbaum_track_2016 bergin_origins_2006 bergin_proliferation_2006">(<strong>kirschenbaum_track_2016?</strong>; <strong>bergin_origins_2006?</strong>; <strong>bergin_proliferation_2006?</strong>)</span>.</p>
+<p>Le terme <em>page</em> revient de manière récurrente dans nos usages de l’ordinateur : on le retrouve dans les logiciels de traitement de textes – il y a même un logiciel du nom de <em>Pages</em> disponible dans l’environnement Apple –, dans les livres numériques ou encore dans le Web où chaque URL est l’adresse d’une page. Matthew Kirschenbaum et Thomas Bergin nous détaillent dans leurs travaux l’arrivée de la page sur nos écrans durant les années 1970 et le début des années 1980 <span class="citation" data-cites="kirschenbaum_track_2016 bergin_origins_2006 bergin_proliferation_2006">(Bergin, 2006a, 2006b; Kirschenbaum, 2016)</span>.</p>
<p>Cet objet qu’est la page a été instauré dans l’ordinateur uniquement pour reproduire une « habitude » et créer un lien fictif entre les visions du monde de l’imprimerie et de l’informatique. Cet artefact produit une forme de réconfort auprès de l’utilisateur pour que le monde informatique lui semble plus tangible, qu’il ait quelque chose auquel se raccrocher, d’où sa déclinaison dans des espaces différents qui ne ressemblent plus du tout à des pages de livres ou de feuilles (comme par exemple A4 lettre US, ou le livre au format poche). La page affichée à l’écran n’existe qu’à cet endroit, il ne s’agit que d’un rendu graphique qui ne fait pas partie de l’écriture (au sens du texte saisi).</p>
<p>Le pouvoir de la page sur l’utilisateur est considérable étant donnée la nature même de cet objet que l’on pourrait considérer comme l’un des seuls à être virtuel et presque sans matérialité du point de vue de l’informatique. Malgré tous les efforts effectués depuis son instauration à l’écran, la page affichée n’est jamais la page imprimée car, aussi précis que soient les détails typographiques que l’on peut y ajuster, elle ne reflétera jamais le grain, l’épaisseur, l’odeur ou tout autre caractéristique physique du papier.</p>
<p>La critique énoncée à l’endroit de la page ne doit pas être réduite à une apologie d’un mode sans page. Elle consiste à montrer qu’à vouloir préserver une habitude pour <em>ne pas effrayer</em> l’utilisateur, la page fait écran devant l’ordinateur, et cache la machine qui ne devient plus qu’un simple mécanisme au lieu d’être un agent de l’énonciation éditoriale.</p>
<p>Cette peur de l’informatique pourrait relever essentiellement de l’angoise de l’arrachement d’une valeur qui définie l’être humain et devienne une caractéristique d’une autre entité, ne permettant plus de définir l’humain en regard de ce que lui seul est capable de faire (Vitali-Rosati).</p>
<p>Kittler, à ce propos, nous rappelle qu’historiquement les caractéristiques qui définissent l’être humain sont souvent le symbole du pouvoir et désigne plutôt les hommes alors qu’à l’instant même où cette caractéristique est déchue de son statut de marqueur de puissance, ce sont les femmes qui en héritent. Dans le cas de l’écriture – dactylographie et sténographie–, elles en deviennent les expertes dès 1881, au moment même où les ventes de la machine à écrire Remington II explosent alors que chute le pourcentage d’hommes dans ce domaine <span class="citation" data-cites="kittler_gramophone_2018">(F. Kittler, 2018, p. 306)</span>. La Remington Model II de 1878 comporte une particularité, il s’agit de la première machine à écrire comportant une touche SHIFT pour avoir les hauts de casse et les bas de casse sur le même clavier, pourtant, malgré cette nouvelle fonctionnalité, les ventes ne se développèrent pas dès cette date. En 1881, l’entreprise modifie sa stratégie de vente et cible les femmes qui n’ont pas de travail. En parallèle, l’Association chrétienne de jeunes femmes de New York commence à former des jeunes femmes à la dactylographie, fait qui a été ensuite reproduit en Europe du à son succès <span class="citation" data-cites="kittler_gramophone_2018">(F. Kittler, 2018, p. 322)</span>. Il y aurait donc une peur de perdre non seulement une caractéristique de l’humanité mais surtout une caractéristique de la masculinité.</p>
-<p>Néanmoins, avant d’en arriver à cette émotion forte qu’est la peur et qui traduit une incapacité à définir l’être humain, nous pouvons nous appuyer sur la pensée de Gunther Anders et convoquer une forme de honte <span class="citation" data-cites="anders_obsolescence_2002">(<strong>anders_obsolescence_2002?</strong>)</span> que la page camoufle.</p>
+<p>Néanmoins, avant d’en arriver à cette émotion forte qu’est la peur et qui traduit une incapacité à définir l’être humain, nous pouvons nous appuyer sur la pensée de Gunther Anders et convoquer une forme de honte <span class="citation" data-cites="anders_obsolescence_2002">(Anders, 2002)</span> que la page camoufle.</p>
<p>Interagir avec une machine demande une certaine rigueur : qu’il s’agisse de structurer un document ou de lui donner une série d’instructions (du code), une machine ne peut interpréter l’ambiguité ou l’implicite culturel. Cela voudrait dire qu’aucun échange humain-ordinateur ne peut reposer sur des conventions culturelles de lecture et que l’instruction données n’a, en elle-même, aucun sens. Dès lors, comment pouvons-nous admettre que quelque chose qui n’a pas de sens puisse en générer ?</p>
<p>La honte (prométhéenne) d’Anders est alors double : d’un côté il y a un mélange de fierté devant cette machine créée par l’être humain et de honte parce que l’individu isolé devant la machine sait que ce n’est pas lui qui l’a mise au point et, de l’autre, il y a cette honte à être face à un outil qui réalise une action mieux qu’on ne le ferait soi-même alors que cette dite machine n’a aucune conscience de ce qu’elle réalise.</p>
<p>Le dépassement de la page et de l’écran est une proposition pour poser un autre regard non anthrocopentré sur cette question de l’écriture numérique et laisser de côté les modalités de définition de l’être humain. Elle signifie qu’il ne s’agit plus de poser la question de l’auteur de l’écriture, en admettant que c’est bien la machine qui écrit, mais de se demander comment comment cette nouvelle fonction (inter)agit entre les agents d’un système d’informations. Que se passe-t-il lorsque cet ordinateur devient un agent actif qui écrit et transmet des informations entre, d’une part, l’instructeur (la personne qui donne des instructions) et la ou les personnes qui lisent les productions issues du traitement de ces instructions (les productions écrites) ? Dans cette configuration s’opère alors un changement radical de l’état de l’ordinateur. D’abord à l’état de médiateur puis de support de l’écriture, l’ordinateur passe maintenant au statut d’entité agissante au sein d’un système d’informations.</p>
<h3 id="le-logiciel-est-une-médiation">Le logiciel est une médiation</h3>
<p>Traverser la page pour atteindre les couches inférieures nous amène à faire escale sur la couche logicielle. Le logiciel a un statut intéressant : on le considère souvent comme un médiateur, un agent qui permet la communication et l’interaction humain-machine, pourtant ce n’est pas le cas de toutes les recherches. F. Kittler et sa très célèbre provocation « Es gibt keine Software », traduit par <em>Le logiciel n’existe pas</em> <span class="citation" data-cites="kittler_mode_2015">(2015)</span>, nous rappelle que ces écritures (qui nous permettent d’écrire), sont stockées et traitées par la machine exactement de la même façon que n’importe quelle écriture numérique.</p>
<p>On retrouve tous ces textes numériques (logiciels et documents) au même niveau hiérarchique dans l’architecture du système d’exploitation et le traitement qui leur est appliqué par le processeur est identique. La nomination des logiciels en tant qu’« écrits qui permettent les écrits d’écran » par E. Souchier nous mène aussi à cette juxtaposition : finalement le logiciel est de même nature que le texte que nous y rédigeons à l’intérieur.</p>
-<p>Toutefois, une distinction persiste. Si le texte peut être remédié dans un autre format – et être imprimé par exemple –, le logiciel quant à lui ne peut exister que dans son environnement numérique. Son code source peut lui aussi faire l’objet d’une remédiation <span class="citation" data-cites="bolter_remediation_1998">(Bolter &amp; Grusin, 1998)</span> mais il sera dénaturé car sa fonction principale est l’organisation du traitement des informations dans un ordinateur. D’ailleurs, C. Herrenschmidt nous rappelle que le terme de logiciel a été forgé à partir de la contraction du mot “logique” avec le mot “matériel” <span class="citation" data-cites="herrenschmidt_les_2023">(<strong>herrenschmidt_les_2023?</strong>)</span> , pour justement montrer à la fois l’opposition du logiciel avec l’aspect matériel (<em>hardware</em>) et marquer leur complémentarité : l’ordinateur (<em>hardware</em>) serait très peu accessible (voir inaccessible) sans logiciel, et le logiciel n’existe pas en dehors de l’ordinateur.</p>
+<p>Toutefois, une distinction persiste. Si le texte peut être remédié dans un autre format – et être imprimé par exemple –, le logiciel quant à lui ne peut exister que dans son environnement numérique. Son code source peut lui aussi faire l’objet d’une remédiation <span class="citation" data-cites="bolter_remediation_1998">(Bolter &amp; Grusin, 1998)</span> mais il sera dénaturé car sa fonction principale est l’organisation du traitement des informations dans un ordinateur. D’ailleurs, C. Herrenschmidt nous rappelle que le terme de logiciel a été forgé à partir de la contraction du mot “logique” avec le mot “matériel” <span class="citation" data-cites="herrenschmidt_trois_2023">(Herrenschmidt, 2023, p. 474)</span> , pour justement montrer à la fois l’opposition du logiciel avec l’aspect matériel (<em>hardware</em>) et marquer leur complémentarité : l’ordinateur (<em>hardware</em>) serait très peu accessible (voir inaccessible) sans logiciel, et le logiciel n’existe pas en dehors de l’ordinateur.</p>
<p>Lorsque l’on définit le logiciel en opposition au matériel, on les place tous les deux au même niveau – ils sont des entités équivalentes – et cela nous détache de ce que nous avons vu précédemment sur la place du logiciel aux côtés de n’importe quel document à l’intérieur de la mémoire de l’ordinateur.</p>
-<p>Un courant contemporain de la théorie des médias, l’intermédialité montréalaise<a href="#fn11" class="footnote-ref" id="fnref11" role="doc-noteref"><sup>11</sup></a> <span class="citation" data-cites="muller_lintermedialite_2000 tadier_tentative_2021 tadier__2021">(Tadier &amp; Méchoulan, 2021; <strong>muller_lintermedialite_2000?</strong>;   Tadier, 2021)</span>, en tant qu’art pour penser les relations <span class="citation" data-cites="tadier__2021">(Tadier, 2021)</span>, peut être mobilisée pour mieux comprendre les liens entretenues par les agents de notre système, la machine avec elle-même, humain-machine, machine-machine.</p>
-<p>Ce qui est intéressant dans cette relation – et que certains systèmes d’exploitation cachent depuis plusieurs années – est le fait que logiciel ne puisse exister que dans un environnement très particulier et fragile. Pour fonctionner, le logiciel doit être compatible avec plusieurs composants de l’ordinateur. Les premiers composants sont matériels : est-ce que l’ordinateur a une carte graphique, quel type de processeur ou la quantité de mémoire vive, etc. C’était un fait connu du temps des premiers logiciels comme WordPerfect <span class="citation" data-cites="bergin_origins_2006 kirschenbaum_track_2016 kittler_mode_2015">(<strong>bergin_origins_2006?</strong>; F. A. Kittler, 2015;   <strong>kirschenbaum_track_2016?</strong>)</span> et que l’on voit de moins en moins aujourd’hui, notamment parce que 1) les logiciels à installer sont disponibles pour beaucoup de matériels – exceptés pour certains jeux vidéos ou des programmes que l’on va préférer faire fonctionner sur des “machines plus puissantes” comme des réseaux de neurones – et 2) parce que le développement des téléphones intelligents depuis une vingtaine d’années a donné naissance à un nouveau format d’application : les <em>progressive web apps</em> qui utilisent les technologies du web (HTML, CSS, JS) pour fonctionner et sont donc exécutables sur plus de supports puisqu’elles sont agnostiques<a href="#fn12" class="footnote-ref" id="fnref12" role="doc-noteref"><sup>12</sup></a> vis-à-vis du système d’exploitation. L’environnement matériel est donc une première condition pour faire fonctionner un logiciel. La deuxième est le système d’exploitation. En fonction du système d’exploitation – et de sa version – un logiciel pourra y être installé à l’intérieur. Ce deuxième paramètre ne doit pas être sous-estimé car l’écosystème des logiciels fonctionne sur la base d’un système réticulaire : les programmes ne sont pas développées <em>from scratch</em>, ils s’appuient sur d’autres briques logicielles qui elles-mêmes s’appuient sur d’autres briques logicielles. Chacune d’entre elles dépend d’une version particulière de l’autre. Si une version venait a être mise à jour sans vérification préalable, alors le château de cartes pourrait s’effondrer et le logiciel ne plus fonctionner.</p>
+<p>Un courant contemporain de la théorie des médias, l’intermédialité montréalaise<a href="#fn11" class="footnote-ref" id="fnref11" role="doc-noteref"><sup>11</sup></a> <span class="citation" data-cites="muller_lintermedialite_2000 tadier_tentative_2021 tadier__2021">(Müller, 2000; Tadier &amp; Méchoulan, 2021;   Tadier, 2021)</span>, en tant qu’art pour penser les relations <span class="citation" data-cites="tadier__2021">(Tadier, 2021)</span>, peut être mobilisée pour mieux comprendre les liens entretenues par les agents de notre système, la machine avec elle-même, humain-machine, machine-machine.</p>
+<p>Ce qui est intéressant dans cette relation – et que certains systèmes d’exploitation cachent depuis plusieurs années – est le fait que logiciel ne puisse exister que dans un environnement très particulier et fragile. Pour fonctionner, le logiciel doit être compatible avec plusieurs composants de l’ordinateur. Les premiers composants sont matériels : est-ce que l’ordinateur a une carte graphique, quel type de processeur ou la quantité de mémoire vive, etc. C’était un fait connu du temps des premiers logiciels comme WordPerfect <span class="citation" data-cites="bergin_origins_2006 kirschenbaum_track_2016 kittler_mode_2015">(Bergin, 2006a;   Kirschenbaum, 2016; F. A. Kittler, 2015)</span> et que l’on voit de moins en moins aujourd’hui, notamment parce que 1) les logiciels à installer sont disponibles pour beaucoup de matériels – exceptés pour certains jeux vidéos ou des programmes que l’on va préférer faire fonctionner sur des “machines plus puissantes” comme des réseaux de neurones – et 2) parce que le développement des téléphones intelligents depuis une vingtaine d’années a donné naissance à un nouveau format d’application : les <em>progressive web apps</em> qui utilisent les technologies du web (HTML, CSS, JS) pour fonctionner et sont donc exécutables sur plus de supports puisqu’elles sont agnostiques<a href="#fn12" class="footnote-ref" id="fnref12" role="doc-noteref"><sup>12</sup></a> vis-à-vis du système d’exploitation. L’environnement matériel est donc une première condition pour faire fonctionner un logiciel. La deuxième est le système d’exploitation. En fonction du système d’exploitation – et de sa version – un logiciel pourra y être installé à l’intérieur. Ce deuxième paramètre ne doit pas être sous-estimé car l’écosystème des logiciels fonctionne sur la base d’un système réticulaire : les programmes ne sont pas développées <em>from scratch</em>, ils s’appuient sur d’autres briques logicielles qui elles-mêmes s’appuient sur d’autres briques logicielles. Chacune d’entre elles dépend d’une version particulière de l’autre. Si une version venait a être mise à jour sans vérification préalable, alors le château de cartes pourrait s’effondrer et le logiciel ne plus fonctionner.</p>
<p>D’ailleurs, une pratique courante en développement informatique consiste à créer un environnement virtuel – une bulle – à l’intérieur même de son ordinateur pour y installer des versions sélectionnées de dépendances logicielles afin qu’elles ne soient pas victime d’un effet de bord dû à une mise à jour d’un autre programme (et d’autre dépendances).</p>
<p>Le logiciel est un langage de haut niveau qui permet de manipuler des données jusqu’au plus bas niveau de l’ordinateur, au niveau des entrées et des sorties. Toutes ces manipulations sont exécutées en appelant des instructions dans ce réseau de dépendances/logiciels pour que les données puissent descendre les couches et être transformées jusqu’à atteindre leur espace de stockage dans la mémoire morte.</p>
-<p>Le nom qui désigne un logiciel comme MS Word, Stylo ou LibreOffice désignent plus que les vagues notions que peuvent être leur fonctionnalité principale, dans ces cas-ci l’édition de texte, et peuvent être définis par la totalité des instructions mobilisées dans la manipulation des informations. À l’instar de McLuhan <span class="citation" data-cites="mcluhan_pour_1977">(1977)</span>, l’on pourrait percevoir les logiciels comme des espaces construits – des architectures de l’information <span class="citation" data-cites="broudoux_larchitecture_2013">(<strong>broudoux_larchitecture_2013?</strong>)</span> soignées – avec une topologie qui leur est propre et à travers laquelle chaque suite d’instructions forme une route que des unités sémiotiques empruntent pour y être transformées en unités calculables.</p>
+<p>Le nom qui désigne un logiciel comme MS Word, Stylo ou LibreOffice désignent plus que les vagues notions que peuvent être leur fonctionnalité principale, dans ces cas-ci l’édition de texte, et peuvent être définis par la totalité des instructions mobilisées dans la manipulation des informations. À l’instar de McLuhan <span class="citation" data-cites="mcluhan_pour_1977">(1977)</span>, l’on pourrait percevoir les logiciels comme des espaces construits – des architectures de l’information <span class="citation" data-cites="broudoux_larchitecture_2013">(Broudoux et al., 2013)</span> soignées – avec une topologie qui leur est propre et à travers laquelle chaque suite d’instructions forme une route que des unités sémiotiques empruntent pour y être transformées en unités calculables.</p>
<p>Chaque environnement d’écriture incarne un modèle et une vision du traitement de l’information, que l’on peut englober sous le nom de cet environnement. Lors de l’interaction entre un usager et une machine, par le biais de cet environnement, les médiations à l’oeuvre sont des représentations de ce modèle dont les traces présentes dans les documents sont les indices.</p>
<p>En prenant le cas de Stylo, nous pouvons détailler ce que nom désigne en fouillant l’architecture logicielle, puisque le code est en libre accès, afin de cibler les traces de cette relation entre l’auteur et son environnement.</p>
<p>Tout d’abord, Stylo représente un espace sur le Web dans lequel nous pouvons écrire en suivant la syntaxe de trois formats de texte brut, le Markdown, le YAML et le BibTeX. Le Web fonctionne différemment d’un environnement local sur son ordinateur personnel.</p>
@@ -257,6 +256,7 @@ Du fait de mon implication dans Stylo, le regard que je porte sur ce terrain n
<p>Autrement dit, chaque fonctionnalité décrit de manière formelle la structuration des informations dans Stylo, donc ce que Stylo écrit dans la base données et dans les textes puisque ce sont les informations renseignées qui seront intégrées dans les documents exportés. En ce sens, Stylo et ses protocoles pré-construisent la totalité de ce qu’un utilisateur peut saisir dans l’interface et sera enregistré dans la base de données. Puisqu’il y a une pré-construction du document et du texte, nous pouvons à ce stade présupposé qu’il y a une pré-construction des traces des interactions avec l’utilisateur et de l’intimité qui en résulte. Cette préconstruction est la vision du document incarnée dans Stylo.</p>
<p>Une description très générale des moyens de communication à l’oeuvre entre les différents modules de Stylo nous montre déjà que l’information saisie dans cet éditeur de texte est formatée par une architecture de données alors que nous n’avons pas encore abordé les conditions de l’écriture avec les trois formats pivots d’un document dans Stylo.</p>
<h3 id="les-formats-déterminent-la-sémantique-du-texte">Les formats déterminent la sémantique du texte</h3>
+<p>[Trouver quelques références sur les formats, ex la these de de Mourat sur le vacillement des formats]</p>
<p>Selon les formats d’écriture, et lorsque l’on sort du paradigme WYSIWYG pour celui du WYSIWYM, on s’émancipe de la surcouche de mise en page pour entrer directement dans la couche de la structuration des contenus, là où les formats remplacent la couche supprimée par une autre couche graphique et rendent leur structure visible.</p>
<p><em>What You See Is What You Get</em>, ou WYSIWYG, est l’acronyme généralement employé pour désigner les outils qui adoptent une surcouche graphique de gestion de la mise en page des contenus d’un document, au risque de ne pas structurer les informations qu’il contient avec finesse. Le paradigme opposé, <em>What You See Is What You Mean</em> (WYSIWYM), distingue la mise en page graphique des éléments du texte de leur structuration. Les formats employés sont généralement du texte brut et permettent dans la plupart des cas de baliser le contenu pour définir la nature des éléments à décrire. C’est le cas, par exemple, de tous les langages de balisages hérités de SGML (<em>Standard Generalized Markup Language</em>) tels que HTML ou XML mais également les langages de balisage léger comme Markdown, AsciiDoc, reStructuredText, etc.</p>
<p>À ce stade, l’agent humain ne dépend pas d’un logiciel particulier pour saisir son texte puisque la saisie d’un texte dans un format <em>plain text</em> peut l’être dans n’importe quel environnement. Écrire en texte brut signifie également ouvrir les possibilités de structuration du texte : ce n’est plus un logiciel de traitement de texte, MSWord, GoogleDoc ou LibreOffice qui décide de l’organisation des connaissances à l’intérieur du document, suivant un phénomène de documentarisation <span class="citation" data-cites="zacklad_design_2019">(Zacklad, 2019)</span>, mais le choix d’un format ou d’une saveur particulière d’un format : le positionnement de l’autorité est alors déplacé vers un niveau plus bas.</p>
@@ -314,21 +314,19 @@ Du fait de mon implication dans Stylo, le regard que je porte sur ce terrain n
<p>Le changement de version génère une modification de comportement des valeurs <code>y, yes, on</code> qui signifiaient le booléen <code>true</code> dans la version 1.1 et ne sont plus que des chaînes de caractères à partir de la version 1.2. Or, tous les parseurs de YAML n’ont pas fait cette mise à jour. Par exemple, la très répandue librairie Python PyYaml, dont la dernière mise à jour remonte à juillet 2023<a href="#fn34" class="footnote-ref" id="fnref34" role="doc-noteref"><sup>34</sup></a>, s’appuie toujours sur la version 1.1 de YAML. En somme, si un document doit passer d’un environnement utilisant la version 1.1 ou la version 1.2, les informations structurées ne seront pas traitées de la même manière.</p>
<p>Nous sommes en droit de nous demander pourquoi YAML reste aussi populaire ? Ruud van Asseldonk apporte plusieurs réponses à cette question. La première est que YAML fait partie des plus anciens langages de sérialisation de données et répondait alors à un besoin de toute une génération de développeurs, ensuite il permet l’écriture de commentaires à l’intérieur des documents, c’est-à-dire du texte qui ne sera pas traité par le parseur, alors que JSON ne le permet pas. Des alternatives comme le langage TOML<a href="#fn35" class="footnote-ref" id="fnref35" role="doc-noteref"><sup>35</sup></a> ont vu le jour dans les années 2010 (2013 pour le TOML) pour tenter de pallier les problèmes sus-mentionnés. Le langage TOML est par exemple utilisée pour le fichier de configuration du paquet Python “Pressoir-CLI” afin de déclarer différents paramètres, par exemple de mise en page, parsés par le Pressoir et utilisés pour générer des livres au format HTML. Cet outil fera l’objet d’une analyse détaillée dans le prochain chapitre<a href="#fn36" class="footnote-ref" id="fnref36" role="doc-noteref"><sup>36</sup></a>.</p>
<p>Enfin, le dernier format pivot utilisé dans Stylo, le BibTeX, est utilisé pour structurer les références bibliographiques. BiBTeX est un format standard permettant de décrire des listes de références bibliographiques inventé par Oren Patashnik en 1985 pour l’écosystème LaTeX. Au-delà de LaTeX, c’est un format largement utilisé par les gestionnaire de références bibliographiques comme Zotero<a href="#fn37" class="footnote-ref" id="fnref37" role="doc-noteref"><sup>37</sup></a> ou eBib<a href="#fn38" class="footnote-ref" id="fnref38" role="doc-noteref"><sup>38</sup></a>.</p>
-<p>Le choix d’intégrer BibTeX à Stylo provient de la possibilité d’utiliser l’API de Zotero dans l’éditeur de Stylo pour récupérer les informations des références bibliographiques. Ce fonctionnement entre Zotero et Stylo permet aux utilisateurs de ne passer que rarement par la forme brute du BibTeX, puis il permet de décentraliser la gestion et le nettoyage des informations de chaque références dans Zotero et limite les phases de nettoyage des informations à ce seul espace. Stylo est plutôt prévu pour récupérer des listes de références bibliographiques et procurer des fonctionnalités pour les intégrer dans un texte. L’utilisation du format BibTeX permet d’automatiser la saisie et la transformation des références bibliographiques selon les styles requis pour un document. Pourtant, ce choix pourrait être tout à fait discutable du fait des limites de Zotero et de BibTeX. Lors de la création d’un nouvel objet dans Zotero, le premier élément à saisir est le type d’objet à référencer. Le nombre de types est limité à 17. Cela couvre une bonne partie des besoins académiques mais pas les exceptions qui vont toutes rentrer dans le dernier type <code>@misc</code> pour « tout autre type de document ». Il en va de même pour les informations rattachées à chaque type de données<a href="#fn39" class="footnote-ref" id="fnref39" role="doc-noteref"><sup>39</sup></a> : selon les disciplines ou les pour certains documents très particuliers, les champs de Zotero peuvent être trop restrictifs alors qu’il serait nécessaire de pouvoir saisir de nouvelles entrées pour enrichir les données bibliographiques tout en préservant leur structuration. Actuellement, la seule possibilité serait d’utiliser le champ <code>Extra</code> pour ajouter une information supplémentaire sous la forme de chaîne de caractères sans avoir de structure explicite.</p>
+<p>Le choix d’intégrer BibTeX à Stylo provient de la possibilité d’utiliser l’API de Zotero dans l’éditeur de Stylo pour récupérer les informations des références bibliographiques. Ce fonctionnement entre Zotero et Stylo permet aux utilisateurs de ne passer que rarement par la forme brute du BibTeX, puis il permet de décentraliser la gestion et le nettoyage des informations de chaque références dans Zotero et limite les phases de nettoyage des informations à ce seul espace. Stylo est plutôt prévu pour récupérer des listes de références bibliographiques et procurer des fonctionnalités pour les intégrer dans un texte. L’utilisation du format BibTeX permet d’automatiser la saisie et la transformation des références bibliographiques selon les styles requis pour un document. Pourtant, ce choix pourrait être tout à fait discutable du fait des limites de Zotero et de BibTeX. Lors de la création d’un nouvel objet dans Zotero, le premier élément à saisir est le type d’objet à référencer. Le nombre de types est limité à 17. Cela couvre une bonne partie des besoins académiques mais pas les exceptions qui vont toutes rentrer dans le dernier type <code>@misc</code> pour « tout autre type de document ». Il en va de même pour les informations rattachées à chaque type de données<a href="#fn39" class="footnote-ref" id="fnref39" role="doc-noteref"><sup>39</sup></a> : selon les disciplines ou pour certains documents très particuliers, les champs de Zotero peuvent être trop restrictifs alors qu’il serait nécessaire de pouvoir saisir de nouvelles entrées pour enrichir les données bibliographiques tout en préservant leur structuration. Actuellement, la seule possibilité serait d’utiliser le champ <code>Extra</code> pour ajouter une information supplémentaire sous la forme de chaîne de caractères sans avoir de structure explicite.</p>
<p>D’autres problèmes peuvent surgir entre la représentation d’une référence bibliographique dans Zotero et dans Stylo/Pandoc. Lors de l’édition d’articles en anglais et en français, nous nous sommes aperçus d’une différence de comportement importante entre ce que prévoit le format BibTeX, son interprétation dans Zotero et celle que l’on en fait dans Stylo.. Avec BibTeX il existe plusieurs paramètres de langues : <code>langid</code> et <code>language</code>. <code>langid</code> permet initialement d’identifier la langue à appliquer à l’entrée (comme traitement) et <code>language</code> sert à déclarer la langue employée dans le document. Stylo et Pandoc prennent les deux paramètres en charge, alors que dans Zotero il n’est possible de renseigner que <code>language</code> et pas <code>langid</code>, <code>language</code> combinant les deux objets. En récupérant les références bibliographiques depuis Zotero, Stylo récupère seulement le paramètre <code>language</code> puisque le paramètre <code>langid</code> n’existe pas dans Zotero. Lors du traitement des informations avec Pandoc, il n’est pas possible de déclarer le traitement à appliquer à la référence bibliographique. Par défaut, Stylo va appliquer la langue du contenu du texte dans Stylo à toutes les références bibliographiques. Dans un texte comme celui-ci, le paramètre par défaut est réglé sur le français. Les références en anglais seront alors transformées selon les règles orthotypographiques françaises et pas selon les normes anglaises. Pour une structure éditoriale telle qu’une revue, ce paramètre n’est pas opérationnel. De ceci découle une discussion entre les membres de l’équipe de développement de Stylo<a href="#fn40" class="footnote-ref" id="fnref40" role="doc-noteref"><sup>40</sup></a> sur la conduite à tenir pour informer les usagers de ce problème et trouver une solution pour le contourner. À ce jour, nous avons décidé de renseigner le problème dans la documentation de Stylo<a href="#fn41" class="footnote-ref" id="fnref41" role="doc-noteref"><sup>41</sup></a> pour avertir les utilisateurs. Une modification du format ou du fonctionnement du gestionnaire de références bibliographiques serait beaucoup trop lourde en termes d’effets de bord dans Stylo, c’est pour cela qu’à ce stade nous en sommes restés à cette solution.</p>
-<p>[Faire une mini conclusion sur ce qu’apporte ces trois formats]</p>
+<p>Le choix des formats dans lesquels les utilisateurs peuvent saisir leurs textes et leurs données n’est pas anodin. Qu’il soit ancien, récent, verbeux ou léger, permissif ou rigide, le format d’écriture conditionne ce que l’on a le droit d’écrire ou non. En ce sens la décision de ce qui peut être saisi est déjà prise avant qu’un texte soit frappé sur le clavier. Par exemple, dans Stylo, le Markdown ne permet pas à un philologue de saisir explicitement un appareil critique. C’est une syntaxe qui n’existe pas alors que c’est le cas pour d’autre environnements comme LaTeX et le paquet <a href="http://www.ekdosis.org/"><code>ekdosis</code></a> développé et maintenu par Robert Alessi. Dans ce cas-ci, puisque l’appareil critique n’existe pas en Markdown, il ne peut pas exister dans Stylo sauf si l’utilisateur fait abstraction du format et qu’il change de paradigme pour celui de la page et de la représentation graphique. En faisant cela, l’utilisateur fait également abstraction de la machine et de ce qu’elle peut interpréter du contenu puis écrire dans le texte. Lorsque nous sommes dans un environnement mis à disposition comme Stylo, le risque est que celui-ci ne soit pas complètement adapté à des besoins ou à une intention. Il risque d’y avoir une friction entre les formats imposés par l’environnement et les besoins en écriture.</p>
<h3 id="co-écriture-entre-les-agents">Co-écriture entre les agents</h3>
<p>En régissant les procédés de saisi du textes, un rapport de force semble s’instaurer entre les instances éditrices des architextes (que ce soit des collectifs, des institutions ou des entreprises) et les usagers. Dans le cas d’un logiciel de traitement de texte lorsque, par exemple, Microsoft propose une modification de la police utilisée par défaut dans une version actualisée du logiciel MSWord, Microsoft change également les manières d’écrire de tous les individus à travers le monde qui utilisent ce logiciel (et qui ont installé la mise à jour).</p>
-<p>Si l’on s’arrête à la vision superficielle du texte, comme le propose J. Goody avec la raison graphique, on ne voit que les modifications d’affichage des éléments graphiques mais nous oublions ceux qui sont invisibles et cachés derrière la page.</p>
-<p>Certes, les interfaces d’écriture sont présentés sous la forme de gabarits que l’on doit remplir, comme on peut le faire avec des logiciels de création de diapositives dont chacune est découpée en sections contenant tour à tour des images, des titres ou du texte. Dans cet exemple-ci nous avons affaire à une construction visuelle du document : un emplacement pour le titre de la diapositive, un autre pour le texte, un autre pour une image ou pour un graphique, etc. À ce sujet, E. Tufte <span class="citation" data-cites="tufte_cognitive_2003">(<strong>tufte_cognitive_2003?</strong>)</span> a publié un article sur l’utilisation du logiciel PowerPoint et démontre à travers plusieurs cas d’étude les effets du logiciel sur la forme des présentations et des informations qu’elles contiennent. La thèse qu’il y défend est que ce logiciel, en 2003, « […] perturbe, domine et banalise systématiquement le contenu. » <a href="#fn42" class="footnote-ref" id="fnref42" role="doc-noteref"><sup>42</sup></a> notamment parce qu’il « facilite activement la réalisation de présentation légère »<a href="#fn43" class="footnote-ref" id="fnref43" role="doc-noteref"><sup>43</sup></a>. À travers son analyse des usages de PowerPoint, E. Tufte nous montre qu’il ne s’agit pas d’un manque de fonctionnalité pour enrichir des supports de présentation, que l’auteur qualifie de pauvres, mais que le logiciel lui-même induit ce type de présentation avec des <em>templates</em> préfabriqués, des réalisations de graphiques automatisées ou d’autres fonctionnalités similaires qui appauvrissent les présentations parce que leur fonctionnement est calqué sur un modèle de présentation marketing qui n’est pas adapté aux sciences. Il ne s’agit plus seulement de remplir des gabarits préfabriqués mais également de penser les formes que peuvent prendre l’information, ce que Tufte nomme « The Cognitive Style of PowerPoint », qui n’est pas sans rappeler la raison computationnelle de Bruno Bachimont <span class="citation" data-cites="bachimont_intelligence_2000">(<strong>bachimont_intelligence_2000?</strong>)</span>.</p>
+<p>Si l’on s’arrête à la vision superficielle du texte, comme le propose J. Goody avec la raison graphique <span class="citation" data-cites="goody_raison_1979">(Goody, 1979)</span>, on ne voit que les modifications d’affichage des éléments graphiques mais nous oublions ceux qui sont invisibles et cachés derrière la page.</p>
+<p>Certes, les interfaces d’écriture sont présentés sous la forme de gabarits que l’on doit remplir, comme on peut le faire avec des logiciels de création de diapositives dont chacune est découpée en sections contenant tour à tour des images, des titres ou du texte. Dans cet exemple-ci nous avons affaire à une construction visuelle du document : un emplacement pour le titre de la diapositive, un autre pour le texte, un autre pour une image ou pour un graphique, etc. À ce sujet, E. Tufte <span class="citation" data-cites="tufte_cognitive_2003">(2003)</span> a publié un article sur l’utilisation du logiciel PowerPoint et démontre à travers plusieurs cas d’étude les effets du logiciel sur la forme des présentations et des informations qu’elles contiennent. La thèse qu’il y défend est que ce logiciel, en 2003, « […] perturbe, domine et banalise systématiquement le contenu. » <a href="#fn42" class="footnote-ref" id="fnref42" role="doc-noteref"><sup>42</sup></a> notamment parce qu’il « facilite activement la réalisation de présentation légère »<a href="#fn43" class="footnote-ref" id="fnref43" role="doc-noteref"><sup>43</sup></a>. À travers son analyse des usages de PowerPoint, E. Tufte nous montre qu’il ne s’agit pas d’un manque de fonctionnalité pour enrichir des supports de présentation, que l’auteur qualifie de pauvres, mais que le logiciel lui-même induit ce type de présentation avec des <em>templates</em> préfabriqués, des réalisations de graphiques automatisées ou d’autres fonctionnalités similaires qui appauvrissent les présentations parce que leur fonctionnement est calqué sur un modèle de présentation marketing qui n’est pas adapté aux sciences. Il ne s’agit plus seulement de remplir des gabarits préfabriqués mais également de penser les formes que peuvent prendre l’information, ce que Tufte nomme « The Cognitive Style of PowerPoint », qui n’est pas sans rappeler la raison computationnelle de Bruno Bachimont <span class="citation" data-cites="bachimont_intelligence_2000">(2000)</span>.</p>
<p>En changeant de paradigme, de la raison graphique pour celui de la raison computationnelle, l’assujetissement à ces architextes dépasse cette surcouche graphique et concerne également toutes les sous-couches (in)visibles de structuration textuelle du texte, mais aussi tout le processus d’inscription du document dans la mémoire, ainsi que les protocoles et méthodes qui permettent d’accéder à ces données. Comme nous l’avons vu précédemment, ce n’est pas l’image du texte affichée à l’écran qui est sauvegardée mais bien une suite de caractères binaires dont l’écriture intermédiaire est une suite de symboles, de chiffres et de lettres.</p>
<p>Pourtant, on constate un paradoxe entre le nom d’un logiciel comme Pages, un traitement de texte disponible sous MacOS convoquant la métaphore de la page comme imaginaire en y enfermant les utilisateurs, et le rôle de guide qu’il doit remplir dans le traitement des informations. Dans ce cas-ci, le nom du logiciel ne réfère ni à son fonctionnement ni à son utilité. Alors que dans les années 1980, lors de la génèse des traitements de texte, les lettres <code>WP</code> signifiaient WordPerfect<a href="#fn44" class="footnote-ref" id="fnref44" role="doc-noteref"><sup>44</sup></a>, et que la plupart des autres concurrents employaient également le mot <em>word</em> dans le nom de leur logiciel, car c’est bien le mot et son traitement informatique qui était au centre des développements, la démarche d’Apple en 2005 nous montre un changement de perspective : on passe du mot à la page. L’attention est porté à un autre endroit, sur une page que génère Pages et qui n’existe pas dans d’autres environnements. Depuis vingt ans que cet outil est nativement disponible sur les ordinateurs de chez Apple, la compatibilité avec d’autres formats et/ou logiciels à fortement augmentée, en témoigne les arguments de communication mis en avant sur la page web du logiciel<a href="#fn45" class="footnote-ref" id="fnref45" role="doc-noteref"><sup>45</sup></a> mais compatible ne veut pas dire identique. En plus de n’être accessible que <strong>sous</strong> MacOS, cette page ne l’est également que <strong>sous</strong> Pages : cette formulation courante laisse entendre que l’utilisateur devient alors sujet de son environnement d’écriture, nous dit F. Kittler <span class="citation" data-cites="kittler_mode_2015">(2015)</span>.</p>
-<p>Cette position kittlerienne, que l’on peut qualifier d’essentialiste, pose les fondations des travaux de K. Hayles <span class="citation" data-cites="hayles_my_2005">(<strong>hayles_my_2005?</strong>)</span>, du posthumanisme, et du nouveau matérialisme, courants dans lesquels s’inscrivent en outre les travaux de K. Barad <span class="citation" data-cites="barad_meeting_2007 barad_frankenstein_2023">(<strong>barad_meeting_2007?</strong>; <strong>barad_frankenstein_2023?</strong>)</span> et ceux de M. Vitali-Rosati <span class="citation" data-cites="vitali-rosati_pour_2021">(2021)</span>. Pourtant, leur approche du rapport entre humain et machine est radicalement différente de celle de F. Kittler. Alors que F. Kittler identifie la machine et l’utilisateur par une série de propriétés ou définitions <em>avant</em> leur interaction, quasiment de manière décisive, les posthumanistes choisissent de ne pas déterminer les agents préalablement à l’environnement mais comme résultats de l’agencement de plusieurs dynamiques dans un espace donné. C’est en ce sens que sont mobilisées et développées les notions de <em>worldview</em> ches K. Hayles, où Mère Nature devient une Matrice (<em>My Mother was a Computer</em>), l’<em>intra-action</em> à la place d’interaction puisque les agents ne sont pas prédéterminés chez K. Barad et enfin l’<em>éditorialisation</em> chez M. Vitali-Rosati qui propose une ontologie de la médiation (métaontologie) selon laquelle le media n’existe pas, on y retrouve la provocation de Kittler, et que toutes ces dynamiques, ces intra-actions, sont des médiations dont la matérialité, dans un agencement donné, produit du sens <span class="citation" data-cites="vitali-rosati_media_2019">(Vitali-Rosati &amp; Larrue, 2019)</span>.</p>
+<p>Cette position kittlerienne, que l’on peut qualifier d’essentialiste, pose les fondations des travaux de K. Hayles <span class="citation" data-cites="hayles_my_2005">(Hayles, 2005)</span>, du posthumanisme, et du nouveau matérialisme, courants dans lesquels s’inscrivent en outre les travaux de K. Barad <span class="citation" data-cites="barad_meeting_2007 barad_frankenstein_2023">(2007, 2023)</span> et ceux de M. Vitali-Rosati <span class="citation" data-cites="vitali-rosati_pour_2021">(2021)</span>. Pourtant, leur approche du rapport entre humain et machine est radicalement différente de celle de F. Kittler. Alors que F. Kittler identifie la machine et l’utilisateur par une série de propriétés ou définitions <em>avant</em> leur interaction, quasiment de manière décisive, les posthumanistes choisissent de ne pas déterminer les agents préalablement à l’environnement mais comme résultats de l’agencement de plusieurs dynamiques dans un espace donné. C’est en ce sens que sont mobilisées et développées les notions de <em>worldview</em> ches K. Hayles, où Mère Nature devient une Matrice (<em>My Mother was a Computer</em>), l’<em>intra-action</em> à la place d’interaction puisque les agents ne sont pas prédéterminés chez K. Barad et enfin l’<em>éditorialisation</em> chez M. Vitali-Rosati qui propose une ontologie de la médiation (métaontologie) selon laquelle le media n’existe pas, on y retrouve la provocation de Kittler, et que toutes ces dynamiques, ces intra-actions, sont des médiations dont la matérialité, dans un agencement donné, produit du sens <span class="citation" data-cites="vitali-rosati_media_2019">(Vitali-Rosati &amp; Larrue, 2019)</span>.</p>
<p>Ainsi, l’assujetissement de l’humain aux logiciels que nous avons mentionné, que F. Kittler critique vivement dans ses travaux, n’a plus de raison d’être dans cette perspective non-essentialiste offerte par l’éditorialisation puisque ces entités sont uniquement déterminées lorsqu’il y a intra-action. Les relations entre les agents ne peuvent plus être présupposées et leur détermination est réalisée depuis un référentiel quasiment unique si l’on considère que les paramètres de cet environnement sont variables et que la probabilité d’obtention de conditions strictement identiques est quasi nulle. Depuis cette perspective où l’on considère les différents agents comme des productions de leur agencement dans un écosystème, il devient intéressant d’observer leur relation tout au long de ce processus pour comprendre comment ils s’affectent les uns les autres.</p>
-<p>[Faire une transition vers les différents du texte, peut-être en mentionnant que finalement il y a une partie de l’écriture qui est aveugle.]</p>
-<p>[Reprendre le début de cette partie, revenir sur l’architecture logicielle et montrer qu’il y a un manque dans ce que nous avons décrit précédemment en terme d’interaction et que c’est le navigateur qui gère ça]</p>
-<p>La description préliminaire des différents composants nous amène aux mécanismes de l’écriture dans Stylo.</p>
-<p>Jusqu’à présent, nous savons que le texte est saisi par l’utilisateur en Markdown (YAML et BibTeX également), puis est envoyé sur le serveur au moyen d’une requête GraphQL au format JSON contenue dans une requête HTTP utilisant la méthode <code>POST</code> comme modalité de circulation de l’information. Entre ces étapes persiste une phase qui n’a pas encore été évoquée : la requête <code>POST</code> envoyée au serveur ne s’effectue pas en continu entre le client et le serveur, ce n’est pas un flux et l’on n’écrit pas directement dans la base de données. Une phase latente se glisse dans l’interface Web entre le moment où l’utilisateur frappe les touches de son clavier et le moment où la base de données est mise à jour. Cette phase est rendue visible par l’affichage du message au-dessus de l’éditeur de texte. Lorsque aucune touche du clavier n’est enfoncée pendant un certain laps de temps (quelques secondes), le message “<em>Last saved…</em>” est remplacé par “<em>saving</em>” : la copie de travail vient d’être enregistrée dans la base MongoDB grâce à la requête GraphQL <code>updateWorkingCopy()</code>. Dans ce laps de temps entre la frappe des mots au clavier et l’envoi de la requête au serveur, qu’advient-il du texte ?</p>
+<p>Néanmoins, un trouble persiste dans cette relation entre ces agents. Il se manifeste entre ce que l’usager à l’intention d’écrire et le document que produit la machine, qui est structuré selon un certains nombre de normes, formats, etc., implémentés dans un logiciel. Ce trouble nait de la rencontre entre une représentation du texte structurée graphiquement et une représentation du texte structurée par du texte, comme c’est le cas pour une page web interprétée par un navigateur et son pendant au format HTML. En ce sens, nous examinons la possibilité que l’écriture numérique puisse être affublée d’une caractéristique supplémentaire : la cécité. Cette caractéristique nous semble présente dans le fait qu’il y ait plusieurs angles morts entre ces deux conceptions du texte qui ne permettent ni à l’utilisateur ni à la machine de voir le texte dans sa totalité. La piste de ce trouble nous mène également à comprendre l’enjeu de cette relation entre l’usager et son environnement puisque. En le dévoilant, nous mettrons à jour les indices de la rencontre entre un auteur et son environnement d’écriture.</p>
+<p>Dans Stylo, nous savons que le texte est saisi par l’utilisateur en Markdown (YAML et BibTeX également), puis est envoyé sur le serveur au moyen d’une requête GraphQL au format JSON contenue dans une requête HTTP utilisant la méthode <code>POST</code> comme modalité de circulation de l’information. Entre ces étapes persiste une phase qui n’a pas encore été évoquée : la requête <code>POST</code> envoyée au serveur ne s’effectue pas en continu entre le client et le serveur, ce n’est pas un flux et l’on n’écrit pas directement dans la base de données. Une phase latente se glisse dans l’interface Web entre le moment où l’utilisateur frappe les touches de son clavier et le moment où la base de données est mise à jour. Cette phase est rendue visible par l’affichage du message au-dessus de l’éditeur de texte. Lorsque aucune touche du clavier n’est enfoncée pendant un certain laps de temps (quelques secondes), le message “<em>Last saved…</em>” est remplacé par “<em>saving</em>” : la copie de travail vient d’être enregistrée dans la base MongoDB grâce à la requête GraphQL <code>updateWorkingCopy()</code>. Dans ce laps de temps entre la frappe des mots au clavier et l’envoi de la requête au serveur, qu’advient-il du texte ?</p>
<p>Comme cela est mentionné précédemment, l’espace d’écriture de Stylo est un espace web. Pour y accéder, nous avons besoin d’un logiciel particulier – un navigateur ou un fureteur – capable d’interpréter du HTML, du CSS et d’exécuter du Javascript. Lorsque l’on écrit dans Stylo – et de surcroit dans Monaco –, le texte saisi doit être manipulable et interprétable par le navigateur pour pouvoir être envoyé sur le serveur. C’est le rôle de Monaco de traiter cette couche d’informations. À l’écran, l’utilisateur voit s’afficher du Markdown tel qu’il le frappe, pourtant cette information n’est inscrite sur aucun support en dehors du rendu visuel affiché à l’écran. Monaco travaille avec des <em>modèles</em> et ce sont avec eux que l’utilisateur interagit. Chaque modèle est rattaché à une URI (que l’on peut identifier avec l’identifiant des articles) et c’est de cette manière que Monaco peut manipuler le DOM (<em>Document Object Model</em>) du navigateur pour créer le texte et son rendu graphique dans un format de texte brut.</p>
<p>Le DOM est une représentation abstraite d’un document HTML exécutée dans le navigateur. Tous les éléments structurés à l’intérieur de ce document deviennent des objets, des noeuds manipulables avec du Javascript. C’est grâce à ce procédé qu’une page web est rendue dynamique. Puisque la construction du DOM dépend du navigateur employé, nous pouvons en déduire que ce document sera différent selon le navigateur ou les différentes versions d’un même logiciel. Pour accéder à ce DOM il suffit d’ouvrir les outils de développements du navigateur et d’inspecter le contenu de la page HTML.</p>
<p>Ci-dessous, une première image pour montrer le texte saisi à l’écran et une deuxième pour montrer ce qui est inscrit dans le DOM.</p>
@@ -352,9 +350,7 @@ Du fait de mon implication dans Stylo, le regard que je porte sur ce terrain n
<p>Chacun de ces états a une signification particulière. Le premier état est la projection d’une structure de l’information, tandis que le deuxième en permet l’interprétation et l’affichage par le navigateur, la troisième est une représentation formatée pour circuler entre un client et un serveur et enfin, la quatrième, est à l’état de stockage, prête à être appelée pour réaliser le chemin en sens inverse.</p>
<p>Ces différents états du texte sont plus que de simples représentations. Ce sont des documents différents et chacun à une signification et un usage qui lui est propre. Par exemple, la forme en Markdown brut ne peut pas circuler en l’état avec le protocole HTTP, il lui manque toute une série d’informations et une transformation vers un autre format (le JSON) pour employer ce canal de communication : ce dont s’occupe Stylo.</p>
<p>Parmi ces quatre documents produits pour écrire, un seul l’est par l’utilisateur tandis que les autres formes sont écrites par Stylo.</p>
-<p>[faire un mini conclusion sur la cécité de l’écriture num.]</p>
-<h3 id="la-déprise-en-main-du-texte">La déprise en main du texte</h3>
-<p>Écrire dans un environnement numérique dépasse l’encodage de signes dans un seul format d’écriture. Comme nous l’avons vu avec Stylo, ce sont différents protocoles qui sont mobilisés pour produire une suite de documents intermédiaires et, par ce cheminement, imprègnent l’écriture d’une matérialité. Lorsque Stylo promeut une reprise en main du texte par les utilisateurs, il ne faut pas comprendre un environnement moins complexe en termes d’interactions des différentes composantes dans cet écosystème, il faut y voir une chaîne de traitement transparente, libre et ouverte sur les transformations opérées dans le texte. Pourtant, plutôt qu’une reprise en main, nous lui préférons la notion de <strong>déprise</strong> sur le texte, au sens que lui donnait Louise Merzeau <span class="citation" data-cites="sauret_revue_2020">(<strong>sauret_revue_2020?</strong>)</span><a href="#fn46" class="footnote-ref" id="fnref46" role="doc-noteref"><sup>46</sup></a>.</p>
+<p>Écrire dans un environnement numérique dépasse l’encodage de signes dans un seul format d’écriture. Comme nous l’avons vu avec Stylo, ce sont différents protocoles qui sont mobilisés pour produire une suite de documents intermédiaires et, par ce cheminement, imprègnent l’écriture d’une matérialité. Lorsque Stylo promeut une reprise en main du texte par les utilisateurs, il ne faut pas comprendre un environnement moins complexe en termes d’interactions des différentes composantes dans cet écosystème, il faut y voir une chaîne de traitement transparente, libre et ouverte sur les transformations opérées dans le texte. Pourtant, plutôt qu’une reprise en main, nous lui préférons la notion de <strong>déprise</strong> sur le texte, au sens que lui donnait Louise Merzeau <span class="citation" data-cites="sauret_revue_2020">(Sauret, 2020)</span><a href="#fn46" class="footnote-ref" id="fnref46" role="doc-noteref"><sup>46</sup></a>.</p>
<blockquote>
<p>Cette formule est empruntée à Louise Merzeau qui l’employait pour parler des […] utilisateurs des grandes plateformes du Web [et de] la perte de contrôle de leurs usages, restreints et conditionnés par les algorithmes et par des interfaces de plus en plus normalisées.</p>
</blockquote>
@@ -365,27 +361,109 @@ Du fait de mon implication dans Stylo, le regard que je porte sur ce terrain n
<p>Toutes ces dynamiques éditorialisent et constituent les premiers documents de l’intimité du chercheur. Autrement dit, écrire dans l’environnement Stylo produit quelque chose qui ne serait pas identique dans un autre environnement car les dynamiques observées seraient affectées par d’autres facteurs et produiraient ainsi une autre chose. Le choix de l’environnement d’écriture constitue en conséquence un choix politique puisque cet environnement agit et produit une matérialité singulière.</p>
<h2 id="conclusion">Conclusion</h2>
<p>À la question de la place de l’ordinateur dans le processus de saisi d’un texte numérique, nous avons émis l’hypothèse que ce dernier dépasse son statut utilitariste pour celui de dynamique constitutive du sens de ce texte. En nous appuyant d’abord sur le fonctionnement d’un ordinateur et sur les caractéristiques de l’écriture numérique, tant la partie matérielle que la partie logicielle, puis sur la notion d’éditorialisation, telle qu’elle s’inscrit dans le nouveau matérialisme et le posthumanisme, nous avons observé les intra-actions à l’oeuvre dans l’éditeur de texte Stylo. Pour réaliser cette étude, nous nous sommes appuyés sur une méthode empruntée au théoricien des médias Friedrich Kittler dont l’analyse repose sur la description technique du fonctionnement des éléments mobilisés.</p>
+<p>[Remplacer le paragraphe ci-dessous en revenant sur les traces de l’intime qu’on a rencontré]</p>
<p>En appliquant cette méthode à divers cas de saisi de fragments de texte selon les formats pivots utilisés dans Stylo, le Markdown, le YAML et le BibTeX, nous nous sommes aperçus que ces fragments ne sont jamais inscrit directement selon les formats mentionnés mais qu’ils passent par quatre états différents : la saisie à l’écran, la manipulation par le DOM du navigateur dans l’éditeur Monaco, la requête GraphQL formatée en JSON pour être transporté par la méthode <code>POST</code> du protocole HTTP et le stockage dans la base de données MongoDB. Le texte est ainsi transformé en différents états pour qu’il puisse circuler dans Stylo entre l’espace où il est saisi, que l’on peut retrouver à une adresse unique (l’URL de l’article), et l’espace où il sera stocké dans le serveur de la TGIR Huma-num qui héberge l’application. De nouvelles informations sont alors inscrites dans le texte lors de ces métamorphoses : la structure du document varie à chaque étape. Ainsi, les signes qui constituent le document changent et en modifie profondément le sens. Parmi les quatre états mentionnés, seulement le premier est saisi par l’utilisateur et les autres sont écrits par Stylo. Néanmoins écrire avec Stylo ne nécessite pas de connaître ces différentes phases. Il y aurait donc une relation entre un auteur et Stylo qui prendrait naissance dans une forme de déprise où l’utilisateur accorde sa confiance dans les manipulations du texte que l’application réalise. En se référant à l’éditorialisation, nous pouvons affirmer que chacune de ces quatre phases contribue à la matérialité du texte saisi et qu’en ce sens il y a co-écriture entre l’utilisateur et Stylo.</p>
<h2 class="unnumbered" id="bibliographie">Bibliographie</h2>
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<li id="fn1"><p>À chaque fois que nous ferons référence à l’écriture, il faudra la comprendre comme l’écriture scientifique en environnement numérique sauf mention différente.<a href="#fnref1" class="footnote-back" role="doc-backlink">↩︎</a></p></li>
<li id="fn2"><p>C’est par exemple le cas de la machine à écrire Valentine conçue en 1968 par le célèbre designer Ettore Sottsass, machine qui est devenue le produit emblématique de l’entreprise Olivetti lors de sa commercialisation en 1969. Comme nous le verrons plus loin, lors des mêmes années aux États-Unis, le président Johnson déclara qu’à l’échelle fédérale les ordinateurs doivent être compatibles avec la norme ASCII.<a href="#fnref2" class="footnote-back" role="doc-backlink">↩︎</a></p></li>
<li id="fn3"><p>Cette machine a été conçue par Mario Bellini pour Olivetti en 1987, voir https://www.moma.org/collection/works/3641 site consulté le 21 février 2024.<a href="#fnref3" class="footnote-back" role="doc-backlink">↩︎</a></p></li>
-<li id="fn4"><p>Un autre logiciel comme <code>TeX</code> développé en 1984 par Donald Knuth tente de résoudre ce problème de la mise en page selon une approche WYSIWYM, que D. Knuth nomme <em>Literate programming</em> <span class="citation" data-cites="knuth_literate_1984">(<strong>knuth_literate_1984?</strong>)</span> alors que la tendance est plutôt aux interfaces WYSIWYG<a href="#fnref4" class="footnote-back" role="doc-backlink">↩︎</a></p></li>
+<li id="fn4"><p>Un autre logiciel comme <code>TeX</code> développé en 1984 par Donald Knuth tente de résoudre ce problème de la mise en page selon une approche WYSIWYM, que D. Knuth nomme <em>Literate programming</em> <span class="citation" data-cites="knuth_literate_1984">(Knuth, 1984)</span> alors que la tendance est plutôt aux interfaces WYSIWYG<a href="#fnref4" class="footnote-back" role="doc-backlink">↩︎</a></p></li>
<li id="fn5"><p>La première loi de Moore est relative à l’évolution des processeurs dans le temps et stipule que le nombre de transistors présents dans les processeurs doublera tous les dix-huit mois pour un coût constant.<a href="#fnref5" class="footnote-back" role="doc-backlink">↩︎</a></p></li>
<li id="fn6"><p>Voir la page web correspondante sur le site de l’entreprise Intel, consulté le 16 février 2024 : https://www.intel.fr/content/www/fr/fr/history/museum-story-of-intel-4004.html.<a href="#fnref6" class="footnote-back" role="doc-backlink">↩︎</a></p></li>
<li id="fn7"><p>Système élémentaire d’entrée sortie<a href="#fnref7" class="footnote-back" role="doc-backlink">↩︎</a></p></li>
diff --git a/src/bibliography/references.bib b/src/bibliography/references.bib
index 15d713b..d20c455 100644
--- a/src/bibliography/references.bib
+++ b/src/bibliography/references.bib
@@ -1,3 +1,15 @@
+@book{anders_obsolescence_2002,
+ title = {{L'obsolescence de l'homme : Sur l'{\^a}me {\`a} l'{\'e}poque de la deuxi{\`e}me r{\'e}volution industrielle, 1956}},
+ shorttitle = {{L'obsolescence de l'homme}},
+ author = {Anders, G{\"u}nther},
+ year = {2002},
+ month = apr,
+ publisher = {L'Encyclop{\'e}die des Nuisances},
+ address = {Paris: {\'E}d. de l'Encyclop{\'e}die des nuisances},
+ isbn = {978-2-910386-14-6},
+ langid = {french}
+}
+
@book{augustin_confessions_1993,
title = {{Confessions}},
author = {Augustin, Saint},
@@ -23,6 +35,96 @@
langid = {french}
}
+@inbook{bachimont_intelligence_2000,
+ title = {Intelligence Artificielle et {\'E}criture Dynamique, de La Raison Graphique {\`a} La Raison Computationnelle},
+ booktitle = {Au Nom Du Sens. {{Autour}} de l'oeuvre d'{{Umberto Eco}}},
+ author = {Bachimont, Bruno},
+ year = {2000},
+ series = {Colloque de {{Cerisy}}},
+ pages = {290--319},
+ publisher = {Grasset},
+ collaborator = {Fabbri, Paolo and Petitot, Jean}
+}
+
+@book{barad_frankenstein_2023,
+ title = {{Frankenstein, la grenouille et l'{\'e}lectron: Les sciences et la performativit{\'e} queer de la nature}},
+ shorttitle = {{Frankenstein, la grenouille et l'{\'e}lectron}},
+ author = {Barad, Karen},
+ translator = {Balice, Luigi and Degoutin, Christophe},
+ year = {2023},
+ month = sep,
+ publisher = {ASINAMALI},
+ address = {Le Pr{\'e} Saint Gervais},
+ isbn = {978-2-9553822-9-5},
+ langid = {french}
+}
+
+@book{barad_meeting_2007,
+ title = {Meeting the {{Universe Halfway}}: {{Quantum Physics}} and the {{Entanglement}} of {{Matter}} and {{Meaning}}},
+ shorttitle = {Meeting the {{Universe Halfway}}},
+ author = {Barad, Karen},
+ year = {2007},
+ month = jul,
+ edition = {Second Printing edition},
+ publisher = {Duke University Press Books},
+ address = {Durham},
+ isbn = {978-0-8223-3917-5},
+ langid = {english}
+}
+
+@article{bergin_origins_2006,
+ title = {The {{Origins}} of {{Word Processing Software}} for {{Personal Computers}}: 1976-1985},
+ shorttitle = {The {{Origins}} of {{Word Processing Software}} for {{Personal Computers}}},
+ author = {Bergin, Thomas J.},
+ year = {2006},
+ month = oct,
+ journal = {IEEE Annals of the History of Computing},
+ volume = {28},
+ number = {4},
+ pages = {32--47},
+ issn = {1934-1547},
+ doi = {10.1109/MAHC.2006.76},
+ urldate = {2024-03-08},
+ abstract = {Since Electric Pencil first debuted in 1976, more than 400 other word processing packages have emerged, most fading into oblivion. This article recounts the history of microcomputer word processing software - focuses on three of the earliest word processing software packages, Electric Pencil, EasyWriter, and WordStar, which was the mid-1980s leader in the CP/M, PC-DOS, and MS-DOS operating system environments},
+ keywords = {Application software,Computer aided manufacturing,Easy Writer,Electric Pencil,Electrostatic precipitators,Home computing,John Draper,Michael Shrayer,Microcomputers,Microsoft Windows,Microsoft Word,Packaging,Pervasive computing,Programming profession,Seymour Rubinstein,Software packages,Text processing,Word Perfect,word processing software,WordStar},
+ file = {/home/user/Zotero/storage/MBHVWHNL/4042484.html}
+}
+
+@article{bergin_proliferation_2006,
+ title = {The {{Proliferation}} and {{Consolidation}} of {{Word Processing Software}}: 1985-1995},
+ shorttitle = {The {{Proliferation}} and {{Consolidation}} of {{Word Processing Software}}},
+ author = {Bergin, Thomas J.},
+ year = {2006},
+ month = oct,
+ journal = {IEEE Annals of the History of Computing},
+ volume = {28},
+ number = {4},
+ pages = {48--63},
+ issn = {1934-1547},
+ doi = {10.1109/MAHC.2006.77},
+ urldate = {2024-03-08},
+ abstract = {Following development of the early word processing software packages \$Electric Pencil, EasyWriter, and WordStar - and the IBM PC's arrival, the race among vendors began in earnest to win market share. Of the more than 400 software packages available in the mid-1980s, only a scant few survived. This article tells the story of how word processing software evolved in response to market pressures, new hardware capabilities, user demand, and corporate decision making},
+ keywords = {Bravo,Charles Simonyi,Computer hacking,Decision making,Hardware,Home computing,Inspection,Microsoft Windows,Microsoft Word,Packaging,Pete Peterson,Portals,Software packages,Text processing,Word Perfect,word processing software,WordStar,Writing,Xerox PARC},
+ file = {/home/user/Zotero/storage/8ES66A9P/4042485.html}
+}
+
+@article{blanc_technologies_2018,
+ title = {{Technologies de l'{\'e}dition num{\'e}rique}},
+ author = {Blanc, Julie and Haute, Lucile},
+ year = {2018},
+ journal = {Sciences du Design},
+ volume = {8},
+ number = {2},
+ pages = {11--17},
+ publisher = {Presses Universitaires de France},
+ address = {Paris cedex 14},
+ issn = {2428-3711},
+ doi = {10.3917/sdd.008.0011},
+ urldate = {2024-03-22},
+ langid = {french},
+ file = {/home/user/Zotero/storage/NFS3M9GA/Blanc et Haute - 2018 - Technologies de l’édition numérique.pdf}
+}
+
@book{bolter_remediation_1998,
title = {Remediation: {{Understanding New Media}}},
shorttitle = {Remediation},
@@ -36,6 +138,95 @@
langid = {english}
}
+@book{bonaccorsi_fantasmagories_2020,
+ title = {{Fantasmagories de l'{\'e}cran: Nouvelles sc{\`e}nes de lecture 1980-2012}},
+ shorttitle = {{Fantasmagories de l'{\'e}cran}},
+ author = {Bonaccorsi, Julia},
+ year = {2020},
+ month = nov,
+ publisher = {Presses Univ. Septentrion},
+ abstract = {Au XXe si{\`e}cle, la nouvelle mat{\'e}rialit{\'e} num{\'e}rique de l'{\'e}crit fonde l'{\'e}cran, au singulier, comme une v{\'e}ritable forme culturelle infl{\'e}chissant les rep{\`e}res de la culture {\'e}crite imprim{\'e}e. Les peintres et les photographes avaient nourri les imaginaires de la culture {\'e}crite par les sc{\`e}nes de genre que sont les << sc{\`e}nes de lecture >>. Aujourd'hui, que sont nos << sc{\`e}nes de lecture >> ? Que nous apprennent-elles de la lecture comme pratique sociale, culturelle, mat{\'e}rielle et comme exp{\'e}rience {\`a} la fois standardis{\'e}e, sensible et contingente ? {\`A} l'encontre des discours pointant les << dangers de l'{\'e}cran >> ou ses bienfaits essentialis{\'e}s, l'ouvrage interroge la culture visuelle de la lecture sur {\'e}cran {\`a} partir d'une investigation s{\'e}miologique et critique dans trente ann{\'e}es d'images publicitaires, artistiques, institutionnelles ou encore priv{\'e}es. Largement illustr{\'e}es, ces Fantasmagories de l'{\'e}cran t{\'e}moignent de l'impr{\'e}gnation sociale et triviale de nouveaux rapports au visible et au lisible dans la culture {\'e}crite.},
+ googlebooks = {r5QJEAAAQBAJ},
+ isbn = {978-2-7574-3182-5},
+ langid = {french},
+ keywords = {Language Arts & Disciplines / Communication Studies,Language Arts & Disciplines / General,Social Science / General}
+}
+
+@article{bouchardon_lecriture_2014,
+ title = {L'{\'e}criture Num{\'e}rique : Objet de Recherche et d'enseignement},
+ shorttitle = {L'{\'e}criture Num{\'e}rique},
+ author = {Bouchardon, Serge},
+ year = {2014},
+ month = jun,
+ journal = {Les Cahiers de la SFSIC},
+ urldate = {2024-03-08},
+ abstract = {Bouchardon, S. (2014). << L'{\'e}criture num{\'e}rique : objet de recherche et d'enseignement >>, Les Cahiers de la SFSIC, juin 2014, 225-235.},
+ file = {/home/user/Zotero/storage/DDIFRNBU/L_écriture_numérique_objet_de_recherche_et_d_enseignement.html}
+}
+
+@article{broudoux_larchitecture_2013,
+ title = {{L'architecture de l'information : quelle r{\'e}alit{\'e} conceptuelle ?}},
+ shorttitle = {{L'architecture de l'information}},
+ author = {Broudoux, {\'E}velyne and Chartron, Ghislaine and Chaudiron, St{\'e}phane},
+ year = {2013},
+ month = dec,
+ journal = {{\'E}tudes de communication. langages, information, m{\'e}diations},
+ number = {41},
+ pages = {13--30},
+ publisher = {Groupe d'{\'E}tudes et de Recherche Interdisciplinaire en Information et Communication de l'Universit{\'e} Lille 3},
+ issn = {1270-6841},
+ doi = {10.4000/edc.5379},
+ urldate = {2024-03-16},
+ abstract = {Cet article interroge le concept d'architecture de l'information dans son contexte historique d'{\'e}mergence et son croisement avec diff{\'e}rents champs disciplinaires. Du point de vue des~SIC, nous retenons ici deux enjeux partag{\'e}s {\`a} savoir l'organisation des connaissances pour une qualit{\'e} et une fluidit{\'e} d'acc{\`e}s ainsi que la r{\'e}f{\'e}rence {\`a} la m{\'e}taphore spatiale d{\'e}j{\`a} ancienne. L'actualit{\'e} du concept est, selon nous, en grande partie conjoncturel au changement d'{\'e}chelle et {\`a} la focalisation sur l'exp{\'e}rience de l'utilisateur dans son interactivit{\'e} avec le Web sur diff{\'e}rents supports. L'article conclut sur la r{\'e}alit{\'e} professionnelle en {\'e}mergence, soulignant la dimension d'{\'e}quipe projet rassemblant des comp{\'e}tences diversifi{\'e}es en technologie, gestion des connaissances et en Web design, ces derni{\`e}res {\'e}tant particuli{\`e}rement pl{\'e}biscit{\'e}es aujourd'hui.},
+ copyright = {All rights reserved},
+ isbn = {9782917562109},
+ langid = {french},
+ keywords = {approche conceptuelle,architecture de l'information,histoire,realite professionnelle,sciences de l'information et de la communication},
+ file = {/home/user/Zotero/storage/5WX3T6PR/Broudoux et al. - 2013 - L’architecture de l’information quelle réalité c.pdf}
+}
+
+@article{christin_origines_1999,
+ title = {Les Origines de l'{\'e}criture : Image, Signe, Trace},
+ author = {Christin, Anne-Marie},
+ year = {1999},
+ journal = {Le d{\'e}bat},
+ number = {4},
+ pages = {28--36}
+}
+
+@book{citton_angles_2023,
+ title = {{Angles morts du num{\'e}rique ubiquitaire: Glossaire critique et amoureux}},
+ shorttitle = {{Angles morts du num{\'e}rique ubiquitaire}},
+ author = {Citton, Yves and Lechner, Marie and Masure, Anthony},
+ year = {2023},
+ month = jan,
+ publisher = {Presses du R{\'e}el},
+ address = {Dijon},
+ abstract = {138 entr{\'e}es pour explorer les non-dits des nouvelles technologies, intelligences artificielles et autres aspects du num{\'e}rique, d'algolitt{\'e}rature et asservissement machinique {\`a} viralit{\'e} en passant par capitalisme de plateforme, {\'e}vang{\'e}lisme technologique, glitch-f{\'e}minisme, m{\'e}diactivisme et technopolice.},
+ isbn = {978-2-37896-359-0},
+ langid = {french}
+}
+
+@article{crozat_ecrire_2016,
+ title = {{{\'E}crire avec une machine {\`a} calculer, {\'e}crire pour une machine {\`a} calculer}},
+ author = {Crozat, St{\'e}phane},
+ year = {2016},
+ month = jul,
+ journal = {I2D - Information, donnees documents},
+ volume = {53},
+ number = {2},
+ pages = {62--64},
+ publisher = {A.D.B.S.},
+ issn = {2428-2111},
+ urldate = {2022-01-07},
+ abstract = {[orientation] Les cha{\^i}nes {\'e}ditoriales ont op{\'e}r{\'e} une transformation de l'acte d'{\'e}criture en rendant le calcul accessible aux auteurs. Avec le web des donn{\'e}es, elles doivent {\`a} pr{\'e}sent se pr{\'e}occuper de rendre accessibles le contenu aux machines.},
+ langid = {french},
+ annotation = {Bibliographie\_available: 0\\
+Cairndomain: www.cairn.info\\
+Cite Par\_available: 1},
+ file = {/home/user/Zotero/storage/6UCVIQNB/Crozat - 2016 - Écrire avec une machine à calculer, écrire pour un.pdf;/home/user/Zotero/storage/T5CBV9BZ/revue-i2d-information-donnees-et-documents-2016-2-page-62.html}
+}
+
@book{debray_cours_1991,
title = {{Cours de m{\'e}diologie g{\'e}n{\'e}rale}},
author = {Debray, R{\'e}gis},
@@ -85,6 +276,19 @@
file = {/home/user/Zotero/storage/PXNLP8AQ/Diaz et Diaz - 2009 - Le siècle de l’intime.pdf}
}
+@book{doueihi_grande_2011,
+ title = {{La Grande conversion num{\'e}rique: suivi de R{\^e}veries d'un promeneur num{\'e}rique}},
+ shorttitle = {{La Grande conversion num{\'e}rique}},
+ author = {Doueihi, Milad},
+ year = {2011},
+ month = sep,
+ publisher = {POINTS},
+ address = {Paris},
+ abstract = {Le num{\'e}rique a une histoire qui se fabrique au jour le jour. Puissance globale, cet assemblage de technologies fragilise les sp{\'e}cificit{\'e}s nationales et locales en suscitant de nouvelles r{\'e}alit{\'e}s, en politique comme en {\'e}conomie. Quels sont les rapports entre cette culture num{\'e}rique, celle de l'imprim{\'e} et ses supports juridiques et institutionnels ? Comment tisser les liens entre le savoir faire num{\'e}rique, ses nouvelles communaut{\'e}s virtuelles et la culture des g{\'e}n{\'e}rations pr{\'e}c{\'e}dentes ? En modifiant notre identit{\'e}, nos repr{\'e}sentations, nos choix, quels avenirs le num{\'e}rique peut-il induire ? Qu'en sera-t-il du savoir historique, de nos biblioth{\`e}ques. Et comment assurer d{\'e}sormais la permanence de nos archives, leur int{\'e}grit{\'e} ? Ce livre propose des {\'e}clairages pr{\'e}cis sur la fa{\c c}on dont une technologie, essentiellement collective, modifie radicalement la vie de chacun, le lien social m{\^e}me, mobilisant nos rep{\`e}res les plus tangibles : {\'e}criture et lecture, identit{\'e}, pr{\'e}sence, propri{\'e}t{\'e}, archive et m{\'e}moire. Ni utopie ni fausse proph{\'e}tie, le num{\'e}rique est la vulgate moderne. Avec ses faiblesses, ses aveuglements, ses richesses et ses promesses, le num{\'e}rique est une culture pour tous. ATTENTION :Ce produit est livr{\'e} par le fabricant sous forme d'un assortiment al{\'e}atoire de 2 couvertures. Il nous est donc impossible de vous proposer une couverture en particulier. En validant votre commande, vous recevrez donc un exemplaire avec l'une des couvertures figurant sur l'image en fonction du stock disponible. Nous vous remercions pour votre compr{\'e}hension.},
+ isbn = {978-2-7578-2478-8},
+ langid = {french}
+}
+
@book{dubreucq_coeur_2020,
title = {{Le c{\oe}ur et l'{\'e}criture chez Saint-Augustin : Enqu{\^e}te sur le rapport {\`a} soi dans les Confessions}},
shorttitle = {{Le c{\oe}ur et l'{\'e}criture chez Saint-Augustin}},
@@ -104,6 +308,19 @@
keywords = {coeur,confessions,ecriture,philosophie}
}
+@phdthesis{fauchie_fabriquer_2024,
+ title = {{Fabriquer des {\'e}ditions, {\'e}diter des fabriques : reconfiguration des processus techniques {\'e}ditoriaux et nouveaux mod{\`e}les {\'e}pist{\'e}mologiques}},
+ shorttitle = {{Fabriquer des {\'e}ditions, {\'e}diter des fabriques}},
+ author = {Fauchi{\'e}, Antoine},
+ year = {2024},
+ month = mar,
+ urldate = {2024-03-22},
+ abstract = {Les processus d'{\'e}dition sont constitutifs de la production du sens et ils refl{\`e}tent des visions du monde plurielles. Cette th{\`e}se propose de comprendre ces processus {\`a} travers le concept de fabrique. Une fabrique est l'imbrication de diff{\'e}rentes dimensions techniques, telles que le travail sur le texte ou la construction de proc{\'e}d{\'e}s de fabrication et de production de formes, d'objets et d'artefacts que sont les livres. Le ph{\'e}nom{\`e}ne de fabrique d'{\'e}dition est ainsi un acte {\'e}ditorial qui comprend autant la formalisation d'un contenu que la constitution des outils permettant ce travail. Ce concept de fabrique est d{\'e}velopp{\'e} tout au long de cette recherche en {\'e}tablissant des analyses th{\'e}oriques des diff{\'e}rents objets de l'{\'e}dition, en r{\'e}alisant des {\'e}tudes de dispositifs techniques, et en menant des exp{\'e}rimentations {\'e}ditoriales. Nous interrogeons les fabriques d'{\'e}dition dans le domaine des lettres, et plus particuli{\`e}rement des mod{\`e}les alternatifs, en consid{\'e}rant que la pens{\'e}e {\'e}merge des processus dispositifs. La place h{\'e}g{\'e}monique de plusieurs logiciels, depuis l'av{\`e}nement de l'informatique dans l'{\'e}dition, limite tout questionnement sur la technique. C'est pourtant en {\'e}tudiant des pratiques originales et marginales que nous pouvons d{\'e}crire de nouvelles mod{\'e}lisations cr{\'e}atrices de sens. Notre corpus est compos{\'e} d'objets {\'e}ditoriaux, de structures d'{\'e}dition et de dispositifs techniques qui questionnent les mod{\`e}les {\'e}tablis et qui construisent de nouveaux mod{\`e}les {\'e}pist{\'e}mologiques en interrogeant notre rapport {\`a} la technique. Le parcours g{\'e}n{\'e}ral de cette th{\`e}se est progressif, exp{\'e}rimental et performatif. Il s'agit de d{\'e}finir le livre comme artefact et d'{\'e}tudier l'{\'e}dition comme acte et comme {\'e}ditorialisation. Nous abordons le num{\'e}rique comme environnement puis comme processus technique, en analysant l'{\'e}dition num{\'e}rique au prisme des humanit{\'e}s num{\'e}riques. Nous {\'e}tablissons que les formats sont des dispositifs de mod{\'e}lisation du sens, et nous effectuons une critique du logiciel pour conceptualiser la fabrique et pour observer le ph{\'e}nom{\`e}ne de fabrique d'{\'e}dition. La mise en place des {\'e}l{\'e}ments techniques n{\'e}cessaires {\`a} une cha{\^i}ne ou {\`a} une fabrique d'{\'e}dition fait partie int{\'e}grante de l'acte {\'e}ditorial et de la production du sens.},
+ langid = {french},
+ school = {Universit{\'e} de Montr{\'e}al},
+ file = {/home/user/Zotero/storage/7Y5V7PGA/introduction.html}
+}
+
@book{foucault_dits_2001,
title = {{Dits et Ecrits, tome 2 : 1976 - 1988}},
shorttitle = {{Dits et Ecrits, tome 2}},
@@ -116,6 +333,33 @@
langid = {french}
}
+@book{genette_introduction_1979,
+ title = {{Introduction {\`a} l'architexte}},
+ author = {Genette, G{\'e}rard},
+ year = {1979},
+ publisher = {Paris : Seuil},
+ urldate = {2024-02-26},
+ abstract = {89 p. : 19 cm; Includes bibliographical references},
+ collaborator = {{Internet Archive}},
+ isbn = {978-2-02-005310-5},
+ langid = {fre},
+ keywords = {Literary form}
+}
+
+@book{goody_raison_1979,
+ title = {{La Raison graphique\,: la domestication de la pens{\'e}e sauvage}},
+ author = {Goody, Jack},
+ translator = {Bazin, Jean and Bensa, Alban},
+ year = {1979},
+ month = jan,
+ edition = {Sens commun},
+ publisher = {Minuit},
+ address = {Paris},
+ abstract = {Ecrire ce n'est pas seulement enregistrer la parole, c'est aussi se donner le moyen d'en dcouper et d'en abstraire les lments, de classer les mots en listes et combiner les listes en tableaux. N'y aurait-il pas une manire proprement graphique de raisonner, de connatre Les modes de pense ne sauraient tre indpendants des moyens de pense. Sans tomber dans un dterminisme troit, il vaut la peine de reprendre l'analyse des diffrences entre cultures sous l'angle nouveau d'une technologie compare de l'intellect. On a chance d'chapper ainsi aux oppositions simplistes et ethnocentristes entre la rationalit et l'me primitive... De prendre aussi plus clairement conscience qu'un savoir crit des socits sans criture, cela ne va pas de soi : parce qu'ils se posent peu la question, les ethnologues, pour connatre la pense " sauvage ", commencent souvent par la domestiquer.},
+ isbn = {978-2-7073-0240-3},
+ langid = {french}
+}
+
@book{hadot_exercices_2002,
title = {{Exercices spirituels et philosophie antique}},
author = {Hadot, Pierre},
@@ -141,6 +385,32 @@
langid = {french}
}
+@book{hayles_my_2005,
+ title = {{My Mother Was A Computer: Digital Subjects And Literary Texts}},
+ shorttitle = {{My Mother Was A Computer}},
+ author = {Hayles, N. Katherine},
+ year = {2005},
+ month = oct,
+ edition = {2nd ed. {\'e}dition},
+ publisher = {University of Chicago Press},
+ address = {Chicago},
+ abstract = {We live in a world, according to N. Katherine Hayles, where new languages are constantly emerging, proliferating, and fading into obsolescence. These are languages of our own making: the programming languages written in code for the intelligent machines we call computers. Hayles's latest exploration provides an exciting new way of understanding the relations between code and language and considers how their interactions have affected creative, technological, and artistic practices. My Mother Was a Computer explores how the impact of code on everyday life has become comparable to that of speech and writing: language and code have grown more entangled, the lines that once separated humans from machines, analog from digital, and old technologies from new ones have become blurred. My Mother Was a Computer gives us the tools necessary to make sense of these complex relationships. Hayles argues that we live in an age of intermediation that challenges our ideas about language, subjectivity, literary objects, and textuality. This process of intermediation takes place where digital media interact with cultural practices associated with older media, and here Hayles sharply portrays such interactions: how code differs from speech; how electronic text differs from print; the effects of digital media on the idea of the self; the effects of digitality on printed books; our conceptions of computers as living beings; the possibility that human consciousness itself might be computational; and the subjective cosmology wherein humans see the universe through the lens of their own digital age. We are the children of computers in more than one sense, and no critic has done more than N. Katherine Hayles to explain how these technologies define us and our culture. Heady and provocative, My Mother Was a Computer will be judged as her best work yet.},
+ isbn = {978-0-226-32147-9},
+ langid = {Anglais}
+}
+
+@book{herrenschmidt_trois_2023,
+ title = {{Les trois {\'e}critures: Langue, nombre, code}},
+ shorttitle = {{Les trois {\'e}critures}},
+ author = {Herrenschmidt, Clarisse},
+ year = {2023},
+ publisher = {FOLIO},
+ address = {Paris},
+ abstract = {Sp{\'e}cialiste des langues, des religions et des civilisations de l'Iran avant l'islam, mais aussi de la Gr{\`e}ce ancienne, Clarisse Herrenschmidt {\'e}tudie l'histoire des {\'e}critures de l'homme occidental, depuis les bulles {\`a} calculi de Sumer (Iraq) et de Suse (Iran) jusqu'{\`a} l'Internet, en passant par le Moyen- et le Proche-Orient, le monde grec et l'Europe.En proc{\'e}dant {\`a} la synth{\`e}se de ses travaux, elle compare trois syst{\`e}mes d'{\'e}criture, les situant dans le contexte o{\`u} ils ont vu le jour : les modes d'{\'e}crire les langues (dont l'invention date de - 3300 environ), ceux d'{\'e}crire les nombres sur la monnaie frapp{\'e}e (l'{\'e}criture mon{\'e}taire arithm{\'e}tique commence vers - 620), enfin l'{\'e}criture informatique et r{\'e}ticulaire, fond{\'e}e sur un code (qui na{\^i}t entre 1936 et 1948, puis se prolonge par celle des r{\'e}seaux {\`a} partir de 1969 aux {\'E}tats-Unis).Au carrefour de plusieurs disciplines, la philologie, l'histoire, l'anthropologie et la linguistique, son enqu{\^e}te explore les nombreuses implications sur l'homme de cette "aventure s{\'e}miologique unique", d{\'e}sormais plan{\'e}taire, dont il est fait le r{\'e}cit {\'e}tonn{\'e} et {\'e}tonnant.},
+ isbn = {978-2-07-302596-8},
+ langid = {french}
+}
+
@article{jeanneret_lenonciation_2005,
title = {{L'{\'e}nonciation {\'e}ditoriale dans les {\'e}crits d'{\'e}cran}},
author = {Jeanneret, Yves and Souchier, Emmanu{\"e}l},
@@ -157,6 +427,23 @@
langid = {fre}
}
+@book{jeanneret_y_2011,
+ title = {{Y a t-il (vraiment) des technologies de l'information ? : Nouvelle {\'e}dition revue et corrig{\'e}e}},
+ shorttitle = {{Y-a-t-il (vraiment) des technologies de l'information ?}},
+ author = {Jeanneret, Yves},
+ year = {2011},
+ journal = {Y-a-t-il (vraiment) des technologies de l'information ? : Nouvelle {\'e}dition revue et corrig{\'e}e},
+ series = {{Savoirs Mieux}},
+ publisher = {Presses universitaires du Septentrion},
+ address = {Villeneuve d'Ascq},
+ urldate = {2024-05-13},
+ abstract = {Qu'en est-il de la r{\'e}volution annonc{\'e}e des <<~technologies de l'information~>>~? Tout en prenant la mesure de changements consid{\'e}rables dans l'{\'e}conomie mat{\'e}rielle de la culture, le livre se d{\'e}tache des pr{\'e}dictions pour {\'e}tudier m{\'e}thodiquement ce que l'invention des objets apporte {\`a} la circulation sociale des informations et des savoirs. Le mot <<~information~>>, dont le sens para{\^i}t {\'e}vident, masque toute la complexit{\'e} des relations entre technologie et culture. Prenant une distance historique et th{\'e}orique, l'auteur m{\`e}ne un examen pr{\'e}cis des propri{\'e}t{\'e}s r{\'e}elles des <<~m{\'e}dias informatis{\'e}s~>> et propose une r{\'e}flexion sur les conditions n{\'e}cessaires pour construire un examen rigoureux des relations entre objets et pratiques aujourd'hui. Ce livre est une introduction m{\'e}thodique {\`a} la d{\'e}marche de recherche, destin{\'e}e aux {\'e}tudiants de sciences de l'information, de la documentation et de la communication ainsi qu'aux divers acteurs qui souhaitent d{\'e}velopper une attitude critique et cr{\'e}ative quant {\`a} l'appropriation des nouveaux m{\'e}dias de la culture. Cette nouvelle {\'e}dition a {\'e}t{\'e} revue et augment{\'e}e pour int{\'e}grer les acquis des recherches les plus r{\'e}centes.},
+ copyright = {https://www.openedition.org/12554},
+ isbn = {978-2-7574-1910-6},
+ langid = {french},
+ keywords = {communication,infocom,information,medias}
+}
+
@book{jullien_intime_2013,
title = {{De l'intime. Loin du bruyant amour.}},
author = {Jullien, Fran{\c c}ois},
@@ -169,6 +456,39 @@
file = {/home/user/Zotero/storage/BLJBPK5W/de-lintime-9782246805236.html}
}
+@article{kembellec_lerudition_2020,
+ title = {{L'{\'e}rudition num{\'e}rique palimpseste}},
+ author = {Kembellec, G{\'e}rald},
+ year = {2020},
+ journal = {Hermes, La Revue},
+ volume = {n{$^\circ$} 87},
+ number = {2},
+ pages = {145--158},
+ publisher = {CNRS {\'E}ditions},
+ issn = {0767-9513},
+ urldate = {2021-09-27},
+ abstract = {Les marqueurs textuels d\&\#8217;\&\#233;rudition ont \&\#233;volu\&\#233; \&\#224; travers les si\&\#232;cles et le num\&\#233;rique a provoqu\&\#233; leur transposition sans les renouveler compl\&\#232;tement. \&\#192; l\&\#8217;heure de la troisi\&\#232;me \&\#233;volution du Web, il est l\&\#233;gitime de questionner les probl\&\#233;matiques induites par l\&\#8217;hypertexte dans les mondes num\&\#233;riques \&\#233;rudits, en particulier celles li\&\#233;es \&\#224; la publication et la diffusion de la science. Les couches successives de \&\#171;\&\#160;code\&\#160;\&\#187; qui sous-tendent le Web comme support d\&\#8217;\&\#233;criture et de lecture finissent par former un v\&\#233;ritable palimpseste d\&\#8217;informations visibles ou invisibles pour le lecteur final. L\&\#8217;existence m\&\#234;me de ces strates de formes codifi\&\#233;es r\&\#233;forme pratiques et usages, triviaux ou \&\#233;rudits. Il convient de d\&\#233;crypter leur tension avec le renouveau des enjeux scientifiques, sociaux et communicationnels.},
+ langid = {french},
+ annotation = {Bibliographie\_available: 0\\
+Cairndomain: www.cairn.info\\
+Cite Par\_available: 0},
+ file = {/home/user/Zotero/storage/VYQIRXUX/revue-hermes-la-revue-2020-2-page-145.html}
+}
+
+@book{kirschenbaum_track_2016,
+ title = {Track {{Changes}}: {{A Literary History}} of {{Word Processing}}},
+ shorttitle = {Track {{Changes}}},
+ author = {Kirschenbaum, Matthew G.},
+ year = {2016},
+ month = may,
+ edition = {Illustrated edition},
+ publisher = {Belknap Press: An Imprint of Harvard University Press},
+ address = {Cambridge, Massachusetts},
+ abstract = {The story of writing in the digital age is every bit as messy as the ink-stained rags that littered the floor of Gutenberg's print shop or the hot molten lead of the Linotype machine. During the period of the pivotal growth and widespread adoption of word processing as a writing technology, some authors embraced it as a marvel while others decried it as the death of literature. The product of years of archival research and numerous interviews conducted by the author, Track Changes is the first literary history of word processing.Matthew Kirschenbaum examines how the interests and ideals of creative authorship came to coexist with the computer revolution. Who were the first adopters? What kind of anxieties did they share? Was word processing perceived as just a better typewriter or something more? How did it change our understanding of writing?Track Changes balances the stories of individual writers with a consideration of how the seemingly ineffable act of writing is always grounded in particular instruments and media, from quills to keyboards. Along the way, we discover the candidates for the first novel written on a word processor, explore the surprisingly varied reasons why writers of both popular and serious literature adopted the technology, trace the spread of new metaphors and ideas from word processing in fiction and poetry, and consider the fate of literary scholarship and memory in an era when the final remnants of authorship may consist of folders on a hard drive or documents in the cloud.},
+ isbn = {978-0-674-41707-6},
+ langid = {english}
+}
+
@book{kittler_gramophone_2018,
title = {{Gramophone, Film, Typewriter}},
author = {Kittler, Friedrich},
@@ -193,6 +513,22 @@
langid = {french}
}
+@article{knuth_literate_1984,
+ title = {Literate {{Programming}}},
+ author = {Knuth, D. E.},
+ year = {1984},
+ month = jan,
+ journal = {The Computer Journal},
+ volume = {27},
+ number = {2},
+ pages = {97--111},
+ issn = {0010-4620},
+ doi = {10.1093/comjnl/27.2.97},
+ urldate = {2022-06-21},
+ abstract = {The author and his associates have been experimenting for the past several years with a programming language and documentation system called WEB. This paper presents WEB by example, and discusses why the new system appears to be an improvement over previous ones.},
+ file = {/home/user/Zotero/storage/GT7AK3FI/Knuth - 1984 - Literate Programming.pdf}
+}
+
@article{maxwell_care-ful_2022,
title = {The {{Care-ful Reviewer}}: {{Peer Review}} as If {{People Mattered}}},
shorttitle = {The {{Care-ful Reviewer}}},
@@ -277,6 +613,35 @@
file = {/home/user/Zotero/storage/8S4GN9VK/Montémont - 2009 - Dans la jungle de l’intime enquête lexicographiq.pdf}
}
+@article{muller_lintermedialite_2000,
+ title = {{L'interm{\'e}dialit{\'e}, une nouvelle approche interdisciplinaire : perspectives th{\'e}oriques et pratiques {\`a} l'exemple de la vision de la t{\'e}l{\'e}vision}},
+ shorttitle = {{L'interm{\'e}dialit{\'e}, une nouvelle approche interdisciplinaire}},
+ author = {M{\"u}ller, J{\"u}rgen},
+ year = {2000},
+ journal = {Cin{\'e}mas : revue d'{\'e}tudes cin{\'e}matographiques / Cin{\'e}mas: Journal of Film Studies},
+ volume = {10},
+ number = {2-3},
+ pages = {105--134},
+ publisher = {Cin{\'e}mas},
+ issn = {1181-6945, 1705-6500},
+ doi = {10.7202/024818ar},
+ urldate = {2022-01-24},
+ abstract = {Cet article interroge la notion d'interm{\'e}dialit{\'e} et pr{\'e}sente une introduction {\`a} cette nouvelle approche. Il d{\'e}veloppe, au d{\'e}part, une {\'e}valuation critique de l'histoire de ce concept qui sert ensuite de fond {\`a} une br{\`e}ve discussion de cinq axes de recherche. L'axe de pertinence historique m{\`e}ne enfin {\`a} des perspectives paradigmatiques en ce qui concerne l'analyse interm{\'e}diatique de la pr{\'e}-histoire de la t{\'e}l{\'e}vision.},
+ langid = {french},
+ file = {/home/user/Zotero/storage/EZWN6JA3/Müller - 2000 - L’intermédialité, une nouvelle approche interdisci.pdf;/home/user/Zotero/storage/68NFEDJX/024818ar.html}
+}
+
+@book{pedauque_document_2006,
+ title = {{Le document {\`a} la lumi{\`e}re du num{\'e}rique}},
+ author = {P{\'e}dauque, Roger T.},
+ year = {2006},
+ publisher = {C\&F {\'e}ditions},
+ address = {Caen, France},
+ abstract = {En rencontrant le num{\'e}rique, ce qu'on appelle "document" conna{\^i}t de profond bouleversements."Texte", "support" ou "m{\'e}moire" sont largement red{\'e}finis et "auteur", "{\'e}diteur", lecteur" ou "biblioth{\'e}caire" se trouvent repositionn{\'e}s. Les formes contemporaines de production, de circulation et d'usage du document num{\'e}rique accompagnent l'{\'e}mergence d'une nouvelle modernit{\'e} analys{\'e}e et mise en perspective avec style et clart{\'e} par Roger T. P{\'e}dauque. Les trois textes r{\'e}unis ici constituent ainsi le premier "classique" des humanit{\'e}s de cette {\`e}re num{\'e}rique.},
+ isbn = {978-2-915825-04-6},
+ langid = {french}
+}
+
@book{platon_banquet_2008,
title = {{La banquet, ph{\`e}dre , apologie de socrate}},
author = {Platon},
@@ -287,6 +652,21 @@
langid = {french}
}
+@phdthesis{sauret_revue_2020,
+ type = {These de Doctorat},
+ title = {De La Revue Au Collectif : La Conversation Comme Dispositif d'{\'e}ditorialisation Des Communaut{\'e}s Savantes En Lettres et Sciences Humaines},
+ shorttitle = {De La Revue Au Collectif},
+ author = {Sauret, Nicolas},
+ year = {2020},
+ month = nov,
+ urldate = {2022-04-17},
+ abstract = {Si l'on s'accorde {\`a} dire que les outils num{\'e}riques ont modifi{\'e} en profondeur nos pratiques d'{\'e}criture et de lecture, l'influence que ces nouvelles pratiques exercent sur les contenus d'une part, et sur la structuration de notre pens{\'e}e d'autre part, reste encore {\`a} d{\'e}terminer. C'est dans ce champ d'investigation que s'inscrit cette th{\`e}se, qui questionne la production des connaissances {\`a} l'{\'e}poque num{\'e}rique : le savoir scientifique aurait-il chang{\'e} en m{\^e}me temps que ses modalit{\'e}s de production et de diffusion ? Je traiterai ce sujet {\`a} travers le prisme de la revue savante en lettres et sciences humaines, dont le mod{\`e}le {\'e}pist{\'e}mologique, encore attach{\'e} au support papier, se voit profond{\'e}ment questionn{\'e} par le num{\'e}rique dans sa dimension technique aussi bien que culturelle. Je fais l'hypoth{\`e}se que les modalit{\'e}s d'{\'e}criture en environnement num{\'e}rique sont une opportunit{\'e} pour renouer avec les id{\'e}aux de conversation scientifique qui pr{\'e}sidaient l'invention des revues au 17eme si{\`e}cle. La th{\`e}se propose une r{\'e}flexion en trois temps, articul{\'e}e autour de trois conceptions de la revue : la revue comme format, comme espace et, tel que je le propose et le conceptualise, comme collectif. Un des enjeux de cette th{\`e}se r{\'e}side dans la mise en {\'e}vidence des dynamiques collectives d'appropriation et de l{\'e}gitimation. En ce sens, la finalit{\'e} de la revue est peut-{\^e}tre moins la production de documents que l'{\'e}ditorialisation d'une conversation faisant advenir le collectif. Au plan m{\'e}thodologique, cette th{\`e}se a la particularit{\'e} de s'appuyer sur une recherche-action ancr{\'e}e dans une s{\'e}rie de cas d'{\'e}tude et d'exp{\'e}rimentations {\'e}ditoriales que j'ai pu mener en tant que chercheur d'une part, et {\'e}diteur-praticien d'autre part.},
+ collaborator = {Zacklad, Manuel and {Vitali-Rosati}, Marcello},
+ copyright = {Licence Etalab},
+ school = {Paris 10},
+ keywords = {070,Analyse de la conversation,Collectif,Collective,Commons,Communs,Conversation,Echange de savoirs,Editorialisation,Editorialisation (information electronique),Media,Revue savante,Scholarly journal}
+}
+
@misc{seneque_lettres_nodate,
title = {Lettres {\`a} {{Lucilius}}},
author = {S{\'e}n{\`e}que},
@@ -350,6 +730,26 @@ Cite Par\_available: 0},
file = {/home/user/Zotero/storage/BSQG9ZRY/revue-cliniques-2020-1-page-19.html}
}
+@article{souchier__2012,
+ title = {{La << lettrure >> {\`a} l'{\'e}cran. Lire \& {\'e}crire au regard des m{\'e}dias informatis{\'e}s}},
+ shorttitle = {{La << lettrure >> {\`a} l'{\'e}cran}},
+ author = {Souchier, Emmanu{\"e}l},
+ year = {2012},
+ journal = {Communication \& langages},
+ volume = {174},
+ number = {4},
+ pages = {85--108},
+ publisher = {NecPlus},
+ address = {Paris},
+ issn = {0336-1500},
+ doi = {10.4074/S0336150012014068},
+ urldate = {2024-03-27},
+ abstract = {Pour nommer l'activit{\'e} des m{\'e}dias informatis{\'e}s, l'auteur convoque le terme m{\'e}di{\'e}val de << lettrure >> qui rend compte de l'activit{\'e} duale associant d'un m{\^e}me geste le lire et l'{\'e}crire. Dispositifs textuels, les m{\'e}dias informatis{\'e}s s'inscrivent dans l'histoire de l'{\'e}criture. Consid{\'e}rer l'informatique comme une pratique d'{\'e}criture est {\`a} la base de la th{\'e}orie des {\'e}crits d'{\'e}crans et des {\'e}crits de r{\'e}seaux.Si les m{\'e}dias informatis{\'e}s sont constitu{\'e}s {\`a} partir de pratiques textuelles, l'{\'e}criture les rend accessibles. Pour {\'e}crire {\`a} l'{\'e}cran nous avons besoin d'outils d'{\'e}criture -- les << architextes >> -- qui conditionnent notre pratique. Pour la premi{\`e}re fois de son histoire, l'homme a recours {\`a} des outils d'{\'e}criture {\'e}crits pour lire et {\'e}crire. Ces dispositifs textualisent la pratique sociale.Illustr{\'e} par l'{\'e}mergence du mot << ordinateur >>, le choix des mots met en perspective les rapports de la technique {\`a} la langue. Celui d'une terminologie ancr{\'e}e dans la culture francophone est un acte politique autant que th{\'e}orique qui permet de r{\'e}concilier le corps linguistique avec le corps technique de la culture.},
+ langid = {french},
+ keywords = {" lettrure ",culture linguistique et technique,ecriture,informatique,langues,Lecture,medias informatises,ordinateur,politique},
+ file = {/home/user/Zotero/storage/6Y86JZYH/Souchier - 2012 - La « lettrure » à l’écran. Lire & écrire au regard.pdf;/home/user/Zotero/storage/4LAKYB3Z/revue-communication-et-langages1-2012-4-page-85.html}
+}
+
@article{souchier_image_1998,
title = {{L'image du texte pour une th{\'e}orie de l'{\'e}nonciation {\'e}ditoriale}},
author = {Souchier, Emmanu{\"e}l},
@@ -431,6 +831,33 @@ Cite Par\_available: 0},
file = {/home/user/Zotero/storage/NREQN9B5/Tadier et Méchoulan - 2021 - Tentative d’épuisement de l’intermédialité entre.pdf;/home/user/Zotero/storage/MTRXS6P4/revue-communication-et-langages-2021-2-page-27.html}
}
+@book{tufte_cognitive_2003,
+ title = {The {{Cognitive Style}} of {{PowerPoint}}},
+ author = {Tufte, Edward},
+ year = {2003},
+ month = jan,
+ journal = {Journal of The American Statistical Association - J AMER STATIST ASSN},
+ volume = {99},
+ isbn = {978-0-9613921-5-4},
+ file = {/home/user/Zotero/storage/VCQE4LGE/Tufte - 2003 - The Cognitive Style of PowerPoint.pdf}
+}
+
+@article{turing_computable_1936,
+ title = {On {{Computable Numbers}}, with an {{Application}} to the {{Entscheidungsproblem}}},
+ author = {Turing, A. M.},
+ year = {1936},
+ journal = {Proceedings of the London Mathematical Society},
+ volume = {s2-42},
+ number = {1},
+ pages = {230--265},
+ issn = {1460-244X},
+ doi = {10.1112/plms/s2-42.1.230},
+ urldate = {2024-03-08},
+ copyright = {{\copyright} 1937 London Mathematical Society},
+ langid = {english},
+ file = {/home/user/Zotero/storage/3KQ62R32/s2-42.1.html}
+}
+
@article{vanier_manifestes_1995,
title = {{Manifestes m{\'e}diologiques}},
author = {Vanier, Pierre},
@@ -448,6 +875,23 @@ Cite Par\_available: 0},
file = {/home/user/Zotero/storage/M5IFRK49/Vanier - 1995 - Manifestes médiologiques.pdf}
}
+@article{vitali-rosati_ecrire_2020,
+ title = {{{\'E}crire les SHS en environnement num{\'e}rique. L'{\'e}diteur de texte Stylo}},
+ author = {{Vitali-Rosati}, Marcello and Sauret, Nicolas and Fauchi{\'e}, Antoine and Mellet, Margot},
+ year = {2020},
+ month = mar,
+ journal = {Revue Intelligibilit{\'e} du num{\'e}rique},
+ number = {1 {\textbar} 2020},
+ publisher = {Bruno Bachimont},
+ issn = {2727-3008},
+ doi = {10.34745/numerev_1697},
+ urldate = {2023-10-03},
+ abstract = {L'{\'e}criture et l'{\'e}dition scientifiques en contexte num{\'e}rique sont relativement peu interrog{\'e}es ou remises en cause. Quelques outils, qui...},
+ copyright = {https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/},
+ langid = {french},
+ file = {/home/user/Zotero/storage/3HPJEI86/18-ecrire-les-shs-en-environnement-numerique-l-editeur-de-texte-stylo.html}
+}
+
@book{vitali-rosati_editorialization_2018,
title = {On {{Editorialization}}: {{Structuring Space}} and {{Authority}} in the {{Digital Age}}},
shorttitle = {On {{Editorialization}}},
@@ -550,6 +994,27 @@ Cite Par\_available: 1},
file = {/home/user/Zotero/storage/7KQ9VZDU/revue-communication-et-langages-2019-1-page-37.html}
}
+@article{zacklad_organisation_2012,
+ title = {{Organisation et architecture des connaissances dans un contexte de transm{\'e}dia documentaire : les enjeux de la pervasivit{\'e}}},
+ shorttitle = {{Organisation et architecture des connaissances dans un contexte de transm{\'e}dia documentaire}},
+ author = {Zacklad, Manuel},
+ year = {2012},
+ month = dec,
+ journal = {{\'E}tudes de communication. langages, information, m{\'e}diations},
+ number = {39},
+ pages = {41--63},
+ publisher = {Groupe d'{\'E}tudes et de Recherche Interdisciplinaire en Information et Communication de l'Universit{\'e} Lille 3},
+ issn = {1270-6841},
+ doi = {10.4000/edc.4017},
+ urldate = {2024-03-25},
+ abstract = {Dans cet article, nous d{\'e}fendons l'id{\'e}e selon laquelle la g{\'e}n{\'e}ralisation des documents pour l'action num{\'e}riques implique une r{\'e}orientation des recherches dans le domaine de l'Organisation des Connaissances. Apr{\`e}s un retour sur les notions de contenu et de support, nous introduisons la notion d'environnement-support d'un m{\'e}dia et d{\'e}finissons la notion d'architecture des connaissances. Nous introduisons alors la notion de transm{\'e}dia documentaire et ses d{\'e}clinaisons, puis celle de pervasivit{\'e} appliqu{\'e}e aux contenus et {\`a} l'Organisation des Connaissances qui les structure que nous illustrons {\`a} l'aide de r{\'e}sultats de recherche du projet ANR Miipa-Doc.},
+ copyright = {All rights reserved},
+ isbn = {9782917562086},
+ langid = {french},
+ keywords = {architecture des connaissances,document pour l'action,organisation des connaissances,pervasivite,transmedia documentaire},
+ file = {/home/user/Zotero/storage/QX225BDP/Zacklad - 2012 - Organisation et architecture des connaissances dan.pdf}
+}
+
@article{zacklad_processus_2004,
title = {Processus de Documentarisation Dans Les {{Documents}} Pour l'{{Action}} ({{DopA}}) : Statut Des Annotations et Technologies de La Coop{\'e}ration Associ{\'e}es (Nouvelle Version Corrig{\'e}e)},
shorttitle = {Processus de Documentarisation Dans Les {{Documents}} Pour l'{{Action}} ({{DopA}})},
diff --git a/src/posts/2024-05-06-la-saisie-du-texte-dans-un-nouveau-document.md b/src/posts/2024-05-06-la-saisie-du-texte-dans-un-nouveau-document.md
index c5eaafe..42d1f15 100644
--- a/src/posts/2024-05-06-la-saisie-du-texte-dans-un-nouveau-document.md
+++ b/src/posts/2024-05-06-la-saisie-du-texte-dans-un-nouveau-document.md
@@ -59,7 +59,7 @@ particulier.
Afin de traiter cette problématique, nous nous appuyons dans un premier temps
sur les particularités de l'écriture numérique
-[@bouchardon_lecriture_2014; @crozat_ecrire_2016; @souchier_numerique_2019] et
+[@bouchardon_lecriture_2014; @crozat_ecrire_2016; @souchier_numerique_2019] et
sur le fonctionnement de la machine pour illustrer, dans une deuxième partie,
le rôle de médiation joué par les logiciels -- entendu comme une suite
d'instructions écrites -- entre la saisie du texte au clavier et les
@@ -144,8 +144,7 @@ Du fait de mon implication dans Stylo, le regard que je porte sur ce terrain
n'est pas neutre et relève d'une forme de recherche-action [ajouter une
référence].
-Alors que chaque signe et chaque trace inscrite [@christin__1999;
-@vitali-rosati__2020] dans l'éditeur de texte Stylo incarne cette tension
+Alors que chaque signe et chaque trace inscrite dans l'éditeur de texte Stylo incarne cette tension
_entre_ l'utilisateur et la machine, dont les différences de langage -- naturel
et machine -- rend a priori toute communication directe impossible, nous
analysons les différents modes de communication des informations dans Stylo pour
@@ -237,8 +236,7 @@ l'ordinateur personnel avec l'apparition des logiciels de traitement de texte et
la bataille qui sévit durant toute cette période pour en avoir le monopole.
M. Kirschenbaum et T. Bergin détaillent dans leurs travaux cette course au
développement de logiciels durant cette période pour obtenir un monopole sur le
-marché [@bergin_origins_2006; @bergin_proliferation_2006;
-@kirschenbaum_track_2016].
+marché [@bergin_origins_2006; @bergin_proliferation_2006; @kirschenbaum_track_2016].
Avant l'engouement pour les interfaces graphiques et les gestionnaires de
fenêtres -- 1983 et 1984 avec l'entreprise Apple qui s'est largement inspirée
des interfaces graphiques développées par Xerox PARC dans les années 1970 -- la
@@ -265,7 +263,7 @@ En somme, cette représentation numérique du monde n'est pas nouvelle et ce n'e
pas l'ordinateur qui l'a apporté.
À notre connaissance, son origine remonte aux prémisses de l'écriture et des
développements des systèmes monétaires, nous dirait C. Herrenschmidt
-[-@herrenschmidt_les_2023].
+[-@herrenschmidt_trois_2023].
Dorénavant, lorsque nous ferons référence à l'écriture numérique nous parlerons
d'une écriture numérique dans un environnement informatique.
@@ -280,7 +278,7 @@ ou encore des sciences de l'information et de la communication ou de l'étude de
médias et cela pour ne mentionner que certaines disciplines de la sphère
académique.
Très largement, l'écriture est entendue comme « mode d'expression » et
-« fonction de communication » au sein d'une société [@christin_les_1999].
+« fonction de communication » au sein d'une société [@christin_origines_1999].
Anne-Marie Christin distingue deux tendances principales de l'origine de
l'écriture : l'écriture selon la trace, étant soit comprise comme le signe
verbal transposé sur un support soit comme la marque laissée par un corps, ou
@@ -288,7 +286,7 @@ l'écriture selon le signe dans son sens étymologique d'« événement inaugu
[qui] participe
d’une révélation » tant qu'il s'inscrit dans un « système » tel que la
disposition des entrailles d'une bête sacrifiée lors d'une cérémonie
-[@christin_les_1999; @vitali-rosati_quest-ce_2020].
+[@christin_origines_1999; @vitali-rosati_quest-ce_2020-1].
À défaut de prendre parti pour l'un ou l'autre de ces paradigmes, nous pouvons
retenir deux caractéristiques qui leur sont communes et que l'on retrouve dans
tous types d'écriture, même numérique.
@@ -393,7 +391,7 @@ dans la matière et de lecture.
Or, la calculabilité, la variabilité et la déliaison entre geste et inscription
perturbent notre définition de l'écriture puisque l'inscription et la lecture
des signes et/ou traces sur le support numérique sont des actions réalisées par la
-machine et ne le sont plus par l'être humain, comme le souligne F. Kittler [@kittler].
+machine et ne le sont plus par l'être humain, comme le souligne F. Kittler [@kittler_mode_2015].
F. Kittler poursuit sa réflexion plus loin jusqu'à soutenir, de manière
provocatrice, que l'humain n'écrit plus et qu'à l'ère du numérique, c'est la
machine qui écrit.
@@ -623,7 +621,7 @@ génère se transforme en une lettre à l'écran.
Pour autant, cette accessibilité est-elle synonyme de mise en visibilité ?
Le fait que "ça marche" rendrait-il le document visible ?
C'est le rôle de l'interface graphique et des métaphores qu'elle véhicule que de
-cacher le fonctionnement même de la machine [@jeanneret_y-t-il_2011].
+cacher le fonctionnement même de la machine [@jeanneret_y_2011].
La déliaison convoquée par Bonaccorsi [@bonaccorsi_fantasmagories_2020] prend
place dès cet instant dans le processus d'écriture puisqu'il ne s'agit pas
seulement de délier le geste de l'inscription mais également de faire
@@ -775,8 +773,7 @@ logiciel du nom de _Pages_ disponible dans l'environnement Apple --, dans les
livres numériques ou encore dans le Web où chaque URL est l'adresse d'une page.
Matthew Kirschenbaum et Thomas Bergin nous détaillent dans leurs travaux
l'arrivée de la page sur nos écrans durant les années 1970 et le début des
-années 1980 [@kirschenbaum_track_2016; @bergin_origins_2006;
-@bergin_proliferation_2006].
+années 1980 [@kirschenbaum_track_2016; @bergin_origins_2006; @bergin_proliferation_2006].
Cet objet qu'est la page a été instauré dans l'ordinateur uniquement pour
reproduire une « habitude » et créer un lien fictif entre les visions du monde
@@ -894,7 +891,7 @@ Son code source peut lui aussi faire l'objet d'une remédiation
l'organisation du traitement des informations dans un ordinateur.
D'ailleurs, C. Herrenschmidt nous rappelle que le terme de logiciel a été forgé
à partir de la contraction du mot "logique" avec le mot "matériel"
-[@herrenschmidt_les_2023, p.474] , pour justement montrer à la fois l'opposition
+[@herrenschmidt_trois_2023, p.474] , pour justement montrer à la fois l'opposition
du logiciel avec l'aspect matériel (_hardware_) et marquer leur
complémentarité : l'ordinateur (_hardware_) serait très peu accessible (voir
inaccessible) sans logiciel, et le logiciel n'existe pas en dehors de
@@ -907,8 +904,8 @@ de n'importe quel document à l'intérieur de la mémoire de l'ordinateur.
Un courant contemporain de la théorie des médias, l'intermédialité
montréalaise^[Le chapitre 1 devra décrire l'intermédialité
-montréalaise, il faudra ajouter un renvoi ici] [@muller_lintermedialite_2000;
-@tadier_tentative_2021; @tadier__2021], en tant qu'art pour penser les relations
+montréalaise, il faudra ajouter un renvoi ici] [@muller_lintermedialite_2000; @tadier_tentative_2021; @tadier__2021],
+en tant qu'art pour penser les relations
[@tadier__2021], peut être mobilisée pour mieux comprendre les liens
entretenues par les agents de notre système, la machine avec elle-même,
humain-machine, machine-machine.
@@ -1247,6 +1244,9 @@ pivots d'un document dans Stylo.
### Les formats déterminent la sémantique du texte
+[Trouver quelques références sur les formats, ex la these de de Mourat sur le
+vacillement des formats]
+
Selon les formats d'écriture, et lorsque l'on sort du paradigme WYSIWYG pour
celui du WYSIWYM, on s'émancipe de la surcouche de mise en page pour entrer
directement dans la couche de la structuration des contenus, là où les formats
@@ -1601,7 +1601,7 @@ toutes rentrer dans le dernier type `@misc` pour « tout autre type de
document ».
Il en va de même pour les informations rattachées à chaque type de données^[cf.
le tableau des champs accolés aux types de documents en annexe.] : selon les
-disciplines ou les pour certains documents très particuliers, les champs de
+disciplines ou pour certains documents très particuliers, les champs de
Zotero peuvent être trop restrictifs alors qu'il serait nécessaire de pouvoir
saisir de nouvelles entrées pour enrichir les données bibliographiques tout en
préservant leur structuration. Actuellement, la seule possibilité serait
@@ -1645,7 +1645,27 @@ Une modification du format ou du fonctionnement du gestionnaire de références
bibliographiques serait beaucoup trop lourde en termes d'effets de bord dans
Stylo, c'est pour cela qu'à ce stade nous en sommes restés à cette solution.
-[Faire une mini conclusion sur ce qu'apporte ces trois formats]
+Le choix des formats dans lesquels les utilisateurs peuvent saisir leurs textes
+et leurs données n'est pas anodin.
+Qu'il soit ancien, récent, verbeux ou léger, permissif ou rigide,
+le format d'écriture conditionne ce que l'on a le droit d'écrire ou non.
+En ce sens la décision de ce qui peut être saisi est déjà prise avant qu'un
+texte soit frappé sur le clavier.
+Par exemple, dans Stylo, le Markdown ne permet pas à un philologue de saisir
+explicitement un appareil critique.
+C'est une syntaxe qui n'existe pas alors que c'est le cas pour d'autre
+environnements comme LaTeX et le paquet
+[`ekdosis`](http://www.ekdosis.org/) développé et maintenu par Robert Alessi.
+Dans ce cas-ci, puisque l'appareil critique n'existe pas en Markdown, il ne
+peut pas exister dans Stylo sauf si l'utilisateur fait abstraction du format et qu'il
+change de paradigme pour celui de la page et de la représentation graphique.
+En faisant cela, l'utilisateur fait également abstraction de la machine et de
+ce qu'elle peut interpréter du contenu puis écrire dans le texte.
+Lorsque nous sommes dans un environnement mis à disposition comme Stylo, le
+risque est que celui-ci ne soit pas complètement adapté à des besoins ou à une
+intention.
+Il risque d'y avoir une friction entre les formats imposés par l'environnement
+et les besoins en écriture.
### Co-écriture entre les agents
@@ -1659,7 +1679,7 @@ de tous les individus à travers le monde qui utilisent ce logiciel (et qui ont
installé la mise à jour).
Si l'on s'arrête à la vision superficielle du texte, comme le propose J. Goody
-avec la raison graphique, on ne voit que les modifications d'affichage des
+avec la raison graphique [@goody_raison_1979], on ne voit que les modifications d'affichage des
éléments graphiques mais nous oublions ceux qui sont invisibles et cachés
derrière la page.
@@ -1762,17 +1782,25 @@ productions de leur agencement dans un écosystème, il devient intéressant
d'observer leur relation tout au long de ce processus pour comprendre comment
ils s'affectent les uns les autres.
-[Faire une transition vers les différents du texte, peut-être en mentionnant que
-finalement il y a une partie de l'écriture qui est aveugle.]
-
-[Reprendre le début de cette partie, revenir sur l'architecture logicielle et
-montrer qu'il y a un manque dans ce que nous avons décrit précédemment en terme
-d'interaction et que c'est le navigateur qui gère ça]
-
-La description préliminaire des différents composants nous amène aux mécanismes
-de l'écriture dans Stylo.
-
-Jusqu'à présent, nous savons que le texte est saisi par l'utilisateur en
+Néanmoins, un trouble persiste dans cette relation entre ces agents.
+Il se manifeste entre ce que l’usager à l’intention d’écrire et le document que
+produit la machine, qui est structuré selon un certains nombre de normes,
+formats, etc., implémentés dans un logiciel.
+Ce trouble nait de la rencontre entre une représentation du texte structurée
+graphiquement et une représentation du texte structurée par du texte,
+comme c’est le cas pour une page web interprétée par un navigateur et son
+pendant au format HTML.
+En ce sens, nous examinons la possibilité que l’écriture numérique puisse
+être affublée d’une caractéristique supplémentaire : la cécité.
+Cette caractéristique nous semble présente dans le fait qu’il y ait plusieurs
+angles morts entre ces deux conceptions du texte qui ne permettent ni à
+l’utilisateur ni à la machine de voir le texte dans sa totalité.
+La piste de ce trouble nous mène également à comprendre l'enjeu de cette
+relation entre l'usager et son environnement puisque.
+En le dévoilant, nous mettrons à jour les indices de la rencontre entre un
+auteur et son environnement d'écriture.
+
+Dans Stylo, nous savons que le texte est saisi par l'utilisateur en
Markdown (YAML et BibTeX également), puis est envoyé sur le serveur au moyen
d'une requête GraphQL au format JSON contenue dans une requête HTTP utilisant la
méthode `POST` comme modalité de circulation de l'information.
@@ -1876,10 +1904,6 @@ communication : ce dont s'occupe Stylo.
Parmi ces quatre documents produits pour écrire, un seul l'est par l'utilisateur
tandis que les autres formes sont écrites par Stylo.
-[faire un mini conclusion sur la cécité de l'écriture num.]
-
-### La déprise en main du texte
-
Écrire dans un environnement numérique dépasse l'encodage de signes dans un seul
format d'écriture.
Comme nous l'avons vu avec Stylo, ce sont différents protocoles qui sont
@@ -1950,6 +1974,9 @@ Pour réaliser cette étude, nous nous sommes appuyés sur une méthode emprunt
théoricien des médias Friedrich Kittler dont l'analyse repose sur la description
technique du fonctionnement des éléments mobilisés.
+[Remplacer le paragraphe ci-dessous en revenant sur les traces de l'intime qu'on a
+rencontré]
+
En appliquant cette méthode à divers cas de saisi de fragments de texte selon
les formats pivots utilisés dans Stylo, le Markdown, le YAML et le BibTeX, nous
nous sommes aperçus que ces fragments ne sont jamais inscrit directement selon
@@ -1977,4 +2004,3 @@ quatre phases contribue à la matérialité du texte saisi et qu'en ce sens il y
co-écriture entre l'utilisateur et Stylo.
## Bibliographie
-