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Contrairement à d’autres éditeurs propriétaires comme l’est GoogleDoc, la totalité du code de Stylo est disponible en ligne, ce qui est indispensable pour notre étude. Enfin, le fait d’être impliqué dans les développements de Stylo depuis plus de deux ans m’offre une position privilégiée pour étudier cet éditeur puisque j’ai accès aux différentes phases de tests des développements, me permettant ainsi d’observer le comportement des nouvelles fonctionnalités et de les modifier. Grâce à cette position, j’ai également un accès direct à la communauté d’utilisateurs, s’élevant à un peu plus de 6000 personnes fin 2023 pour plus de 40000 documents différents.<br /> Du fait de mon implication dans Stylo, le regard que je porte sur ce terrain n’est pas neutre et relève d’une forme de recherche-action [ajouter une référence].</p> <p>Alors que chaque signe et chaque trace inscrite dans l’éditeur de texte Stylo incarne cette tension <em>entre</em> l’utilisateur et la machine, dont les différences de langage – naturel et machine – rend a priori toute communication directe impossible, nous analysons les différents modes de communication des informations dans Stylo pour suivre les traces de l’intime qui y circulent. Pour en découvrir plus sur cet <em>entre</em>, nous étudions cette distance à partir de la méthode employée par le théoricien des médias F. Kittler <span class="citation" data-cites="kittler_mode_2015 kittler_gramophone_2018">(F. Kittler, 2018; 2015)</span>, qui s’appuie d’abord sur la description du fonctionnement de la machine à écrire puis celle de l’ordinateur afin de comprendre leur implication, en tant que média, dans le phénomène qu’est l’écriture. Cette méthode implique de comprendre les comportements et les fonctionnements techniques des composants à l’oeuvre dans la machine, et cela qu’ils relèvent du matériel ou du logiciel. En conséquence, nous mobilisons de la documentation technique pour étayer notre propos et pour analyser les traces qui nous intéressent.</p> -<p>L’observation du phénomène de création d’un document texte dans un environnement d’écriture spécialisé pour l’écriture savante à travers le prisme des strates de l’écriture numérique, du matériel au logiciel, nous permet de mettre en évidence différents angles morts dans lesquels se nichent les traces de l’intime. Qu’ils s’incarnent dans des documents temporaires comme le DOM du navigateur ou dans des protocoles de transmissions des informations comme HTTP, ces angles morts de l’écriture numérique, produit par la relation entre un auteur et une machine, nous montrent que certaines parties de cette écriture ne sont finalement pas directement accessibles à ces deux agents alors qu’elles participent à la matérialité conférée au document produit. Il y a une forme de déprise, terme que Louise Merzeau employait pour évoquer les utilisateurs des plateformes du Web et « la perte de contrôle de leurs usages, restreints et conditionnés par les algorithmes » [sauret__2020], instaurée dans cette relation et que l’auteur accepte, bon ou malgré lui, lorsqu’il utilise un environnement d’écriture numérique. En ce sens, un certain degré de confiance est accordé à l’environnement d’écriture choisi dans le processus de production de du document.</p> +<p>À partir de cette étude, nous verrons qu’à l’intérieur de cet <em>entre</em>, les traces de cette relation et de l’intime manifestent d’une part aveugle de l’écriture, puisque cette dimension de l’écriture n’est pas directement visible pour l’auteur et relève alors d’une forme de déprise [sauret__2020] sur le texte, plutôt qu’une reprise en main telle que Stylo la promeut.</p> <h2 id="écrire-dans-un-environnement-numérique">Écrire dans un environnement numérique</h2> <h3 id="définir-lenvironnement-où-écrire">Définir l’environnement où écrire</h3> <p>Par habitude, nous partons du présupposé que lorsque nous évoquons les mots environnement d’écriture numérique, ceux-ci sont synonymes d’un environnement d’écriture informatique et désignent la même chose. En conséquence, lorsqu’il s’agit de convoquer l’écriture numérique, nous pensons tout de suite à un ordinateur, aux claviers, aux écrans et aux pointeurs qui clignotent dans des éditeur de texte ou dans les champs des formulaires en ligne. Avec le numérique ubiquitaire <span class="citation" data-cites="citton_angles_2023">(Citton et al., 2023)</span>, ces pratiques d’écriture sont ancrées dans nos habitudes au point de ne plus les remettre en question. Les dispositifs d’écriture analogique sont ainsi renvoyés à l’état de vestiges archaïques, comme peuvent l’être les machines à écrire alors qu’elles ont été fabriquées méticuleusement par des designers et des ingénieurs et ont fait la fierté et la renommée de certaines entreprises comme Olivetti en Italie juste avant que les ordinateurs n’arrivent sur le marché. Aujourd’hui ces machines sont complètement désuètes et inutilisées depuis presque une trentaine d’années. Elles sont maintenant exposées dans des musées – entre autres au MoMA et au Centre Pompidou – et sont intégrées dans des collections permanentes ou exhibées lors des expositions en lien avec les designers qui les ont conçues<a href="#fn2" class="footnote-ref" id="fnref2" role="doc-noteref"><sup>2</sup></a>.</p> @@ -362,9 +362,12 @@ Le choix des formats dans lesquels les utilisateurs peuvent saisir leurs textes <p>Dans Stylo, les textes y sont écrits par l’ensemble des protocoles choisis lors de l’établissement de cet environnement. La déprise sur le texte survient lors du choix de l’environnement par l’utilisateur. Lorsqu’un utilisateur écrit dans Stylo, il accorde sa confiance dans les opérations que réalise Stylo sur le texte et dans la matérialité qu’il participe à lui conférer.</p> <p>Toutes ces dynamiques éditorialisent et constituent les premières traces de l’intimité du chercheur. Autrement dit, écrire dans l’environnement Stylo produit quelque chose qui ne serait pas identique dans un autre environnement car les dynamiques observées seraient affectées par d’autres facteurs et produiraient ainsi une autre chose. Le choix de l’environnement d’écriture constitue en conséquence un choix politique puisque cet environnement agit et produit une matérialité singulière.</p> <h2 id="conclusion">Conclusion</h2> -<p>À la question de la place de l’ordinateur dans le processus de saisi d’un texte numérique, nous avons émis l’hypothèse que ce dernier dépasse son statut utilitariste pour celui de dynamique constitutive du sens de ce texte. En nous appuyant d’abord sur le fonctionnement d’un ordinateur et sur les caractéristiques de l’écriture numérique, tant la partie matérielle que la partie logicielle, puis sur la notion d’éditorialisation, telle qu’elle s’inscrit dans le nouveau matérialisme et le posthumanisme, nous avons observé les intra-actions à l’oeuvre dans l’éditeur de texte Stylo. Pour réaliser cette étude, nous nous sommes appuyés sur une méthode empruntée au théoricien des médias Friedrich Kittler dont l’analyse repose sur la description technique du fonctionnement des éléments mobilisés.</p> -<p>[Remplacer le paragraphe ci-dessous en revenant sur les traces de l’intime qu’on a rencontré]</p> -<p>En appliquant cette méthode à divers cas de saisi de fragments de texte selon les formats pivots utilisés dans Stylo, le Markdown, le YAML et le BibTeX, nous nous sommes aperçus que ces fragments ne sont jamais inscrit directement selon les formats mentionnés mais qu’ils passent par quatre états différents : la saisie à l’écran, la manipulation par le DOM du navigateur dans l’éditeur Monaco, la requête GraphQL formatée en JSON pour être transporté par la méthode <code>POST</code> du protocole HTTP et le stockage dans la base de données MongoDB. Le texte est ainsi transformé en différents états pour qu’il puisse circuler dans Stylo entre l’espace où il est saisi, que l’on peut retrouver à une adresse unique (l’URL de l’article), et l’espace où il sera stocké dans le serveur de la TGIR Huma-num qui héberge l’application. De nouvelles informations sont alors inscrites dans le texte lors de ces métamorphoses : la structure du document varie à chaque étape. Ainsi, les signes qui constituent le document changent et en modifie profondément le sens. Parmi les quatre états mentionnés, seulement le premier est saisi par l’utilisateur et les autres sont écrits par Stylo. Néanmoins écrire avec Stylo ne nécessite pas de connaître ces différentes phases. Il y aurait donc une relation entre un auteur et Stylo qui prendrait naissance dans une forme de déprise où l’utilisateur accorde sa confiance dans les manipulations du texte que l’application réalise. En se référant à l’éditorialisation, nous pouvons affirmer que chacune de ces quatre phases contribue à la matérialité du texte saisi et qu’en ce sens il y a co-écriture entre l’utilisateur et Stylo.</p> +<p>À la question de la place de l’environnement d’écriture dans le processus de saisi d’un texte numérique et de l’intimité du chercheur qui en découle, nous avons émis l’hypothèse que ce dernier dépasse son statut utilitariste de support pour celui de dynamique constitutive du sens de ce texte. En nous appuyant sur le fonctionnement d’un ordinateur et sur les caractéristiques de l’écriture numérique, tant la partie matérielle que la partie logicielle, nous avons écarté la page affichée à l’écran pour nous confronter aux logiciels et aux médiations qu’ils représentent dans la relation entre humain et machine dans l’acte d’écriture.</p> +<p>En nous appuyant sur la notion d’éditorialisation, telle qu’elle s’inscrit dans le nouveau matérialisme et le posthumanisme, nous avons observé les intra-actions à l’oeuvre dans l’éditeur de texte Stylo. À partir de ce positionnement théorique dont le prisme non-essentialiste ne prédétermine pas les agents en amont de l’interaction, nous avons considéré à la fois l’auteur et et la machine comme deux agents de l’énonciation éditoriale.</p> +<p>Pour réaliser cette étude, nous nous sommes appuyés sur une méthode empruntée au théoricien des médias Friedrich Kittler dont l’analyse repose sur la description technique du fonctionnement des éléments mobilisés.</p> +<p>L’observation du phénomène de création d’un document texte dans un environnement d’écriture spécialisé pour l’écriture savante à travers le prisme des strates de l’écriture numérique, du matériel au logiciel, a mis en évidence différents angles morts de la relation entre un auteur et son environnement d’écriture dans lesquels se nichent les traces de l’intime. Qu’ils s’incarnent dans des documents temporaires comme le DOM du navigateur ou dans des protocoles de transmissions des informations comme HTTP, ces angles morts de l’écriture numérique, produits par cette relation, nous montrent que certaines parties de cette écriture ne sont finalement pas directement accessibles à ces deux agents alors qu’elles participent à la matérialité conférée au document produit. Il y a une forme de déprise instaurée dans cette relation et que l’auteur accepte, bon ou malgré lui, lorsqu’il emploie un environnement d’écriture numérique. En ce sens, un certain degré de confiance est accordé à l’environnement d’écriture choisi dans le processus de production du document.</p> +<p>En observant diverses saisies de fragments de texte selon les formats pivots utilisés dans Stylo, le Markdown, le YAML et le BibTeX, nous nous sommes aperçus qu’ils ne sont jamais inscrit directement selon les formats mentionnés mais qu’ils passent par quatre états différents : la saisie à l’écran, la manipulation par le DOM du navigateur dans l’éditeur Monaco, la requête GraphQL formatée en JSON pour être transporté par la méthode <code>POST</code> du protocole HTTP et le stockage dans la base de données MongoDB. Le texte est ainsi transformé en différents états pour qu’il puisse circuler dans Stylo entre l’espace où il est saisi, que l’on peut retrouver à une adresse unique (l’URL de l’article), et l’espace où il sera stocké dans le serveur de la TGIR Huma-num qui héberge l’application. De nouvelles informations sont alors inscrites dans le texte lors de ces métamorphoses : la structure du document varie à chaque étape. Ainsi, les signes qui constituent le document changent et en modifient profondément le sens. Parmi les quatre états mentionnés, seulement le premier est saisi par l’utilisateur et les autres sont écrits par Stylo. Néanmoins écrire avec Stylo ne nécessite pas de connaître ces différentes phases. Il y aurait donc une relation entre un auteur et Stylo qui prendrait naissance dans une forme de déprise où l’utilisateur accorde sa confiance dans les manipulations du texte que l’application réalise. En se référant à l’éditorialisation, nous pouvons affirmer que chacune de ces quatre phases contribue à la matérialité du texte saisi et qu’en ce sens il y a co-écriture entre l’utilisateur et Stylo.</p> +<p>Les marqueurs de cette relation entre un auteur et l’environnement d’écriture Stylo, les traces de l’intime, apparaissent à chacune des phases du document et y sont inscrites à l’intérieur. En suivant le fil de ces traces, il devient possible de suivre l’ensemble des médiations et des conditions de l’environnement numérique produisant le document et son texte, source que traitera la chaîne éditoriale jusqu’à sa publication.</p> <h2 class="unnumbered" id="bibliographie">Bibliographie</h2> <div id="refs" class="references csl-bib-body hanging-indent" data-line-spacing="2" role="list"> <div id="ref-anders_obsolescence_2002" class="csl-entry" role="listitem"> diff --git a/src/posts/2024-05-06-la-saisie-du-texte-dans-un-nouveau-document.md b/src/posts/2024-05-06-la-saisie-du-texte-dans-un-nouveau-document.md index 5a06224..8fcec32 100644 --- a/src/posts/2024-05-06-la-saisie-du-texte-dans-un-nouveau-document.md +++ b/src/posts/2024-05-06-la-saisie-du-texte-dans-un-nouveau-document.md @@ -164,24 +164,11 @@ matériel ou du logiciel. En conséquence, nous mobilisons de la documentation technique pour étayer notre propos et pour analyser les traces qui nous intéressent. -L'observation du phénomène de création d'un document texte dans un -environnement d'écriture spécialisé pour l'écriture savante à travers le prisme -des strates de l'écriture numérique, du matériel au logiciel, -nous permet de mettre en évidence différents angles morts dans lesquels se -nichent les traces de l'intime. -Qu'ils s'incarnent dans des documents temporaires comme le DOM du navigateur ou -dans des protocoles de transmissions des informations comme HTTP, ces angles -morts de l'écriture numérique, produit par la relation entre un auteur et une machine, -nous montrent que certaines parties de cette écriture ne sont finalement pas directement -accessibles à ces deux agents alors qu'elles participent à la matérialité conférée -au document produit. -Il y a une forme de déprise, terme que Louise Merzeau employait pour évoquer les -utilisateurs des plateformes du Web et « la perte de contrôle de leurs usages, -restreints et conditionnés par les algorithmes » -[sauret__2020], instaurée dans cette relation et que l'auteur accepte, bon ou -malgré lui, lorsqu'il utilise un environnement d'écriture numérique. -En ce sens, un certain degré de confiance est accordé à l'environnement -d'écriture choisi dans le processus de production de du document. +À partir de cette étude, nous verrons qu'à l'intérieur de cet _entre_, les +traces de cette relation et de l'intime manifestent d'une part aveugle de +l'écriture, puisque cette dimension de l'écriture n'est pas directement visible +pour l'auteur et relève alors d'une forme de déprise [sauret__2020] sur le texte, +plutôt qu'une reprise en main telle que Stylo la promeut. ## Écrire dans un environnement numérique @@ -2050,35 +2037,57 @@ politique puisque cet environnement agit et produit une matérialité singulièr ## Conclusion -À la question de la place de l'ordinateur dans le processus de saisi d'un texte -numérique, nous avons émis l'hypothèse que ce dernier dépasse son statut -utilitariste pour celui de dynamique constitutive du sens de ce texte. -En nous appuyant d'abord sur le fonctionnement d'un ordinateur et sur les +À la question de la place de l'environnement d'écriture dans le processus de +saisi d'un texte numérique et de l'intimité du chercheur qui en découle, +nous avons émis l'hypothèse que ce dernier dépasse son statut +utilitariste de support pour celui de dynamique constitutive du sens de ce texte. +En nous appuyant sur le fonctionnement d'un ordinateur et sur les caractéristiques de l'écriture numérique, tant la partie matérielle que la -partie logicielle, puis sur la notion d'éditorialisation, telle qu'elle +partie logicielle, nous avons écarté la page affichée à l'écran pour nous +confronter aux logiciels et aux médiations qu'ils représentent dans la relation +entre humain et machine dans l'acte d'écriture. + +En nous appuyant sur la notion d'éditorialisation, telle qu'elle s'inscrit dans le nouveau matérialisme et le posthumanisme, nous avons observé les intra-actions à l'oeuvre dans l'éditeur de texte Stylo. +À partir de ce positionnement théorique dont le prisme non-essentialiste ne +prédétermine pas les agents en amont de l'interaction, nous avons considéré à la +fois l'auteur et et la machine comme deux agents de l'énonciation +éditoriale. + Pour réaliser cette étude, nous nous sommes appuyés sur une méthode empruntée au théoricien des médias Friedrich Kittler dont l'analyse repose sur la description technique du fonctionnement des éléments mobilisés. -[Remplacer le paragraphe ci-dessous en revenant sur les traces de l'intime qu'on a -rencontré] - -En appliquant cette méthode à divers cas de saisi de fragments de texte selon -les formats pivots utilisés dans Stylo, le Markdown, le YAML et le BibTeX, nous -nous sommes aperçus que ces fragments ne sont jamais inscrit directement selon -les formats mentionnés mais qu'ils passent par quatre états différents : la -saisie à l'écran, la manipulation par le DOM du navigateur dans l'éditeur -Monaco, la requête GraphQL formatée en JSON pour être transporté par la méthode -`POST` du protocole HTTP et le stockage dans la base de données MongoDB. +L’observation du phénomène de création d’un document texte dans un environnement +d’écriture spécialisé pour l’écriture savante à travers le prisme des strates de +l’écriture numérique, du matériel au logiciel, a mis en évidence +différents angles morts de la relation entre un auteur et son environnement +d'écriture dans lesquels se nichent les traces de l’intime. +Qu’ils s’incarnent dans des documents temporaires comme le DOM du navigateur ou dans +des protocoles de transmissions des informations comme HTTP, ces angles morts de +l’écriture numérique, produits par cette relation, nous montrent que certaines +parties de cette écriture ne sont finalement pas directement accessibles à ces +deux agents alors qu’elles participent à la matérialité conférée au document produit. +Il y a une forme de déprise instaurée dans cette relation et que l’auteur accepte, +bon ou malgré lui, lorsqu’il emploie un environnement d’écriture numérique. +En ce sens, un certain degré de confiance est accordé à l’environnement d’écriture +choisi dans le processus de production du document. + +En observant diverses saisies de fragments de texte selon les formats pivots utilisés +dans Stylo, le Markdown, le YAML et le BibTeX, nous nous sommes aperçus qu'ils ne +sont jamais inscrit directement selon les formats mentionnés mais qu'ils passent par +quatre états différents : la saisie à l'écran, la manipulation par le DOM du +navigateur dans l'éditeur Monaco, la requête GraphQL formatée en JSON pour être +transporté par la méthode `POST` du protocole HTTP et le stockage dans la base de +données MongoDB. Le texte est ainsi transformé en différents états pour qu'il puisse circuler dans Stylo entre l'espace où il est saisi, que l'on peut retrouver à une adresse unique (l'URL de l'article), et l'espace où il sera stocké dans le serveur de la TGIR Huma-num qui héberge l'application. De nouvelles informations sont alors inscrites dans le texte lors de ces métamorphoses : la structure du document varie à chaque étape. -Ainsi, les signes qui constituent le document changent et en modifie +Ainsi, les signes qui constituent le document changent et en modifient profondément le sens. Parmi les quatre états mentionnés, seulement le premier est saisi par l'utilisateur et les autres sont écrits par Stylo. @@ -2091,4 +2100,12 @@ En se référant à l'éditorialisation, nous pouvons affirmer que chacune de ce quatre phases contribue à la matérialité du texte saisi et qu'en ce sens il y a co-écriture entre l'utilisateur et Stylo. +Les marqueurs de cette relation entre un auteur et l'environnement d'écriture Stylo, +les traces de l'intime, apparaissent à chacune des phases du document et y sont +inscrites à l'intérieur. +En suivant le fil de ces traces, il devient possible de suivre l'ensemble des +médiations et des conditions de l'environnement numérique produisant le document +et son texte, source que traitera la chaîne éditoriale jusqu'à sa publication. + + ## Bibliographie |