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<p>Dans cette chaîne, la réalisation d’un artefact publiable, c’est-à-dire un document dans sa version finale, nécessite des interactions entre une multitude d’agents pour advenir, qu’ils soient numériques ou humains. Qu’il s’agisse de l’adaptation des références bibliographiques à une norme donnée, de l’ajout des espaces fines insécables dans le texte, de la modification ou correction de certaines sources d’information, ces étapes de l’élaboration du document ainsi que toutes les autres proviennent des interactions entre des individus et l’environnement support <span class="citation" data-cites="zacklad_organisation_2012 merzeau_editorialisation_2013 paveau_activites_2012">(Merzeau, 2013; Paveau, 2012; Zacklad, 2012)</span> qui produisent des traces à l’intérieur du document que nous considérons comme constitutives d’une épistémologie du document. Elles sont les indices de ces interactions passées et incarnent un modèle de représentation du document et par extension de la publication scientifique concernée. Plutôt que de nous intéresser au document final tel qu’il est publié, nous nous focalisons sur les interactions qui le précèdent et sur une épistémologie du document en cours de matérialisation.</p>
<p>Nous consacrons ce chapitre aux premières interactions à l’origine de la publication scientifique : la création du document primaire de la chaîne de publication. Pour ce faire, nous observerons les traces issues des interactions entre un auteur et un ordinateur dans le document numérique<a href="#fn1" class="footnote-ref" id="fnref1" role="doc-noteref"><sup>1</sup></a>.</p>
<p>En ce sens, l’acte d’écriture numérique n’est plus défini en tant que fruit d’une seule fonction auctoriale, mais l’est par un ensemble de fonctions éditoriales dont la fonction auctoriale fait partie <span class="citation" data-cites="souchier_image_1998 jeanneret_lenonciation_2005 paveau_ce_2015">(Jeanneret &amp; Souchier, 2005; Souchier, 1998;   Paveau, 2015)</span>.</p>
-<p>Ainsi, parmi toutes les fonctions éditoriales que l’on pourrait énumérer, nous nous intéressons dans ce chapitre à la première phase de matérialisation du document : la saisie du texte dans un environnement support. Lors de cette phase de matérialisation, le document devient le lieu où se manifeste un trouble entre ce que l’usager à l’intention d’écrire et le texte que produit la machine, structuré selon les formats et protocoles implémentés à l’intérieur de l’écosystème. Ce trouble nait de la rencontre entre une représentation du document structuré graphiquement, essentiellement culturelle, et une représentation du document structuré par du texte, comme c’est le cas pour une page web interprétée par un navigateur et son pendant au format HTML. Notre intérêt se porte plus particulièrement sur le côté machine de cette relation humain-machine et sur la manière dont cette machine reçoit et traite les informations pour produire le document dans un environnement particulier.</p>
+<p>Ainsi, parmi toutes les fonctions éditoriales que l’on pourrait énumérer, nous nous intéressons dans ce chapitre à la première phase de matérialisation du document : la saisie du texte dans un environnement support. Lors de cette phase de matérialisation, le document devient le lieu où se manifeste un trouble entre ce que l’usager à l’intention d’écrire et le texte que produit la machine, structuré selon les formats et protocoles implémentés à l’intérieur de l’écosystème. Ce trouble naît de la rencontre entre une représentation du document structuré graphiquement, essentiellement culturelle, et une représentation du document structuré par du texte, comme c’est le cas pour une page web interprétée par un navigateur et son pendant au format HTML. Notre intérêt se porte plus particulièrement sur le côté machine de cette relation humain-machine et sur la manière dont cette machine reçoit et traite les informations pour produire le document dans un environnement particulier.</p>
<p>Afin de traiter cette problématique, nous décrivons dans une première partie les particularités de l’écriture en environnement numérique <span class="citation" data-cites="bouchardon_lecriture_2014 crozat_ecrire_2016 souchier_numerique_2019">(Bouchardon, 2014; Crozat, 2016; Souchier, 2019)</span> et le fonctionnement d’un ordinateur, pré-requis nécessaires à la matérialisation d’un document numérique. Ces propriétés illustrent la nécessité d’avoir un intermédiaire, le logiciel, dans cette relation humain-machine. En nous affranchissant de la page affichée à l’écran, une deuxième partie est accordée à ce rôle de médiation joué par les logiciels – entendus comme une suite d’instructions écrites – entre la saisie du texte au clavier et les traitements appliqués à ces informations, jusqu’à leur stockage dans une mémoire informatique. Au-delà de la page, nous explorons les différentes phases documentaires que traverse le texte pour être inscrit sur son support et faire document.</p>
<p>Tandis que chaque environnement a ses propres modalités d’écriture que nous ne pouvons pas toutes énumérer, nous nous appuyons dans la deuxième partie de ce chapitre sur l’étude de l’éditeur de texte sémantique Stylo et les différentes modélisations du texte qu’il génère<a href="#fn2" class="footnote-ref" id="fnref2" role="doc-noteref"><sup>2</sup></a>. Ces modèles intermédiaires circulent entre les espaces de Stylo – client et serveur – par différents canaux et protocoles pour former, à travers une série de documents produits, une dynamique constitutive du sens de l’écriture propre à cet environnement <span class="citation" data-cites="merzeau_editorialisation_2013">(Merzeau, 2013)</span>.</p>
<p>Stylo est un éditeur de texte sémantique en ligne développé pour l’édition savante en sciences humaines et sociales (SHS) et en lettres. Stylo est autant un projet de recherche qu’un outil d’écriture et d’édition, qui entend poser une question décisive : qu’est-ce qu’écrire en environnement numérique en SHS ?</p>
@@ -284,7 +284,7 @@ Du fait de mon implication dans Stylo, le regard que je porte sur ce terrain nâ€
<li>Pandoc<a href="#fn38" class="footnote-ref" id="fnref38" role="doc-noteref"><sup>38</sup></a></li>
<li>Quarto<a href="#fn39" class="footnote-ref" id="fnref39" role="doc-noteref"><sup>39</sup></a></li>
</ul>
-<p>Cette capacité à être déclinable et adaptable distingue fortement Markdown des autres langages de balisage. En effet, puisque chaque saveur contient des éléments personnalisés de structuration des contenus – des balises –, il est important de connaître la saveur que l’on doit utiliser dans un environnement au risque de se retrouver avec des balises qui ne sont pas interprétées et qui par extension, n’ont aucune signification pour cet envrionnement.</p>
+<p>Cette capacité à être déclinable et adaptable distingue fortement Markdown des autres langages de balisage. En effet, puisque chaque saveur contient des éléments personnalisés de structuration des contenus – des balises –, il est important de connaître la saveur que l’on doit utiliser dans un environnement au risque de se retrouver avec des balises qui ne sont pas interprétées et qui par extension, n’ont aucune signification pour cet environnement.</p>
<p>Par exemple, la saveur Quarto Markdown utilise la structure ci-dessous pour insérer une vidéo dans un texte. Cependant, ce marquage ne sera interprété que lorsque Quarto transformera le document Markdown en un autre document, or dans Stylo cette ligne sera traitée comme un paragraphe et ne sera pas transformée parce que Stylo ne connaît pas cette structure puisque la saveur Quarto de Markdown n’y est pas prise en charge.</p>
<div class="sourceCode" id="cb5"><pre class="sourceCode md"><code class="sourceCode markdown"><span id="cb5-1"><a href="#cb5-1" aria-hidden="true" tabindex="-1"></a>{{&lt; video https://www.youtube.com/embed/wo9vZccmqwc &gt;}}</span></code></pre></div>
<p>À ce propos, aucune saveur spécifique n’a été implémentée dans Stylo pour laisser le champ libre aux utilisateurs d’employer celle qui leur convient le mieux. Néanmoins, lorsque les sources sont transformées par le module d’export, les utilisateurs doivent respecter les préconisations du logiciel Pandoc puisque c’est ce dernier qui réalise les transformations et conversions des documents (l’export des fichiers sources n’est pas concerné). Les saveurs les plus couramment utilisées avec Pandoc sont CommonMark et GitHub Flavored Markdown<a href="#fn40" class="footnote-ref" id="fnref40" role="doc-noteref"><sup>40</sup></a>.</p>
@@ -348,8 +348,8 @@ Le choix des formats dans lesquels les utilisateurs peuvent saisir leurs textes
<p>Afin de réaliser cette étude, nous nous sommes appuyés sur une méthode empruntée au théoricien des médias Friedrich Kittler dont l’analyse repose sur la description technique du fonctionnement des éléments mobilisés.</p>
<p>L’observation du phénomène de création d’un document texte dans un environnement d’écriture spécialisé pour l’écriture savante à travers le prisme des strates de l’écriture numérique, du matériel au logiciel, a mis en évidence différents angles morts de la relation entre un auteur et son environnement d’écriture dans lesquels se nichent les traces de la matérialisation du document. Qu’ils s’incarnent dans des documents temporaires comme le DOM du navigateur ou dans des protocoles de transmissions des informations comme HTTP, ces angles morts de l’écriture numérique, produits par cette relation, nous montrent que certaines parties de la matérialisation du document ne sont finalement pas directement accessibles à ces deux agents alors qu’elles participent à la matérialité conférée au document primaire.</p>
<p>En observant diverses saisies de fragments de texte selon les formats pivots utilisés dans Stylo, le Markdown, le YAML et le BibTeX, nous nous sommes aperçus qu’ils ne sont jamais inscrits directement selon les formats mentionnés mais qu’ils passent par quatre états différents : la saisie à l’écran, la manipulation par le DOM du navigateur dans l’éditeur Monaco, la requête GraphQL formatée en JSON pour être transporté par la méthode <code>POST</code> du protocole HTTP et le stockage dans la base de données MongoDB. Le document se matérialise par différents états afin qu’il puisse circuler dans Stylo entre l’espace où il est saisi, le client, que l’on peut retrouver à une adresse web unique (l’URL de l’article) et l’espace où il sera stocké dans le serveur de la TGIR Huma-num qui héberge l’application. La structure de l’information varie à chaque métamorphose de la matérialisation du document. Ainsi, les caractères qui constituent le document changent et en modifient profondément le sens. Parmi les quatre états mentionnés, seulement le premier est saisi par l’utilisateur et les autres sont écrits par Stylo. En se référant à la théorie de l’éditorialisation, nous pouvons affirmer que chacune de ces quatre phases contribue à la matérialité du texte saisi et qu’en ce sens il y a co-construction du document entre l’utilisateur et Stylo.</p>
-<p>Les différents états de ce document primaire montrent qu’il n’y a pas de forme figée du document. Au contraire, le document serait une suite d’états que l’on regroupe dans un même espace pour former une représentation tangible du document. En s’appuyant sur la définition du document établie dans le premier chapitre, le document s’échappe de la représentation du texte, ou d’une suite de représentations, pour devenir le réceptable des intra-actions en train de se produire dans un espace fini. Le document dans Stylo nous montre ce changement de paradigme où celui de la représentation fait place à celui de la performance <span class="citation" data-cites="barad_frankenstein_2023">(Barad, 2023)</span>. Le document se meut, il est sans cesse en action et sans cesse en cours de modification et de changement : il se performe. La matérialisation du document empêche toute tentative de cristallisation du document dans une forme figée. Tant que le document est la preuve d’un fait <span class="citation" data-cites="briet_quest-ce_1951">(Briet, 1951)</span>, il reste le réceptacle de médiations et d’intra-actions, qu’elles soient numériques ou non, responsables de ses métamorphoses.</p>
-<p>Ces médiations sont les marqueurs de cette relation entre un auteur et l’environnement d’écriture, elles sont les traces d’une épistémologie singulière et apparaissent à l’intérieur du document lors de chacun de ses états. En suivant le fil de ces traces, il devient possible de suivre l’ensemble des médiations et des conditions de l’environnement numérique produisant le document primaire et son texte, source que traitera ensuite la chaîne éditoriale jusqu’à sa publication.</p>
+<p>Les différents états de ce document primaire montrent qu’il n’y a pas de forme figée du document. Au contraire, le document serait une suite d’états que l’on regroupe dans un même espace pour former une représentation tangible du document. En s’appuyant sur la définition du document établie dans le premier chapitre, le document s’échappe de la représentation du texte, ou d’une suite de représentations, pour devenir le réceptacle des intra-actions en train de se produire dans un espace fini. Le document dans Stylo nous montre ce changement de paradigme où celui de la représentation fait place à celui de la performance <span class="citation" data-cites="barad_frankenstein_2023">(Barad, 2023)</span>. Le document se meut, il est sans cesse en action et sans cesse en cours de modification et de changement : il se performe. Cette matérialisation du document, en tant que performance, empêche toute tentative de cristallisation du document dans une forme figée. Tant que le document est la preuve d’un fait <span class="citation" data-cites="briet_quest-ce_1951">(Briet, 1951)</span>, il reste le réceptacle de médiations et d’intra-actions, qu’elles soient numériques ou non, responsables de ses métamorphoses.</p>
+<p>Ces médiations sont les marqueurs de cette relation entre un auteur et l’environnement d’écriture, elles sont les traces d’une épistémologie singulière et apparaissent à l’intérieur du document à chacun de ses états. En suivant le fil de ces traces, il devient possible de suivre l’ensemble des médiations et des conditions de l’environnement numérique produisant le document primaire et son texte, source que traitera ensuite la chaîne éditoriale jusqu’à sa publication.</p>
<h2 class="unnumbered" id="bibliographie">Bibliographie</h2>
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