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- <title>Roch Delannay | Le document comme pivot de la chaîne éditoriale scientifique</title>
+ <title>Roch Delannay | La publication scientifique est un espace</title>
<meta name="author" content="Roch Delannay" />
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- <h1>Le document comme pivot de la chaîne éditoriale scientifique</h1>
+ <h1>La publication scientifique est un espace</h1>
<!-- -->
<time>2024-08-07</time>
<!-- <p>Roch Delannay</p>
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</ul>
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<h2 id="introduction">Introduction</h2>
-<p>L’objet qu’est la publication scientifique désigne communément un ensemble d’artefacts que l’on réunit sous cette appellation parce qu’elle caractérise une modalité de communication et de diffusion des travaux menés par les acteurs de la recherche. Parmi ces artefacts, les plus communs sont les ouvrages collectifs, les monographies, les revues, les actes liés à des événements scientifiques (colloque, journée d’étude, etc.), les thèses ou encore les mémoires. Malgré le fait que leur nature soit différente, ces artefacts partagent une particularité qui nous permet de les regrouper. Ce qui les lie ensemble ne se trouve pas à l’intérieur de ces documents, mais dans le processus de fabrication ces derniers. Les publications scientifiques regroupent une diversité d’artefacts parce qu’elles font l’objet d’un traitement qui leur est propre : la relecture par les pairs. Cette étape de validation du contenu scientifique s’insère dans le processus éditorial de transformation du document primaire – le document envoyé par l’auteur – avant qu’il ne trouve sa forme définitive. Selon les commentaires des relecteurs, le texte peut à ce moment là être retouché par l’auteur. C’est un fait remarquable puisque, pour cette catégorie d’objets, contrairement à d’autres catégories déterminées par le medium et/ou par le genre littéraire du contenu textuel, les artefacts scientifiques ne sont pas catégorisées selon une composante qui permettrait de décrire le type d’artefact dont il s’agit mais le sont d’une part par un gage de qualité du contenu qui a été validé par les pairs en amont de la publication et d’autres parts, le sont par une forme de reconnaissance sociale puisque l’objet en question sera probablement repris et/ou cité par d’autres membres de la communauté concernée. Cela veut dit qu’un document écrit et publié par un chercheur ne relève pas de la catégorie <em>publication scientifique</em> dès lors qu’il n’est pas relu par les pairs. Ce fait n’est pas forcément partagé par toute la communauté scientifique, mais il a le mérite de mieux définir notre objet d’étude et d’écarter d’autres types d’écrits savants tels que les blogs, les carnets, les publications sur les réseaux sociaux, etc.</p>
-<p>Tandis que le texte scientifique est l’élément qui fait l’objet de cette relecture attentive de la part des pairs, nous nous intéressons à une autre facette de ces artefacts qui nous permettrait de tous les désigner sans avoir à définir tolimiterutes leurs propriétés, il s’agit de la notion de document. Un livre pourrait être désigné par son format, le type de reliure employée ou le type de papier qui le compose, il en va tout autant pour les revues et les autres objets, d’autant plus si l’on doit prendre en considération leur pendant numérique, sans qu’on puisse les circonscrire complètement. Le terme de document quant à lui a cette particularité d’être un peu vague et un peu flou. Il a quelque chose qui tient du mot-valise et du fourre-tout. Il désigne tour à tour des livres, des papiers administratifs, des papiers médicaux, des documents numériques, des revues, des cartes postales, des antilopes (certaines seulement), des images ou des objets selon le contexte dans lequel ils sont exposés, etc. C’est un mot que l’on utilise au quotidien et grâce auquel on peut désigner tout un ensemble de choses sans pour autant s’encombrer d’une définition précise du document. Un document, dans son sens le plus large et le plus simple, est défini par l’équation <span class="citation" data-cites="otlet_livre_2015 pedauque_document_2003 pedauque_document_2006">(Otlet, 2015, p. 13; Pédauque, 2003, 2006)</span> :</p>
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+<!-- Ça ira peut-être dans l'intro de la thèse cette partie -->
+<p>Le terme <em>publication scientifique</em> désigne un ensemble d’artefacts caractéristiques de la communication et de la diffusion des travaux menés par les acteurs de la recherche. Parmi ces artefacts, les plus communs sont les ouvrages collectifs, les monographies, les revues, les actes liés à des événements scientifiques (colloque, journée d’étude, etc.), les thèses, les mémoires ou encore des objets plus variés comme ceux produits en recherche-création. Malgré le fait que leurs propriétés soient différentes, ces artefacts partagent tous une particularité qui nous permet de les regrouper dans cette catégorie. Les publications scientifiques regroupent une diversité d’artefacts parce qu’elles font l’objet d’un traitement propre à cette catégorie : la relecture par les pairs. Pour une chaîne éditoriale plus classique, lorsqu’un texte a été commandé ou sélectionné, la chaîne éditoriale consiste en plusieurs allers et retours dans le manuscrit pour effectuer des corrections orthotypographiques et des reformulations, puis vient la mise en page du texte, ensuite vient à nouveau une relecture pour valider la maquette avant l’envoi du bon à tirer à l’imprimeur. Tandis que dans une chaîne éditoriale scientifique, une étape supplémentaire, la relecture par les pairs, est intercalée entre l’envoi du manuscrit par l’auteur et les échanges orthotypographiques avec l’éditeur. La relecture par les pairs est une condition <em>sine qua non</em> de la publication scientifique puisque c’est à cette étape qu’est validée la qualité scientifique du manuscrit. La validation n’est pas une simple acceptation ou non du texte. Les relecteurs agissent sur le texte, notamment au moyen d’une évaluation rigoureuse comprenant des commentaires, des annotations et, si nécessaire, des propositions d’amélioration du contenu. Selon l’évaluation des relecteurs, si le texte est accepté avec des modifications majeures ou mineures, l’auteur peut en conséquence y apporter des modifications. C’est un fait remarquable puisque, pour cette catégorie d’objets, contrairement à d’autres catégories caractérisées par leur medium et/ou par le genre littéraire du contenu textuel, les artefacts scientifiques ne sont pas catégorisés selon une composante qui permettrait de décrire le type d’artefact dont il s’agit mais le sont d’une part par un gage de qualité du contenu qui a été validé par les pairs en amont de la publication et d’autres parts, le sont par une forme de reconnaissance sociale puisque cet artefact publié sera probablement repris et/ou cité par d’autres membres de la communauté concernée dans la grande conversation scientifique <span class="citation" data-cites="guedon">(<strong>guedon?</strong>)</span>. Pour le dire autrement, un document écrit et publié par un chercheur ne relève pas de la catégorie <em>publication scientifique</em> dès lors qu’il n’est pas relu et validé par les pairs. Cette définition n’est pas forcément unanime et partagée par toute la communauté scientifique, mais elle définie notre objet d’étude et écarte tous autres types d’écrits savants tels que les billets de blog, les carnets de recherche, les publications sur les réseaux sociaux, les courriels sur les listes de diffusion, etc.</p>
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+<p>Une autre facette de ces artefacts nous permettrait de tous les désigner sans avoir à définir leurs propriétés de manière exhaustive : il s’agit de la notion de document. Un livre pourrait être désigné par son format, le type de reliure employée ou le type de papier qui le compose, il en va tout autant pour les revues et les autres objets, d’autant plus si l’on doit prendre en considération leur pendant numérique, sans qu’on puisse jamais tous les décrire et les circonscrire complètement dans une forme déterminée. Le terme de document, quant à lui, a cette particularité d’être un peu vague et un peu flou. Il a quelque chose qui tient du mot-valise et du fourre-tout. Il désigne tour à tour des livres, des papiers administratifs, des papiers médicaux, des fichiers numériques, des revues, des cartes postales, des antilopes (certaines seulement), des images ou des objets selon le contexte dans lequel ils sont exposés, etc. C’est un mot que l’on utilise au quotidien et grâce auquel on peut désigner tout un ensemble de choses sans pour autant s’encombrer d’une définition précise du terme document. Un document, dans son sens le plus large et le plus simple, est défini par l’équation suivante <span class="citation" data-cites="otlet_livre_2015 pedauque_document_2003 pedauque_document_2006">(Otlet, 2015, p. 13; Pédauque, 2003, 2006)</span> :</p>
<p><span class="math display"><em>D</em><em>o</em><em>c</em><em>u</em><em>m</em><em>e</em><em>n</em><em>t</em> = <em>S</em><em>u</em><em>p</em><em>p</em><em>o</em><em>r</em><em>t</em> + <em>I</em><em>n</em><em>s</em><em>c</em><em>r</em><em>i</em><em>p</em><em>t</em><em>i</em><em>o</em><em>n</em></span></p>
-<p>Cette brève définition nous permet de distinguer le texte (ici compris comme l’inscription) du document. Ce sont deux éléments qui parfois, par abus de langage, sont considérés en tant que synonymes, alors que dans cette recherche ils renvoient bien à deux éléments distincts. Généralement, le texte et les théories qui s’y rapportent fondent leur épistémologie autour du signe <span class="citation" data-cites="barthes">(<strong>barthes?</strong>)</span>. Lorsqu’il s’agit d’étudier un texte, que l’on vienne de la sémiologie, de la philologie ou de la génétique des textes, ce sont les unités sémiotiques, les mots et autres agencements de signes qui constituent l’objet étudié. Cependant, cette perspective ne permet pas de rendre compte de ce que pourrait être une épistémologie du document.</p>
-<p>Afin de mettre en évidence cette épistémologie du document scientifique numérique, nous proposons dans ce premier chapitre de la thèse d’aborder le document sous deux prismes. Le premier prisme est historique. Pour traiter de la place du document dans les chaînes de publication savante, surtout si ce sont des environnements numériques, il nous semble primordial d’explorer avant tout une tradition du document dans les pratiques d’écriture érudites, savantes et scientifiques. Le document numérique et le fonctionnement des publications n’est pas produit à partir du vide et s’inscrit dans un héritage. Nous en dressons les grandes lignes depuis l’époque hellénistique, principalement l’école stoïcienne, jusqu’à nos jours. L’objectif de cette partie est de montrer que le document, quelles que soient les époques, est un élément fondamental pour la dimension sociale qu’il apporte (en tant que medium).</p>
-<p>Des lettres de Sénèque à Lucilius, en passant par les textes de Saint-Augustin, de Descartes, jusqu’aux dispositifs numériques que nous employons aujourd’hui, chaque exemple choisi comporte un medium différent et accède l’autre social différemment. Pour approfondir l’enjeu autour de ces médiations, le deuxième prisme convoqué pour traiter le document sera la théorie des médias, telle qu’elle a été pensée par l’école de Toronto depuis McLuhan, et les travaux inscrits ensuite dans ce courant jusqu’au nouveau matérialisme.</p>
-<p>Le terme de document a connu deux périodes d’instabilité majeure au cours des dernières générations. Ces crises correspondent à deux phénomènes nommés <em>documentarisation</em> et <em>redocumentarisation</em> <span class="citation" data-cites="pedauque_document_2006 pedauque_redocumentarisation_2007_">(Pédauque, 2006; <strong>pedauque_redocumentarisation_2007_?</strong>)</span>. La première remonte à la transition entre la Bibliographie et la Documentation au début du XX<sup>e</sup> siècle, tandis que la seconde est plus récente puisqu’elle correspond à l’expansion du numérique et d’Internet un peu partout autour du Globe. Durant …</p>
+<p>Cette brève définition nous permet de distinguer le texte (ici compris comme l’inscription) de son support et de l’ensemble qu’ils forment : le document. Parfois, le texte et le document, par abus de langage, sont considérés en tant que synonymes, alors que dans cette recherche ils renvoient bien à deux éléments distincts. Généralement, le texte et les théories qui s’y rapportent fondent leur épistémologie autour du signe <span class="citation" data-cites="barthes">(<strong>barthes?</strong>)</span>. Lorsqu’il s’agit d’étudier un texte, que l’on vienne de la sémiologie, de la philologie ou de la génétique des textes, ce sont les unités sémiotiques, les mots et autres agencements de signes qui constituent l’objet étudié. En excluant le support, cette perspective ne permet pas de rendre compte de ce que pourrait être une épistémologie du document. Des travaux de recherche, notamment en sciences de l’information et de la communication comme ceux menés par le collectif Roger T. Pédauque <span class="citation" data-cites="pedauque_document_2006">(2006)</span>, proposent en ce sens des fondements théoriques pour penser à la fois l’inscription et le support dans ce qui devient une épistémologie du document.</p>
+<p>Afin nous proposons dans ce premier chapitre de la thèse d’aborder le document sous deux prismes. Le premier prisme est historique. Pour traiter de la place du document dans les chaînes de publication savante, surtout si ce sont des environnements numériques, il nous semble primordial d’explorer avant tout une tradition du document dans les pratiques d’écriture érudites, savantes et scientifiques. Le document numérique et le fonctionnement des publications scientifiques s’inscrit dans dans un long héritage des pratiques d’écriture ainsi que de l’édition. Nous en dressons les grandes lignes depuis l’époque hellénistique, principalement depuis l’école stoïcienne, jusqu’à nos jours, en nous attardant sur la production des documents en environnement numérique. L’objectif de cette partie est de montrer que le document, quelles que soient les époques, est un élément fondamental de la production des connaissances de part la dimension sociale qu’il constitue en tant que médium. Des lettres de Sénèque à Lucilius, en passant par les textes de Saint-Augustin, de Descartes, jusqu’aux dispositifs numériques que nous employons aujourd’hui, chaque exemple choisi montre un accès différent à l’autre social parce que le medium employé est lui aussi différent.</p>
+<p>Pour approfondir l’enjeu autour de ces médiations, la deuxième partie de ce chapitre traite le document depuis la théorie des médias, avec l’école de Toronto depuis McLuhan pour point de départ, puis les travaux inscrits dans cet héritage matérialiste ensuite dans ce courant jusqu’au nouveau matérialisme <span class="citation" data-cites="barad">(<strong>barad?</strong>)</span>. Le document traverse ainsi différentes perspectives déterministes, puis non déterminites…</p>
+<p>Le terme de document a connu deux périodes d’instabilité majeure au cours des dernières générations. Ces crises, identifiées au début du XXI<sup>e</sup> siècle, correspondent à deux phénomènes nommés <em>documentarisation</em> et <em>redocumentarisation</em> <span class="citation" data-cites="pedauque_document_2006 pedauque_redocumentarisation_2007_">(Pédauque, 2006; <strong>pedauque_redocumentarisation_2007_?</strong>)</span>. La première remonte à la transition entre la Bibliographie et la Documentation au début du XX<sup>e</sup> siècle, tandis que la seconde est plus récente puisqu’elle correspond à l’expansion du numérique et d’Internet un peu partout autour du Globe. Durant …</p>
<p>Revoir le document à travers la théorie des médias nous permettra de nous détacher du langage et de sa dimension anthropocentrée pour mettre en lumière d’autres propriétés qui le caractérisent jusqu’alors laissées de côté … (détailler)</p>
<h2 id="historique-des-publications-savantes">Historique des publications savantes</h2>
<p>À l’instar de Barthes pour qui la centralité du signe dans le texte remonte à l’époque des stoïciens, nous proposons d’introduire le lien entre pratique d’écriture et érudition à partir des travaux de Pierre Hadot sur la philosophie antique.</p>